Place de Rome l'autobus valsait.
Un homme au long cou l'accompagnait.
On eût dit une valse effrénée,
Comme si le couple ne pouvait s'arrêter:
Un autobus dansant avec un homme,
Un chapeau avec un cordon,
Et un pardessus avec un bouton.
Toujours devant la gare Saint-Lazare,
Ils ne dansent plus, ils se mettent à sauter
Et houps! Quoi?!! Ils se sont envolés...
C'est un texte d'une douce fantaisie. Les objets se personnifient et s'animent. Les actants prennent une valeur égale: le chapeau n'est plus critiqué ni l'emplacement du bouton. C'est la métamorphose en une possible harmonie entre éléments que le réel gardait hétéroclites. La fantaisie permet d'exprimer simplement de la joie. La danse devient le moyen qui rassemble les objets et le pauvre passager devient quelqu'un qui s'amuse sans arrière-pensée.
La fantaisie, qui permet de faire valser des objets, se mue en fantastique pour les faire dispar-être. Au lieu de se perdre, comme le bouton arraché, ils s'en vont accompagnés. La gare est déserte. Le tableau est vide. La vraie vie est ailleurs.
Rime et rythme évoquent une musique de foire, pour adultes devenus enfants.
Le titre est pris dans la peinture expressionniste. On aurait pu aussi se réclamer de Prévert. L.B.
Procédés utilisés ci-dessus (repérez-les et vérifiez en cliquant sur le lien).
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