Quel adon, beaux sires, gentes dames et vous,
Altesse Princière! J'allais pour traverser
barrage en beaux rochers, quand un éclat de rire
me fit tout sursauter et dans l'onde tomber.
C'était la si jolie Adène la Cyrène.
qui m'avait retrouvé - Comment? Ne me l'a dit.
C'est un tas de mystères, cette jolie Cyrène!
Voici doncques missiv' qu'assis je composai
pendant que vêtements au soleil je séchai.
Il y a quelques jours, alors que je longeais
un torrent trop profond, ossements je trouvai
qui semblaient fort récents. Ç'avait été soldat,
puisqu'une lance verte au fer étincelant
indiquait clairement qu'il y avait eu combat
ici au bord de l'eau. J'hésitai un instant,
mais j'abandonnai l'arme aux os qui la tenaient:
je me sentais inquiet. Il y avait un gué
quelques cent pas plus loin, que j'ai franchi bien vite.
Pendant la nuit dernière, j'ai rêvé du Château.
Un être très étrange y était apparu:
mi-ogre, mi-gourmand, mais toujours affamé,
un être qu'on appelle un «bouffons!», de «bouffer».
Je craignais dans mon rêve qu'il ne soit confondu
avec un artisan du si bel art des Fous:
si un bouffon sait rire, un «bouffons!» sait bouffer!
En approchant du lac fermé par le barrage
que viens de traverser (mais pas sans me mouiller),
entendu bruissement, puis entre les branchages
ai cru apercevoir dragon vert s'envoler.
Adène me confirme que dans un temps passé
a déjà vu ici de grands dragons pêcher.
Mes vêtements sont secs, je vais donc repartir.
Adène vous dira ce que n'ai pu écrire:
mon papier est mouillé, excepté cette feuille.
Sèchera en chemin! Je me sens bien pressé
de retrouver Kirin et d'enfin l'embrasser.
(s) Fol, Fou du Château d'A
parti en quête de la jolie Kirin
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