L'actualisation. 75 interactions. 197 QCM.

La forme actualise.

Observons quelques variations de forme. Ont-elle un rôle à jouer qui leur appartienne rien qu'à elles?
Nous empruntions une étroite ruelle, cach__ par un dédale de hangars et de clôtures.
1 ée
2 és
3 ées
4 (Selon le sens)
Il n'était pas facile de ___ débrouiller tout seu___.
1 se, l
2 se, ls
3 (Rien), l
4 (Selon le sens)
Réaction 1


Voici un graphe de statistiques.


QCM  2102                     # 85       |100%              ·
Lot  Québec   Cycle 14         Presque   |   |              ·         111111
        %       Niveau    Discriminance  |   |    11111111111111111111
3       01      9.51      0.29           |   |1111          ·
4*      22      2.18      0.34           |   |              ·
1       75    -15.86      0.14           |   |              ·
2       02      0.00      0.00           |   |              ·
-----------------------------------------|   |              ·
Nous empruntions une étroite ruelle,     |   |              ·
cach__ par un dédale de hangars et de    |   |              ·           4444
clôtures.                                |50%|······················44···
1)     ée                                |   |              ·      444
2)     és                                |   |              ·    44
3)     ées                               |   |              · 444
4)     (Selon le sens)                   |   |            4444
                                         |   |         444  ·
                                         |   |    44444     ·
                                         |   |4444          ·              3
                                         |   |              ·    3333333333
Les trois quarts optent pour cachée, estimant qu'il s'agissait d'orner son style pour parler d'une simple ruelle mais les plus futés (deux écarts-types au-dessus de la moyenne) prennent Selon le sens, voyant bien que nous pourrait désigner des héros féminins aussi bien que masculins et que ce sont eux qui cherchent peut-être à se cacher.

De même, on aurait pu avoir toute seule ou toutes seules aussi bien que tout seul ou tout seuls. On saurait alors à qui on avait affaire. Les variations en genre et en nombre permettent donc d'établir comment l'idée sémantique prend place dans le monde référentiel.

Les variations de forme sont les terminaisons, héritage du latin. Certaines langues ont des mots distincts pour annoncer le pluriel, la personne, le sexe, etc. En latin, les déclinaisons et conjugaison permettaient de placer beaucoup d'indications dans le suffixe, en le faisant varier. Ex. : Omnibus, en ajoutant -bus à omnis (qui veut dire «tout» : comme dans omnivore, «qui mange de tout») forme le datif pluriel (datif, cas du complément indirect = à). Un omnibus est donc un véhicule qui s'arrête à tous les (arrêts).

Le français a gardé une bonne partie de la conjugaison latine mais presque rien des déclinaisons (variation des noms). Ne survivent que des traces de féminin ou de pluriel. Presque toute l'actualisation prend place devant le lexème (article, adjectif, pronom). Ex. Amamus => nous aimons, ou nous, pronom, indique un pluriel, et la personne de ceux qui parlent; -ons est redondant et pourrait disparaître (sauf à l'impératif).

Mais pourquoi indiquer le nombre, le sexe, la personne, le temps, etc.? N'est-ce pas suffisant d'avoir des mots lexicaux qui ont leur sens? Les mots grammaticaux ont-ils un rôle bien à eux? Quel pourrait être ce rôle? Mettre un peu de souplesse dans la phrase? Faire alterner les mots courts et les mots plus longs pour favoriser un certain rythme poétique?
_____ dépenses sont _____ portées sur une carte de crédit.
1 Toutes mes, toutes
2 Mes ... toutes
3 (N'importe)
4 (Selon la connotation)
C'est alors qu'elle a commencé à compenser ___ frustrations par ___ paroles amères.
1 ses, ses
2 ses, des
3 des, ses
4 des, des
Dans sa hâte, il a empoigné ____ n'importe quoi.
1 un
2 du
3 (Rien)
4 (Selon la nuance de sens)
Réaction 2


Leur rôle est proprement linguistique et non rythmique. Voyons quelles seraient les possibilités les plus voisines. On vient de voir, dans le module sur le qualifiant, que certains morphèmes qualifient (très, trop, si). On avait vu aussi que d'autres liaient (et, avec, à, de). Les adjectifs et pronoms ont aussi un rôle à jouer vis-à-vis des lexèmes, qui sont les noyaux de leurs groupes : ils les actualisent. Ils les sortent de leur intemporalité et de leur abstraction et les aident à viser quelque chose dans le monde environnant : à atteindre un référent. Par exemple, le s du pluriel marque l'existence de plus d'un objet dans l'environnement des locuteurs. Le -ées de cachées, ci-dessus, montre que nous est une petite bande de jeunes filles. Suite à l'actualisation, le lexème passe du rang de concept a priori à celui de réalité.

Est-il nécessaire de répéter les actualisateurs dans chaque mot phonétique? Tout lexème exige-t-il pleine actualisation?
Les Hurons croyaient à l'immortalité. Ainsi, ils craignaient les défunts, tout en les aimant, _____ vénéraient leur mémoire.
1 et
2 et ils
3 (N'importe)
4 (Selon la nuance de sens)
Nous sommes loin d'être subventionnés par les États-Unis et ______ occupons des intérêts brésiliens.
1 nous
2 nous nous
3 (N'importe)
4 (Selon le contexte)
Il traversa la rue et _____ en même temps.
1 lisait
2 il lisait
3 (N'importe)
4 (Autre chose)
Réaction 3


Non seulement les actualilsateurs ont tendance à se répéter mais ils reçoivent en outre les mêmes marques que les mots auxquels ils s'attachent : le e du féminin, le s du pluriel pour le nom, l'adjectif, le pronom; le nt pour le verbe. Ces marques sont des variations de forme (en termes savants : des variations morphologiques) mais ce qu'elles disent est l'actualisation, avec de la redondance. Ex. : le féminin pluriel (ces jolies fillettes) sera visible à trois endroits : l'article, le nom, le qualificatif. Et cela crée un souci de cohérence (on l'a vu ci-dessus, au chapitre Accord du verbe). Partout dans ses textes on doit éviter les erreurs immédiatement visibles du type : ces joli fillette.
La cohérence des accords peut poser de réels problèmes, notamment pour le complément du nom, où la logique veut avoir son mot à dire.

Accord du nom dans le complément du nom.

Faut-il accorder le nom complément sans article? Un cure-dent(s)? S'il ne fait que qualifier, on pourrait ne voir qu'une idée plutôt que les référents, et donc le laisser invariable. Un moulin à vent. Mais : une brosse à dent(s)? Un accélérateur de particule(s)?
Je vais noter vos points de vu__. Je vous ferai part ensuite de mon point de vu__.
1 e, e
2 es, e
3 es, es
4 (Selon la nuance de sens)
Pour la scène de l'accident, on s'est contenté d'une seule prise de vu__.
1 e
2 es
3 (Au choix, mais de préférence 1)
4 (Au choix, mais de préférence 2)
Et que dire des chapeaux de femm__ garnis de plumes de pao__!
1 e, n
2 es, n
3 e, ns
4 es, ns
Il souffre d'un mal de den__, le pauvre, et est parti se faire soigner.
1 t
2 ts
3 (N'importe)
4 (Selon le contexte)
Les villes d'ea__ étaient fort fréquentées à la fin du siècle.
1 u
2 ux
3 (Au choix, mais de préférence 1)
4 (Au choix, mais de préférence 2)
Réaction 4


La tendance générale, s'il y a une hésitation dans l'air, est de mettre le singulier. On dit de plus en plus une ville d'eau, sans x, même si on n'a jamais dit que prendre les eaux (mais c'est qu'on ne le fait plus, après tout, c'est passé de mode). Il y a sur Google (septembre 2005) cinq fois plus de brosse à dents que de brosse à dent. C'est que tout le monde se brosse les dents; quatre fois plus d'accélérateur de particules que d'accélérateur de particule. Elles sont si minuscules! Impossible d'en considérer une à la fois, physiquement.

La logique, la simple rationalité, mais aussi les tournures de phrases habituelles ont donc parfois des pluriels à promouvoir. Le singulier n'en garde pas moins son attrait. Deux raisons à cela : ou bien on n'a pas eu le temps de penser à un accord (j'ai même pu lire sur internet : J'ai mal au dent), mais ce sont alors les strates des compétences inférieures (elles sont au sommet des graphes) ou bien on a voulu rester au niveau abstrait (et la compétence est alors élevée au contraire).

A-t-on raison ou tort de se poser des questions du genre : la brosse à dents ne concerne-t-elle qu'une seule dent? Pourquoi actualiser alors que, justement, on évite d'employer l'article?
Il s'est spécialisé dans la construction des maisons de briqu__.
1 e
2 es
3 (Au choix, mais de préférence 1)
4 (Au choix, mais de préférence 2)
Réaction 5


L'examen approfondi de quelques cas divergents débouche peut-être sur une explication naturelle. Voici le graphe des réponses à Paris puis dans les cégeps.


QCM  2707                                100%|              ·
Lot  FRpa0A   Cycle 28         Valide    |   |              ·
      %      Niveau    Discriminance     |   |              ·
3*    14      4.64        0.23           |   |              ·              1
4      7      3.60        0.22           |   |              ·           111
1     38     -0.48        0.49           |   |              ·         11
2     41      0.00        0.00           |   |              ·      111
-----------------------------------------|   |              ·    11
Il s'est spécialisé dans la              |   |              · 111
construction des maisons de briqu__.     |   |              11
1) [2] e                                 |0.5|············11················
2) [1] es                                |   |         111  ·           4444
3) [3] (Au choix, mais de préférence 1)  |   |       11     ·      444443333
4) [0] (Au choix, mais de préférence 2)  |   |      1       · 4444433333
                                         |   |    11      444433333
                                         |   |1111444444443333
                                         |   |444433333333  ·
                                         |   |3333          ·
QCM  2707                     # 469      |100%              ·
Lot  Québec   Cycle 14         Valide    |   |    22222222222222222222222222
      %       Niveau      Discriminance  |   |2222          ·
3*    20        2.52      0.35           |   |              ·
4      6        1.89      0.35           |   |              ·
1     30      -15.97      0.01           |   |              ·
2     44      -22.00      0.13           |   |              ·
-      1        0.00      0.00           |   |              ·
-----------------------------------------|   |              ·              4
Il s'est spécialisé dans la              |   |111111111111111111111111114443
construction des maisons de briqu__.     |50%|·······················44333·
1)     e                                 |   |              ·      44433
2)     es                                |   |              · 44444333
3)     (Au choix, mais de préférence 1)  |   |              4433333
4)     (Au choix, mais de préférence 2)  |   |            4433
                                         |   |       4433333·
                                         |   |    44433     ·
                                         |   |3333333       ·
On observe beaucoup de ressemblance (l'ordre des strates, les pourcentages) et comme différence frappante, la discriminance de la strate 1, très forte à Paris (0.49) et nulle au Québec (0.01). Ceux qui appliquent la règle sont donc aussi nombreux mais au Québec, ils sont distribués à tous les niveaux, tandis qu'à Paris, il y en a plus parmi les meilleurs que parmi les autres, d'où le niveau moyen plus élevé. Or de part et d'autre les plus habiles sont les tolérants, ceux qui perçoivent la double interprétation sans doute : les briques ou de la brique.

En théorie linguistique, c'est l'occasion de rappeler que le singulier est non marqué par rapport au pluriel. Le pluriel exclut le singulier parce qu'il est l'élément marqué du système des nombres. Si on met le pluriel, il doit y avoir une raison. On peut opter pour le singulier uniquement parce qu'on n'a pas de raison de mettre le pluriel. Le pluriel indique une pluralité mais le singulier n'indique pas l'unicité comme telle : en effet, il peut aussi désigner l'idée de la chose, de façon générale. (L'homme est un animal social.)

A-t-on une bête à cornes parce qu'on parle toujours de plusieurs cornes (exception: la licorne, mais elle n'est pas dans le domaine agricole)? Pas exactement. Le complément du nom est une idée et n'a pas besoin d'actualisation, en principe. Il peut arriver que le pluriel fasse partie de l'idée, qu'il soit essentiel. C'est le cas des cornes de la bête, car la bête n'est pas en relation avec une corne mais avec les deux. S'il est exact que la qualité, par elle-même, n'a pas besoin d'actualisation, parfois, certaines qualités doivent être mises au pluriel parce que celui-ci fait partie de l'idée. Ce qui caractérise le bétail est d'avoir des cornes. Ce n'est pas le cas dans une maison de brique. Il y a évidemment plus d'une brique dans le référent mais dans l'idée, c'est global, c'est de la brique comme ce pourrait être de la pierre, du bois ou du ciment.
Les répondants ont bien vu la subtilité, validant la réponse Au choix mais de préférence brique. Ce sont les plus faibles qui optent pour un pluriel trop exclusivement concret. Il est donc intéressant, pour débrouiller ces imbroglios, de tenir compte de la logique, de ce qui se dit couramment, mais aussi de la part de contenu qui est apporté dans le texte respectivement par le référent (le réel visé), la racine lexicale (une idée), et les actualisateurs (terminaison et article). Ajoutons les liens (prépositions et conjonctions), qui introduisent le reste du texte. Il a lui aussi son rôle. Dans l'exemple ci-dessous, qu'est-ce qui est déplorable? Les choses ou leur état?
Cet état de chos___ déplorabl___ ne saurait durer.
1 e, e
2 e, es
3 es, e
4 es, es
Réaction 6


Le singulier est le choix du plus grand nombre, au Québec.


QCM 1808                      # 922      |100%              ·
Lot  Québec   Cycle 14         Valide    |   |       44444444444444444444444
      %         Niveau    Discriminance  |   |4444444       ·
3*    0.19      2.58      0.34           |   |              ·
+     0.01      2.45      0.35           |   |              ·
1     0.54     -5.49      0.11           |   |              ·              1
4     0.25    -21.72      0.13           |   |              ·    1111111111
2     0.01      0.00      0.00           |   |         1111111111
-----------------------------------------|   |  1111111     ·
Cet état de chos___ déplorabl___ ne      |   |11            ·              3
saurait durer.                           |50%|·························333·
1)     e, e                              |   |              ·         33
2)     e, es                             |   |              ·    ++333
3)     es, e                             |   |              · 33333
4)     es, es                            |   |              33
                                         |   |         33333·
                                         |   |       33     ·
                                         |   |3333333       ·
                                         |   |              ·
Seulement 19% des répondants font l'analyse qui permet d'arriver à la bonne réponse prévue mais ce sont les plus habiles, ce qui valide la question. 54% met chose au singulier et dès lors, par cohérence, déplorable aussi. Les 25% qui mettent le pluriel à déplorable sont les plus faibles. En somme, c'est le pluriel de choses qui est la principale difficulté. Le sens exige-t-il vraiment le pluriel? Sans doute en vue de concrétiser un peu le mot chose, si vague sans actualisation.

Ce n'est pas la chose (il faudrait savoir laquelle) mais les choses (tout ce qui est là) qui sont dans cet état.

Les actualisateurs.

Les terminaisons n'étant pas les moyens d'actualiser les plus évidents, ce sont de petits mots placés devant le lexème qui font tout le travail, en français. Mais quelle est la nature de ces mots qui marquent un rapport avec l'environnement? Comment les appelle-t-on, quand ils sont devant le nom? Ou devant le verbe?
Aujourd'hui, pour éviter _____, les gens sortent avec un parapluie même sous le soleil.
1 l'ennui
2 de l'ennui
3 des ennuis
4 les ennuis
Où est-il, ____ député gauchiste de cette assemblée?
1 le
2 ce
3 notre
4 un
"C'était la première fois qu'il allait à un match de boxe (lequel combat resta gravé dans son esprit pendant des années) et quel combat!" Les actualisateurs du lexème nominal sont: ________.
1 les articles et les adjectifs autres que "qualificatifs"
2 les articles, les démonstratifs, les possessifs et les indéfinis
3 un, quelque, ce, le, mon, chaque, ils
4 tout, plusieurs, certain, comment
"Nul ne fut vainqueur." Certains actualisateurs du groupe nominal, s'ils sont employés sans lexèmes, peuvent avoir une fonction dans le groupe verbal. Ils deviennent donc des ______.
1 qualifiants
2 pronoms
3 morphèmes
4 (Autre chose)
"Lui, je le retiens." Lui et le ________.
1 ont la même forme
2 désignent deux personnes
3 sont dans le même groupe syntaxique
4 (Autre chose)
"Chacun pense d'abord à soi." Soi est ________.
1 un nom
2 un indéfini
3 un actualisateur atone
4 (Autre chose)
"Y avait-il là rien qui puisse la retenir?" Rien est ________.
1 substantif (lexème)
2 qualificatif (adjectif verbal)
3 pronom (actualisateur du groupe verbal)
4 adverbe de négation (morphème qualifiant)
"Jamais il ne s'est demandé comment il ferait sa connaissance, ni comment ils se lieraient assez l'un à l'autre pour former un couple, et pourtant c'est arrivé." (Simenon, le Fils Cardinaud). Distinguez les mots qui ne sont que des morphèmes actualisateurs.
1 Jamais, il, s', il, sa, ils, se, l', l', un, c'
2 il, ne, s', comment, il, sa, comment, ils, se, l', un, l', autre, un, pourtant, c'
3 il, s', il, sa, ils, se, l', l', un, c'
4 il, il, sa, ni, ils, se, l', l', un, c'
Réaction 7


L'article (le, la, les, entre autres) et le pronom (le, la les aussi, entre autres) sont des mots grammaticaux qui actualisent le noyau de leur groupe. Pour le nom, outre les articles, il y a les adjectifs possessifs (leur), démonstratifs (ce), etc. ; parallèlement, pour le verbe, il y a les pronoms personnels (leur), démonstratifs (ce), etc. Que diriez-vous : Ont-elles (son / leur / leurs) bouquet(s)?
Réaction 8


Avec leur, ce sera chacune le sien. Avec son, celui de quelqu'un(e) d'autre. Avec leurs... il y a plusieurs bouquets, sans que l'on puisse savoir à qui ils sont. Chaque phrase tire le parti qu'elle peut des paradigmes présents dans la langue et des éléments de l'environnement, à rendre présents par l'actualisation.
Grosso modo, ce chapitre sur l'actualisation porte sur ce qu'on appelle souvent les déterminants. On a vu que tout groupe syntaxique actualisait son noyau lexical avant de le lier au reste de la phrase. Les déterminants actualisent un noyau nominal (le lion). Y a-t-il des actualisateurs pour les qualifiants? Et pour les verbes?
Réaction 9


L'actualisation du noyau lexical ne concerne pas seulement le nom. Certes, le qualifiant, adjectif ou adverbe, se passe d'actualisation (puisqu'il suffit d'un concept pour prédiquer) mais le verbe, lui, a besoin d'une actualisation si poussée qu'elle devient une actanciation (je te le dis) Pour cela, il prend des terminaisons (-ons, -ez, -ent au pluriel) mais surtout, il s'entoure de plus d'un morphème (les pronoms personnels).

Le système des morphèmes du verbe est-il très différent de celui du nom? Rencontre-t-on auprès des deux les mêmes mots grammaticaux? Le, la, les par exemple?
Réaction 10


Le, la, les sont pronoms ou articles (il les livre, les livres). Peuvent aussi servi dans les deux cas : un seul, aucun, nul, plusieurs, beaucoup, tout, ce, certains, certaines, même, et les relatifs lequel, laquelle, lesquels, lesquelles.

Il y a plus d'actualisateurs pour le verbe que pour le nom parce que l'actanciation va plus loin que l'actualisation. Elle met en jeu des fonctions (sujet, objet, ...) On y reviendra dans le module suivant.

Pour comprendre l'actualisation, il faut d'abord la situer dans son lieu, qui est le groupe syntaxique, donc une dimension intermédiaire entre la phrase ou l'acte de parole et le phonème ou la lettre : le plus souvent, la dimension de l'actualisateur est d'une seule syllabe. Vous souvenez-vous de ce qui a été défini comme «groupe syntaxique», lors de l'étude des formes verbales? Comment peut-on les reconnaître? Par le type de mots qui le constitue? Ou sur le plan sonore?
Quels sont les éléments qui peuvent entrer dans le groupe nominal (et donc dans le groupe prépositionnel)? Å côté du substantif (nom propre ou nom commun), on trouve ________.
1 un actualisateur (article, possessif, indéfini)
2 qqch. qui indique la fonction (une préposition ou seulement la place du groupe par rapport au verbe)
3 un qualifiant (adjectif ou complément du nom)
4 (Les trois réponses sont bonnes.)
Réaction 11


Le syntagme ou groupe syntaxique est un groupe de mots ayant une fonction syntaxique, donc dans le co-texte. Le groupe syntaxique est délimité par un allongement de la syllabe finale, ce qui en fait un seul "mot phonétique". Sa définition est plus aisée, et son identification plus facile, oralement, que celles du mot et de la phrase. Seules les interjections échappent à la définition de la cellule syntaxique, car elles échappent à la syntaxe.

La phrase est souvent prise pour un acte de parole (d'où l'idée de «mot-phrase») et le mot est identifié avec l'unité graphique. Isoler des mots phonétiques est un progrès important dans l'analyse du texte car on détient ainsi des cellules syntaxiques, susceptibles de déplacement et de combinaison, ce qui serait la meilleure façon d'entamer une analyse qui débouche sur des catégories constantes, critériées par leur forme et leur fonction. En voici un exemple.

Le député! est un groupe de mots ayant une fonction (un groupe syntaxique) et aussi une phrase, exclamative (un acte de parole avec sa fonction énonciative), ou encore, on peut dire que c'est une phrase nominale (c'est-à-dire sans verbe). Mais tout cela n'est possible que grâce à cet assemblage d'un vocable, député, qui est un mot lexical, avec un mot grammatical tout léger (une syllabe muette), le.

On peut dire que l'actualisation est ce qui fait du mot un syntagme. Elle se réalise par la présence d'un morphème, mot grammatical qui donne une forme, et qui est donc un actualisateur. Mettre le devant député, c'est placer la notion véhiculée par le lexème dans un environnement par lequel l'ensemble va pouvoir viser qqch. de réel, un référent. Quel environnement? L'environnement de la planète? Celui de quoi? Ou de qui?
Réaction 12


Celui de quelqu'un qui profère, sur le ton approprié, ce mot, cette phrase. En s'écriant : «Le député!», on sait déjà de quel député il s'agit, probablement. Si on ne le savait pas, on aurait dit autre chose (Un par exemple, ou ce ou mon député!) Ici, donc, le place député dans le co-texte immédiat (ce qui vient d'être dit ou va l'être).

Cette actualisation avec l'article dit défini est sans doute la plus courante. Les liens des substantifs se font surtout avec ce qui précède ou suit immédiatement dans le texte. Appeler le article défini ne dit pas grand-chose: article = "petit mot" et défini s'oppose à indéfini (l'article indéfini est un). Évidemment, il y a bien d'autres actualisateurs qui sont soit définis (au sens large du mot) soit indéfinis. Et l'article n'est qu'un "petit mot" parmi d'autres, qui n'ont qu'une syllabe muette comme lui (me, te, se, ne, de, que). Si vague qu'elle soit, cette appellation est toutefois intéressante parce qu'elle semble donner une place précise et importante à le. Quand on parle d'article, il ne faut cependant pas perdre de vue qu'il ne s'agit que d'une des façons de sortir le lexème de son isolement. Par soi seul, il est lexical, doté de sèmes mais sans point d'attache dans le monde réel, celui de la communication actuelle. Par l'actualisation, on lui fait viser un référent et donc rejoindre quelque chose qui existe, dans l'environnement des locuteurs. Les adjectifs possessifs (mon, ton, son; ma, ta, sa; etc.) sont aussi des actualisateurs. Les démonstratifs (ce, cet, cette, ces) également. Et même les numéraux (deux, trois...). Et encore : les prétendus adjectifs indéfinis (tout, chaque, même, quelque, aucun). Ce sont des actualisateurs mais tout proches des qualificatifs. Il suffit de les examiner pour constater que les qualifiants et les actualisateurs se touchent (voir le tableau, en fin de chapitre ) Et il faudrait leur adjoindre les interrogatifs et les relatifs (quel, quelle, quels, quelles; lequel, laquelle, lesquels, lesquelles). On peut maintenant chercher un terme qui puisse désigner l'ensemble.

Quel terme conviendrait le mieux? Actualisateur? Morphème? Déterminant?
Réaction 13


Les grammaires récentes qui s'inspirent de la linguistique ont reconnu la parenté de rôle de tous ces morphèmes et elles leur ont donné le nom de déterminants. Si nous préférons celui d'actualisateurs, c'est qu'il précise davantage ce rôle; sans compter que le mot déterminant est équivoque, car il y a aussi des déterminants parmi les qualifiants du nom, où ils s'opposent aux caractérisants (Ex. la bicyclette bleue / la vieille bicyclette). Actualiser un mot lexical, c'est le sortir du dictionnaire, où sa forme est nue, hors contexte («Savon» quoi? Pourquoi dis-tu «savon»?) et lui faire dire quelque chose; quelque chose qui concerne les interlocuteurs («le savon», «pass'-moi l'savon»).

On actualise les noms et les verbes : pourquoi n'actualise-t-on pas les qualifiants, pas plus d'ailleurs que les noms propres?
Demain, je voudrais te voir à tou____ prix.
1 t
2 s
3 (Au choix)
4 (Selon le sens)
Identifiez les noms propres. Mars 1973. Le ministre des affaires intergouvernementales, monsieur Gérard-D Lévesque, dépose un rapport recommandant des dispositions à prendre pour que le nouvel aéroport du Québec --- celui de Mirabel --- devienne l'un des principaux ports de transbordement de fret du Nord-Est de l'Amérique.
1 Gérard-D. Lévesque
2 Gérard-D. Lévesque, Mirabel
3 Idem plus Québec, Nord-Est et Amérique.
4 Idem plus : mars, ministre et monsieur.
Réaction 14


Avant de répondre à cette question, remarquons qu'elle envisage tous les cas possibles puisque, mis à part les mots grammaticaux et les interjections, il n'y a dans la langue que des mots lexicaux et qu'ils se répartissent en quatre classes: nom, qualifiant (qualificatif ou adverbe), verbe et nom propre. Du reste, ces quatre catégories correspondent passablement aux quatre catégories possibles des énoncés (des contenus de texte). Il s'agit d'objets constatés, d'idées ou de sentiments prédiqués, d'actions narrées ou de personnes qui communiquent entre elles. Les constatations visent des substances, comme font les noms (dits substantifs) ; les phrases prédicatives appliquent des idées ou des sentiments, comme font les qualifiants ; les narrations déroulent des actions, comme font les verbes ; les engagements réciproques concernent des personnes désignées par leurs noms propres.

On n'actualise pas les qualifiants parce que ces derniers n'ont besoin, pour atteindre leur but, que d'une chose: prendre leur place dans le texte, à proximité de leur noyau. Appliqués à un nom (blessure affreuse), à un verbe (se blesser affreusement), à une phrase ou à une personne (Affreux!) ils peuvent jouer leur rôle sans avoir besoin de marques supplémentaires. Ils n'ont pas à se situer dans l'environnement car ils avoisinent du texte déjà actualisé. Les qualités ne sont que des idées, ou des sentiments. Ce sont des impressions présentes, fugitives, personnelles, qui viennent s'attacher à ce qui était déjà là, dans le monde comme dans le texte, pour les colorer, les rendre réels. Les qualités sont des impressions subjectives attachées à des suites sonores. Ces impressions s'appliquent telles quelles, sans mot grammatical ni lien spécial, nuement, aux choses, idées, actions, personnes de la phrase où le qualifiant aura pris place.

Mais examinons la phrase suivante : Répondre ainsi, c'est bien (du) Marie. En position d'attribut (avec ou sans du), le nom propre devient qualifiant. Et ceci suffit à expliquer le masculin (un neutre qui correspond à l'absence de substance, comme dans: serez-vous courageuse? Je le serai).

Mais les noms propres, pourquoi se passent-ils d'actualisation, en français? (Ce n'est pas le cas en grec moderne, par exemple.) D'ailleurs voici des phrases où le nom propre a besoin d'une actualisation ; qu'en pensez-vous?

Il y a un Montréal en France; pas de Montréal sur cette carte; le vieux Montréal; ce Montréal attire les touristes. Vous direz : c'est un nom de ville mais prenez un nom de personne. - Eh bien : la Mariouche. Notre petit Piet est mort. Ce cher Piet était un lascar. Un Matisse. Du Mozart. C'est un Pic de la Mirandole.
Réaction 15


Les noms propres se passent d'actualisateurs pour une raison toute différente. Ils en reçoivent un facilement, du reste. Il suffit que leur rapport au réel environnant soit autre chose que le minimum requis pour désigner la personne dans son identité unique.

Ainsi, il y a une pluralité implicite pour il y a un Montréal en France; un niveau de langue

populaire dans la Mariouche, une synecdoque particularisante dans notre petit Piet est mort. Ce

cher Piet était un lascar (= ce garçon appelé Piet). Une métonymie, comptable, dans un Matisse, ou non comptable, dans du Mozart. Une comparaison implicite avec c'est un Pic de la Mirandole.

La dénomination propre consiste à réserver à un élément référencé un nom qu'il possédera seul (qui lui sera propre). Dans un tel cas, à quoi servirait-il encore d'actualiser? Plus de fossé entre le monde des concepts qui est celui des noms communs et la réalité référentielle! Le mot, peu conceptuel, est placé d'emblée dans cette réalité même! Ex. Voici Abeille (à comparer avec Voici une abeille).

Les noms «propres», distingués des autres mots par une majuscule, et déjà par leur sens même (heureusement, car ils n'ont pas de marque sonore), ont un rapport au monde réel qui ne passe pas par un sémantisme de type abstrait. Ils sont comme des étiquettes posées sur les objets mêmes du monde (noms de lieux, de personne, d'événements historiques). Leur signification est d'emblée une actualisation. Ils n'ont de sens que du fait qu'ils s'appliquent à quelque chose d'actuel et d'unique. S'il y avait, dans le contexte, plus d'un Napoléon possibles, l'article réapparaîtrait: le Napoléon de la famille, le Napoléon historique. On observe aussi l'apparition d'une détermination par complément ou par qualificatif. Or le annonce cette détermination (la bicyclette du film de la guerre de 40). C'est qu'elle est dans le co-texte immédiat, et le rôle de l'article défini est justement de renvoyer au co-texte.

Qu'est-ce qui est défini quand on parle d'article défini?
Réaction 16


Le noyau nominal précédé de le, la, les, donne le substantif qui suit comme situé par le texte antérieur ou immédiatement postérieur, comme déjà connu ou quasiment. Il actualise donc son noyau en le plaçant dans le co-texte, sans plus. C'est l'actualisation la plus courante.

Il n'existait pas en latin, mais il est tout de même d'origine latine, où ille, illa, illos, illas, qui sont devenus le, la, les étaient des démonstratifs (ce, celle, ces).

Les articles, les adjectifs possessif et démonstratif.

Pourquoi l'actualisation la plus courante est-elle le, la les, article défini? Est-elle l'actualisation minimale pour le groupe du nom? Renvoyer au co-texte n'est-il pas déjà assez remarquable? Y aurait-il une façon d'actualiser qui en dise moins? Ne serait-ce pas un, puisqu'on l'appelle article indéfini?
____ divorce est ____ événement qui perturbe l'ordre familial__.
1 La, une, le
2 Le, l', e
3 Le, un, (Rien)
4 Une, une, (Rien)
Le vieux baron aime raconter ____ histoires de chasse.
1 (Rien)
2 des
3 les
4 (Selon la nuance de sens)
Faites-vous vacciner dans ____ dispensaire le plus proche.
1 un
2 le
3 (Selon la nuance de sens)
4 (Autre chose)
Réaction 17


Le, la, les n'est pas la forme non marquée car elle a une valeur d'emploi distincte, si large soit-elle. Ce sera plutôt l'article un qu'on peut considérer comme l'actualisation minimale. Cet article, appelé indéfini pour cette raison, provient pourtant d'un numéral : un, dont le sens est évidemment très précis, mais qui s'est grammaticalisé. Cessant de désigner l'unité, il a pris un sens qui se réduit à une fonction grammaticale. Un présente le nom comme élément référentiel quelconque, pas nécessairement un seul ni le premier, ni dans un ensemble, mais dans une série : celle des référents qui peuvent recevoir le nom qui suit. Il concrétise le concept du nom commun mais ne fait rien de plus.

On utilise donc un quand on n'a pas de raison d'employer un autre actualisateur, qui serait plus spécifique. C'est le cas, notamment, quand il s'agit d'introduire quelque chose dont on n'a pas encore parlé (Ex. Il était une fois un bûcheron et une bûcheronne).

Quel est le pluriel de un, une? Des n'est-il pas la contraction de de + les?
"Il est long de composter des brindilles. A composition chimique semblable, des matériaux plus tendres se décomposeront plus rapidement." La phrase contient ______ connecteurs et ______ morphèmes (y compris les morphèmes qualifiants).
1 deux, quatre
2 trois, cinq
3 quatre, six
4 deux, six
Réaction 18


Pourquoi faut-il un pluriel à un, une?! Et pourtant c'est des! Il faut savoir que un n'a pris sa valeur de terme neutre des actualisateurs du groupe nominal qu'au XVIIe siècle. C'est seulement alors que des est devenu son pluriel... On a pris comme toujours ce qu'on avait déjà de plus proche, donc de + les (le de partitif). Il y avait bien, aussi, au Moyen Âge, uns, unes, pour des paires ou des ensembles. Ces deux formes ne sont pas bizarres puisqu'elles subsistent dans quelques-uns, quelques-unes. Comme indéfini, elles auraient été naturelles. Elles se distinguaient mal dans la prononciation. On a préféré faire l'impasse sur la nuance partitive. Prendrez-vous des confitures pourra donc vouloir dire aussi bien : «un peu de celles dont il s'agit» que «quoi que ce soit qui s'appelle ainsi».

Quand préfère-t-on l'article défini à l'indéfini?
C'était à la veille ______ célébration ______ mariage de mon frère.
1 de la, du
2 de la, d'un
3 d'une, de
4 (Selon le sens)
Appelle-moi __ grand garçon, là-bas, qui a des lunettes.
1 un
2 le
3 (N'importe)
4 (Selon la nuance de sens)
Avez-vous trouvé une météorite ou seulement ____ fragment ______ météorite?
1 un, d'une
2 le, d'une
3 un, de
4 un, de la
On lui reconnaît ____ qualités d'un vaillant combattant.
1 les
2 des
3 (N'importe)
4 (Selon le sens)
Réaction 19


L'absence d'article serait donc plus marquée que un? Ou bien serait-elle une faute, en dehors des noms propres, puisque le nom commun a quelque chose d'abstrait, sans actualisateur? Mais, si elle est marquée, au contraire, quelle valeur pourrait-elle avoir?
________ chef(s) d'orchestre canadien(s) des plus prometteur(s), Richard Hoenich est aussi basson solo.
1 Jeune
2 Un des jeunes
3 L'un des jeunes
4 (Selon la nuance de sens)
La télévision envisage de diffuser des films pour ___ adultes à une heure tardive.
1 les
2 (Rien)
3 (N'importe)
4 (Selon la nuance de sens)
Il est passé me voir ____ mardi, mais c'était mon jour de congé.
1 le
2 un
3 (Rien)
4 (Selon le sens)
______ à caractère environnemental: les éco-quartiers.
1 Programme
2 Un programme
3 (Au choix mais de préférence 1)
4 (Au choix mais de préférence 2)
Réaction 20


L'absence d'article est une absence d'actualisation et non une actualisation non marquée. Elle laisse le noyau dans son état de lexème, sans susciter de lien avec le réel environnant. Ce n'est pas une substance donc c'est seulement une qualité... tout simplement. Une qualité qui peut avoir les fonctions des qualifiants (attribut, épithète, adverbe, circonstantiel).

Et le possessif, quand en a-t-on besoin?
Il fait tout ____ possible pour attirer l'attention.
1 (Rien)
2 le
3 son
4 (1 ou 2, au choix)
J'ai visité votre maison, à Sica____________.
1 , celle dont vous êtes le propriétaire
2 (Rien)
3 (Selon le contexte)
4 (Autre chose)
Toute l'équipe s'est juré ________ plus perdre un seul match sur ______ propre terrain.
1 ne, son
2 de ne, son
3 de ne, le
4 ne, le
Réaction 21


Le possessif note le rapport du groupe syntaxique avec les locuteurs (mon, ton, notre, votre) ou un tiers (son, leur). En effet, l'adjectif possessif cumule le morphème défini et l'indication de la personne.

Soulignons en passant que le rapport de possession, au sens de droit exclusif, est une erreur due à l'emploi du mot possessif. Les trois personnes du singulier et du pluriel étant représentée vis -à-vis du nom comme elles le sont par les pronoms personnels vis-à-vis du verbe, sans doute pourrait-on envisager de rectifier la terminologie en remplaçant adjectif possessif par adjectif personnel.

Le lien avec les personnes lui donne, en effet, dans le groupe du nom, un rôle analogue à celui des pronoms dans le groupe du verbe (J'aime / mon amour ; tu aimes / ton amour ; il aime / son amour ; etc.) Le possessif peut donc avoir une valeur actancielle, plus ou moins explicite selon les cas. Vous souvenez-vous, dans le module sur le mot juste, de la latence du nom (son actanciation implicite)?
Dans "Je l'ai mis ici, ton cadeau", ton signifie:
1 que je te fais
2 que tu me fais
3 (Au choix)
4 (Autre chose)
Réaction 22


Le possessif renvoie de préférence à un premier actant (sujet), puis à un 2e (objet); plus rarement à des circonstants. Ex. À propos du lion : sa chasse est immédiatement consommée (l'antilope; le lion chasse : il est sujet). À propos du singe : sa chasse peut représenter un revenu d'appoint (on chasse le singe : il est 2e actant).

Toutefois, dans le groupe nominal, la place de mon, ton, son etc. est fixe. Impossible d'identifier l'actanciation autrement que par la vraisemblance. Les variations de genre et de nombre sont des astuces à ne pas négliger. Comment clarifier les phrases suivantes?
La femme de la table du fond regardait du côté de Luc quand l'Américaine s'arrêta à sa table. Sa table: celle de qui?
1 Celle de la femme du fond.
2 Celle de Luc.
3 Celle de l'Américaine elle-même.
4 (Au choix, mais de préférence 2)
Les propriétaires de chien sont responsables de ramasser ____ excréments ________.
1 les, de leur chien
2 leurs
3 ses
4 les
Muni de ses listes d'ouvrages scolaires et de celles de sa soeur, il est allé à la librairie, mais il n'a pas pu rapporter ________.
1 ses livres
2 ses livres à lui
3 (1 ou 2, au choix)
4 ses propres livres
Réaction 23


Un possessif qui va de soi devrait-il être mentionné?
Voilà un homme dont l'ivrognerie compromet ___ santé.
1 sa
2 la
3 (Au choix mais de préférence 1)
4 (Au choix mais de préférence 2)
Elle a acquiescé d'un signe de ____ tête.
1 sa
2 la
3 (Selon la nuance de sens)
4 (Autre chose)
Trois des ouvriers auraient été intoxiqués parce qu'ils auraient pris leur repas sans __________.
1 s'en être lavé les mains
2 avoir lavé leurs mains
3 s'être lavé les mains
4 (Au choix)
Réaction 24


Et que signifie le démonstratif?
Une vie de boy est un roman de Ferdinand Oyono qui tire son titre de l'observation de la vie d'un jeune cuisinier chez ____ patrons étrangers, durant la colonisation.
1 ces
2 ses
3 (N'importe)
4 (Autre chose)
Réaction 25


Le geste de montrer est-il parfois atténué ou renforcé?
La Sentinelle est un conte de Ringuet qui tire son titre d'un gardien que l'auteur découvre, toujours au poste, trente ans après que la compagnie ait interrompu ______ travaux.
1 ces
2 ses
3 (N'importe)
4 (Autre chose)
La tenue des Jeux olympiques à Montréal a stimulé ____ économie ____.
1 son, (Rien)
2 l', de la ville
3 l', de celle-ci
4 (Au choix, mais de préférence 2)
Sa mère commençait à s'inquiéter. _____ moment, il est arrivé à toute allure.
1 Au
2 Å un
3 Å ce
4 En ce
C'est curieux: tous ___ gens qu'on vient de croiser habitent dans notre quartier.
1 ces
2 les
3 (Au choix, mais de préférence 1)
4 (Au choix, mais de préférence 2)
Réaction 26


Le de partitif.

Considéré comme un article, alors que sa forme est celle de la préposition, de (un lien typique pour le nom), le partitif restera toujours un sujet délicat pour le grammairien. Ses rapports avec l'article défini sont instables. Il peut se l'adjoindre (de la), former avec lui un article contracté (du, des) ou faire cavalier seul (de dans pas de mouton, plus de moutarde). Il n'est pas vraiment distinct de la préposition puisque, placé immédiatement après un de préposition, il se réduit et s'amalgame (pas besoin de du pain ==> pas besoin de pain ).

Est-il encore préposition? Devient-il vraiment article?
Pour conduire des bolides, il faut avoir ___ témérité.
1 la
2 de
3 de la
4 (Selon la nuance de sens)
Réaction 27


Le partitif de et les articles partitifs du, des... indiquent qu'on n'envisage qu'une partie de quelque chose de divisible. Ex. Pas de littérature, avoir de la force, de l'énergie, reprendre des confitures (qui sont là), boire du vin (en général). De reste partitif quoique sans l'article après la négation ou un adverbe de quantité (assez, peu, beaucoup...)

Ne faut-il pas s'étonner de voir une préposition (de) considérée comme un article?
Il n'a pas reçu de sanction. Il a eu ______ chance.
1 une
2 la
3 de la
4 (Autre chose)
La femme de Douglas lui demande ____ l'argent pour acheter ____ des habits.
1 (Rien), avec
2 de, (Rien)
3 (Rien), (Rien)
4 de, avec
Il voudrait s'acheter une mobylette, mais il n'a pas ___ argent.
1 de l'
2 d'
3 l'
4 (2 ou 3, selon le sens)
Je vous ferai parvenir ______ nouvelles dès mon arrivée.
1 les
2 des
3 de mes
4 (Selon le sens)
Vous prendrez bien encore un peu ___ confitures?
1 de
2 des
3 (N'importe)
4 (Selon la nuance de sens)
Mon frère admire ma voiture; il ___ veut une pareille.
1 (Rien)
2 la
3 en
4 (Selon la nuance de sens)
Réaction 28


Oui, il faut s'étonner de cette translation (changement de catégorie grammaticale). À ce propos, rappelons que pour vérifier la nature de de, il suffit de le remplacer par un peu de ou beaucoup de. La préposition servait à lier une quantité à une matière. Elle indiquait que, de celle-ci, on ne prenait qu'une partie (d'où le nom, adéquat, de partitif). Quand on a voulu actualiser une partie, mais sans pour autant mentionner la quantité, on a gardé le de, avec ou sans l'article qui suivait, selon les contextes. Je veux les dossiers (multiplicité) / Je veux de la franchise (un peu, au moins) / Il manque de franchise (beaucoup, peut-être).

Fallait-il nécessairement considérer ce de comme un article? Il s'était détaché du pivot antérieur (en sorte que sa fonction de lien disparaissait) et il produisait un certain effet sur l'actualisation du noyau de son syntagme (on n'en considérait plus qu'une certaine quantité). Il y avait donc bien translation, le lien devenait un actualisateur. L'analyse qui menait à en faire un article ne manquait pas de justesse. Et surtout, la langue ne disposait pas d'autre moyen pour actualiser légèrement, sans insister, les parties d'ensembles. Il y avait un vide à combler.

Ce vide grammatical, comment est-il apparu? Du fait de la structure linguistique implicite. Ceux qui ne conçoivent de l'univers qu'une accumulation d'entités distinctes ne se servent que des marques du pluriel. Dans une vision ensembliste, que les mathématiques n'ont explorée à fond que depuis un demi-siècle, on a besoin de symboles d'appartenance et d'articles partitifs.


Unités, ensembles, et ...?

Faut-il se contenter d'actualiser des unités et des parties (d'ensemble)? Ne devrait-on aussi considérer le noyau nominal dans son appartenance à un système? Mais de quel système s'agirait-il?
Réaction 29


On fait bien d'imaginer d'autres actualisations que celle d'entités séparées ou celle des parties d'ensemble car il y a aussi des systèmes (en mathématique, on parle de matrices). En linguistique, notamment, les paradigmes, suivant le modèle saussurien, forment système. Un signe linguistique est... ce que les autres ne sont pas! Cela signifie que le choix d'un terme vaut par la possibilité dans le système du choix de tel terme, pour ses valeurs distinctives. Le latin, par exemple, qui n'avait pas d'articles, ne pouvait jouer sur le choix entre un, le, et l'absence d'article, comme on le fait en français. La valeur qualifiante de l'attribut ou du complément du nom (il est facteur; un uniforme de facteur) n'aurait pu être explicitée en latin. Elle aurait dû tenir au contexte.

Comment exprimer la présence d'un paradigme, avec ses options? Au moyen du trait oblique. Celui-ci sépare les choix en lice. Il est [le / un / (Rien)] facteur, par exemple, donne une idée des choix dans une sorte de matrice paradigmatique.

Une grammaire structurale reconstitue des systèmes de paradigmes. Ceux-ci listent les variantes selon les critères requis (une différence de valeur perceptible). Ils sont caractérisés par leur appartenance à un domaine (par exemple la prononciation, ou l'actualisation, ou le sens). On a vu en introduction la quadruple articulation des textes en français et le chapitre de conclusion du cours offre une description complète des systèmes impliqués les uns par les autres, fond et forme.

Pour les champs sémantiques, ils ne sont pas toujours évidents. Comme il est parfois bon de les indiquer; on peut imaginer une évocation des variantes lexicales ou sémantiques en contexte. Il y a un truc graphique qui consiste à les placer en marge, ou à les lister en petits caractères dans les interlignes, ou à les donner si on clique sur le mot.

Le concret et l'abstrait, l'actuel et l'intemporel.

Compter des unités, diviser des ensembles, signaler dans les marges les paradigmes, est-ce tout, pour l'actualisation? Pour terminer, mentionnons qu'il y a aussi la présence du concret, qui dépasse toujours un eu les capacités de l'expression. Quand le système ou la structure n'offrent pas de différenciation pour le sens visé, celui-ci passe malgré tout, bien souvent. Comment est-ce possible? Par télépathie?
Réaction 30


Parfois la résolution de problèmes d'expression prend en compte les gestes, l'attitude, les circonstances, le ton, le rythme, l'intensité et surtout les intonations, qui peuvent être indiquées par les didascalies, ou dans les notes de mise en scène, théâtrale ou cinématographique. Au moment du spectacle, la perception des réactions de l'acteur en situation est globale. Même la distance observée entre les corps des intervenants et leurs mouvements de rapprochement ou d'éloignement est significative (elle est étudiée par une «science» tout récente : la proxémie).

Notons ici que c'est cette présence du concret qui permet, par exemple, de résoudre la question de la double extension des articles défini et indéfini, extension qui est dite anaphorique ou universelle, pour reprendre la terminologie de G. Guillaume. Il faut du contexte pour que l'actualisateur défini atteigne le concret. «L'homme, un espèce de Maure» dit Hugo (dans Après la bataille). Hors de tout contexte, l'homme désignerait l'espèce humaine. Faut-il créer deux articles définis, l'un qui montre l'objet, l'autre qui vise l'essence abstraite? Faut-il envisager une «extension anaphorique» de l'article défini alors que simplement la présence d'un contexte suffit à rendre naturelle une actualisation avec valeur concrète? Faut-il envisager une «extension universelle» alors que simplement l'absence de contexte suffit à rendre naturelle une actualisation avec valeur abstraite?
Réaction 31


Que le contexte soit abstrait ou non suffit à actualiser dans un univers théorique ou réel. Inutile de multiplier les catégories.

On trouve le même clivage (anaphorique / universel) pour l'article indéfini : un homme est venu / un homme vit en société. On le retrouve encore dans le système des temps du verbe. Le présent en contexte est actuel; hors contexte, il est intemporel (Il ouvre des yeux ronds / la porte ouvre vers l'extérieur). Il nous paraît plus simple de donner à chaque catégorie une valeur unique, qui s'infléchit en fonction des éventuels contextes. Ce qui est abstrait ou concret est le contexte. Même Guillaume s'est heurté à des exemples du genre : un chien aboie (il y a un chien qui aboie) / un chien aboie (un chien, en général, ça aboie) et d'autre part le chien aboie (il y a ce chien qui aboie) / le chien aboie (le chien, en général, ça aboie). On voit mal comment lever l'équivoque sans tenir compte du contexte, mais il suffit de se trouver en contexte pour que le système linguistique fonctionne clairement. Une grammaire naturelle doit donc tenir compte des contextes. Et la grammaire doit rester en contact avec la nature.

Dans la nature (en dehors de la grammaire) le contexte est là, fût-ce virtuellement. Il a un rôle à jouer avant que ne puissent s'appliquer les distinctions grammaticales de manière univoque. Voyons-en un exemple qui touche aux effets subliminaux. Comment diriez-vous : aller au plus pressant ou au plus pressé?
Réaction 32


Réponse au plus pressé
Mais Elle a fini par répondre oui au plus pressant de ses prétendants.
Et Elle n'a pu résister à son plus pressant désir: aller rejoindre son prétendant.
Remarque. Avec pressant, le substantif fait l'action (un ordre pressant: «qui oblige
à agir sans délai»); avec pressé, le substantif subit l'action (une lettre pressée:
«qui est pressée, urgente»).
Et Aller au plus pressé, locution (cf. faire, aller à ce qui est le plus pressé,
urgent).
Il peut y avoir interférence avec l'expression québécoise au plus sacrant, familière, dont le sens n'est pas très éloigné («le plus vite possible»). Il reste que la locution à préférer pour suivre l'usage, au plus pressé, s'explique difficilement. Les actants implicites semblent favoriser davantage au plus pressant (à la chose qui presse).

On peut imaginer que le second sens possible, qui évoque une personne trop aimante dont il y aurait à s'occuper, parasite le choix. Le tour avec -é est usité parce qu'il est moins équivoque. Constatons que la structure n'est pas tout, qu'elle reste prise dans un contexte, où elle ne joue qu'en tenant compte de toutes sortes de probabilités pas toujours prévisibles. De ce point de vue, le concret n'est pas seulement le cadre dans lequel jouent les structures : il arrive de l'avenir, en relation avec nos initiatives. Les catégories et lois linguistiques ne sont repérables que dans le passé. Le concret dépasse la situation : il répond à une action, il met en phase les mouvements personnels, il «fonctionne», un peu comme les actants mettent en jeu des fonctions alentour du verbe, qui est lui aussi un centre d'activité, mais seulement syntaxique. Le concret, c'est tout le réel mis à jour par l'expression. Ainsi, le texte a quelque chose de créateur (pas seulement en poésie). Les grammaires génératives ont aperçu cet aspect. Il se répercute sur l'évolution des langues du monde. La génération de phrases ne se limite pas à la mise en oeuvre des structures. Tout le réel se situe en elle. Leur utilisation renouvelée les modifie insensiblement, au fil des générations.

Origine du langage.

Après tout, ce rôle du contexte n'est-il pas primitif, antérieur même aux formes les plus élémentaires du langage? N'est-ce pas avec lui, et ses accumulations historiques, que les termes, les ensembles et finalement les systèmes se sont établis? Ou bien le langage est-il au-dessus de ces contingences?
Quelle est la différence entre soupe et potage?
1 Le second fait plus distingué.
2 On trempe son pain dans sa soupe (comme dans la chanson de Marie).
3 Le potage est tout ce qui se cuit, et se sert, dans un pot.
4 Aujourd'hui, ni la soupe ni le potage n'existent encore au sens d'autrefois.
Réaction 33


Le rôle du contexte a été déterminant dès les origines du langage. Les paradigmes ont dû se faire jour par la suite. Partons du cri animal, acte de parole élémentaire. L'intonation faisait tout et le sens était dans le contexte. On pourrait dire que l'on avait seulement du qualifiant intonatif. Le langage n'était pas encore né. Mais il n'avait plus qu'un pas à faire.

D'abord, le sens est passé du contexte à la syllabe. Le paradigme sonore a surgi comme tel en même temps que le paradigme conceptuel, quand une distinction entre deux contextes s'attacha à deux cris distincts. Le langage des corneilles est encore tel. Pas de phrase mais déjà un acte de parole réduit à un mot très bref. Le mot a existé quand le contexte, avec une ébauche de conceptualisation, s'est associé à un son (proie!) en opposition à un autre (fuite!) On était encore loin de la combinaison de deux mots et de la différenciation des groupes, nominal, verbal et qualifiant. Mais déjà, la notion de système, susceptible de relayer le contexte, était entrée en jeu.

Avant que n'apparaissent dans le langage les actualisateurs, il faudra attendre que le geste se place dans une syllabe, par exemple dire moi autrement qu'en faisant résonner sa cage thoracique à grands coups de poing ou en pointant du doigt son nez ou son coeur... Et pour exprimer des connotations, il reste encore beaucoup plus précis même aujourd'hui de donner une mélodie de phrase ou un simple ton, comme les primates. Toutes les nuances sont comprises dans le ton, et communiquées, parfaitement mais indistinctement, sans vérification possible.

Quand certaines connotations liées à des mélodies sont devenues des mots, des qualifiants, ceux-ci ont pu se combiner avec d'autres lexèmes, nominaux ou verbaux. Qui sait si ces noms et ces verbes n'étaient pas eux-mêmes d'anciens qualifiants reconvertis, dégagés de leurs connotations, rendus disponibles pour évoquer les situations où ils s'étaient produits, substances et actes. Le qualifiant employé seul constitue une phrase faite d'un mot (injures et mots doux) et ce mot ne fait pas que qualifier : il a aussi une fonction verbale, il implique l'attribution de la qualité à une substance.

Par sa syntaxe élémentaire, la proximité pure, le qualifiant a pu se placer dans les assemblages embryonnaires, au tout début du langage. Il n'avait nul lien mais ce n'était pas nécessaire puisque aujourd'hui encore le qualifiant va se coller à n'importe quel lexème. La mise en mots des qualifiants a fait faire à la langue un progrès décisif. On pouvait combiner des unités sonores dotées de significations. Le lexème se confirmait dans sa valeur de subordonné ou de pivot.

Quelle serait la catégorie grammaticale qui est apparue la dernière?
Réaction 34


Les liens syntaxiques, qualifiants délexicalisés. Il faudra attendre que la phrase gagne en ampleur et combine non plus des mots seulement mais des groupes.

Deux étapes significatives avant cela : 1o, distinction entre objets visés dans le contexte et fixation du sens dans des mots qui sont des phrases remplies de nuances mélodiques. 2o, ébauche de diverses fonctions : viser des objets, agir, exprimer des sentiments (substantif puis verbe, enfin qualifiant). Le système s'est bâti selon les besoins en contexte. L'usure des lexèmes et la grammaticalisation ont fourni des actualisateurs de plus en plus variés, des morphèmes qualifiants, enfin des liens, souvent dérivés de ces qualifiants (Ex.: passer après, après le chef).

Les assemblages ont fait naître la notion de groupe. La brièveté des mots grammaticaux, que leur place ait été avant ou après le lexème, a permis à la fonction de noyau de groupe syntaxique de se forger en s'appuyant sur le lexème, auquel le reste est venu s'accrocher.

Mais voyons de plus près comment peuvent naître les mots grammaticaux.

Lexème devenu actualisateur (délexicalisation, grammaticalisation).

Partons du mot-phrase, simple interjection, onomatopée même, ou cri initial. Reproduit par d'autres membres de la horde afin de servir de référent, il devient un mot (lexical), dont la composition sonore pourra s'opposer à celle d'autres mots, dotés d'autres sens. Le k de quête, par exemple, a pu être d'abord une éructation accompagnant l'activité qui accompagne un besoin (supposons). La quête se mue en question quand elle s'adresse à un interlocuteur. Prenons ce lexème et voyons comment peut naître de là un actualisateur. Ma question, la question, cette question sont des emplois du lexème comme noyau mais peut-on réduire le groupe pour en faire le lien d'un autre (question rentabilité, on ne peut trouver mieux)?
J'aurais aimé connaître son nom et son titre avant de le rencontrer. ______ de savoir à qui j'avais affaire.
1 Question
2 Une question
3 C'était une question
4 (Selon la nuance de sens)
_______ commerce, ce garçon fait des progrès remarquables.
1 Au point de vue
2 Au point de vue du
3 (Au choix, mais de préférence 1)
4 (Au choix, mais de préférence 2)
Bon nombre de ses ouvriers saisonniers _____ recourir à l'aide sociale.
1 doit
2 doivent
3 (N'importe)
4 (Selon le sens)
Le royaume Mossi est en effervescence, par la présence ______ nombre de Peuls.
1 de
2 d'un
3 (N'importe)
4 (Autre chose)
"Il y a nombre d'années que nous vivons en dehors de Montréal. Le nombre de gens qui quittent cette ville pour s'installer en banlieue augmente tous les jours." Nombre ________ dans les deux cas.
1 a le même sens
2 est un indéfini
3 est un lexème
4 (Autre chose)
Réaction 35


Les noms ou les groupes peuvent devenir lien (au point de vue de : locution prépositive). Le lexème peut se grammaticaliser. De son sens particulier, on extrait une simple valeur d'emploi, relativement vague, plus grammaticale que lexicale.

Le qualifiant aussi se laissera-t-il délexicaliser? Et la grammaticalisation peut-elle donner non seulement des liens mais des actualisateurs?
On s'attend bien sûr à ce que _________ ne soient pas accomplies par les mêmes personnes.
1 diverses tâches
2 des tâches diverses
3 (N'importe)
4 (Selon le sens)
Ils ont reçu ________ quant à la façon d'obtenir un permis d'exploitation.
1 différents renseignements
2 des renseignements différents
3 (N'importe)
4 (Selon le sens)
Réaction 36


Différent n'est pas un adverbe de quantité. Postposé, c'est un qualificatif: «qui n'est pas le même»; antéposé, il se réduit à un adjectif indéfini pluriel: «un certain nombre de...», non sans évoquer les caractères distinctifs. Le lexème qualifiant s'est délexicalisé. Autrement dit, il s'est grammaticalisé. De qualificatif, il s'est réduit à actualisateur.

Pouvez-vous repérer dans les exemples suivants comment il s'est effectué une grammaticalisation?
"Je vais travailler. Au jardin." Au jardin est:________ .
1 complément de lieu
2 complément d'objet indirect
3 (Selon le sens)
4 (Autre chose)
Les trois mouvements de regroupement régional en Afrique __________ la même phase de leur évolution.
1 ne sont pas tous à
2 n'en sont pas tous à
3 n'ont pas tous
4 (1 ou 2 au choix)
Gilles est à Tours. Il y a un colloque sur la féminisation des titres.
1 Il désigne Gilles.
2 Il ne désigne personne.
3 (N'importe)
4 (Selon la nuance de sens)
____ contraintes de temps, les présentations ne doivent pas dépasser vingt minutes.
1 Dû aux
2 Dues aux
3 (N'importe)
4 (Autre chose)
Réaction 37


Nouvelles transformations.

L'adverbe s'étant donc parfois raccourci pour devenir morphème ou lien, il a fallu, pour ses emplois lexicaux, le reconstituer, lui redonner de l'étoffe (avant ==> antérieur comme qualificatif; après ==> postérieur ; sur ==> supérieur), ce qui a demandé l'aide d'un suffixe (-ieur, du comparatif latin -ior) quand il n'a pas fallu aller jusqu'à changer de mot et prendre une nouvelle racine (sauf ==> excepté). Dans d'autres cas, pour la forme adverbiale, toujours en vue de revenir à un lexème, on étoffe en composant un syntagme puis en le lexicalisant (sur ==> dessus (= de+sur) ==> le dessus ==> au-dessus ; sous ==>... au-dessous).

La présence du trait d'union dans ces composés est pleinement justifiée par la lexicalisation car le premier rôle du trait d'union est justement de former des mots composés. Une fois la composition bien entrée dans l'usage, quand on perd de vue ses origines, le trait d'union disparaît (dedans, dehors, dessus... mais de-ci de-là comme par-ci par-là).

Usages... certes, mais aussi usure de la langue. Les sons se déforment et disparaissent, même si les lettres subsistent. Le sens s'ouvre et s'étend, il perd des sèmes, il se grammaticalise. Le mouvement inverse s'est-il produit? Les langues évoluent-elles toujours vers plus de généralité et moins de matière?
Réaction 38


Oui. La lexicalisation de se fait pas à partir de morphèmes mais de syntagmes agglutinés. Il s'agit aussi d'une perte. Ou bien il faut recourir à d'anciennes racines, et créer de nouveaux mots. Le renouveau est constant comme l'usure est inéluctable.

Indéfinis anglicisants : aucun et tel.

Comment traduiriez-vous at any time?
Valère parle sur un ton joyeux, qui devient encore plus joyeux _____.
1 en aucun temps
2 à certain temps
3 à certains moments
4 à tous moments
On a ordonné au gardien de redoubler de prudence et de ne laisser, ________, son prisonnier sans surveillance.
1 à aucun moment
2 en aucun temps
3 (N'importe)
4 (Selon la nuance de sens)
On pourra se présenter à la clinique d'urgence ________.
1 à n'importe quel moment
2 en aucun temps
3 (N'importe)
4 (Selon le sens)
______ je ne vous permettrai de voir ma fille.
1 En aucun temps
2 Jamais
3 Å aucun moment
4 (Selon la nuance de sens)
La partie patronale n'avait-elle pas déclaré qu'elle serait prête à négocier ________?
1 en tout temps
2 en aucun temps
3 (N'importe)
4 à tout moment
Réaction 39


L'angl. at any time ne peut se traduire en fr. par aucun ou par temps. Aucun a pris en fr. un sens négatif (sauf archaïsmes comme dans d'aucuns). Temps: «période historique prolongée» et «axe de la durée» par opposition à moment: «court segment sur l'axe du temps». En fr., le temps est abstrait. Période, jour, moment le concrétisent.

Met-on aucun au pluriel, parfois? S'emploie-t-il avec ne comme les autres négations?
Nous ne voyons aucun___ des étoiles que certain___ de vous affirment avoir vues.
1 e, (Rien)
2 e, s
3 es, (Rien)
4 es, s
Auc___ funérailles et auc___ maria___ ________ dans cette cathédrale.
1 une, un, ge n'est célébré
2 unes, un, ge ne sont célébrés
3 unes, uns, ges ne sont célébrés
4 unes, un, ge n'est célébré
Tous ces écrits s'appuient sur _______.
1 aucunes preuves
2 pas de preuves
3 nulle preuve
4 (Autre chose)
Les anciens n'ont ____ su résoudre aucun des problèmes des jeunes.
1 pas
2 (Rien)
3 (N'importe)
4 (Autre chose)
Réaction 40


Selon vous, le mot tel, est-ce un actualisateur?
Règlement sur l'assurance-emploi (pêche) ______ il se lisait au moment d'entrer en vigueur le 5 janvier 1997.
1 comme
2 tel qu'
3 (Au choix mais de préférence 1)
4 (Au choix mais de préférence 2)
Maryse consentit à condition de déménager. _____ les bases de leur entente.
1 Ce fut
2 Ce furent
3 Telles furent
4 Ainsi furent
"La maison n'était pas telle que je l'avais imaginée." Telle est ________.
1 adjectif qualificatif
2 pronom démonstratif
3 morphème qualifiant
4 substitut du qualifiant
"Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera." Tel est ________.
1 pronom (actualisateur dans le groupe verbal)
2 actualisateur dans le groupe nominal
3 qualifiant
4 adverbe
Réaction 41


Non, pas exactement. Mais ce n'est pas un lien, comme on le pense trop souvent. C'est habituellement un substitut. Il peut remplacer n'importe que qualificatif. C'est le terme neutre de tous les qualificatifs, car il peut les désigner, quels qu'ils soient. Toutefois, il peut aussi servir de pronom, à condition d'être sujet (comme objet ou complément on doit le renforcer : avec tel ou tel).

Mais suivi de que, tel devient invariable et donc c'est un lien, ne pensez-vous pas?
Les nouveaux modèles pour l'hiver, ________ par les stylistes de Modbec, nous arriveront ________.
1 tel que créé, tel que prévu
2 tels que créés, tel que prévu
3 tels que créés, tels que prévus
4 tels qu'ils ont été créés, tel que prévu
______ il avait été annoncé, le Séminaire sur la syndicalisation a eu lieu à Sherbrooke le 24 novembre dernier.
1 Tel qu'
2 Comme
3 (Au choix, mais de préférence 1)
4 (Au choix, mais de préférence 2)
On ne mentionne pas ______ si le corps a disparu.
1 comme tel
2 en tant que tel
3 (N'importe)
4 (Autre chose)
(Vous entamez la conclusion d'un article.) ________, les services publics verront leurs budgets réduits de plus en plus.
1 Tel qu'écrit précédemment
2 Tel que vu plus haut
3 Comme dit ci-dessus
4 (Autre chose)
Quand cette fenêtre s'ouvrira, ______ ci-dessous, cliquez sur page Web puis sur OK.
1 tel qu'indiqué
2 telle qu'indiquée
3 comme indiqué
4 (N'importe)
Les dépositions des témoins doivent continuer à huis-clos _____.
1 tel que convenu
2 comme convenu
3 (1 ou 2, au choix)
4 telles que convenues
Réaction 42


Suivi de que, tel s'accroche à une substance qui le précède. S'il n'y a pas de qualité évoquée dans le contexte, mieux vaut remplacer tel par comme. Ainsi sera-t-on assuré d'éviter l'anglicisme qui consiste à employer tel pour traduire as. (As, c'est un lien; c'est comme. Tel traduit such. Il varie.

Mais s'il est suivi de que, faut-il l'accorder au substantif qui précède ou à celui qui suit? Ses yeux brillent tels des étoiles, ou telles des étoiles?
La voix de sa mère gronde, te___ un tonnerre.
1 l
2 lle
3 (N'importe)
4 (Selon le sens)
Certes, les petits animaux ______ les mouffettes peuvent être très incommodants.
1 tels
2 telles
3 tels que
4 telles que
Elles se sont présentées comme secrétaires et M. Durand les a présentées comme te___ à ses adjoints.
1 l
2 ls
3 (N'importe)
4 (Autre chose)
Réaction 43


Accord de tout.

Actualisateur de l'extension maximale, tout est aussi bien adjectif (tout homme, tous les hommes, toute femme, toutes les femmes) que pronom (tout est prêt, toutes sont parties) voire morphème qualifiant (tout étonnés). On pourrait croire que cela ne pose aucun problème puisque l'extension peut concerner aussi bien les substances que les actions ou les qualités. Autour du verbe, on met tout à fait comme adverbe afin de garder tout, tous, toutes comme pronoms. Mais la plupart des locuteurs ne sont pas entrés dans tant de subtilité. Devant un qualificatif, ils ont fait entendre une variation de forme pour le qualifiant s'il commence par une consonne ou un h aspiré! Trouvez-vous cette règle absurde?
Elles sont revenues de Grèce, tou___ hâlées.
1 t
2 tes
3 (N'importe)
4 (Selon le sens)
Il faut que nos jeunes filles soient les tou___ premi____ à offrir cette rose tou___ épanouie à M. le Maire.
1 t, er, t
2 t, ères, te
3 tes, ères, t
4 (Autre chose)
Tou__ essoufflée et tou__ tremblante, elle craignait de ne pouvoir arriver à temps.
1 t, t
2 t, te
3 te, t
4 te, te
Elles sont ______ étonnées de trouver la cabine téléphonique en panne.
1 toutes
2 tout
3 (N'importe)
4 (Selon le sens)
Réaction 44


Complication bien entérinée par l'usage et l'enseignement et qui vient tout simplement d'une faute qu'on a été obligé d'admettre parce que, pour être audible, elle l'est. La langue n'y gagne pas en clarté puisque Elles sont toutes contentes veut dire deux choses différentes. (Toutes sont contentes et tout à fait contentes.)

Comme c'est une liaison qui impose cette complication, les qualificatifs en h vont provoquer des accords distincts suivant que le h est complètement amuï (tout est devant voyelle) ou partiellement (ce qui reste de l'aspiration suffit à empêcher la liaison et à provoquer l'accord audible devant consonne).

Devant autre, on aura l'invariabilité suivant la règle, mais tout peut actualiser un nom qui suit (il ne qualifie plus autre) : Toute autre réponse eût été mauvaise. Ne trouvez-vous pas que c'est une règle qui, cette fois, est logique?
Elle le léguera à sa fille, à sa nièce, ou à ______ autre personne de sa famille.
1 tout
2 toute
3 (N'importe)
4 (Selon la nuance de sens)
La classe était tou___ au bureau du directeur pour demander une tou___ autre méthode pédagogique.
1 t, t
2 t, te
3 te, t
4 te, te
Réaction 45


C'est logique parce que le morphème qualifiant un qualifiant n'a pas de raison de s'accorder, mais on a invoqué la vraisemblance pour l'accorder quand même si c'est devant un nom attribut, et sans que l'on sache si cet accord est avec le sujet ou l'attribut! On peut dire que la plupart des usagers suit un instinct infaillible plutôt que de faire les distinctions pourtant simples entre le qualifiant et le substantif. Mais que pensez-vous vous-même des accords suivants?
Mon père et ma mère étaient pourtant tou___ bonté.
1 t
2 te
3 (Au choix, mais de préférence 1)
4 (Au choix, mais de préférence 2)
Vos petits élèves sont tou___ yeux, tou___ oreilles.
1 s, tes
2 t, tes
3 t, t
4 (N'importe)
Voici une petite robe exceptionnelle, tou___ volants brodés d'un fil d'or.
1 t
2 s
3 (Au choix, mais de préférence 1)
4 (Au choix, mais de préférence 2)
Réaction 46


Et devant un nom de ville féminin, feriez-vous l'accord?
Tou___ Rome a été affol___ à la perspective d'une vague d'attentats.
1 t, é
2 te, ée
3 (Au choix, mais de préférence 1)
4 (Au choix, mais de préférence 2)
Réaction 47


On dirait que l'ensemble des bâtiments est considéré par la langue comme le sens propre du nom de la ville tandis que les habitants, ce serait une sorte de sens figuré, qui entraîne l'invariabilité.

Les numéraux.

Pourquoi certains s'accordent-ils et d'autres non? Pour le plaisir de compliquer la langue française, au risque de perdre les étrangers?
La population du village est passée récemment à ______ habitants.
1 1 500
2 quinze cent
3 mille cinq cent
4 (Autre chose)
"C'est un petit village de deux cents habitants." Deux cents est ________.
1 un numéral
2 un actualisateur
3 un cardinal
4 (Les trois à la fois)
Réaction 48


Ce n'est certainement pas pour le plaisir car tout est motivé, quoique tout ne soit pas voulu, dans les langues. Produit de la communication orale et écrite entre individus historiquement regroupés, elles tendent toujours à l'économie, donc à la simplification (par l'effacement des structures incohérentes). Les subtilités inutiles sont soit l'oeuvre de lettrés attardés, qui tentent de maintenir des incohérences, soit le résultat d'aberrations collectives (comme la confusion de tout adverbe et de tout pronom, indiquée plus haut). Outre les subtilités utiles, sur lesquelles s'accordent les meilleurs répondants, il y a des subtilités curieuses, comme l'accord du participe avec l'objet direct s'il précède. Elles ne s'en expliquent pas moins. C'est le cas de l'accord de vingt et de cent.

Êtes-vous en faveur ou contre l'accord de vingt (dans 80) et de cent (dans 400)?
Deux ____ personnes ont été averties et il en est venu quatre-____.
1 cent, vingt
2 cent, vingts
3 cents, vingt
4 cents, vingts
Ce petit travail m'a rapporté cent__ et quelque__ francs.
1 (Rien), (Rien)
2 (Rien), s
3 s, s
4 s, (Rien)
Ce cahier avait-il bien deux cen__ quatre-ving__ pages?
1 t, t
2 t, ts
3 ts, t
4 ts, ts
Cela leur coûte plus de deux cen__ mille florins mais, pour un gouvernement, aujourd'hui, qu'est-ce que deux cen__ milliers de florins?
1 t, t
2 ts, t
3 t, ts
4 ts, ts
Réaction 49


L'apparente absurdité vient de la prononciation, qui fait entendre le z de la liaison quand le substantif suivant commence par une voyelle. Il faut pour cela que le numéral soit achevé.

C'est même pour cela, sans doute, qu'on ne dit pas «quatre vingt et un» : il faudrait faire entendre un z devant la voyelle de et.

La question du trait d'union dans les noms de nombre est d'actualité depuis que les Rectifications ont proposé d'en mettre partout, même autour de et (vingt-et-un). Tenir compte des mots phonétiques serait sans doute aller vers une plus grande complexité mais ne pas en tenir compte, c'est perdre de vue la fonction même du trait d'union. Alors, c'est comme d'habitude : faute de pouvoir aller au fond des choses, vaudra-t-il mieux tirer un voile, fermer les yeux?
Les plus grands bélandres sont de qua_______ tonneaux.
1 tre vingt
2 tre-vingt
3 tre-vingts
4 tres-vingts
71 et 81 s'écrivent en toutes lettres: ________, ________.
1 soixante-onze, quatre-vingt-un
2 soixante-onze, quatre-vingt et un
3 soixante et onze, quatre-vingt-un
4 soixante et onze, quatre-vingt et un
Soixant___ze et quatre-ving___un sont deux exceptions à retenir comme telles.
1 e et on, t-un
2 e on, t et un
3 e on, t-un
4 e et on, t et un
Avec ________ minutes de retard, l'avion parvint à Djakarta.
1 quatre vingt une
2 quatre-vingts-une
3 quatre-vingt-une
4 quatre vingt et une
Ses vacances durèrent ______ jours.
1 quatre-vingts onze
2 quatre-vingt onze
3 quatre-vingt-onze
4 quatre vingt et onze
Réaction 50


Les grammairiens qui ont été écoutés sont ceux qui tenaient le plus grand compte des moindres habitudes de prononciation les plus répandues. La langue est démocratique! (Elle fait obéir jusqu'aux rois, disait-on au XVIIe siècle) Une loi reconnue et pratiquée peut bien être complexe puisque tout le monde la connaît, voire les astique et les encaustique jusqu'aux moindres replis...

Pour comprendre la plupart des règles qui concernent les numéraux, tant pour l'accord que pour les traits d'union, il faut savoir que ce sont des règles générales qui leur sont appliquées. Par exemple, oseriez-vous (si vous n'aviez crainte de faire une faute) ne pas mettre la marque du pluriel quand il n'y a pas de réelle pluralité?
J'en suis à la ______.
1 page deux cent
2 page deux cents
3 p. 200
4 (1 ou 3 au choix, mais de préférence 3)
Mon livre a trois cen__ quatre-ving__ pages.
1 t, t
2 t, ts
3 ts, t
4 ts, ts
La 125e page n'est justement pas la page ______.
1 125
2 cent vingt-cinq
3 CXXV
4 (N'importe)
Réaction 51


Y a-t-il d'autres types de numéraux que le "cardinal" (non marqué : 1,2,3,4) et l'ordinal (qui marque le rang : premier, deuxième, troisième, quatrième)?
"Il lui reste à payer le tiers de ses impôts." Tiers est ________.
1 actualisateur du nom
2 substantif
3 (N'importe)
4 (Autre chose)
"Il avait l'air d'avoir le quadruple de son âge." Quadruple est ________.
1 actualisateur du groupe nominal
2 lexème
3 noyau du groupe nominal
4 (2 et 3)
"De quoi aurai-je l'air quand je serai quadragénaire?" Ici, quadragénaire est ________.
1 actualisateur
2 qualifiant
3 lexème nominal (substantif)
4 (Autre chose)
Réaction 52


Il y a des noms de nombre (paire, quatrain, douzaine, cinquantenaire, million), qui sont toujours noyaux de syntagmes (et peuvent recevoir un actualisateur, même numéral : trois douzaines). Il y a aussi des fractions (les dixièmes, les centièmes), qui peuvent avoir un numéral comme numérateur (sept dixièmes). Il y a enfin les multiplicatifs (double, triple, quadruple, quintuple, sextuple).

Parviendrez-vous à bien distinguer les numéraux (simples morphèmes) et les autres?
Aurait-on cru que le pays compterait un jour plus de quatre-ving__ millions d'habitants?
1 t
2 ts
3 (Au choix, mais de préférence 1)
4 (Au choix, mais de préférence 2)
La population de la terre a dépassé trois milliar__ neuf cent mille.
1 d
2 ds
3 (Au choix, mais de préférence 1)
4 (Au choix, mais de préférence 2)
Mais tripl__ buses! ne voyez-vous pas que j'ai gagné?
1 e
2 es
3 (N'importe)
4 (Selon le sens)
Les trois nouveau-nés qu'on a couchés dans un même lit sont des tripl___.
1 és
2 ets
3 ers
4 (1 ou 2)
Sur la rive sud, il y a des tripl___ à vendre.
1 ex
2 exes
3 (N'importe)
4 (Selon le sens)
Réaction 53


Triplet, triplex ne sont pas des noms de nombre mais des noms qui ont une racine et un élément de sens du côté des nombres. Il y a du nombre dans leur sens mais seulement en combinaison avec d'autres éléments substantiels. Triple est seulement numéral mais «multiplicatif». Quadragénaire est un lexème, un qualifiant (il sert comme qualificatif).

Pour million, milliard et au-delà, on se sert de noms de nombres (lexèmes) comme numéraux (morphèmes) parce que le nombre de syllabes rend difficile de les garder à l'intérieur du même mot phonétique que leur noyau. (C'est pour eux que la nouvelle règle du trait d'union ne devrait donc pas s'appliquer.)

Appliquer une règle générale uniformément à des numéraux,comme tentent de le faire les Rectifications est donc difficile. Or la question du trait d'union dans les numéraux va de pair avec celle l'accord, car elles ont la même cause. En allongeant la syllabe finale de million, milliard, on en fait un mot phonétique distinct (plus aucune raison de mettre un trait d'union) et on en fait uassi un substantif (qui devrait s'accorder seulement s'il est multiplié). Il devient lexème nominal.

Donc la longueur, et la prononciation, peuvent guider. Parfois, on indique le nombre par quelques menus morphèmes : une syllabe ou pas beaucoup plus. Ils peuvent ainsi prendre place à l'intérieur du groupe du nom ou du verbe (deux roses, deux répondirent, quatre-vingt-sept voiliers). Parfois, ils ont la forme de noms et sont alors des mots phonétiques distincts (des dizaines de milliers de voiliers). Au-dessous de cent, le numéral est de dimension assez modeste pour se placer dans le mot phonétique : il est alors invariable, non que les morphèmes ne s'accordent pas, évidemment, mais parce qu'ils portent déjà leur nombre en eux-mêmes (deux, trois, quatre). On évitera de mettre un s à quatre même si on entend toujours dire "entre quatre-z-yeux". Cette "faute"-là n'est pas entérinée par les grammaires. On a vu comment vingt et cent réagissaient... Ils sont ballottés par leur situation instable.

Ces deux nombres posent problème parce qu'ils sont à la limite entre morphème (pas d'allongement de syllabe) et lexème (finale tonique). Pour le trait d'union, la règle ancienne consiste à considérer qu'en-dessous de cent, il n'y a que des morphèmes (traits d'union); au-dessus, ce sont des lexèmes (quoique millier ait aussi une forme adjectivale : mille).

Arrive-t-il que l'on doive considérer mille comme un lexème et y mettre s s'il est multiplié?
Il a fallu deux cents millie__ d'années à l'homme pour découvrir la roue.
1 r
2 rs
3 (Au choix, mais de préférence 1)
4 (Au choix, mais de préférence 2)
Le champion de la course des deux mill__ a reçu deux mill__ lettres de félicitations.
1 e, e
2 e, es
3 es, e
4 es, es
Deux mill____, c'est déjà beaucoup.
1 e
2 es
3 (N'importe)
4 (Selon le sens)
On prévoyait des pénuries de matières premières avant l'an ______.
1 deux mil
2 deux milles
3 (N'importe)
4 (Autre chose)
L'Éventail était un journal qui relatait surtout les ______ petits événements du beau monde...
1 mille et un
2 milles et un
3 mille un
4 mille et uns
Réaction 54


Ce serait logique, puisqu'il est au-delà de cent, mais comme la raison, ici, n'est pas dans la règle établie, mais dans la prononciation, et que mille est monosyllabique (on l'a même écrit mil dans les datations), et qu'il peut donc s'insérer dans le mot phonétique de son noyau (deux mille hommes) ...c'est un morphème! On a donc fabriqué un nom de nombre, plus consistant phonétiquement (millier).

Suffit-il de prendre garde à la catégorie du numéral (morphème ou lexème, donc actualisateur ou substantif)? Doit-on parfois vérifier aussi quel est le noyau?
Pour son récit de deux cents pages, il avait d'abord écrit trente et ______ mille lignes.
1 un
2 une
3 (1 ou 2, au choix)
4 unes
Il s'adressait au public neuchatelois des années cinquant___.
1 e
2 es
3 (N'importe)
4 (Selon le sens)
Ça doit coûter dans les cen__ francs.
1 t
2 ts
3 (Au choix mais de préférence 1)
4 (Au choix mais de préférence 2)
Réaction 55


Question piège par excellence. En surface, le pluriel saute aux yeux. Mettons des euros, on aura la liaison comme indice. Cent-z-euros? Cent-t-euros? Au Québec comme à Paris une majorité écrasante opte pour le singulier (à l'écrit), avec raison mais... les quelques hésitants étant des meilleurs par ailleurs, il faut les écouter.

Ira-t-on jusqu'à inventer une marque initiale de pluriel devant voyelle qui découle de la fréquence d'une liaison en z comme dans les nez aquilins? (On n'entendra pas dire un nez-z-aquilin!) Pourquoi ne pas admettre une telle "règle" comme émergente dans la masse des usagers? Ceux qui seraient prêts à l'admettre accepteraient sans protester dans les cents-z-euros et ne verraient sans doute pas d'objection non plus à dans les cents francs. Une telle ouverture d'esprit serait le propre des usagers les plus habiles, selon nos sondages, tant au Québec qu'en France.

Actualisation du groupe du verbe. Les Pronoms.

Je, tu, il, elle, nous, vous, ils, elles sont des mots qui désignent des personnes, non à la manière des lexèmes (nombreux sont les mots dont le sens inclut l'idée de "personnes" : les noms de peuples, de métiers, etc. ) mais parce que ce sont des personnes qui les utilisent pour distinguer entre elles-mêmes (je, nous), leurs interlocuteurs (tu, vous) et des tiers (il, elle, ils, elles). Les actualisateurs ont des fonctions pour les locuteurs en situation.

Il en découle que le mot personne prend ici un sens particulier au domaine de la grammaire. Les "personnes" dont il s'agit sont des "premières", des "deuxièmes" et des "troisièmes" personnes (du singulier ou du pluriel). Que vise donc le pronom personnel comme référent?
Quand on est chef d'orchestre, on n'aime guère que des inconnus viennent faire des observations à ____ musiciens.
1 ses
2 vos
3 nos
4 (N'importe)
On voit souvent les défauts du voisin et non les ______.
1 nôtres
2 siens
3 siens propres
4 (Selon le contexte)
A la vue du serpent, j'allai ___ cacher derrière un arbre.
1 me
2 se
3 (Au choix mais de préférence 1)
4 (Au choix mais de préférence 2)
Il se demanda si Franz se souviendrait de l'affaire. Il ________ depuis longtemps.
1 n'en avait pas eu de nouvelles
2 n'avait pas eu de nouvelles de lui
3 (N'importe)
4 (Selon le sens)
La Tour du Pin est un poète moderne qui demeure très près de la poésie symboliste. Il s'attache désespérément ________.
1 à elle
2 à celle-ci
3 (N'importe)
4 (Selon la nuance de sens)
Le garçon qui joue derrière vous et celui en culotte rouge au bout de l'allée sont mes fils. Bien qu'ils aient la même taille, ________ est l'aîné, et _______ le cadet.
1 celui-là, celui-ci
2 celui-ci, celui-là
3 (N'importe)
4 (Selon le contexte)
Nous avons découvert une jolie petite boutique. ____ des affiches d'autrefois.
1 On y vend
2 Il s'y vend
3 Ils y vendent
4 (1 ou 3)
Réaction 56


Non pas telle partie du référent qui serait "capable de dire je" (ce qui est le sémantisme du mot personne) mais le type de relation qui s'établit entre les intervenants de la communication chaque fois que l'un d'eux prend la parole et se fait par là le centre à partir duquel le discours, ses modalités et même ses contenus se mettent en perspective en vue d'un effet. Les pronoms dits personnels sont donc des actualisateurs de l'énonciation. (Ceci ne les exclut pas des subordonnées et on peut aussi faire parler personnellement les personnages.)

Benveniste montre que le statut de il et elle se distingue de celui de je et tu du fait qu'ils appartiennent à l'énoncé. Sans doute. D'ailleurs il(s) et elle(s) désignent aussi fort bien des choses. Pas toujours aussi bien, peut-être. La troisième personne est donc moins personnelle que les deux autres mais pour des choses, il y a le démonstratif (celui-ci, ceci). La troisième serait donc intermédiaire? Sans exclure un référent personnel, elle admettrait un référent non personnel?
Cette maison en aluminium n'est évidemment pas mal, mais ma femme préfère _____ est en bois, avec la galerie, dans le style colonial.
1 elle, qui
2 celle qui
3 (N'importe)
4 (Selon le sens)
Elle n'aime pas son mari, elle ________ aucune tendresse.
1 ne reçoit de lui
2 ne reçoit de celui-ci
3 n'en reçoit
4 (Selon le sens)
Nous avons procédé à un examen opérationnel. Présentons les conclusions que nous _______.
1 avons tirées
2 en avons tirées
3 avons tirées de lui
4 avons tirées de celui-ci
Pas de soupe à l'oignon. Du potage au riz. ___ se digère mieux.
1 Cela
2 Il
3 (Au choix, mais de préférence 1)
4 (Au choix, mais de préférence 2)
La souris découvre une fente au ras du mur et s'enfuit ______. Elle reviendra.
1 dedans
2 par là
3 par elle
4 (Selon la nuance de sens)
Ah! mon Dieu! Si Heidi s'était perdue dans la forêt! Elle est tellement ______ qu'elle pourrait ne jamais se retrouver.
1 petite
2 grande
3 (Selon le sens)
4 (Autre chose)
Réaction 57


Sans rejeter la troisième personne dans l'énoncé quel qu'il soit, ou peut voir les trois personnes comme des degrés relatifs d'implication personnelle dans l'énonciation (donc des marques de la présence de certaines personnes). Je, tu, il, elle, nous, vous, ils, elles actualisent le verbe en situant son action par rapport aux interlocuteurs. Ils peuvent être là sans que l'on s'adresse directement à eux (3e), ou à une certaine distance mais pas absents de l'acte de prise de parole.

Plus décisives sont les marques du rôle des pronoms personnels par rapport au verbe, leur actanciation. Il s'agit d'abord du sujet mais y a-t-il d'autres morphèmes du verbe que le pronom sujet?
Sa passion pour les gâteaux ___ fait négliger sa ligne.
1 la
2 lui
3 (N'importe)
4 (Selon la nuance de sens)
Elle a voulu ____ faire manger à la salle à manger.
1 les
2 leur
3 (N'importe)
4 (Selon le sens)
Il n'est pas rare que des gens fortunés cachent leurs richesses ou refusent ____ faire allusion.
1 d'y
2 d'en
3 de leur
4 (Selon la nuance de sens)
Moi, j'ai beaucoup d'amis; lui, il ____ a peu.
1 en
2 les
3 l'
4 (Rien)
Réaction 58


D'autres morphèmes se présentent aussi à nous avec un verbe, mais leur visage nous est déjà connu: le, la, les. Dans Tiens la porte! Tiens-la! Je la tiens! on voit que le morphème qui actualise le nom dans le co-texte (parfois implicite) est le même que celui qui donne son objet au verbe (il suffit de supprimer porte pour que la rejoigne le syntagme verbal, où il représente tout le syntagme nominal objet); et comme la place des morphèmes est de précéder le lexème, on verra la se placer entre je et tiens. Son rôle est le même. Lequel?
Les préoccupations de Ducharme sont celles d'un poète ________ proclame. "Je suis un poète!"
1 , ce dont il
2 . Il se
3 . Il s'en
4 , ce qu'il
Réaction 59


Objet direct. Voici donc une série de pronoms (morphèmes du verbe) qui se caractérisent par une fonction à l'égard du verbe: ils sont l'objet de l'action (on dit parfois qu'ils la subissent).

Les personnels sont donc des morphèmes du verbe qui ne marquent pas seulement la position des interlocuteurs. Ils indiquent encore leur fonction par rapport à l'action du verbe. Ils ne sont pas seulement des actualisateurs mais aussi des acteurs ou, plus précisément, dans la terminologie grammaticale, des actants.

Et lui, dans je lui tiens la porte, je la lui tiens? Voici trois personnels pour le même verbe. Y aura-t-il trois fonctions à considérer?
On connaissait le héros. On ______ fit appeler et on ______ demanda des explications.
1 le, le
2 lui, lui
3 le, lui
4 lui, le
Ce monsieur se tient toujours la ceinture. C'est à se demander si son ventre ____ pèse.
1 le
2 lui
3 (N'importe)
4 (Selon le sens)
Son père ___ a ordonné de désherber mais il ___ a désobéi.
1 l', l'
2 l', lui
3 lui, l'
4 lui, lui
Sa soeur aînée _____ reproche d'être paresseuse.
1 la
2 lui
3 (N'importe)
4 (Selon le sens)
Analysez la fonction de moi dans chacune de ces phrases: a) Écoute-moi. b) Dis-le-moi. c) Prends-moi un pain. d) Regarde moi ça.
1 c) et d) sont inanalysables.
2 En c) et d), moi équivaut à pour moi (ellipse de la préposition).
3 d) est un "datif éthique", par lequel le locuteur indique son intérêt dans l'action.
4 Moi a la même fonction dans a), b), c), d).
Réaction 60


On pense naturellement à celle d'objet indirect, c'est-à-dire de complément qui se construirait non pas directement (sans préposition) comme le sujet et l'objet (auxquels il suffit d'avoir une place devant ou après pour qu'on connaisse leur fonction) mais avec une préposition (la plus fine possible: à ou de).

L'arrivée de cette préposition bouleverse tout le précaire équilibre qui s'était établi dans le syntagme verbal, où l'on était parvenu à introduire un objet en plus du sujet (je te tiens) mais où on ne pourra pas introduire de préposition (pour une raison fort simple: la préposition fait débuter un nouveau syntagme). Devra-t-on donc reléguer l'objet indirect après le syntagme verbal (je la tiens pour lui, avec lui, à cause de lui)?
Quand ma voiture est en panne, je ____ fais appel ____.
1 (Rien), à eux
2 leur, (Rien)
3 (Au choix, mais de préférence 1)
4 (Au choix, mais de préférence 2)
Réaction 61


Remarquons la forme tonique que reçoit, dans cette position importante (noyau de syntagme), le personnel. Me, te, le, les deviennent moi, toi, lui, eux pour des raisons sonores : ils devront porter l'accent de durée qui termine le mot phonétique que doit constituer un nouveau syntagme.

Mais la langue a plus d'un tour dans son sac. Elle sait (avec la sagesse des siècles et de la masse) exploiter les moindres interstices qui subsistent entre ses règles. La préposition à, si minime soit-elle, est de trop à l'intérieur d'un groupe? Qu'à cela ne tienne! On la supprime; on ne garde que la forme tonique, lui, qui suffit à éviter la confusion possible avec l'objet direct atone (le); et on glisse cette syllabe en troisième position dans le syntagme verbal. Le tour est joué: je la lui tiens. (On garde la forme tonique mais on lui ôte son accent de durée, qui doit aller au lexème) La troisième position convient au troisième actant.

Vous me direz: mais eux, alors (le pluriel du même pronom)? Je tiens à eux... coexiste avec Je la leur tiens, la porte, où c'est pourtant aussi "à eux". D'où vient ce leur, si ce n'est pas du syntagme nominal où il vise aussi la personne (leur entrée)?
Quant aux jeunes, ils savent pouvoir compter sur les aînés, qui peuvent _____ enseigner les bonnes manières.
1 les
2 leur
3 (N'importe)
4 (Selon le contexte)
Réaction 62


Bien que leur ne varie que dans le groupe du nom (leurs entrées), il a la même origine que celui du groupe verbal, le latin illorum. Un 3e actant de la 3e personne du pluriel a deux formes suivant qu'il est dans le groupe ou qu'il forme un autre groupe. Je la leur tiens, la porte, à elles... La notion de groupe dévoile ici sa rigueur. Un rien, le petit à, si grammaticalisé qu'il soit, suffit à marquer le début d'un nouveau groupe. Eux, qui vient aussi de ille (accusatif pluriel : illos) prend la forme de leur parce que le génitif dont il provient (illorum) est moins direct que eux (illos).

Les actants peuvent donc être distingués des compléments prépositionnels du fait qu'ils peuvent toujours entrer dans le groupe du verbe. Ex. Je le lui dis (1er, 2e et 3e actant), je lui en parle (1er, 3e et 4e), tu t'y résous (1er, 2e et 3e).

On observe encore, ici, la parenté des possessifs et des personnels, respectivement morphèmes de la perspective énonciative dans le groupe du nom et dans le groupe du verbe. On l'a remarqué : dans le groupe du nom, il n'y a pas de place prévue pour plus d'un actant. Les autres seront implicites (latence du nom).

Le groupe du verbe ne peut offrir de place à plus de trois morphèmes. Et pourtant, n'y a-t-il pas d'autres actants?
Par des impulsions électriques, cette cellule mammaire a été incitée à ___ fusionner avec une cellule reproductrice.
1 (Rien)
2 se
3 (N'importe)
4 (Autre chose)
Pearson ________ le prix Nobel de la paix.
1 mérita
2 se mérita
3 (N'importe)
4 (Selon la nuance de sens)
Si vous voulez voir ___clater de rire le chef Gilbert, chantez-lui Å la claire fontaine.
1 s'é
2 é
3 (N'importe)
4 (Selon la nuance de sens)
Tu dis que ton frère aime son travail! Il paraissait s'____ intéresser; en fait il s' ____ désintéresse complètement.
1 y, y
2 en, en
3 y, en
4 en, y
Améliorer ma condition? Mais, je ____ efforce en travaillant avec acharnement.
1 m'y
2 m'en
3 me le
4 (Selon le sens)
En médecine aussi il faut savoir magasiner. Il ____ va de votre santé.
1 en
2 y
3 (N'importe)
4 (Selon le sens)
Une fosse septique peut vous causer des problèmes auxquels vous ne vous ___ attendiez pas, surtout à des moments où, de votre argent, vous ___ avez le plus besoin.
1 y, en
2 y, (Rien)
3 (Rien), en
4 (Rien), (Rien)
Réaction 63


Sans doute, du moins si l'on veut faire un tour complet des morphèmes de la position énonciative. Il y en a quelques uns d'irremplaçables: se d'abord; ensuite y et en. Que ces derniers se fassent appeler adverbes pronominaux ne doit pas nous induire en erreur. Sans doute, on a de la peine à y voir des personnels. Mais l'on se souvient que il et elle non plus ne désignent pas toujours des personnes et de toute façon cette notion de personne n'est pas essentielle car il s'agit d'actants, qui ne sont des personnes que pour certains verbes. On peut proposer comme 4e actant un complément avec de qui sera introduit dans le groupe verbal par en. (Il se souvient de ça ==> il s'en souvient).

Se prend toute sa valeur quand il désigne le même référent que le sujet. Il permet de distinguer, à la troisième personne, entre il le tient et il se tient. L'action est dite réfléchie sur le sujet. Se donne un objet qui n'est autre que le sujet, et cela tant pour le masculin singulier que pour le féminin ou pour le pluriel. On a vu plus haut que les verbes pronominaux ne donnent pas toujours à se la valeur pleinement réfléchie (On ne s'aperçoit de rien. Le rocher s'aperçoit de loin.) et que c'est alors qu'ils sont pleinement pronominaux. C'est qu'alors se a perdu sa valeur référentielle, se réduisant à une utilité grammaticale (pourquoi prendre un actualisateur comme marque d'une voix?!) Retenons ici que se comme morphème, a lui sa pleine valeur quand il désigne effectivement comme objet le référent du sujet.

On a se à la 3e personne, du pluriel comme du singulier, mais me ou nous à la première, te ou vous à la deuxième (je me tiens, vous vous tenez). La valeur est alors d'autant plus claire car il n'y a pas de grammaticalisation vers une voix pronominale.

Peut-on réunir en et y? Qu'ont-ils de commun et de distinct?
Il ____ donc très bien pu y avoir des chanteuses parmi les citoyennes romaines.
1 y a
2 a
3 (N'importe)
4 (Autre chose)
Mon frère avait oublié de fermer la porte; le singe ______ a profité pour fuir.
1 (Rien)
2 en
3 y
4 (Selon la nuance de sens)
Elle cassa la noix de cola ______ mangea une partie.
1 et
2 et en
3 et y
4 et la
Si ___ entre dans les détails, ___ aurai pour une heure.
1 j'y, j'en
2 j'y, j'
3 j', j'en
4 j', j'
Réaction 64


On s'en aperçoit. C'est dire qu'on s'aperçoit de la chose. On s'y attend. C'est dire qu'on s'attend à qqch. Ces deux morphèmes (ils ne prennent place qu'à l'intérieur du syntagme verbal) ne seraient-ils pas, eux aussi, des actants? On les appelle souvent adverbes pronominaux, mais c'est une catégorie hybride dont on pourrait sans doute faire l'économie. Pourquoi y et non lui pour les compléments avec à? Parce que lui, c'est une personne? À moins que y ne soit un lieu?
La propriété collective est une solution. Il faut sans doute __ apporter des nuances, mais c'est une façon de rendre possibles des investissements importants.
1 y
2 lui
3 (Au choix, mais de préférence 1)
4 (Au choix, mais de préférence 2)
Réaction 65


Il est vrai que, pour les personnes, lui doit être préféré ; et que y convient particulièrement pour les lieux (J'y vais = là, mais pas nécessairement, il peut vouloir dire seulement que l'on se met en route au sens figuré, que l'on va commencer à faire qqch. J'y veille ne veut pas dire que l'on veille à un certain endroit, mais à une chose qui demande une action).

L'évolution de en est étroitement parallèle. Ce morphème provient du latin inde, qui veut dire "de là". Lui aussi a pris un sens élargi. Je n'en ai rien obtenu équivaut à Je n'ai rien obtenu de lui. Il faut remarquer pourtant que si lui désigne une personne, le tour avec de lui sera plus châtié, alors que pour une chose, ce sera le contraire. Retenons que en sert à exprimer tout actant, de préférence non personnel, construit avec de ; comme y, tout actant qui ne vise pas une personne, construit avec à. Dans cette construction interne au syntagme verbal, en se présente donc comme comparable à y.

En somme, il existe dans le syntagme verbal un morphème objet indirect équivalent d'un complément avec à, un autre équivalent d'un complément avec de. On y a vu un adverbe parce qu'il pouvait remplacer un complément circonstanciel, mais les circonstances sont dans l'environnement : quand le verbe ne peut se construire sans elles, elles deviennent nécessaires, indispensables, et donc plus proches des actants que des circonstants (bien qu'elles en gardent la forme). Parler de circonstants est créer une catégorie grammaticale de localisation dans le temps ou dans l'espace qui ne correspond pas nécessairement à une forme précise. Mieux vaut parler de circonstance au niveau des contenus, mais d'actualisation sans plus, et d'actanciation (voir chapitre suivant) en syntaxe. Rien ne semble empêcher de ranger en et y parmi les actants. Ils ont d'ailleurs pris une extension telle, avec cette valeur, qu'ils peuvent désigner non seulement un endroit mais un objet, une idée, un sentiment, un événement, une action... tout sauf une personne (et encore, dans le langage familier, cela arrive facilement : je m'en souviens).

On peut observer une telle grammaticalisation de en qu'il représente même un partitif (Il a de la bière ==> il en a)!

Le relatif.

Curieusement, le relatif, tout le monde connaît. Mais de là à pouvoir le définir...Si vous deviez en parler, qu'aimeriez vous montrer?
C'est un acteur ____ on a beaucoup parlé de lui dans les années soixante-dix.
1 ,
2 qu'
3 dont
4 de qui
Cet appareil... Quand il y a une situation ____ on a besoin de l'utiliser, on va s'en servir.
1 qu'
2 dont
3 (Selon la nuance de sens)
4 (Autre chose)
Un peu de pluie ______ fait que nous ne sommes guère sorties.
1 qui
2 a
3 qui a
4 (Autre chose)
Réaction 66


Il a un antécédent. Il relie une proposition (un groupe verbal) à un nom. Il doit avoir une fonction dans le groupe qu'il attache. C'est un actualisateur (pronom le plus souvent) et un lien à la fois. (Son étude comme lien pourrait prendre place dans le module 14)

Regardons-le dans sa forme. Qui, que, quoi, dont où; lequel, laquelle, auquel, à laquelle, auxquels, auxquelles, duquel, desquels... Il y a presque toujours un /k/, forme sonore du lien minimal des groupes verbaux (que), en sorte qu'il attache le verbe qui le suit ; mais comme il l'attache à un nom qui précède (l'antécédent), il ne se contente pas d'attacher comme fait la conjonction, placée entre deux verbes. Ex.: "Le duché de Nevers est vendu par les Gonzague à Mazarin, qui le donne aux Mancini". Qui le donne dépend de Mazarin mais le relatif ne fait pas que rattacher le groupe verbal de donne. Il a en outre un rôle actanciel à jouer dans ce groupe, il indique aussi que c'est Mazarin (déjà objet indirect de est vendu) qui est sujet d'un verbe qui suit. Le relatif fait donc trois choses : il représente un nom déjà énoncé, il lie un groupe verbal, et il est actant dans ce groupe. Ainsi est-il bien nommé (relatif) et son groupe également (relative). Il y joue le rôle qu'y aurait eu son antécédent, en plus de celui que ce dernier a déjà dans le groupe qui précède. Autrement dit, il lie mais en représentant son antécédent (qui a une fonction dans le groupe noyau) et en assumant aussi une fonction dans le groupe suivant.

Ces trois choses sont ce qui le distingue du que simple conjonction, qui n'a que le rôle de lien (Je vois que tu récites / Je vois ce que tu récites).

Mais y a-t-il toujours un antécédent? Quand rencontre-t-on qui ou que sans antécédent?
Je vois ____.
1 qui c'est
2 c'est qui
3 qui est-ce
4 (Selon le sens)
Le roi départit ses faveurs à ____ lui plaît.
1 qu'il
2 qui il
3 qui qu'il
4 (Selon le sens)
Je ne sais que dire. Que est _____.
1 la conjonction de subordination
2 un pronom relatif
3 un morphème qualifiant (ne...que = seulement)
4 un actualisateur
Voilà ___ nous change agréablement des poursuites automobiles!
1 qui
2 qu'il
3 ce qu'il
4 celui qui
Réaction 67


En début de phrase! Qui est là? Que fais-tu? Il s'agit d'un interrogatif. L'interrogatif a les mêmes formes que le relatif (sauf dont). On comprend qu'il puisse se passer d'antécédent mais ce qui peut paraître plus curieux est ce semi-relatif, qui a les trois rôles du relatif mais pas d'antécédent... ou si peu (/s/ = ce).

Aimeriez-vous tenter de retracer dans un ordre croissant les étapes de ces relations établies par /k/ entre le groupe verbal subordonné et son noyau verbal ou son pivot nominal? Ce serait peut-être le moyen d'y voir plus clair?
Ces poèmes surréalistes sont de vraies énigmes _____ n'a pas fait son apprentissage en endophasie (paroles entendues en rêve).
1 auquel
2 à celui qui
3 à ce qui
4 à qui
Tâche de t'informer de tout _____ qui pourrait me concerner.
1 qu'est-ce
2 ce que c'est
3 ce
4 quoi
Réaction 68


On distingue cinq arrangements où le relatif classique, loin de former une classe à part, est seulement la variante la mieux identifiée.

1. Partons du plus élémentaire : la complétive objet avec son pur lien : Il sait qu'il veut (complétive directe, qu' conjonction sans plus).

2. Mentionnons une forme très proche : Que veut-il? Qui veut-il? C'est l'interrogatif. Y a-t-il un lien? Non puisqu'il n'y a plus qu'un seul verbe! Donc que ne lie plus, mais comment en est-il arrivé à représenter quelque chose que la réponse sera chargée de désigner? Parce l'auditeur va se charger de meubler ce qui doit suivre le lien dépourvu de suite, le /k/. Il y a une question, une demande de réponse. Le référent du que ou du qui est dans l'environnement de l'interlocuteur. Et puisque ce qui devrait suivre est un référent, il y a cette fois une fonction actancielle pour le petit /k/. On vient de créer ce qui pourra devenir un relatif.

3. Il sait qui viendra. On appelle cette forme l'interrogatif indirect du fait de sa dépendance d'un verbe noyau initial (qu'on s'imagine pouvoir supprimer). On est sans doute encore à deux pas de l'interrogatif mais ce n'est plus une question. La réponse n'est pourtant pas encore là (comme ce sera le cas pour le relatif, dans l'antécédent). On est déjà si proche du relatif, avec un qu- reliant deux groupes et subordonnant celui où le mot grammatical étudié trouve sa fonction. Pourtant, c'est un faux relatif car il n'y a pas d'antécédent. À moins que l'on ne puisse dire qu'il est son propre antécédent? Oui, dans la mesure où il a une fonction non seulement dans le groupe suivant mais déjà dans le groupe précédent (Il sait qui).

La preuve qu'il n'est pas un vrai relatif, c'est qu'il vise un animé personnel, alors que le relatif qui vise n'importe quel sujet dans la relative. Ici, il pourrait aussi bien être objet direct dans la proposition qui le suit. Il sait qui il veut dans son équipe. On pourrait l'appeler semi-interrogatif.

Y a-t-il un que de même construction? Non et oui. Non parce que rien ne le distinguerait de la conjonction sans plus, mais oui s'il est suivi d'un infinitif au lieu d'un verbe conjugué. On a même le choix entre la forme atone et la forme tonique : quoi. Il sait quoi vouloir / il ne sait que dire (semi-interrogatif, comme le qui précédent, mais désignant cette fois une chose et non une personne).

4. Maintenant, comment combler la case vidée du fait que nous avons dû, au point 3, passer à l'infinitif pour former la construction avec que? Comment construire un verbe qui serait conjugué tout en se subordonnant au précédent par son objet direct? Eh bien, il suffit d'insérer le son /s/, un démonstratif ce, qui va s'unir au qu- pour former le lien /ske/ ou /ski/ (c'que, c'qui). Il sait ce que je vais dire. Il sait ce qui ne va pas.

Certes, on analyse normalement ce qui en deux mots bien distincts, dont l'un est dans le premier groupe et l'autre dans le second, au titre d'antécédent et de relatif, respectivement. Il en est ainsi quand ce est étoffé en celui, celle, ceux. Et il en fut ainsi tant que ce a été prononcé à la méridionale, formant un groupe. Aujourd'hui qu'il s'unit fortement à que ou qui, mieux vaut sans doute y voir une variété de lien qui actualise les deux verbes au moyen d'un seul actant, à l'instar du semi-interrogatif qu'on a vu plus haut. Mais on se trouve ici dans une nouvelle catégorie, avec une forme plus marquée (sk) et une nouvelle valeur, toute proche de celle du relatif puisque, cette fois, le qui est seulement sujet syntaxique et le que, objet direct. Comme la réalité sonore oblige à mettre le ce au début du second groupe et non à la fin du premier, on peut dire qu'ils forment ensemble un nouveau lien, un relatif à part, pas loin du semi-interrogatif : un semi-relatif. Résumons : ce qui, ce que (ski, ske) est semi-relatif (relatif sans antécédent).

5. La série est complète en arrivant maintenant au relatif normal, avec antécédent lexical. Il voit le garçon qui viendra, / qu'il veut. Ici apparaissent des combinaisons avec toutes sortes de prépositions. Le garçon avec l'aide de qui il répare sa bicyclette.

6. La forme composée (lequel, duquel auquel) est indispensable pour le relatif circonstanciel ou complément indirect (Le livre à propos de qui / de quoi / nous nous sommes affrontés ==> duquel), sauf si l'antécédent est un animé personnel (le garçon de qui / le chat duquel je me souviens).

Voici quelques phrases où vous pouvez identifier les six étapes : conjonction, interrogatif, semi-interrogatif, semi-relatif, relatif simple, relatif composé.


Il paraît que la poésie n'est pas faite pour être comprise. Que choisir? On ne sait
que faire. Moins on sait ce que c'est et plus on se retranche derrière la forme
versifiée. Le poème qu'on a lu cent fois est celui par lequel on accède à la beauté
de la langue.
Parviendrez-vous à composer une série de phrases analogues?
Réaction 69


On peut voir dans qui un lien (qu-) et un pronom (i pour il). Voici quelques emplois. Demandez-vous quel est le pivot et le noyau de chaque qui.
Ce sont des hommes de petite taille, mais ça ne veut pas dire qu'il s'agit de pygmées. Dans les montagnes, ils manquent de certains aliments essentiels, ________ à une réduction de la taille.
1 ce qui conduit
2 qui conduisent
3 (Au choix, mais de préférence 1)
4 (Au choix, mais de préférence 2)
Il y a pour le moment à Cuba une pénurie de cet excellent café _____ affecte l'économie du pays.
1 , ce qui
2 qui
3 (Au choix)
4 (Autre chose)
La personne que vous cherchez n'est pas celle à ______ nous avons donné notre aide.
1 qui
2 laquelle
3 (N'importe)
4 (Selon le contexte)
Le match, que nous attendions avec impatience et ___ promettait d'être intéressant, a été remis.
1 lequel
2 qui
3 (N'importe)
4 (Autre chose)
Réaction 70


Ce et conduit, celle et avons donné, ce et affecte, match et promettait. Qui est sujet mais ne désigne pas une personne, sauf dans l'avant-dernier cas, où c'est le contraire : il désigne une personne mais n'est pas sujet de son noyau. On peut observer que le relatif est une grammaticalisation de l'idée de sujet. Dès qu'il n'est plus sujet, il faut qu'il désigne une personne (un animé humain). C'est le cas du complément prépositionnel (à qui, de qui, etc.) comme de l'interrogatif ou du semi-interrogatif (Je sais qui appeler). Ces formes, moins grammaticalisées, sont sans doute antérieures.

Les relatifs simples sont : qui, que, quoi, dont, où. Peut-on remplacer dont par de qui ou de quoi?
Nous avons quelques amis ___ nous sommes sûrs.
1 dont
2 de qui
3 desquels
4 (Selon la nuance de sens)
Réaction 71


ne sert-il que comme relatif, et que pour le lieu?
Le surveillant m'indiqua la place ______ je devais occuper.
1 où
2 que
3 dont
4 laquelle
Les voleurs ont réussi à pénétrer dans deux de ces maisons ______ l'accès est très difficile.
1 où
2 dont
3 auquel
4 desquels
Le jour ____ voulut demander l'asile politique, les services d'immigration retrouvèrent sa fiche.
1 où il
2 qu'il
3 (N'importe)
4 (Selon le sens)
--- Et ne commence pas par le dessert! --- Je commencerai par ______ j'ai envie de commencer.
1 ce que
2 ce dont
3 quoi
4 où
Å l'heure ________ il est venu, je n'étais plus là.
1 à laquelle
2 où
3 qu'
4 (1 ou 2, au choix)
Cet optimisme ne cadre pas avec la fin du poème, ____ Rimbaud se donne pour irrécupérable.
1 où
2 là où
3 (N'importe)
4 (Selon le sens)
C'est là ______ on en est.
1 où
2 qu'
3 (N'importe)
4 (Selon la nuance de sens)
La rupture se produit ____ le père d'Antoine vient lui reprocher d'avoir quitté le travail dans la forêt.
1 au même moment où
2 au moment que
3 au même moment que
4 (Autre chose)
Réaction 72


Avec le même moment, le noyau est spécifié par même et la relative ne peut plus être déterminative (il faut une virgule). On peut ajouter une relative mais dans un autre acte de parole. La rupture arrive au même moment que pour son ami, celui où le père Antoine lui reproche... Ou: La rupture arrive au même moment que pour son ami, celui qu'avait choisi le père Antoine pour lui reprocher...

Quoi, forme tonique de que, se rencontre-t-il aussi comme relatif objet?
Les téléromans, c'est quelque chose avec ______ les gens peuvent s'identifier.
1 lesquelles
2 laquelle
3 lesquels
4 quoi
Il termine la première partie de son exposé théorique en posant clairement le problème: ___ faire avec ce ___ nous avons?
1 Que, que
2 Que, quoi
3 Quoi, que
4 Quoi, quoi
La chaise sur ______ vous êtes assise me vient d'un arrière-grand-oncle.
1 qui
2 quoi
3 laquelle
4 (Au choix)
Réaction 73


Que, syllabe atone, doit passer à quoi pour servir de noyau à un groupe. Les formes composées n'ont évidemment pas ce problème et acceptent n'importe quelle préposition, de même que qui.

Ces formes peuvent-elles aussi servir d'exclamatif?
Et ______ vous aviez raison!
1 que
2 comme
3 combien
4 (N'importe)
Réaction 74


Le lien minimal, un simple que suffit à l'exclamation. Voici d'ailleurs un tableau très complet des actualisateurs et des qualifiants correspondants.

LES MORPHÈMES


ACTUALISATEURS ET QUALIFIANTS


(articles, adjectifs démonstratif, possessif, numéraux, indéfinis, pronoms, adverbes)
VALEUR FORME
Au syntagme nominal comme adjectif Au syntagme verbal
comme actant
Au qualifiant, comme qualifiant (adverbe)
UNITÉ
négation de l'unité
un seul (-e)
pas un (-e)(seul)...ne
aucun (-e,-s)...ne
nul (-le,-s)...ne
un seul (-e)
personne ne, rien ne
aucun (-e,-s) ne
nul (-le,-s) ne
seulement
(ne) pas seulement
(ne) pas
non
MULTIPLICITÉ
nég. de la multiplicité
quantité
nég. de la quantité
comparatif d'égalité
comparatif positif
comparatif négatif
superlatif
superlatif négatif
suffisance
suffisance négative
suffisance excessive
deux (trois, ...)
pas deux (trois,...) plusieurs, beaucoup de75 
tant de, tellement de
peu de
autant de
plus de
moins de
la plupart des, le plus de
le moins de
assez de
pas assez de
trop de
les deux (trois, ...)
plusieurs, beaucoup
tant, tellement
peu
autant
plus
moins
la plupart
assez
pas assez
trop
deux fois (trois, ...)
plutôt, très
si
peu
aussi
plus
moins
le plus, des plus
le moins, des moins
assez
pas assez
trop
EXTENSION
distribution
négation de l'extension
tout le (-e la, -s les, -es les)
chaque, tout (-e)
pas tout le (-e la, -s les, -es les)
tout (-s, -es)
chacun (-e)
l'un... l'autre...
tout (-e, -es (!))
tout à fait
spécialement
un à un
pas tout à fait
presque, quasi
GESTE
montrer dans le contexte
ce (-t, -tte, -s)
ce ...-ci (-là)
ce, ceci, cela
celui-ci, celle-, ceux-
celui-là, celle-, ceux-
ce qui, celui qui, celle qui, ceux qui
ci-dessus
là-dessus
montrer
dans le co-texte
le, la, les
au, aux, du, des
il (-s), elle (-s) sujet
le, la, les objet direct
y, en objet indirect
PERSONNE
sujet
objet direct
réfléchi
objet indirect avec à
objet indirect avec de

{mon, ton, son
ma, ta, sa
mes, tes, ses
notre, votre, leur
nos, vos, leurs}76 
je, tu, il, elle,
nous, vous, ils, elles
me, te, le, la
nous, vous, les
se
me, te, lui,
nous, vous, leur, y
en77 
personnellement
Et dans le groupe du nom, propre, qualificatif grammaticalisé.
LIEU ce ... -ci, ce ... -là y, en (de là) ici, là78 
SUBSTITUT d'actualisation un (-e, des) on
ça
substitut de qualifiant un tel ... (une telle, de tels, de telles) tel (-le, -s) ainsi
Ainsi, ...79 
substitut déclaré comme tel quelque (-s)
n'importe quel
quelqu'un (-e)
quelque chose
substitut précisé quant à soi certain (-e, -s)
un certain n. propre
certains (-es)
IDENTITÉ
altérité
morphème + même (-s) + nom
morphème + autre (-s) + nom
moi-, toi-, lui-, elle-, nous-, vous-, eux-même (-s)
un (-e) autre
vraiment
autrement
PRONOM RELATIF
(lien + actualisateur)
relatif qualifiant
relatif généralisant

lequel, laquelle, lesquels, lesquelles80  + nom
un (-e) quelconque + nom; n'importe quel (-le, -s, -les) + nom
qui (à ..., de ...), que, quoi (à ..., de ...), dont, où (d'...)
lequel, laquelle, lesquels, lesquelles
quiconque, n'importe qui (... quoi, ...où)
relatif libre (interrogatif ou semi-libre) quel (-le, -s, -les) + nom (?,!) qui (à ..., de ...), que, quoi (à ..., de ...), où (d'...) (?) Où, quand, combien, comment, pourquoi (?)


EXERCICE

Trouver des phrases qui contiendraient un exemple pour chacune des cases du tableau! Non, c'est trop fastidieux. Mais pointer les cases qui peuvent vous apporter quelque chose, les moins connues ou celles qui contiennent des cas litigieux.

Noter ses hésitations et tenter d'expliquer ce qui fait que l'on hésite. Communiquer ses doutes pour voir s'ils sont faciles ou difficiles à résoudre. Se référer au tableau ci-dessus.

Réaction 75


 +  *         *                 +      *                   
Et le grillon s'était endormi dès que la dernière bluette
              *                 +    *        +   *
avait éteint sa dernière lueur dans la cendre de la cheminée.   
Actualisent : le, s', la, sa, la, la. Le s' est un objet identique au sujet le grillon (pronom réfléchi). Le sa attache la lueur à la «bluette», petite étincelle bleutée. Ce sont des troisièmes personnes et on se trouve dans un énoncé (qui est d'ailleurs un récit : accompli dans le passé comme temps des verbes).

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