Aujourd'hui, j'ai rencontré un drôle de type. Son chapeau était orné d'une cordelette tressée. Il avait le cou trop long. J'étais dans l'autobus de la ligne S, Ou Z, je ne sais pas. C'était peut-être S. En passant près de l'homme, je l'ai bousculé. Puis j'ai souri. Mais il n'avait pas l'air content. Je lui ai même dit: «ce n'est pas de ma faute». Il n'a pas répondu. J'ai pensé alors que je n'aurais pas dû lui sourire. En somme, je n'avais pas à m'excuser. C'était plutôt à lui de comprendre la situation. Ensuite, il s'est précipité sur un siège libre.
Deux heures plus tard, je l'ai revu devant la gare. Il était avec quelqu'un qui lui conseillait d'ajouter un bouton à son pardessus. Cela ne veut rien dire.
Avant tout, ce qui était important, je crois, c'était de sauvegarder le ton de l'oeuvre de Camus, ton d'indifférence, de détachement, qui montre un sentiment d'exclusion par rapport au monde, avec des phrases comme «cela ne veut rien dire» ou «ce n'est pas de ma faute».
Il était essentiel d'avoir des phrases courtes, faciles, qui confèrent au texte au rythme égal, monotone; de faire usage de «c'était», «ce n'est», «cela»; de mettre du discours direct, plus concis; de mettre en scène un narrateur (je).
J'ai aussi respecté l'alternance entre le passé composé et l'imparfait.
Certaines suites de phrases de Camus allaient si bien que j'ai pu les insérer directement (ces parties sont en italiques).
Il fut agréable aussi de pouvoir conserver le premier mot (Aujourd'hui), très caractéristique. E.C.
Procédés utilisés ci-dessus (repérez-les et vérifiez en cliquant sur le lien).
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