Nous nous prononçons CONTRE ces bourgeois qui prennent l'autobus et en profitent pour se moquer des bonnes gens comme s'ils les observaient de derrière leur pare-brise de cadillac.
NOUS REVENDIQUONS LE DROIT de porter des chapeaux mous à cordon, rose nana ou jaune banane, et d'avoir un bouton mal placé à nos pardessus.
Ô vous qui êtes le vrai peuple, n'en avez-vous pas ras-le-bol de vous faire regarder comme si vous étiez des cactus dans un aquarium?
Nous déclarons que les temps à venir seront nôtres! Ensemble, nous abolirons ces rires malsains et ces moues dédaigneuses! Majoritaires en bras et en cerveaux, nous les ÉJECTERONS, ces petits cafards, de nos systèmes de transport en commun! Bourgeois ricaneurs, nous vous faisons un gigantesque pied-de-nez.
VIVE LA LIBERTÉ EN MOUVEMENT!
Le type au chapeau mou prend la parole et, soutenu par ses alter ego, il s'en prend aux narrateurs médisants des EXERCICES DE STYLE en rédigeant un manifeste.
Le manifeste vise d'une part à dénoncer et d'autre part à convaincre. Le perlocutoire y est exacerbé: apostrophes, exclamations.
Le manifeste se divise habituellement en trois phases textuelles(1). La première, nominative, lance l'attaque violemment et cite la position de l'intervenant. La violence va jusqu'à la vulgarité formelle et l'argot. La deuxième phase, expositive, explique le nouveau système. La troisième, démonstrative, promet des avantages aux adhérents, tout en donnant le succès prochain comme irréversible.
(1). Claude Abastado, «Introduction à l'analyse des manifestes», dans LITTÉRATURE, no 39, octobre 1980. A.C.
Procédés utilisés ci-dessus (repérez-les et vérifiez en cliquant sur le lien).
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