Module 5. Sémantique. Analyser les mots-clés. 67 interactions. 75 QCM.

Introduction et bibliographie.

Ayant réuni des documents, qui sont pour la plupart des écrits, il s'agit maintenant de les lire. Et plus précisément d'en découvrir tout le sens. Cela ne veut pas dire qu'ils comportent nécessairement un sens caché mais que leur sens en contexte ne se livre pas pleinement à première lecture, qu'il est une élaboration de l'esprit lisant, sur les traces de l'esprit écrivant. Il n'est pas dans la lettre du texte, il ne se réduit pas à ce qui est dit (le dictum) mais, comme on dit, il est entre les deux oreilles : à redécouvrir.

Il y aurait donc un lien entre le texte comme trace écrite et les pistes que chaque lecteur peut explorer?
Réaction 1


Certainement car il ne s'agit pas d'inventer n'importe quoi comme on pourrait (et devrait) le faire devant un poème surréaliste. En comparant le texte et ses variantes personnelles (ses erreurs de lecture), on découvre infiniment plus que le strict dictum. Comparer et interpréter les différences fait retrouver quelque chose des raisons qui ont présidé aux choix de termes, de tours, de personnages, de figures de style. Comprendre n'est pas seulement saisir.

À la démarche qui mène à plus de compréhension s'est intéressée plus d'une discipline scientifique. Par exemple, on s'est demandé ce que c'est que «comprendre»: en quoi consiste la connaissance. La question s'est posée sous l'angle philosophique : dans la tradition scolastique, c'est toute une branche de la philosophie, l'épistémologie. Avec Locke et Leibniz, on a précisé davantage les caractères de «l'entendement humain». Plus récemment, avec Michel Foucault (Histoire de la folie à l'âge classique et l'Archéologie du savoir), le mot a pris un sens plus concret, historique: chaque époque a sa sémiotique propre («que croyait-on devoir comprendre, en ce temps-là») Il s'agit pour Foucault de remonter de notre connu vers ce passé devenu inconnu, d'où le choix du mot archéologie même s'il s'agit de quelque chose d'aussi insaisissable que le savoir.

Parmi ces approches, à quoi vont vos préférences? Avez-vous lu des pages de Platon, Descartes, Hegel, Lavelle, Merleau-Ponty, Lacan, Derrida, ou d'un autre philosophe?
Réaction 2


Poser la question du sens sous un angle proprement philosophique (par exemple le je pense donc je suis de Descartes) est fondamental. Les philosophes les plus récents introduisent dans le problème toute la société en évolution, il veulent cerner chaque élucidation dans son contexte, dans la mesure où les mots, le sens, et les valeurs qu'ils véhiculent, sont en mutation constante selon les milieux. Vos fiches doc feront donc bien de comporter des indications de dates, d'auteurs, d'habitudes locales, de contexte politico-économique...

Comment voyez-vous la relation entre les mots et les choses? Le sens vient-il des mots? Ou les mots viennent-ils du sens? En ce cas, le sens vient-il des choses? Ou d'ailleurs?
Réaction 3


Selon Platon (le mythe de la caverne), les idées ont plus de réalité que les choses. Celles-ci ne font que leur ressembler. Ce que nous voyons n'est que l'aspect de surface, le tangible qui rend manifeste une réalité idéale. Le sens est donc primitif et Descartes n'est pas si éloigné de cette optique puisque tout, pour lui, part de son fameux Je pense.

En revanche, pour Lucrèce (De natura rerum, le matérialisme), Guillaume d'Occam (« les mots ne sont que des groupes de sons ou de lettres », le «nominalisme»), le sens vient du nom des choses, seule la matière est réelle et les idées n'ont aucune existence propre : elles sont un effet évanouissant que produisent les mots dans le cerveau.

Qu'est-ce qui est premier et dernier? Les idées, modèles des choses qui ne font qu'apparaître (Platon, l'idéalisme)? Les choses, causes des idées (matérialisme)? La philosophie première pose la question de l'être initial (voir le livre de V. Jankélévitch sous ce titre). Une position qui tente de faire coexister les deux serait celle de Maine de Biran, reprise par Louis Lavelle : un acte autonome et libre (subjectif) est à l'origine à la fois de la perception (du phénomène, du monde découvert par chacun à chaque instant), et du sens, et même de la valeur (durables, intemporels, à la fois en soi et pour nous). L'expression vient alors métamorphoser le tout sous la forme «ailée» (Homère) du langage. Le je s'apparaît à lui-même comme donné dans l'instant présent, puis le monde et les idées aussi s'offrent à lui dans leur apparence actuelle, en réponse à son mouvement vers eux, voire aux phrases qu'il forme en répétant à sa guise des éléments de phrases qu'il a entendues et retenues. Le langage est commun à ceux qui communiquent pour donner accès à un monde qui semble le même pour tous (il a ses lois). Prendre ainsi conscience de sa liberté dans la dépendance de ce qui est donné dans le passé, cela permet de remonter aux origines. Il est donné à chacun d'exercer sa liberté à sa manière en participant à une pure possibilité extensible indéfiniment. Un présent tourné vers un avenir qu'il transforme sans cesse en passé, est la réalité, dont la matière et les mots, partagés entre tous les êtres, témoigne sans plus, et s'évanouit progressivement. L'expression dans la durée sonore se projette et se fige dans l'espace tangible par l'écriture. Le subjectif se double ainsi d'"intersubjectif" (Merleau-Ponty).

Dans cette optique, nos propres intentions au fil des lectures n'ont-elles pas un rôle à jouer - un rôle déterminant - dans la compréhension des ouvrages, la préparation des fiches, et l'oeuvre à concevoir?
Réaction 4


Oui, le travail sera bien celui de chacun. Cependant, son objectivité consiste, en même temps, à rejoindre le point de vue des autres, à devenir une action partagée.

Déjà la lecture peut se faire comme action partagée de par une méthode bien précise. Il est possible de se rapprocher d'un texte, de se l'approprier en quelque sorte, en créant des variantes. Nous avons détaillé les aspects théorique et fourni de nombreux exemples dans une thèse de stylistique littéraire défendue en 1968 à l'Université de Strasbourg. (Voir l'Étude des styles, Paris, Didier, 1971, 366p.) L'application n'est pas très difficile. On ferme l'ouvrage où l'on vient de lire une phrase qui semble typique et révélatrice de qqch. On prend une feuille de papier et l'on y transcrit ladite phrase mais de mémoire, sans l'avoir relue, telle qu'on l'a comprise plutôt que telle qu'elle existe. Éviter de mémoriser est important; on peut même se donner le temps de l'avoir un peu oubliée : il faut qu'elle ressurgisse de nous, sous une forme plus nôtre.

La transcription de la variante subjective offre un moyen tangible de distinguer un sens qui est celui du texte et un sens qui est le sien propre : il suffit de comparer la variante à l'original. Toute différence révèle soit un aspect du texte qui nous avait échappé (ou déplu), soit une insuffisance voire une aberration personnelle (à moins que la variante dépasse le texte en qualité, densité, mais c'est plus souvent l'inverse). Ce détour est d'une aide précieuse dans la progression de la compréhension des textes comme dans une prise de conscience de soi.

Les différences relevées sont la trace d'intervention du sujet dans le texte, ce que montre déjà la différance selon Derrida. Intervention essentielle à la bonne utilisation du triangle sémantique, comme on le verra plus loin! Mais il faut examiner de plus près la nature du mot.

Les comparaisons s'appuient sur les mots, leur forme est le réceptacle du sens. N'y a-t-il pas une branche de la linguistique qui se concentre sur tout ce qui touche les mots?
Réaction 5




La lexicologie étudie les mots lexicaux; la morphologie, les mots grammaticaux; la sémantique, le sens. Cette dernière va nous retenir plus spécialement ici.

En tant que littéraires, vous êtes habitués à distinguer pour un texte diverses «lectures», selon les capacités, préjugés, attentes, visions du monde de chaque lecteur ou lectrice. La sémantique ne tient pas compte de ce que tout lecteur possible reconnaîtra dans un texte ou un événement : elle définit seulement les façons habituelles de décoder un mot lexical. Elle ne se demande pas ce qu'est le sens mais comment le sens prend place dans la diversité des termes. À chacun de faire ensuite ses applications, par exemple en rédigeant des variantes.

Ainsi délimité de façon restrictive, le problème du sens, préalable essentiel à la rédaction, concerne deux objets complémentaires, qui se reflètent l'un l'autre: la réalité d'une part (le monde, l'environnement), d'autre part les mots dans leur aspect concret (leur matérialité, si l'on peut dire), donc sous leur aspect linguistique. De quoi sont-ils composés (ceci relève de la lexicologie), ensuite quelles sont les diverses manières de leur faire produire leurs sens (sémantique et tropes).

À quoi pourra servir, dans un cours de rédaction, ce détour par la lexicologie et la sémantique?
Réaction 6


Une telle investigation débouche sur trois «objectifs» pratiques.

1. Se donner des outils permettant de passer des mots aux réalités référencées, de saisir et manier des concepts, de circuler alors plus aisément entre les textes lus pour y tisser la trame de notre propre intervention. C'est dans ce but qu'il est utile de distinguer ce qui est classème, sème générique, sèmes spécifique, virtuème, propriété et d'apprendre à découvrir, pour une fiche doc, les sèmes qui y donneront accès plus tard, à partir de leurs types. (Ex. v. ci-dessous, q.58, le mot baroque)

2. Il devient plus aisé, ensuite, d'attribuer des vedettes génériques et spécifiques aux fiches doc et de monter son fichier avec clarté. (Travail d'application, voir en fin de chapitre.)

3. Dresser une nomenclature et en faire l'analyse (étape vers une prospection logique si possible exhaustive de l'ensemble du domaine ou des champs circonscrits). On peut alors fixer sa terminologie (définir les acceptions retenues pour la rédaction).

Bibliographie.

Boyer, Henri. Le Langage en spectacle. L'Harmattan, 1991. [P99.4 P72 B69] (Solidarité, modernisation, dans les discours politiques).

Greimas, Algirdas Julien, Sémantique structurale, Paris, le Seuil, 1966. (Le sens comme système)

Lyons, J., Semantics, Cambridge, 2 vol., 1977.

Merleau-Ponty, Maurice, Phénoménologie de la perception, Paris, Gallimard, 1947. (Les champs de signification en évolution)

Prandi, Michèle, Sémantique du contresens, Paris, Minuit, 1987. (Interaction des effets de sens)

Ullmann, Stephen, The Principles of Semantics, Oxford, Blackwell, 1951.

La sémantique est la science du sens. Partons donc à la découverte des sèmes (ou éléments de sens) en parlant des synonymes, antonymes, etc. puis des tropes. Mais commençons par un bref rappel de lexicologie. De quoi un mot est-il fait? Ses différentes parties ont-elles des rôles particuliers?
Réaction 7


Les syllabes n'ont qu'un rôle de groupes sonores. Le mot a un centre porteur de sens qui est sa racine. Elle est parfois précédée d'un préfixe et souvent suivie d'un suffixe, puis d'une terminaison.

Racine, préfixe, suffixe.
"Table, tabler, entablement, tableau, tableautier, tablette, tablettier, tablier ..." Peut-on subdiviser le mot en groupes de sons dotés d'un sens?
1 Non, le mot est l'unité minimale (en dessous de lui, on trouve la lettre et le son).
2 Oui, en principe, du moment qu'il ne s'agit pas d'un mot grammatical.
3 Oui, lorsqu'il s'agit d'un nom composé.
4 Oui, s'il y a plusieurs syllabes.
Quelle est la racine de dégrossissage?
1 dégrossir
2 dégrossi
3 grossi
4 gros
Quelle est la racine de remplacement?
1 remplace
2 placement
3 place
4 plac-
Quel est le radical de lithographie?
1 lith(o)
2 graph(ie)
3 (1 et 2)
4 lithograph-
Réaction 8


Jouer sur les racines.
Il aimait tant le portrait d'Isadora... On disait qu'il l'______ avec lui dans la tombe.
1 emporterait
2 emmènerait
3 (Au choix, mais de préférence 1)
4 (Au choix, mais de préférence 2)
Réaction 9


Jouer dans les catégories grammaticales.
Le suffixe -ier transforme ________.
1 un nom en verbe (comme dans châtier)
2 un nom d'objet en nom de personne (charretier)
3 un nom en qualificatif (rancunier)
4 (Autre chose)
"Restitution, dépassement, trempage, soudure, moissonneur, fourberie, dérobade, équivalence, cuillerée..." Les suffixes qui transforment le verbe en nom (d'action, d'état, de résultat) sont: ________.
1 -ion, -ment, -age, -ure, -eur, -erie, -ade, -ence, -ée...
2 -ion, -ment, -ure, -ade, -ence...
3 -ion, -ment, -ade...
4 -ion, -ment, -age, -ure, -ade...
Céline achète des plantes médicinales chez un ______.
1 herborisateur
2 herboriste
3 (Au choix, mais de préférence 1)
4 (Au choix, mais de préférence 2)
Pour régler le conflit, on a eu recours à un homme reconnu pour ses qualités de ______.
1 pacifiste
2 pacificateur
3 (Au choix, mais de préférence 1)
4 (Au choix, mais de préférence 2)
Est-il exact que les dégâts sont liés ________ de certains ouvriers?
1 à la débauche
2 au débauchage
3 (N'importe)
4 (Selon le sens)
Le sirop d'érable est un produit ______.
1 québécois
2 du Québec
3 (Au choix, mais de préférence 1)
4 (Au choix, mais de préférence 2)
Réaction 10


Indépendamment de leurs suffixes, les lexèmes découpent déjà la réalité du seul fait de leur catégorie (nom = substance, verbe = action, qualifiant = idée ou sentiment). Pour montrer une substance, il suffit donc de donner la forme de substantif, même si c'est d'une idée qu'il est question (Ex. Un résultat positif: la positivité du résultat; un enfant agile : l'agilité de l'enfant).
On reparle périodiquement ________ de l'orthographe française.
1 d'une réforme possible
2 de la possibilité d'une réforme
3 (Au choix, mais de préférence 1)
4 (Au choix, mais de préférence 2)
Réaction 11


Pour dire la qualité, on a le choix du qualificatif ou de l'adverbe suivant que le noyau est un nom ou autre chose (verbe, qualificatif, assertion).
De l'investigation des métaphores, il ne peut résulter qu'une ________ et plus profonde compréhension de l'oeuvre.
1 constante
2 sans cesse
3 (N'importe)
4 (Autre chose)
Réaction 12


La lexicologie est en cause dès que le problème linguistique posé porte sur l'aspect visible du mot, par exemple sa sonorité ou sa graphie (mais en relation avec son sens, et comme mot, sans quoi on serait en phonétique ou en orthographe).

Homonymes.

D'abord, il importe de prendre conscience de la nature sonore du mot. Elle offre du jeu. Ex. Pourquoi les étudiants de notre département réussissent-ils si bien dans leurs études? Parce que notre pavillon est sur la rue Jean-Brillant. (Sc. «Nous sommes des gens brillants»).
Il est déjà nerveux. Ne lui parlez pas de la ______.
1 cession
2 session
3 (Selon le sens)
4 (Autre chose)
Était-il ______ venir à 16h?
1 sensé de
2 censé
3 (Selon le sens)
4 (Autre chose)
Environ mille mots français ont deux, trois ou quatre correspondants dont la prononciation est identique. On appelle ces mots ______.
1 homonymes
2 homophones
3 homographes
4 homologues
Les mots sain et sein sont des ________.
1 paronymes
2 homonymes
3 homographes
4 (Autre chose)
L'efficacité d'un tel système est étonnante, comme ________ s'en rendre compte, lors des essais, plusieurs conducteurs.
1 on put
2 ont pu
3 (Selon le sens)
4 (Autre chose)
Réaction 13


Paronyme, synonyme, antonyme, autonyme.

À l'inverse de l'homonyme, le synonyme offre : même sens, autre mot. Il est bien connu. Mais le paronyme? Il offre presque le même son. C'est un para-homonyme, si l'on peut dire. Les paronymes sont proches, non par le sens, mais par le son (Ex.: conjecture / conjoncture).

Deux mots sont donc paronymes quand ils se ressemblent lexicalement, quand ils sonnent en bonne partie de même. Il peut arriver alors un glissement de sens, voire une confusion.
Difficile de dépecer le gros gibier avec un couteau mal ______.
1 affilé
2 affûté
3 (1 ou 2, au choix)
4 effilé
Les mots fier, altier, hautain sont ________.
1 paronymes
2 synonymes
3 analogues
4 (Autre chose)
Réaction 14


On appelle synonymes des mots de même sens. On appelle parasynonymes des mots qui ont presque le même sens. C'est une distinction assez flottante car il n'y a guère de synonymes parfaits. Ex. Les larmes perlent aux yeux, tremblent dans les yeux, coulent, roulent sur les joues, ruissellent. Les yeux sont mouillés, brouillés, noyés de larmes.
Les philosophes ont dit que le corps humain était ______ conçu pour jouir de la vie.
1 formidablement
2 prodigieusement
3 (Au choix)
4 (Selon le sens)
Le vieux comte, ______ dix ans, avait rebâti une des tours.
1 en
2 pendant
3 dans
4 (Selon la nuance de sens)
Réaction 15


L'antonyme est un synonyme inverse. Ex.: Il ne cherchait pas à se sentir beau, ni laid.

L'antonymie permet de jouer sur la négation. Ne pas avec un verbe positif est remplacé par un antonyme; avec un verbe de sens négatif, il suffit de revenir au verbe positif correspondant.
Ne pas admettre un témoignage = Récuser un t.
Ne pas reconnaître un droit = Contester un d.
Le problème n'est nullement résolu = Le p. demeure intact.


On distingue l'antonyme de l'autonyme, qui est tout autre chose car il concerne l'aspect lexical, sonore ou graphique, non le sens. Est autonyme un mot ou un segment de texte dont le sens est mis entre parenthèses par le contexte, vu qu'il y est désigné comme élément linguistique sans plus. Ex. Contrairement à chou-fleur, chou rouge n'a pas de trait d'union.

Voudriez-vous faire une phrase qui contienne un autonyme?
Réaction 16


Le mot feu a trois lettres et deux phonèmes.

Clair est un qualificatif.

Le mot autonyme est en italiques pour marquer son emploi autonymique...

Ces remarques permettent de prendre pied dans la problématique du sens. On distingue le mot comme signifiant et comme signifié; on distingue la forme, le sens et la réalité... (Voir plus loin le triangle d'Ogden et Richards.)

Il existe d'ailleurs une convention graphique simple pour marquer ce qu'on veut isoler comme aspect dans un mot écrit.
Si l'on veut spécifier graphiquement de quel point de vue un mot doit être envisagé dans un texte, on emploie les italiques pour le mot graphique; le caractère gras pour le mot lexical; les guillemets pour le concept et les capitales pour l'objet lui-même (le référent). Si, dans le mot employé, on vise le signifié seul, la marque sera des guillemets pour le concept et des capitales pour le référent. Le signifiant se marque par des gras pour le mot lexical; des italiques ou un soulignement pour le mot graphique; des traits obliques pour le mot sonore.

Voici quatre séries de termes. Laquelle ne contient pas de concepts?
1 BANANE, huître, physique, PASSION
2 fraude, "malice", PLOMBIER, statistiques
3 billet, "autobus", toit, Lulu
4 PARFUM, "mérite", succès, "framboise"
Réaction 17


On peut aussi marquer le mot comme phénomène sonore, en le plaçant entre deux trait obliques. Ainsi, on dira que le logatome est une portion de mot découpée artificiellement dans une chaîne usitée, comme /abo/, /dinani/ ou /tésono/ dans aboli bibelot d'inanité sonore.

Des unités de sens?

Le choix du terme propre est un problème de sémantique. Ce sont les éléments de sens (ou sèmes) qui motivent le bon choix. Les sèmes dépendent aussi du domaine. Facteur n'a pas le même sens en mathématiques que dans les postes.
Voici trois emplois du mot paix. a) La Paix romaine a laissé des vestiges en Europe et en Afrique. b) "Paix et Amour" criait-on dans la rue. c) "La guerre, c'est la paix".
1 Ce mot évoque partout le même concept.
2 Les trois acceptions sont nettement distinctes.
3 a et b sont semblables, c est distinct.
4 a et c sont semblables, b est distinct.
Le nom propre (Washington) a-t-il un sens, dans l'acception sémantique; a-t-il un sémantème?
1 Non. Son lexème ne désigne un référent que par convention.
2 Oui, pour le lexicographe (ex. Latulipe, Dupont).
3 Oui, pour l'historien, qui enregistre les actions dignes de mémoire.
4 Oui, dans les annuaires notamment.
Réaction 18


Le sens n'est ni le mot par lequel on l'exprime, ni la réalité visée. Il est doué d'une structure interne dont chaque partie (ou sème) peut être exprimée (sèmes générique, spécifique; virtuème, classème). Évidemment, il n'est pas facile de trouver un mot pour désigner le sens d'un mot. Ma blonde, par exemple. Blonde veut dire "blonde" ou BLONDE? Y a-t-il ici un faux problème, si c'est le mot lui-même qui comporte un sens et qui sert donc à désigner ce sens-là (qu'ils'agisse d'une relation affective, d'une couleur de cheveux ou d'une bière)? Mais alors, sens et mot sont indissolubles? Il faut pourtant arriver à dégager un sens de manière explicite, non?!
En économie, vous avez réuni les vocables réorganisation, restructuration, (re)conversion, redéploiement. Ils vont tous dans le même «paquet», sous le générique changement. Faites l'attribution des différences spécifiques suivantes: «plus profond, englobe les licenciements», «plus radical, englobe le changement de production», «modifie plus les effets que les moyens», «plus large».
1 Réorganisation est plus profond; restructuration, plus radical; conversion vise plus les effets; redéploiement est plus large.
2 Réorganisation est plus large; restructuration, plus profond; conversion, plus radical; redéploiement vise plus les effets.
3 Réorganisation est plus radical; restructuration, plus profond; conversion plus large; redéploiement vise plus les effets.
4 Réorganisation est plus large; restructuration, plus radical; conversion vise plus les effets; redéploiement est plus profond.
L'achat d'une ______ était indispensable.
1 dactylo
2 machine à écrire
3 (N'importe)
4 (Selon le sens)
Réaction 19


Nous arrivons au dilemme de la sémantique... De même que la face signifiante du mot est isolable par autonymie (et on l'écrira en italiques), sa face signifiée est isolable comme concept (et on indiquera les sèmes par des périphrases mises entre guillemets). L'étude linguistique du mot ne peut faire l'économie de ces distinctions. Mais se contenter de répéter le mot dans les trois cas est impossible car si c'est le même (placé entre guillemets pour mieux montrer qu'on ne désigne pas le mot mais son sens), cela n'apprend rien; mais si c'est un autre... ce ne sera plus le même sens (sauf cas de synonymie, mais rares sont les parfaites synonymies). Il faut donc recourir à des périphrases définitoires.
Réaction 20


Une définition véritable (ou «tautégorique», «non figurative») doit être réversible, c'est-à-dire que, de la périphrase définitoire, on peut remonter au terme défini. Un pisciculteur est quelqu'un qui élève des poissons. Quelqu'un qui élève des poissons est un pisciculteur.

Que pensez-vous de la définition suivante du jazz : le jazz est une musique dont la liberté est limitée par une tradition. Est-elle tautégorique?
Réaction 21


Non, car si on vous demande: quelle est la musique dont la liberté est limitée par la tradition, vous ne disposez pas d'assez d'éléments de définition pour pouvoir répondre: le jazz. La culture des interlocuteurs (et la délimitation du domaine) définissent le degré de précision des termes. Celui qui veut préciser demandera des précisions...
On lit dans un dictionnaire: SACRÉ --- Qui appartient à un domaine interdit et inviolable, et fait l'objet d'un sentiment de révérence religieux. Saint, tabou, qui est digne d'un respect absolu. Le mot tabou est ici ______.
1 générique
2 spécifique
3 propriété
4 synonyme
Si l'on devait trouver un ______ au recueil de Miron, la Marche à l'amour, le plus approprié serait simplement: Images poétiques.
1 synonyme
2 titre
3 (N'importe)
4 (Autre chose)
Réaction 22


La nature, sensible et invisible, signifiante et signifiée à la fois, du mot lexical étant maintenant bien établie, nous voici prêts à aborder la sémantique, à passer de la forme des mots à l'analyse de leur emploi, les uns par rapport aux autres, dans un domaine. Y a-t-il une structuration du sens?

Un triangle (et même un trapèze).

Il est courant, en sémantique, depuis que ce schéma fut proposé par Ogden et Richards, de dessiner un «triangle sémantique». Ce triangle a une base en pointillé; dans son angle gauche le mot, à droite la chose et au sommet le concept. Il illustre l'observation suivante : pas de passage du mot à la chose en ligne directe; la signification ne peut s'obtenir que par l'intermédiaire du concept, donc dans un esprit (celui d'un être doué et formé intellectuellement, si la chose est abstraite). Voulez-vous dessiner ce triangle? Êtes-vous d'accord pour séparer ainsi le mot et la chose et que ce soit votre esprit qui les réunisse?
Réaction 23


Si le sens appartient au monde des idées (ce qui est difficilement contestable -- puisque les mots appartiennent à celui des formes linguistiques et les choses à celui de la réalité dans laquelle chacun de nous se trouve plongé), on ne peut qu'être d'accord. Observons toutefois que c'est une vérité de type scientifique, c'est-à-dire limité à un donné déjà sensible et mesurable, à ce qui apparaît suite aux méthodes des sciences : du "phénomène".

Est-ce-à-dire que toute relation directe, non conceptuelle, soit impossible entre les mots et les choses? Une telle relation n'est-elle pas, au contraire, spécialement étroite dans le cas des onomatopées, des pictogrammes, des hiéroglyphes?
Réaction 24


L'éternuement (atchoum) peut se transcrire aussi autrement (chtzsm)... Le dessin se passe de mots pour évoquer la chose. Les caractères chinois sont lus d'un bout à l'autre de l'Empire même si les mots ont évolué de façon toute différente à Shangaï et à Beijing. La lettre A, inversée, figure une tête de boeuf (le boeuf apis) même après être devenue signe de voyelle. Et quand un poète (Claudel) s'amuse à souligner que la locomotive est tout entière dans ses lettres mêmes, que le l est la cheminée, que les o sont les roues, il rapproche la graphie de l'objet.

Ces cas particuliers ne sont pas des objections, toutefois. Ils débordent seulement la conceptualisation abstraite. Le sommet du triangle est occupé par un concept ou tout autre contenu subjectif (et intersubjectif). Ce que le triangle peut montrer, c'est la nécessité de la présence d'un sujet, auteur ou lecteur, pour que l'aspect physique et linguistique du mot atteigne, suscite, reçoive un contenu, d'abord subjectif, ensuite référentiel, un «sens» au sens large du mot sens.

Le mot évoque une idée (abstraite ou concrète) et celle-ci à son tour évoque un référent qui y corresponde dans l'univers réel. Ou serait-ce l'inverse? L'objet évoque une idée, à laquelle est lié un mot?
Réaction 25


Les deux mouvements sont possibles et font l'unité du processus. L'illusion du contact direct des mots aux choses vient de ces deux mouvements inverses qui sont parfois simultanés, et du peu de conscience que l'on prend de ce qui se passe en soi quand on parle. On accède au concept en comparant des mots mais on y a accédé d'abord, et on y accède surtout, en comparant des choses (dont les noms viennent ensuite).

La sémantique distingue les sèmes qui proviennent des mots (leur ensemble est un sémème) de ceux qui proviennent de l'observation de la réalité (leur ensemble est un sémantème). Il y a donc deux sommets distincts à ce triangle, qui devient un trapèze. Examinons de plus près les deux processus de formation du sens, soit à partir des mots, soit à partir des choses.

Pour extraire les concepts des choses, on compare telle ou telle de leurs caractéristiques. Cela demande de bien les connaître et de faire une comparaison. Nous revenons donc à la méthode des variantes.

Prenons un autre objet aussi proche que possible du premier, quoique distinct. Pour parler du fauteuil club, prenons le pouf, sans dossier, sans accoudoir, sans pattes, mais qui permet aussi de s'asseoir confortablement dans un salon. Les comparer fait apparaître des ressemblances et des différences.

Que donne l'examen des concepts liés à un seul mot? Ne faut-il pas deux mots, ou deux choses, pour trouver une définition?
Vous analysez amour, terme clé de votre domaine, la psychologie. Vous proposez:
1 Mariage d'amour (propriété).
2 Amour veut dire «tendresse» (sème spécifique).
3 «L'amour de Dieu pour l'humanité» est un sème générique.
4 (Autre chose)
Réaction 26


Le triangle devient ainsi un trapèze puisque son sommet n'est plus la pointe de l'esprit mais le passage (difficile à détailler) des idées qualitatives puisées dans les comparaisons d'objets réels vers des éléments de sens (sèmes) qui appartiennent aux mots, mais eux aussi ne livrent leurs sèmes semblables ou leurs différences que s'ils sont plusieurs et qu'on en fait la comparaison, comme on l'a fait pour les objets, puisqu'on peut aussi bien partir des mots pour aller vers le réel.

On voit pourquoi c'est plutôt dans l'esprit que dans le monde ou les mots que se situe l'effectuation de notre réalité. Il faut quelqu'un parce qu'il s'agit d'un acte. Que cet acte soit libre, que cette liberté soit elle-même reçue et pourtant dépende de l'initiative de chacun, voilà un autre aspect de la question, plus curieux et intéressant encore, mais qui n'appartient pas à la sémantique.

Les idées ainsi venues dans un esprit (subjectif), sont réelles en ce sens que, comprises (bien ou mal mais à leur manière) elles ont un contenu qu'il sera possible d'expliciter même en d'autres mots (entre guillemets) et par périphrases. Elles peuvent s'expliquer (détailler leur contenu). On dira par exemple que la carotte est un légume racine allongé et écarlate. Les éléments de sens (ou sèmes) retenus sont de deux types (au moins) : générique et spécifique.

«Légume, racine» sont des sèmes généraux, des génériques; «allongé, écarlate», des sèmes spécifiques.

La définition en genre et espèces est connue depuis vingt-cinq siècles. Aristote l'a enseignée et des générations de logiciens, dans les cités grecques, égyptiennes, romaines, arabes, européennes l'ont repris et répété jusqu'au XIXe siècle, jusqu'à l'arrivée des logiques mathématiques. Du temps de Linné, de Buffon, ce fut le modèle des sciences naturelles. Les domaines de la botanique et de la zoologie se sont «ramifiés».
Exemple de ramification : le lézard. C'est un genre (il y en a plusieurs espèces, et des variétés selon les espèces). Le lézard est de l'ordre des sauriens («écailles très fines»). Les sauriens sont de la classe des reptiles («ovipares et couverts d'écailles»). Les reptiles sont dans l'embranchement des vertébrés («colonne vertébrale et système nerveux»).


Dans tous les domaines, tous les mots pourraient avoir été ainsi définis de façon claire et une fois pour toutes, non? Pourquoi cette voie n'a-t-elle pas été suivie avec plus de succès?
Réaction 27


Les connaissances, les définitions sont des édifices mentaux collectifs toujours à refaire. On le constate de nos jours par le renouvellement des encyclopédies et des dictionnaires. Chaque savant en est réduit à refaire le parcours. Il doit assurer sa propre saisie conceptuelle, refaire de l'observation, reprendre la comparaison des termes spécialisés. Même les vocables courants fluctuent. Voyez le Dictionnaire des mots contemporains de P. Gilbert. En relevant l'évolution des acceptions, il obtient du même coup un tableau évolutif de la pensée et des valeurs successives depuis un demi-siècle.

Le côté insaisissable du concept vient précisément de sa nature individuelle et collective, qui le fait sans cesse réapparaître, adapté aux besoins nouveaux, et donc en constante évolution.

Mais si les ramifications logiques ont cédé la place à des méthodes empiriques fondées sur la mesure, sur des mesures de plus en plus fines, à l'aide d'appareils de plus en plus complexes, ne serait-ce pas dû à l'apparition des sciences expérimentales, aux grandes découvertes technologiques (électricité, radio, télévision, satellites, microscope électronique, chaîne génétique, etc.)? Un certain objectivisme matérialiste n'a-t-il pas rendue obsolète, vétuste, dépassée la réflexion sur des contenus éidétiques (= d'idée)?
Réaction 28




Difficile de mettre entre parenthèses le bouleversement des conceptions provoqué par les mathématiques, les sciences exactes, la philosophie de Hégel, la sociologie marxiste, la psychanalyse, la sémiotique... et le structuralisme. Mais s'il est devenu impossible de croire que le réel soit l'image d'un monde des idées de type platonicien (dans lequel trôneraient incontestablement les définitions rationnelles), il n'est pas plus vraisemblable de se rallier à un naturalisme mécaniciste qui évacue la perception du sujet comme base et préalable de toute connaissance. La critique des idéalismes comme du matérialisme devrait permettre d'éviter les approches extérieures et artificielles du sens. Mieux vaudrait, selon nous, prendre en compte les personnes comme lieu effectif du processus (donc en sciences, en politique, en économie, comme dans les domaines de la santé, de l'anthropologie ou des lettres), et voir les personnes comme actives et initiatrices autant et plus encore que comme passives et réceptrices.

Par le sens, en sémantique, le mot et la chose établissent donc des relations. Ils entrent dans le circuit de la communication. Ce sont les sujets parlants, comme individus et comme collectivité, qui s'introduisent par là à l'intérieur même du processus sémantique. Quelles conséquences un tel renouvellement d'optique peut-il entraîner dans le choix des méthodes, particulièrement en sciences humaines? Chacun doit-il se mettre à philosopher à sa guise, par exemple?
Réaction 29


Pour le savant, l'autodidaxie (et la modestie) iront de pair avec une plus grande ouverture d'esprit. Pour les méthodes adaptées, nous songeons surtout à faire des relevés d'opinion. Ce n'est pas par hasard que les sondages sont de plus en plus répandus, dans trente-six directions (même comme astuce publicitaire!) En linguistique et en sémantique, on pourrait systématiser les sondages sur le sens et l'emploi des mots, et conséquemment des méthodes d'enseignement tenant compte des connaissances probables dans le groupe. C'est ainsi que se sont développées les méthodes de validation et d'autoguidage par probabilité. Voir notamment celles du cours autodidactique de français écrit.

Que penser des méthodes traditionnelles en lexicographie : relevés d'exemples tirés des grands écrivains, documentation inévitablement partielle et définitions inspirées des dictionnaires antérieurs?
Réaction 30


De tels ouvrages ne peuvent pas être à jour par rapport à l'usage réel. Ils peuvent servir de référence normative, en vue de freiner des évolutions jugées suspectes et facilement divergentes. Les professionnels, en publicité particulièrement, ne peuvent se fier à eux.

Il vous appartient de refaire toutes vos définitions parce que c'est ainsi seulement que les idées pourront s'installer dans vos esprits ...et que vous pourrez parler en connaissance de cause. Cette activité actuelle est la meilleure chance de votre entreprise. (Vous trouverez dans le numéro de mars 2003 de la revue Liberté un article dans lequel est pris en compte cet aspect du problème et où il est proposé des formes nouvelles pour le dictionnaire de demain.)

Placer des vedettes génériques et spécifiques au sommet des fiches doc n'est donc pas une simple formalité, pas seulement une commodité. C'est un travail délicat, très personnel, qui demande de la patience, et dont vous tirerez un bénéfice par les connaissances, voire les découvertes qu'il procure. En analysant les systèmes correspondants des mots et des choses, chacun les transforme dans des réalités constitutives de son être propre au sein de la collectivité.

Hyponyme, hyperonyme (genre et espèce).

Dans une définition complète, on donne d'abord le genre, ensuite les différences spécifiques. Ex. MONDIALISME : «vision, ou programme, qui tend à unifier politiquement tous les pays du monde en une seule organisation.»

Les définitions étant le point le plus faible des dictionnaires, mieux vaut les constituer soi-même, sans laisser de compulser les autorités, ne fût-ce que pour étayer ses réflexions. Mais ne faut-il pas être spécialiste pour fabriquer une définition? Ou bien y a-t-il une méthode?
Réaction 31


Il existe une méthode, simple et efficace, qui fait surgir les éléments de définition. Partons d'une de vos fiches doc. qui contienne un terme de votre nomenclature. Ce mot mérite une définition (et cette fiche demande des vedettes).

Le point de départ de la méthode est donc une phrase en contexte réel, et un mot à définir. C'est assez naturel. Ensuite?

On cherche un analogon, une variante au terme à définir. Une variante définitoire est un mot (ou une expression) tout différent d'un certain point de vue mais aussi proche que possible, cependant, sans sortir du contexte. Ce n'est pas difficile à trouver puisqu'il y a toutes les autres fiches doc, que vous venez de faire. Certaines de ces fiches portent sur des termes clés de votre domaine, qui doivent être assez voisins. Si vous n'en avez pas, ce sera l'occasion compléter votre fichier, ce qui est nécessaire de toute façon.
Ex. Définir poésie; on choisirait prose comme variante. Le concept générique est ce qu'il y a de commun aux deux termes (ici: «façon d'écrire»). Les concepts spécifiques sont ce qui distingue le terme par rapport à la variante (ici: «rythmes», «images»).

Choix d'un concept générique pour la presse (avec la variante télévision).
1 Média.
2 Reportage.
3 Information.
4 Imprimé.
Réaction 32


Définition. TERME GÉNÉRIQUE: «Terme qui désigne quelque chose en le prenant dans un ensemble qui regroupe d'autres choses du même genre. Ex. Transports en commun (train, autobus, métro).
Ce sera ______ rassemblement avec plein de monde qui ne pense qu'à la bière.
1 genre
2 le genre
3 le genre de
4 (Selon le contexte)
«On ne dit plus public ou spectateur, non! Il s'agit maintenant de clients, de clientèle.» (J.-P. Ronfard, 1993) Vu que le domaine est le théâtre, trouver le générique et les spécifiques de client.
1 «ceux et celles qui viennent au théâtre» et «ayant payé leur place»
2 «personnes qui remplissent la salle» et «qui font confiance à la troupe»
3 «assistance» et «habitués de l'endroit»
4 (N'importe)
On demande à de jeunes élèves de donner une définition personnelle de l'amour. Laquelle des définitions suivantes vous semble la meilleure?
1 L'amour, c'est comme une maladie.
2 L'amour est un sentiment.
3 L'amour, c'est quelque chose qui arrive à des gens. C'est comme Nicole, ma soeur, et son ami François qui s'embrassent tout le temps.
4 L'amour, c'est quelque chose que l'on sent à l'égard d'une autre personne quand on veut toujours lui faire plaisir.
Les éléphants sont mammifères, c'est-à-dire qu'ils ne pondent pas d'oeufs (Gotlib). Cette définition est ______.
1 vraie
2 incomplète
3 fausse
4 incertaine
Réaction 33


L'idée de généricité est nécessaire pour qui utilise la locution assez courante : ...et autres...
C'est une mesure qui concerne les vaches, les truies et autres ______.
1 poulets
2 volailles
3 brebis
4 (Autre chose)
Réaction 34


Il y a plus de différences spécifiques que de sèmes génériques, habituellement.
Relever les sèmes qui permettent de définir l'humour.
1 Réaction, plaisir.
2 Sentiment, amusant.
3 Tournure d'esprit, drôle.
4 Thérapie, rire.
Réaction 35


Comme tout ces jeux de l'esprit (qui fondent nos réalités) ne se font qu'avec des mots (toujours les mêmes ou presque), on pourrait dire que la difficulté de penser réside dans le choix d'une fonction pour chacun des mots disponibles (ou des périphrases que l'on peut inventer).
Qu'est-ce qu'un sèche-cheveux? Choisir un générique.
1 «séchoir»
2 «casque»
3 «appareil électrique»
4 «salon de coiffure»
Politique peut recevoir (au moins) quatre variantes: économie, esthétique, anthropologie, primatologie. Face à chacune d'entre elles apparaît une acception distincte de politique. Ces paires ont donc des genres distincts. Lesquels (dans l'ordre)?
1 Discipline universitaire, psychologie des relations de pouvoir, sciences sociales, recherche.
2 Sciences sociales, recherche, discipline universitaire, psychologie des relations de pouvoir.
3 Recherche, discipline universitaire, sciences sociales, psychologie des relations de pouvoir.
4 (Autre chose)
Réaction 36


Les fonctions à attribuer aux mots du domaine sont celles de genre et espèces, mais d'abord, il y a la vedette (le mot à définir), ou la chose, et leurs variantes. Y a-t-il d'autres fonctions utiles?
Le mot baroque vient du portugais barroco: «perle irrégulière». Il désigne en français une architecture (profusion d'ornements), un style littéraire (à la Renaissance). Aujourd'hui, il est devenu synonyme de «bizarre». Voici des concepts qui peuvent contribuer à son analyse sémantique: style, mouvement, volutes, Mozart. Ils peuvent servir, respectivement, de _____, _____, _____, _____.
1 sème générique, sème spécifique, propriété, virtuème
2 classème, propriété, virtuème, métonymie
3 synecdoque, métaphore, métonymie, antonomase
4 (Autre chose)
Qui dit romantisme dit art moderne, c'est-à-dire intimité, spiritualité, couleur, aspiration vers l'infini (BAUDELAIRE, Curiosités esthétiques, III, II). Cette énumération rassemble des ________.
1 sèmes spécifiques
2 virtuèmes
3 propriétés
4 (Autre chose)
Réaction 37


On appelle propriété une caractéristique commode à l'identification mais qui n'entre pas dans la définition comme telle. Ex.: la voiture rouge. (N'importe quelle modèle de voiture pourrait avoir cette couleur mais on identifiera plus vite une voiture par sa couleur que par sa marque ou sa cylindrée.) Selon vous, les propriétés sont-elles des sèmes spécifiques? Ou des sèmes à part?
Réaction 38


Les propriétés sont des virtuèmes et pourtant, elles ne sont pas moins spécifiques (dans un contexte bien précisé) que les sèmes.
Ex. On sait que les chimpanzés nous appellent entre eux «les pieds», parce que nous sommes incapables de nous servir de nos bras comme ils le font. Cette dénomination est à leurs yeux notre principale propriété.


En outre, on peut observer que les propriétés sont spécifiques du côté du référent plutôt que du mot (du sémème plutôt que du sémantème) car on les tire de l'observation du réel plus que de la connaissance du sens des mots.
Ex. Des chasseurs relèvent dans la neige folle le passage d'un cerf de Virginie. Le sabot est pourtant impossible à identifier. Mais il y a des bonds par endroit. De plus, une seule patte laisse une trace entre deux empreintes. «C'est un buck!» (Le mâle a coutume de traîner une patte arrière ou les deux.) C'est une propriété.


Voulez-vous tenter de donner un exemple de propriété de votre cru?
Réaction 39


«L'aigle à tête blanche». (En fait sa queue aussi est blanche mais c'est la tête qui est jugée caractéristique.) Comme il est le seul aigle à avoir la tête blanche, cela suffit à le désigner de façon qui lui soit propre : c'est une propriété.

Les sèmes.

L'art du sémanticien est de discerner les sèmes, de les jauger, d'arriver à en tracer les contours, de trouver des différences ou des ressemblances.
Faut-il considérer comme irréalistes les deux ______ d'Amnistie internationale: libérer les prisonniers d'opinion et abolir la torture?
1 idéaux
2 utopies
3 (Au choix, mais de préférence 1)
4 (Au choix, mais de préférence 2)
Les éditeurs américains se plaignent que près de 60% de leurs ______ ne lisent jamais un livre.
1 citoyens
2 concitoyens
3 clients
4 compatriotes
Cinquante ans après son invention, la fabrication du papier en était encore _________ de l'artisanat.
1 à la période
2 au cycle
3 au stade
4 au seuil
Réaction 40


Inutile d'ajouter des sèmes déjà mentionnés.
L'arrivée de la colonne de réfugiés restera pour tous un souvenir ______.
1 inoubliable
2 mémorable
3 (N'importe)
4 (Selon le sens)
Réaction 41


Par contre, il est très utile de mentionner tous les sèmes requis...
S'il continue à perdre, il se retrouvera ________.
1 au dernier rang de la société
2 au dernier échelon de la société
3 au plus bas de l'échelle sociale
4 (Selon la nuance de sens)
Réaction 42


Même le choix du suffixe est parfois une simple question de sème.
Pour la première fois à une conférence sur le désarmement, le point de vue ______ a suscité plus d'intérêt que les autres.
1 pacifique
2 pacifiste
3 paisible
4 (Selon la nuance de sens)
Réaction 43


Et le choix d'une préposition?
_______ l'article 16 de la Constitution, cette décision est inapplicable.
1 A cause de
2 En vertu de
3 Parce qu'il y a
4 Au nom de
Réaction 44


Ou le choix d'un article?
La veille ______ célébration ______ mariage, le protonotaire a l'habitude de préparer son discours.
1 d'une, de
2 de la, d'un
3 d'une, d'un
4 (1 ou 2, au choix)
Réaction 45


L'actualisation et l'actanciation ne sont évidemment pas totalement dénuées de «sens», et les logiciens (Popper, Martin notamment) ne se gênent pas pour les inclure dans leurs calculs de prédicat. Nous nous plairons toutefois à faire remarquer que les sèmes font partie des sémantèmes, et que ceux-ci appartiennent aux lexèmes, pas à l'environnement, au contexte ou à l'implicite. Une méthode économe doit situer les disciplines les unes par rapport aux autres, ce qui permettra d'éviter de tout inclure dans chacune. Pour rester purement logique, la logique, comme on le verra plus loin, s'articule sur une analyse linguistique, sémantique et pragmatique.

Un dernier type de sème, le plus abstrait, reste à décrire.

Le classème.

Définition du classème : "Sème (élément de sens) permettant de classer, que ce soit par

domaine, par catégorie grammaticale ou logiquement".
Vous étudiez le siècle des Lumières. La nomenclature contient la série: vertu, amour, haine, honneur, vérité, mensonge; et la série: bien, mal, solidarité, liberté, harmonie, justice, égalité. Quels titres donneriez-vous à chacune de ces séries, quels sont les classèmes qui les distinguent le mieux?
1 morale, idéal
2 sentiment, but
3 passion, action
4 (Les deux séries devraient n'en faire qu'une.)
SPHINX --- Monstre fabuleux, lion ailé qui tuait les voyageurs quand ils ne résolvaient pas l'énigme qu'il leur proposait. La notion de divinité égyptienne, est ______.
1 un générique
2 un spécifique
3 un classème
4 une propriété
On réunit, dans une nomenclature de dissertation sur Mao Tsé Toung, les termes suivants: la longue marche, le grand bond en avant, la révolution culturelle, la campagne des cent fleurs. Choisir un classème.
1 Action politique.
2 Programme politique.
3 Propagande politique.
4 Organisation politique.
Å la question Qui vois-tu, on s'attend à une réponse dont l'objet a le classème ________.
1 humain
2 animé (humain ou non-humain)
3 personnel
4 (Autre chose)
Extraits de nomenclature sur le thème d'Eros. Quelle est la série la moins homogène, celle où il y a le plus de classèmes différents?
1 Nymphomanie. Satyriasis. Érotomanie. Pédophilie.
2 Voyeurisme. Sadisme. Sexisme. Pornographie.
3 Censure. Puritanisme. Pudibonderie. Refoulement.
4 Excitation. Provocation. Subversion. Perversité.
Réaction 46


En logique, le classème est le type de différence spécifique.
Comparons la neige et la pluie.
Celle-ci tombe plus vite que celle-là. Classème : "vitesse de chute".
Celle-ci est moins dense que celle-là. Classème : "quantité d'espace occupé".
Gouttes et flocons. Classème : "structure".

Donnez dans l'ordre un classème, un genre, une espèce, un virtuème et une propriété pour Moyen Age.
1 Durée, passé, noirceur, armure, chrétienté.
2 Histoire, époque, Charlemagne, cathédrales, troubadours.
3 Passé, littérature, cathédrale gothique, tournoi, croisades.
4 Histoire, époque, féodalité, chrétienté, croisades.
Donnez dans l'ordre un classème, un genre, une espèce, un virtuème et une propriété pour sciences.
1 Études, connaissances, raison, progrès, vérifiable.
2 Spécialités, discipline universitaire, méthode expérimentale, nucléaire, exactitude.
3 Essais, abstraction, raison, aride, prestige.
4 Connaissances, spécialité, fondements de la nature, physique, secret.
Humour polysémique. À l'origine de la grève des postes, il y a plusieurs facteurs. Quels sont les classèmes confondus?
1 math. et cour. (mathématiques et vocabulaire courant)
2 abstrait et concret
3 vx et mod. (vieux et moderne)
4 vx et didac. (vieux et didactique)
Humour polysémique. Chez les détenus, la lecture constitue un moyen d'évasion.
1 Évasion est pris au propre et au figuré.
2 Les domaines culture et droit pénal sont confondus.
3 (N'importe)
4 (Autre chose)
Réaction 47


Il faut distinguer le classème des sèmes définitoires (générique, spécifiques, ou virtuels). On trouve le classème non pas d'emblée mais au terme d'une analyse sémantique qui a comparé et déjà défini. Voici, dans sa complexité, une démarche sémantique effective. Dans le domaine de la confiserie, en relevant les termes rares pour faire notre nomenclature, nous rencontrons le mot casson et découvrons dans un dictionnaire que le casson est un pain de sucre que l'on obtient en faisant fondre du sucre dans un casse, "poêlon de cuivre étamé".

Curieux, ce mot de casse, non? Prenons-le comme vedette à définir. Cherchons-lui un analogon. Ce serait casserole, évidemment. Que donner comme générique? Récipient culinaire! Comme spécifique, il y aura "en vue de la préparation d'un pain de sucre de forme typique" mais aussi "en cuivre étamé" dans la mesure où les autres récipients culinaires sont plutôt en fonte, en aluminium, en acier inoxidable. Si le cuivre étamé du casse est spécifique, le classème, la catégorie de spécifique, est alors : "type de métal". Si le cuivre est plutôt un sème virtuel, ce sera la forme obtenue pour les pains de sucre qui sera prise comme spécifique. Le classème devient alors quelque chose comme "forme donnée à un ingrédient culinaire pour en favoriser la conservation".

Il y a quelque difficulté à distinguer le générique (qui permet de réunir) du classème.
Un comité est chargé de préparer des recommandations concernant la question des droits d'auteurs. Il se sert de termes comme publication, brevet, invention, création artistique, droit d'auteur, savoir-faire, produit. Choisir un générique et un classème.
1 Produit. Droit d'auteur.
2 Savoir-faire. Publication.
3 Invention. Brevet.
4 (Autre chose)
Réaction 48


La chose est prise comme comptable. Classème sémantique. Il y a des classèmes référentiels (les domaines) ou linguistiques (catégories grammaticales). Masc., pl. sont des classèmes linguistiques.
Les classèmes (ou traits d'appartenance à une classe), pour les substances grammaticales, sont: ________.
1 propre, animé, humain, abstrait, pluriel...
2 commun, animé, humain, concret, comptable...
3 propre, animé, personnel, concret, comptable...
4 commun, inanimé, personnel, abstrait, singulier...
Je vais ______ ville.
1 à la
2 en
3 au centre
4 (Selon le sens)
Réaction 49


Dans une fiche doc, on est naturellement porté à prendre des classèmes comme vedette générale ou spéciale. Exemple tiré d'un travail sur la peinture moderne.
Smith Paul, 1955, p.122 Influence sur le peintre Théories et découvertes.
Pissaro travaille selon les découvertes d'Eugène Chevreul (le cercle des couleurs) puis selon celles d'Ogden Rood (théorie scientifique des couleurs).


On ne peut nier que la citation de Smith concerne des influences sur Pissaro et que celles-ci consistent dans des théories et des découvertes. Par contre, il est douteux que des termes aussi généraux permettent de retrouver facilement la fiche ultérieurement. C'est qu'on a pris des classèmes trop généraux. Ces classèmes conviendraient pour des fiches synthèses réunissant toutes les influences subies par des artistes modernes (théories mais aussi modèles étrangers, ou situation politique, etc.) Ici, les vedettes auront avantage à être concrétisées. Comme vedette générale, on pourrait mettre :"Chevreul et Rood influencent Pissaro" et comme vedettes particulières :"Cercle des couleurs. Analyse de l'onde lumineuse".

Autre exemple.
Smith Paul, 1955, p.89 Démarche philosophique Monet
Monet cherche à peindre son impression d'un moment, l'instant éphémère, et rejette toute recherche de la valeur dans une métaphysique supérieure.
[Le moi de Monet s'oppose, par l'impression ressentie dans l'instant présent, à une conception du monde imposée par le dehors.]


La fiche mentionne ce que les impressionnistes pensent de la philosophie, d'où sa vedette générale. La vedette particulière signale qu'en l'occurrence, le peintre qui s'exprime est Monet. Cette fois les vedettes semblent moins constituées de classèmes... Monet est un nom propre! Et rien n'empêche de voir plusieurs fiches se profiler sous la vedette générale avec divers noms de peintres pour les particulariser. Cependant le contenu spécifique de la fiche est l'opposition de Monet (comme représentant de son groupe) à toute démarche de type philosophique, et son investissement par la peinture dans le contenu d'un spectacle présent à ses yeux. Il y a donc une prise de position des impressionnistes (en l'occurrence de Monet) comme vedette générale (qui appellera d'autres prises de positions, diverses, de Monet ou d'autres impressionnistes) et la vedette particulière devient l'opposition du spectacle instantané personnel à la pensée universelle impersonnelle.

On voit que pousser l'analyse des vedettes permet de préciser l'orientation des lectures subséquentes.

Mais tous ces moyens de trier des catégories non seulement d'objets et de mots mais de sens (!), cette sémantique, elle manque toujours de mots et doit recourir à des périphrases. La figuration, qui permet de remplacer un mot par d'autres, ne fût-ce que pour éviter les répétitions, ressortit à la rhétorique, mais elle concerne le sens aussi, et de trois façons.

Comment communiquer de nouveaux sens sans faire de néologismes? Est-ce vraiment possible?
Réaction 50


Oui. On peut dire ma flamme ou mon ardeur au lieu de mon amour. Un mot peut se prendre au sens propre ou au sens figuré. Il existe des moyens de faire dire aux mots existants autre chose que ce qu'ils disent. Ces moyens sont appelés les tropes (du grec trepô, je tourne).

Synecdoque, métonymie, métaphore.

Les tropes donnent toutes les façons de trouver des mots parlants. Vous indiquez son chemin à qqn qui suit la voie surbaissée vers le Centre-ville. «Sortir au premier échangeur.» C'est le terme propre. Vous vous dites que c'est parfait. Quelles sont les alternatives? Voyez-vous d'autres manières de dire la même chose?
Réaction 51


«Sortir à l'échangeur Turcot» serait plus précis. C'est le nom propre. Pas la peine de chercher plus loin? Ici interviennent les tropes. «Au premier croisement d'autoroutes.» C'est une définition qui mentionne le générique (croisement). Quand on remonte sur l'échelle des termes définitoires, on a un hyperonyme, c'est une synecdoque généralisante.

«Après la bifurcation vers Dorval.» Voilà bifurcation, synonyme de croisement. Jetons un coup d'oeil sur le Thesaurus de Péchoin. Embranchement, bretelle, patte d'oie... Cela devient plus imagé. Le style y gagne en couleur... Ce sont les épices qui relèvent le goût du plat. Mais quand déborde l'enthousiasme, c'est le moment de réveiller le sens critique. On dira que ce n'est pas exactement une patte d'oie. Sans doute. La synecdoque est alors particularisante, elle comporte des sèmes spécifiques inutiles mais qui ne nuisent pas. On évitera toutefois carrefour et saute-mouton, où le sens diverge trop.

Et ce n'est pas tout car il reste deux autres tropes, les plus connus du reste. L'un, prosaïque, est la métonymie; l'autre, poétique, la métaphore.

Les métonymies sont innombrables. Il s'agit de trouver un aspect caractéristique. «Quand la voie s'élargit, après la pub Texaco, si tu vois que tu survoles les toits».

Pour couronner le tout, supposons que vous vous adressez à un Italien : «Au premier tas de spaghetti». C'est la métaphore!

Ici peut déferler l'imagination. Tout lien entre un aspect de la question et un objet qui offre un aspect analogue est permis. On peut même, nous raconte un illustré féminin, parler du choix d'un mari «comme s'il s'agissait de magasiner un réfrigérateur : pas trop petit, ni trop grand, beau contenant pouvant loger beaucoup de contenu, espace réduit pour la bière, ouvrant sur la gauche (ou sur la droite), peu bruyant, et surtout sans givre.» (Magazine Châtelaine, déc. 1996, p.40) Avec la métaphore, les frontières du dicible sont illimitées.

Pour vous habituer à distinguer parmi les tropes (et à les utiliser), ce qui était pratique courante aux XVIIIe et XIXe siècles, voici quelques cas à analyser.
Une étude sociologique sur la solitude des personnes âgées est publiée sous le titre de la République du silence. L'auteur montre que plus les citoyens sont avancés en âge, moins ils ont de capacité de s'exprimer. Par quel type de rapport entre cette hypothèse et le mot république peut-on justifier un tel titre?
1 Métonymie (relation de contiguïté entre éléments d'un même ensemble: cause pour effet, lieu ou signe pour le chose, etc.)
2 Antonomase (nom propre pour nom commun ou l'inverse)
3 Synecdoque (inclusion logique: partie pour le tout, espèce pour le genre, abstrait pour le concret)
4 Métaphore (analogie par le biais d'une qualité)
Les autres Saint-Basile. Tel est le titre que choisit le journaliste soucieux d'attirer l'attention sur l'existence de plusieurs entrepôts de produits toxiques analogues à celui qui prit feu à Saint-Basile. L'emploi, ici, de ce nom propre est ______.
1 naturel puisqu'il désigne la localité
2 une métonymie
3 une synecdoque particularisante
4 un exemple
Il se verse maladroitement du café et il éclabousse sa compagne, qui a un mouvement d'exaspération. "--- Pourquoi soupires-tu, dit-il, c'est la première fois que je renverse quelque chose". "--- Ah! Quel archipel de mensonges!" Le mot est ______.
1 une métaphore
2 une métonymie
3 une impropriété
4 une exagération
Dialogue avec le visible est le titre d'un essai sur la peinture.
1 Peut-on dialoguer avec ses perceptions?
2 Il suffirait de préciser: Dialogue avec l'oeuvre picturale.
3 Titre correct. Double synecdoque. Particularisante pour dialogue, généralisante pour visible.
4 Hum... Synecdoque généralisante pour dialogue et particularisante pour visible.
Parlant du travail de l'écriture, un poète s'exclame: «Terre arable du songe!» (Saint-John-Perse). Terre arable est ici ________.
1 une métaphore
2 une comparaison figurative
3 une allégorie
4 un parallèle
Réaction 52


Les figures sont-elles des recettes sclérosées comme on l'a pensé en France dans la seconde moitié du XXe siècle ou bien sont-elles toujours bien vivantes dans la pratique journalière et permettent-elles d'explorer plus facilement le rapport mot-sens, parfois si complexe?
La Mémoire du temps est le titre d'un livre.
1 C'est un livre d'histoire. La mémoire se tourne vers le passé.
2 Le concept de «mémoire» inclut celui de «temps». Ce titre est un pléonasme.
3 Il y a une métonymie. Temps a reçu le sens d'«événements de jadis».
4 Le titre serait parfait si on y ajoutait jadis.
Voici une citation de Marx. Et si, dans l'idéologie [bourgeoise], les hommes et leurs rapports nous apparaissent placés la tête en bas, comme dans une caméra, ce phénomène découle de leur processus de vie, qui est historique, de même que le renversement des objets sur la rétine découle de son processus physique. La relation établie entre les rapports socio-économiques et la caméra est ________.
1 une simple comparaison
2 une analogie
3 une métaphore filée
4 (N'importe)
Deux transplantations de moelle osseuse ayant échoué, le roi Hussein est retourné mourir en Jordanie. Il est donné comme «cliniquement mort». Que signifie cette expression?
1 Qu'il ne pourra plus être guéri.
2 Qu'il ne communique plus.
3 Qu'il est maintenu en vie artificiellement.
4 Que son coeur ne bat plus.
Réaction 53


Le concept ne se forme que par suite d'expériences renouvelées qui vont convaincre l'apprenant que tel mot est chargé de tel ensemble de sèmes. C'est un acte de lecture.

Mais comment la blague que voici forme-t-elle le concept de «dent»? Adam : «inventeur de la brosse du même nom».
Réaction 54


Par les sonorités (brosse Adam -- brosse à dents). C'est un accident (d'ailleurs feint) dans le processus. Les dents sont connues avant d'être reconnues par leur nom quand il s'agit de les brosser.

La diversité des noms qui sont donnés aux dents dans le Cantique des cantiques (perles, brebis; métaphores de leur éclat, de leur blancheur) favorise, selon les contextes, la précision du concept. Dans l'éloge classique, c'est la métaphore d'un virtuème. En orthodontie, la dent est un générique, qui sera spécifié. La dent peut aussi recevoir un sens métonymique : le requin, dans les dents de la mer. Il ne faut plus parler sans conscientiser la distance du mot à la chose par le concept, sans faire du trapèze...

Villeneuve perd de l'huile! (Au Grand Prix). Expression ridicule?
Réaction 55


Expression très naturelle. Villeneuve n'est plus, dans ce contexte, le nom d'une personne. Il désigne par proximité (métonymie) l'ensemble qu'il forme avec son engin lancé dans la course. Le tour est sans doute elliptique mais acceptable, à la radio comme dans les journaux. Aucune équivoque possible du reste. (Il suffit de jouer du trapèze.)

Plus loin, en abordant la logique, l'argumentation, le maniement des idées, il faudra se souvenir des opérations sémantiques, intermédiaires entre le sens et les mots.

Évolution du sens.

Le sens ne se maintient pas indépendamment de l'usage commun, qui est la somme des emplois individuels. Certains mots tombent en désuétude. D'autres (cabriolet) changent d'objet parce que les objets ont changé. Un usage intensif peut faire perdre à un mot sa précision ou sa force. Ex. Formidable voulait dire «qui fait peur».
Triste signifie "chagrinant". Il signifiait "funeste". Il a subi ________.
1 une extension de sens
2 une restriction de sens
3 un affaiblissement
4 un renforcement
"Dame Hersant, cette parole apprenant, se voudrait mourir, tombe et se pâme." Dans cet extrait du Roman de Renart, qui remonte au Moyen âge, se pâmer veut dire "rendre l'âme". Il n'a pas le même sens que celui qu'on lui attribue aujourd'hui. Il a donc subi, au cours des siècles, ________.
1 un renforcement
2 un affaiblissement
3 une restriction de sens
4 une extension de sens
Réaction 56


Il est possible pourtant de revenir aux sens d'autrefois (archaïsmes, sens étymologique) ou de parier sur l'avenir (néologismes).

Autres sens.

Si tout ce qui concerne le sens devait entrer dans la sémantique, il y aurait lieu de parler ici des différentes façons dont le texte peut prendre plusieurs sens : équivoque, amphibologie, syllepse de sens, détournement, association, cryptesthésie. Sans parler du non-sens. Définitions et exemples peuvent être trouvés dans la Clé, à www.cafe.edu).

APPLICATION 1. Fichier. Trouver des vedettes.

Faire des fiches doc définitoires. Dans les définitions proposées, souligner le mot qui désigne le genre (ou ajouter un g entre parenthèses à proximité, ou surligner en vert); mettre entre guillemets les termes qui donnent une «différence spécifique» (s ou surligner en jaune); en italiques les virtuèmes (v ou surligner en bleu); indiquer les propriétés (p ou surligner en rose).

Prendre comme variable un mot-clé dans son domaine. Lui chercher une variante aussi proche que possible quoique totalement différente de sens (comme fille/garçon). Chercher le nom de ce qu'ils ont en commun (leur générique) et les noms de ce qui les distingue (les spécifiques). Ici: enfants et «sexe féminin / sexe masculin». Le mot sexe, qui indique le point de vue où l'on se place pour évaluer les différences, est le classème.

Réunir les fiches doc par des fiches «genre» ou des fiches «classème» (relations transversales).

Il s'agit, en poursuivant la lecture des ouvrages sélectionnés, de trouver des variables utiles (continuer la doc) en remplissant le champ vedette spécifique mais aussi en rassemblant des fiches doc de même générique). Rédiger alors une fiche synthèse avec comme vedette spécifique le genre ou le classème; et, comme contenu, des renvois aux fiches doc (en leur donnant un numéro ou un code de lettre, dans le coin gauche). Ces renvois ne sont pas placés dans n'importe quel ordre : ils sont triés selon le degré d'effectuation du classème, dans un ordre croissant ou décroissant. (Ex. la férocité, pour les géants)
Réaction 57


APPLICATION 2. Faire une nomenclature. La palette conceptuelle.

Réunir les termes typiques de son domaine dans une nomenclature. Consulter des dictionnaires analogiques, particulièrement le Thesaurus (Péchoin, Daniel. Thésaurus Larousse. Des idées aux mots. Des mots aux idées. Larousse, 1146p.,1991; aussi disponible sur le cédé «Bibliorom»)

Dans les ouvrages consultés, tout terme fortement sémantisé (ou simplement dont on croit qu'il pourrait servir dans l'oeuvre en préparation) peut faire l'objet d'une petite fiche «nomenclature». Ce sont des fiches minuscules, des seizième ou des 32e de feuille, car il s'agit de pouvoir les placer, progressivement, les unes par rapport aux autres, par des critères de contenu (et ce classement constitue à lui seul toute une analyse empirique qui élabore dans votre esprit la structure conceptuelle du domaine). Les fiches nomenclature sont donc triées par proximité de contenu.

C'est la méthode la plus sûre en sciences humaines : celle des «constituants immédiats» (on compare et c'est toujours ce qui est le plus proche qui vient d'abord). Exemple: sphère est plus près de zénith que de satellite ou d'année lumière. (Remarquer qu'une approche aussi fruste que la seule proximité relative permet d'agir même quand on n'a pas encore d'idée précise dans le domaine en défrichement, donc sans avoir dû faire la recherche de toutes les définitions.)

Quand on a des listes plus ou moins complètes et cohérentes, on se trouve en mesure d'expliquer (en plusieurs mots si la langue n'en possède pas un unique dans ce sens) leur générique (ce qu'ils ont en commun) et de donner éventuellement un classème (le point de vue adopté pour ranger les spécifiques dans le générique).

Exemple.
Vous dressez une «palette conceptuelle» en astronomie et rassemblez ceci: Aldébaran, Algol, Arcturus, Bételgeuse, Castor, Rigel, Sirius. Quelle est la catégorie à indiquer?
1 matière
2 objets concrets
3 liste
4 noms propres
Réaction 58


Ainsi les termes qu'on aura à reprendre verront-ils leur définition élucidée et leur rapport défini, mais il se posera en outre bien des questions qui relanceront la consultation des ouvrages de base, permettant de compléter le fichier et de le clarifier (vedettes, réunion des fiches doc au moyen de fiches synthèse).

Placer les termes typiques relevés sur sa palette, en vue de préparer par la suite un arbre des genres et espèces. Ceux qui n'entrent pas dans une stricte hiérarchie de définitions sont soit des virtuèmes (les négliger en plaçant alentour des parenthèses), soit des propriétés (les indiquer avec un p qui les identifie, ou par un surlignage de couleur rouge), soit des parties (indiquer avec un d, comme dans division ou description, ou par un surlignage en vert).

On reconfigure la palette jusqu'à ce qu'elle ait absorbé toutes les fiches de la nomenclature.

(On peut même ajouter des branches à l'arbre, au besoin, et le compléter, en nommant de son mieux les objets ou définitions découverts, en inventant s'il le faut des termes appropriés.)

Exemple. Le domaine du transport par rail.

Partons de la notion centrale... le train. Synonyme: le chemin de fer (ces deux termes ont pris un sens large qui ne se limite pas au «convoi de wagons» ou à la «voie ferrée»). Le qualificatif ferroviaire est à placer au centre de la page, ainsi que le rail et le fer, qui sont des synecdoques de même contenu sémantique.

Aux abords de cette notion centrale, on placera des types de rails comme : chemin de fer à voie étroite, turbotrain, chemin de fer hydraulique, ferry transbordeur, monorail, chemin de fer à crémaillère, funiculaire. Des moyens de transport analogues pourront prendre place ensuite, à courte distance du noyau sémantique : le métropolitain (métro), subdivisé en aérien, souterrain ou de surface, le tramway (tram), le trolleybus (trolley), le téléphérique, le train sur coussin d'air, l'aéroglisseur. Pour revenir au train proprement dit, il offre les divisions suivantes : train de voyageur, de marchandises, de messagerie (train-poste), mixte, train-auto(-couchettes). À ceux-ci se rattachent les sortes de wagon : Voiture-bar (wagon-bar), voiture-lit (wagon-lit), voiture-restaurant (wagon-restaurant), pullman (voiture-pullman), allège postale, voiture-poste (wagon-poste), fourgon, fourgon plat, wagon couvert, wagon-citerne (wagon-réservoir), wagon-trémie, wagon-écurie, wagon-tombereau. Les wagonnets s'y joignent : benne, coke-car, lorry, draisine, transbordeur. Et tirés par quoi, ces wagons? C'est ici que prend place la locomotive (ou «machine»), qui peut être à vapeur, Diésel, électrique (motrice), automotrice (autorail, micheline). L'ensemble est une rame, un convoi. Les parties des véhicules comprennent les boggies, le brancard, la caisse, le châssis et le longeron. L'attelage se fait par une chaîne, un crochet, un coupleur, un tendeur et un tampon.

Le réseau ferré est l'ensemble des voies ferrées (railroad, railway). Voie courante ou voie déviée, voie directe ou voie d'évitement, voie de garage, voie de formation, faisceau de formation, faisceau de débranchement et de réception, voie ou faisceau de triage, ligne à double voie, contre-voie. La voie est formée de rails et de traverses, qui sont posées en chevauchement (pose à joints alternés). Le rail d'aiguillage est une aiguille. Aux croisements de routes, il y a un passage à niveau (avec ou sans barrière), ou un viaduc. Au croisement de voie d'eau, un pont ferroviaire. Aux gares de triage, il y a des ponts tournant, saute-mouton, bosse de débranchement (butte de gravité) et évite-bosse. Le passage à niveau et parfois gardé. Le signal est ouvert ou fermé. Il y a préannonce et signal de clôture, enclenchement et verrouillage. Il y a des rapides, express, T.G.V., des directs et des omnibus (tortillard), des interurbains. Les employés sont chef de gare, chef de train, conducteur de route, conducteur de manoeuvres, chauffeur mécanicien (mécano), freineur (serre-frein), coupeur (dételeur), garde-barrière, aiguilleur, cheminot, traminot (wattman), marchand ambulant.

On croit tourner en rond ou revenir au début avec les gares (de voyageurs, de marchandise, de triage, de bifurcation, de jonction, de passage), et les stations ou interstations; mais c'est que les mêmes objets sont envisagés maintenant dans leur fonction, et du point de vue des personnes qui les utilisent. Se regroupent ici le départ et l'arrivée, l'horaire, l'indicateur des chemins de fer, le terminus et la correspondance, le désheurement, le train supplémentaire, le dédoublement, triplement, quadruplement, le détournement, le rebroussement, le déraillement et la catastrophe ferroviaire. Il faut aussi payer un billet (coupon, en Belgique) ou un ticket de quai, en première, seconde ou autrefois troisième et quatrième classes, ou un supplément. Le wagon où l'on a un siège réservé se trouve en tête ou en queue. L'intérieur de la voiture a des compartiments, une bagagerie, une impériale, une plate-forme, le siège est «single» ou c'est une banquette, on a le coin fenêtre ou le coin couloir, si on a une place assise car, dans le couloir, ce sont des places debout.

Vous pouvez écrire ici votre version personnelle de la nomenclature, ou l'envoyer par courriel.
Réaction 59


Voilà donc le genre de logo-rallye auquel une nomenclature permet de se livrer pour doter l'écrivant de sa palette conceptuelle. Le classement nécessite souvent des vérifications de définition, ce qui occasionne la découverte de nouveaux termes et de nouvelles distinctions.

Dans le module de pragmatique, on trouvera divers points de vue à partir desquels opérer des regroupements dans la nomenclature. Les classèmes, en effet, peuvent provenir de la forme mais surtout du fond, et c'est en pragmatique que seront catégorisés les contenus et les fonctions énonciatives. Ce sera d'autant plus intéressant que les classèmes peuvent servir non seulement à classer, mais encore à étoffer (développer dans des directions complémentaires). On peut les ranger en quatre grandes catégories.

-- La forme grammaticale: nom propre, nom commun, verbe, qualificatif, adverbe, préfixe, suffixe, locution, niveau de langue.

-- Le contenu logique : objet concret, idée, action, personne.

-- Le contenu phrastique (ou de l'acte de parole) : constatation, prédicat, narration, engagement.

-- L'énonciation (aspect pragmatique): position du locuteur, mandateur implicite, interlocuteur, bénéficiaire implicite, visée argumentative, forme esthétique, lieu, temps. (Voir chapitre suivant.)

NB Les catégories référentielles (domaine et champ) sont à envisager faute de mieux (elles sont trop larges).

APPLICATION 3. L'Analyse sémique.

Voici un autre exercice utile à l'élaboration conceptuelle. On part de fiches doc définitoires pour les mots les plus importants de la nomenclature, avec une citation (qu'un fureteur internet permet de trouver facilement, et de choisir parmi des possibilités très diversifiées). Un truc commode pour aller aux définitions d'un ensemble de sites est de fouiller avec le mot clé suivi de «c'est-à-dire».

EXERCICE D'IDENTIFICATION DES SÈMES


Mettre en gras le terme autonyme (à définir), ou mettre entre parenthèses la chose à définir; souligner le(s) générique(s), mettre les spécifiques entre guillemets; mettre les virtuèmes en italiques; donner le domaine et le champ; relever les classèmes et les propriétés, s'il y en a; chercher aussi quelque exemple.

1. Considérons (...) les Pays-Bas, par exemple. Leur caractère essentiel est d'être formés par des alluvions, c'est-à-dire par les grands dépôts de terre que les fleuves charrient et répandent à leurs embouchures.

TAINE, Philosophie de l'art, I, I.
Réaction 60


Corrigé. 1. Alluvions : Déf. grands dépôts de terre, «que les fleuves charrient» et «répandent à leurs embouchures». Domaine: géographie physique. Champ: type de sol. Classème : formation. Propriété: fertilité. Exemple : le Nil.

Exercice. 2. Je connus de là que j'étais une substance dont toute l'essence ou la nature n'est que de penser, et qui pour être n'a besoin d'aucun lieu ni ne dépend d'aucune chose matérielle; en sorte que ce moi, c'est-à-dire l'âme, par laquelle je suis ce que je suis, est entièrement distincte du corps (...)

DESCARTES, Discours de la méthode, IV.
Réaction 61


Corrigé. 2. Âme : Déf. substance «qui fait que je suis ce que je suis», «...que de penser». Domaine: philosophie. Champ: ontologie. Classème : essence ou nature. Virtuème : entièrement distincte du corps (cpdt, méth. Coué). Propriété : participation à l'absolu. Exemple : croyance à la vie éternelle dans les religions.

Exercice. 3. (...) ils appartiennent à cette nouvelle classe d'étudiants de grandes universités anglaises que la brutalité des temps, l'absence d'«anciens» (qui, tués à la guerre, n'étaient plus là pour les brimer), la faculté de pouvoir, grâce au change, passer la moitié de leur année en France, ont rendu plus curieux (...) Paul MORAND, Bouddha vivant, p. 98.
Réaction 62


Corrigé. 3. [Pas de mot, mais une chose : ce à quoi ils appartiennent] nouvelle classe d'étudiants de grandes universités anglaises «qui sont devenus plus curieux» à cause de la brutalité des temps, à cause de l'absence d'anciens, à cause de leurs séjours prolongés en France. Domaine : sociologie. Champ : classes dominantes de l'après-guerre. Classème : comportement vis-à-vis des autres. Propriété : snobisme fondé sur la richesse commerciale. Exemple : ils... (voir le contexte du livre).

Exercice. 4. Devant un plat (publicité Amieux), je puis hésiter à identifier les formes et les volumes; la légende («riz et thon aux champignons») m'aide à choisir le bon niveau de perception; elle me permet d'accommoder non seulement mon regard, mais encore mon intellection. Au niveau du message «symbolique», le message linguistique guide non plus l'identification, mais l'interprétation, il constitue une sorte d'étau qui empêche les sens connotés de proliférer soit vers des régions trop individuelles (c'est-à-dire qu'il limite le pouvoir projectif de l'image), soit vers des valeurs dysphoriques.

R. BARTHES, Rhétorique de l'image, in Communications, n 4, 1964, p. 44.
Réaction 63


Corrigé. 4. (Une affiche publicitaire) Déf. affiche publicitaire «qui représente un plat» mis en conserve par Amieux frères «avec la légende : riz et thon aux champignons». Domaine : sémiologie. Champ : image publicitaire. Classème : intellection (interprétation). Propriété : la légende est comme un étau, elle limite le pouvoir projectif de l'image. Virtuèmes : soit vers des régions trop individuelles, soit vers des valeurs dysphoriques. Ex.: à créer (que seraient ces valeurs trop individuelles, et ces valeurs dysphoriques?)

Exercice. 5. La médecine n'est pas une science; c'est un art (...) dans toutes les connaissances humaines il y a à la fois de la science et de l'art. La science est dans la recherche des lois des phénomènes et dans la conception des théories; l'art est dans l'application, c'est-à-dire dans une réalisation pratique en général utile à l'homme qui nécessite toujours l'action personnelle d'un individu isolé.

Cl. BERNARD, Principes de médecine expérimentale (1878), p. 175
Réaction 64


Corrigé. 5. (L'art médical) : Déf. une connaissance humaine «dont l'application nécessite l'action personnelle» d'un individu isolé, «dont la réalisation pratique est en général utile à l'homme». Classème : déontologie. Propriété : concerne le corps et l'âme à la fois (la personne). Ex.: à trouver.

Exercice sur les sèmes génériques et spécifiques.

Choisir dix fiches DOC. Leur trouver des vedettes génériques (communes à plusieurs) et spécifiques (uniques). Exemple.
Dans La guerre, yes Sir!, comédie de Roch Carrier, Napoléon se confie à Joséphine. «J'ai pas envie de me faire tuer. J'ai pas envie de me faire tuer par un gars que je ne connais pas!» Cette façon de reprendre une phrase en ajoutant une partie qui en change le sens est une ______.
1 alluvion
2 surenchère
3 autocorrection
4 précision
Réaction 65


On peut prendre: ajouter qqch. comme vedette générique, préciser comme vedette spécifique. Mais si on a fait la fiche à cause du contenu, on aura plutôt : "non-violence", ou "désobéissance civile" pour la vedette générique et "peur de la mort", ou "peur de l'inconnu" pour la vedette spécifique.

Mais où trouver les bons termes, non-violence, etc.? Dans le Thésaurus, à partir d'opposition, de résistance, etc.

Autre ex.:
Fiche documentation. «Dès 1941, un lycée du Pas-de-Calais fit l'expérience du mi-temps pédagogique. Les après-midi furent consacrés à l'éducation physique. L'enseignement des disciplines intellectuelles n'eut lieu que le matin.» Vedettes générale et spécifique à préférer: ______.
1 pédagogie, mi-temps
2 éducation, programmes
3 nom composé, locution adverbiale substantivée
4 surcharge intellectuelle, solution
Réaction 66


Fiche de documentation. «Nous assistons à une évolution surprenante. Le phénomène de la mondialisation se manifeste effectivement parce que tout événement qui concerne un homme se répercute à notre époque sur les autres hommes. Mais il se manifeste de manière inacceptable : la mondialisation de la violence précède celle de la pensée.» V. Giscard d'Estaing, dans P. Gilbert, Dictionnaire des mots contemporains. Que choisir comme vedettes générale et spécifique?
1 évolution, inacceptable
2 phénomène, mondialisation
3 violence, sa suprématie sur la pensée
4 politique, opinion


Vu du référent, le sémème a les classèmes de domaines et de champ, dont la propriété est de susciter des acceptions distinctes aux vocables. Ex. Souris en informatique.

Vu de la grammaire, le sémantème a les classèmes de genre et nombre, de mode et temps, de personne...

Vu de la logique, le sémème a les classèmes d'objet, idée, action, personne.

Vu de la pragmatique, le sémème a les classèmes de visée, forme littéraire, genre littéraire (situation), langue, type de communication, rapport à l'auteur, à l'interlocuteur... Le trapèze, finalement, débouche sur les opérandes de la clé des procédés (Voir www.cafe.edu).

Que reste-t-il à faire si on a élaboré son fichier pièce par pièce au hasard des recherches et des découvertes et qu'on veut pouvoir plonger occasionnellement sur tellle et telle fiche? Un index des vedettes. Ce sont de toutes peitties fiches avec seulement une vedette et les numéros (coin gauche) des fiches qui ont cette vedette. Pas même besoin d'ordinateur! On peut ajouter des noms ou des titres ou d'autres mots-clés, avec le numéro de fiche comme seul contenu pour ces petites fiches d'index. Ce fichier facilitera la fabrication ultérieure de l'index en cas de publication.

Réaction 67


Fin du module de sémantique. Le module suivant vous fera faire un pas de plus vers la saisie non plus seulement du sens mais de la réalité visée à travers le sens.

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