La chair de ce bilieux a quelque chose d'amer, mais quoi, il faut bien vivre.
Voyons, déplaçons-nous un peu, rapidement d'ailleurs, cette grande main maladroite ne me dit rien qui vaille. Ouf! je l'ai échappée belle! Mais la liane à laquelle je m'accroche est plutôt effilochée, et je n'ai guère envie de retomber sur cette piste noire, foulée trop souvent. Je risquerais d'être écrasée. Et je n'ai pas l'intention de pleurnicher, comme fait mon hôte.
Qu'il est agaçant! Grimpons, sautons même jusqu'à cette plate-forme, assez douce, j'en conviens, quoique plutôt usée. Me voici rapidement déplacée, mais... eeh! Attention! Je suis projetée d'une façon inacceptable! Attends que je te pique les fesses. Tiens! Mais c'est un ressort, cet animal-là!
(Deux heures plus tard)
Quel bruit! Quels tremblements. Voici qu'un doigt énorme s'approche de moi. Serais-je repérée? Vite, glissons-nous dans une boutonnière...
Queneau a deux variantes du point de vue subjectif. Celle-ci propose une subjectivité marginale: celle d'une des puces qui accompagnent le jeune célibataire, à la mise... plutôt négligée, quand-même. L'action n'est pas modifiée (élidée, seulement). Aux yeux de ce minuscule personnage, tout grossit naturellement plusieurs fois (chaussures = piste d'atterrissage; chapeau = plate-forme; doigt du copain, énorme). Divers indices renseignent sur la nature du passager clandestin: ses goûts (chair même amère), sa petitesse (glissons-nous) et, bien sûr, ses réactions (je te pique). J.M.
Procédés utilisés ci-dessus (repérez-les et vérifiez en cliquant sur le lien).
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