Comment au départir adieu pourrais-je dire
Duquel le souvenir tant seulement me pâme?
Adieu vieil autobus, adieu ma seconde âme,
Adieu mon seul souci, pour qui seul je soupire!
Adieu le bel objet de mon plaisant martyre,
Adieu beau lieu divin qui m'englace et m'enflamme!
Adieu mon bel ami, adieu ma douce flamme
Adieu par qui je vis et par qui je respire!
Adieu merveilleux con-ducteur de ma détresse,
Adieu les doux liens où vous m'avez tenu
Je m'en vais à la gare, je m'en vais ligne S
Il est temps de partir, le jour en est venu.
Le besoin importun, non le désir, me presse.
Le désir ne saurait déloger de son lieu.
Le pied vous laisse bien, mais le coeur ne vous laisse
Gardez en souvenir mon si curieux chapeau
Oubliez mon long cou et toutes mes caresses
Sachez que jamais plus ne me tannerez la peau.
Cette variante est une adaptation du MADRIGAL de Ronsard. Les segments en italique sont intégralement ceux du poème. Je me suis seulement attachée à intégrer au texte quelques éléments qui en modifient l'isotopie.
Ainsi l'autobus se transforme-t-il en objet amoureux pour un passager qui est en fait le héros de vingt-six ans. Il accumule les déclarations pathétales et sentimentiques à l'endroit de l'objet aimé. Le dernier vers est un retournement sarcastique qui rend le reste un peu moins invraisemblable en le colorant d'ironie. L.B.
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