Cet autobus dans lequel nous étions montés était un véritable véhicule. Ses quatres roues réglementaires roulaient à la même vitesse et, quand il faisait un stop, il s'arrêtait. Voici qu'il y monta un jeune homme de vingt-six ans qui n'avait pas atteint la trentaine. Son manteau lui couvrait les épaules. Son couvre-chef était bien sur sa tête. Ledit jeune homme vociféra avec un grand manque de gentillesse quelques injures contre son voisin, qui se tenait à côté de lui, et qui était également dans notre bus. Ensuite, il récupéra une place libre où personne n'était assis et il s'y précipita à la manière d'un homme qui n'a plus une seconde à perdre.
Quand nous le revîmes, ce jeune homme, deux heures plus tard, ce n'était pas du tout la première fois que nous le voyions. Il discutait ferme avec un compagnon dans son genre, qui lui donnait la réplique sur un sujet inconnu de nous et dont, en réalité, nous ne connaissons pas exactement la nature.
Ce texte illustre le procédé de tautologie qui consiste à ne rien dire de plus que ce qui est déjà contenu dans les termes employés pour annoncer ce dont on va parler. Or ce défaut n'est pas si facile à reproduire. En effet, la plupart du temps, parce qu'il est normalement requis, un sens supplémentaire trouve le moyen de se frayer une voie, fût-ce dans l'intonation. Même la pure et simple répétition de lexème («un homme est un homme») n'est pas sentie comme une tautologie, car on glisse sous le sujet un référent brut (le visé), sous l'attribut une qualité (ses appétits). Il faut donc varier les lexèmes en s'arrangeant pour que le sens du prédicat ne puisse pas s'étendre, soit qu'on le restreigne (ses quatres roues réglementaires), soit qu'on le souligne (un véritable véhicule). Il faut aussi, pourtant, éviter l'excès inverse, c'est-à-dire le pléonasme (vociféra la bouche ouverte), erreur trop évidente.
M.F. & G.L.
Procédés utilisés ci-dessus (repérez-les et vérifiez en cliquant sur le lien).
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