Dans ce cas-ci, en effet. Pour passer d'un nom à un verbe, ce sera le pronom et la finale verbale
qui serviront de marque. Comparer : la solution => (il) la solution(ne).
On peut observer que, dans le groupe translaté, la délimitation finale est très forte et que
les autres sont faibles. L'allongement oxytonique se fait d'autant plus net que le groupe est plus
complet ou plus étendu.
1 *
| 2* 3+
| Survint
| la mise à jour
| 3 +* *
| 4 +
| des dispositifs
| de sécurité. |
Le demi-trait vertical qui sépare mise de à jour et dispositifs de sécurité indique une limite effacée
par réduction. Ces deux compléments, en effet, ne sont pas actualisés (absence de *). Ils ne sont
donc pas installés dans l'environnement référentiel, ils n'ont de valeur que conceptuelle, ils
qualifient sans plus. C'est du reste la raison pour laquelle ce type de construction préfère le
singulier (un mur de brique). Ainsi atrophié, le groupe nominal perd de sa substance référentielle
et n'étant plus qu'une idée qualitative, il se rapproche de son pivot, comme s'il était un qualifiant.
Ce phénomène reçoit une marque sonore. On peut en faire la vérification en le prononçant à haute
voix sur un ton normal. Le u de mur est plus court que le i de brique. La limite entre les deux
groupes s'efface presque entièrement. De même le ou de jour est plus long que le i de mise. On
parlera de limite «effacée». Les deux groupes n'en font en quelque sorte plus qu'un, le second
jouant un rôle d'épithète, plus ou moins détachable encore si on le souhaite, mais cela dépend des
cas. Et l'on pourrait se dispenser de les indicer pour la combinatoire syntagmatique.
Pour dispositifs de sécurité, vu la longueur, le détachement des deux groupes est plus
vraisemblable. Les deux prononciations sont possibles, et quelque chose d'intermédiaire est le plus
probable. On parlera de limite ajoutable plutôt que de limite effaçable. Pour marquer graphiquement
que la délimitation est ajoutable, on ne garde que la moitié supérieure du trait. Quand elle est
effacée, on trace la partie inférieure du trait. (V. leçon 2, fouiller sur le mot sabre)
Ces deux marquages ont leur intérêt car ils permettent de marquer des limites qui peuvent
disparaître plus ou moins selon les cas. Une limite ajoutable a plus de chances de rester. Une limite
effacée a plus de chances de ne pas rester. Il y a moyen de dire dispositif de sécurité sans prendre
d'appui sur une syllabe avant le é mais dispositif de sécurité est plus vraisemblable. Il y a moyen
de dire mise à jour mais mise à jour est plus normal.
Autre translation : le connecteur devenant qualifiant. On transforme un morphème en
groupe syntaxique par l'ajout initial de la prépositon de (dedans, dessus, dehors). Beaucoup aussi
s'étoffe avec de, notamment devant plus ou le plus. Ex.: Il est de beaucoup le plus gros.
C'est le moment de mentionner lui, elle, eux qui deviennent celui, celle, ceux, antécédents
de relatifs donc groupes et qui peuvent être groupes indépendants en s'étoffant avec -ci, -là.
Voici un cas de syntagme réduit et ensuite étendu à nouveau (la langue s'amuse). Le latin
hoc die, «ce jour», complément de temps, était devenu adverbe de temps: hodie. Au Moyen Âge,
hodie passe à hui. De syntagme, il était donc passé à lexème puis à morphème qualifiant. On
éprouve alors le besoin de l'étoffer dans certains contextes. Ainsi naît au jour d'hui au XIIe siècle.
On dispose ainsi, de nouveau, comme en latin, d'un syntagme. Il va remplacer hui et donc se
trouver à nouveau réduit à un qualifiant, à un mot lexical, et on l'écrit alors en un mot, ce qui
marque cette intégration. L'allongement de la dernière syllabe, qui avait disparu de hui, est
réapparu en fin de groupe (au jour d'hui). Il redevient facultatif quand on l'écrit en un mot.
Entre le syntagme autonome complet (au jour d'hui) et le syntagme réduit à une partie de
syntagme, à un mot dont le délimiteur est effacé (hui), il y a donc un intermédiaire, un syntagme
semi-autonome, dont le délimiteur est facultatif (C'est aujourd'hui dimanche).
Faut-il parler de limite effaçable ou ajoutable? Est-ce la partie supérieure ou inférieure du
trait vertical qu'il convient de tracer? Comparez (à voix haute et intelligible) les trois formulations
suivantes:
Le français, qui aujourd'hui est parlé par des millions d'Africains, ...
Le français qui est parlé aujourd'hui par des millions d'Africains ...
Le français, aujourd'hui, est parlé ...
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