Une bouteille de bière vide, légère, le goulot écorché, une bouteille de bière dansait la samba, avec un litre de vin. C'était cela qu'il voyait, le jeune homme. Tout à coup, trempé de sueur, il se mit à brailler, à se démancher avec des simagrées grotesques. Et dans sa danse de canard déplumé, il se faisait à lui-même la conversation:
«C'est aimable de m'enfermer dans une cage mobile motorisée. Ah! on me persécute! Je sais qui se cache sous les sièges. Un espion, une girafe, ils complotent quelque chose. Tiens, des tabous qui virevoltent autour des rats en putréfaction. Quelle horreur: un boa qui serpente sur le sol. Mais non, c'est le cou roux de la girafe. Ce qu'elle me courrouce! Attendez, je vais vous anéantir, sales bêtes! Vous ne m'aurez pas.»
Et il renchérit:
«Un de mes amis éléphant a mis sur pattes un syndicat. Il revendique le droit à une vie libre. Vous n'aurez pas ma peau! Ne me marchez pas sur les orteils. Mon chapeau me protège avec sa tresse, sa tresse de pelage de guenon.»
Un peu plus tard, je vis l'étrange jeune homme à l'entrée d'un zoo. Tout délabré, il errait par ci par là et criait: «J'ai froid et je sue. J'ai froid et je sue.» Je m'approchai et lui dis: «Vous pourriez toujours remonter le bouton de votre pardessus?»
Stupéfait, il maugréa: Quel bouton?
Quel pardessus?
et, haussant les épaules: Mais je suis une GIRAFE!
F.B.
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