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 Comment chercher. Exemples de recherche.

1. «HHeureux qui, comme Ulysse...» La lettre h initiale est redoublée. On consulte le tableau des  opérandes. Il ne s'agit pas d'une dimension, pas non plus d'un paradigme de l'énonciation ou de l'énoncé: reste le signifiant linguistique ou physique, et on trouve la graphie (puisqu'il s'agit d'une lettre). On clique donc sur  graphie. Nous voici au tableau des graphies, avec toutes les opérations. Le redoublement n'est pas une qualité mais tout de suite après se trouvent les quantités. Deux est un nombre précis. On clique donc sur  Case graphie/nombre précis. On se trouve alors dans cette case, où se trouve, parmi d'autres, la question définitoire suivante: Une lettre est-elle redoublée? C'est exactement le phénomène recherché. On peut donc lire son nom: DITTOGRAPHIE. Il est suivi d'un exemple: «ça srait ben pluss chouette» tiré de Queneau (Q.E.S., p.148) ce qui permet de confirmer qu'il s'agit bien du procédé cherché.


2. «La pâle mort mêlait les sombres bataillons» (Hugo, Waterloo). Il s'agit, pour le poète épique, d'évoquer les batailles de son siècle, où tant de fantassins vont devoir donner leur vie. Il feint que la mort, événement collectif, puisse être une personne, sujet de l'action de mêler les soldats qui s'affrontent.

Pour cela il a fallu changer la nature même de la mort. Elle n'était qu'une sorte d'idée, on en a fait un personnage. Deux opérandes sont donc en cause. Ils seront soit en amalgame, soit en prépondérance mais de toute façon il vous est proposé d'envisager aisément toutes les possibilités. Trois cases sont à explorer:  personne=idée,  personne>idée et  idée>personne. On peut les trouver en cliquant sur l'un des deux opérandes (le point de départ habituel est le tableau des  opérandes).

Et la solution? Dans prépondérance de la personne (car la mort se montre surtout comme sujet), on rencontre alors la PERSONNIFICATION ALLÉGORIQUE.


3. «Les cinq lettres». Le mot grossier, si courant, n'a pas été prononcé. On peut considérer le paradigme de l'énonciation que Jakobson appelle contact et l'opération en mal: on trouvera GROS MOT, MOT GROSSIER et INJURE, mais le détour «lettré» qui permet de ne pas avoir dit le mot grossier est un procédé très différent, qui pourrait d'ailleurs s'appliquer pour des actes de parole plus distingués. Ce n'est pas l'emploi du mot merde, c'est sa transformation en une périphrase de scribe qu'il faut chercher à définir, semble-t-il.

On pourrait chercher à graphie et à quantité (puisqu'il y a cinq lettres) et justement: «Un mot est-il constitué de cinq lettres?» PENTAGRAMME! Mais ne doit-on pas penser que le nombre exact de lettres vient du mot risqué et variera tandis que le procédé consiste plutôt à cacher un mot en y faisant allusion au moyen du nombre de lettres qu'il contient? Serait-ce alors une ALLUSION?

Le plus court est d'aller voir ce mot à l'index et de consulter les cases où il se tapit. Le problème est qu'il y a plus de dix sortes d'allusions: graphique, sonore, lexicale, érotique, politique, comminatoire, littéraire, etc. Mais l'allusion graphique (si on va voir à cette vedette) est plutôt une sorte d'équivoque (Ex.: «Il se faux-filet vers l'arrière») tandis que l'allusion érotique, comme l'allusion politique, historique, ou littéraire, est désignée par son contenu. Or, ici, peu importe le contenu: c'est une question de forme: le mot est visé à travers son nombre de lettres.

«Évoque-t-on qqch. par le détour d'une description grammaticale du signifiant?» peut-on lire sous ALLUSION MÉTALINGUISTIQUE. On remonte de là à  Case langue=contenu où l'on trouve aussi FIGURE MÉTALINGUISTIQUE: «Quest. S'exprime-t-on par le détour d'un langage de linguiste? Ex. Ce que vous me faites, en un mot je puis vous le dire. Souffrir est le mot (d'après Michaux).


4. «PROTÉE. -- Vous me direz: à quoi sert cet appendice caudal? Mais c'est purement décoratif!» (Claudel, Théâtre, t.2, p.413). Alors que son interlocuteur n'a même pas encore eu la chance d'exprimer son opinion, Protée réfute d'avance ses objections supposées. Il faut retenir le destinataire comme opérande possible. En ce qui regarde l'opération, puisque la réplique vient avant que l'objection n'ait été formulée, nous irons d'abord voir ce qu'on peut trouver sous l'opération avant.

Effectivement, sous  Case destinataire/au début, on trouve cette question définitoire: A-t-on pris soin de réfuter à l'avance une objection possible? On apprend qu'il s'agit d'une PROLEPSE ou d'une RÉFUTATION ANTICIPÉE, termes qui sont synonymes.


5. Il peut y avoir, dans le texte qu'on veut analyser, plusieurs facettes, divers procédés, ou un procédé nouveau.

«La vie est monotone. Onoto! M onoto ne.» Réjean Ducharme, le Nez qui voque, p.71. Comme opérande, on a sans doute la graphie, mais elle semble renvoyer à la sonorité ou au lexique, ou même à l'étendue spatiale. Il n'y a que des o dans Onoto: segment univocalique. Aurait-on ENTENDU DE TRAVERS (dans les sonorités, sous métamorphose)? Non: c'est le locuteur qui joue. DOUBLE REBOND, alors? Oui, mais il y a l'extraction à partir d'un mot qui était là. POLYTYPON (toujours dans les conformités sonores)? Ce n'est pas dans une suite de mots. LALLATION (émission vocale sans langage)? Mais c'est tout de même tiré du langage... sans y appartenir! Passons à lexique. Voyons  Case forme lexicale/rupture Un mot lexical a-t-il été coupé en morceaux? C'est un LOGATOME. Le résultat n'est pas un mot usité? C'est un MOT SAUVAGE. Ne considère-t-on qu'une partie du mot lexical? MOT SCINDÉ. DÉSARTICULATION. Qqch. a-t-il été ôté au début? APHÉRÈSE. À la fin? APOCOPE. Le mot n'est qu'une suite de sons? PARALOGUE. Et au chapitre de la langue, on peut prendre en considération les éventualités suivantes. Supprime-t-on l'appartenance à une langue? INANITÉ SONORE. Ou bien emprunte-t-on à une langue fictive? BARAGOUIN. Imite-t-on les sons d'une langue? PSEUDO-LANGAGE.

Voir Onoto dans monotone, c'est comme voir un nez dans une équivoque ou des oignons dans que nous additionions: c'est du Ducharme... Le procédé doit-il entrer dans les répertoires comme une entité nouvelle et distincte? Ici, de monotone, il tire un mot tout nouveau, un peu japonais, pour la pure jouissance de ses voyelles et de ses consonnes, mot capable d'évoquer n'importe quoi joyeusement, vu l'intonation exclamative.

Une dernière analyse, complexe, comme toujours dans Ducharme. «Feue la bicyclette de Chateaugué était munie de freins prompts, vifs, efficaces, superbes, prêts à agir tout le temps, en éveil nuit et jour, bons sous toutes les conditions atmosphériques imaginables.» (Ibidem). Qu'est-ce que cette accumulation d'adjectifs? Opérande: idée? contenu? pas sentiment ni action. Ils sont synonymes, peut-être; alors: forme lexicale. Opération: ajout? ou plutôt: nombre indécis?

A la  case forme lexicale/nombre indécis, les procédés qui semblent convenir à notre citation de Ducharme sont: LITANIE, RESSASSEMENT DE MOT, KYRIELLE. KYRIELLE semble le meilleur mais il faudrait y ajouter qqch.; HÉTÉROGÈNE, disons. Et à la  case forme lexicale/ajout? On trouve ÉPITHÈTE OISEUSE, SYNONYMIE INTENSIVE, PLÉONASME, PÉRISSOLOGIE, ANTHORISME. L'idée que la répétition est plutôt inutile est à retenir. Voyons encore nombre indécis sous idée. Il y a là d'autres possibilités: REMUE-MÉNINGE, ERGOTAGE, RÉQUISITOIRE. Cela ne convient guère. Irait-on voir à la  case idée/ajout? Il n'y aurait que CONGLOBATION qui puisse servir, et encore. Que conclure?

En accumulant les qualifications sans se soucier de la redondance, Ducharme joue sur la synonymie, étalant les ressources de la langue, sans souci d'ordre, avec excès: non sans ironie? Est-elle tournée vers son héros, vers son lecteur, ou vers la langue et la culture «adultes»?

De là, on peut montrer que certains termes débordent du cadre (superbes) et que les derniers sont des paraphrases, parfois métaphoriques (en éveil). L'accumulation dénude sa gratuité.

Chercher ne signifie donc pas nécessairement trouver une figure mais plutôt des éléments de définitions et des termes qui vont faire jaillir les particularités du texte.

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