.

AGENCEMENTS. PONCTUATION.

...en voulant trop gagner.

La Fontaine tire de ce héron victime de ses exigences raffinées la morale : «On hasarde de perdre en voulant trop gagner.» Cet oiseau au long bec voulait gagner trop (...1 en voulant 2 trop gagner ). Ou bien, comme un champion olympique nerveux, le voulait-il trop? (...1 en voulant trop 2 gagner ).

Trop modifie gagner dans le premier cas, il en dépend; il modifie voulant, dans le second, il passe du niveau 2 (gagner, complément) au niveau 1 (celui du noyau de la phrase).

Faites ce type d'analyse avec l'exemple suivant : Il n'y a pas moyen d'avoir de rendez-vous avant lundi. Y a-t-il aussi deux sens possibles? Lesquels? Et deux façons d'accrocher avant lundi?

Sera-t-on reçu lundi? 1 Il n'y a pas moyen2 d'avoir3 de rendez-vous3 avant lundi. Ou bien ne saura-t-on que lundi à quel moment on pourra être reçu? 1Il n'y a pas moyen 2 d'avoir3 de rendez-vous2 avant lundi. Au sens 1, avant lundi s'accroche à d'avoir (de rendez-vous). Ce syntagme ayant l'indice 2, avant lundi doit avoir l'indice 3. Au sens 2, avant lundi dépend de Il n'y a pas moyen d'avoir etc. Il a cette fois l'indice 2 car Il n'y a ... a un indice 1.

Les groupes syntaxiques ne peuvent avoir entre eux que trois types de rapport. Ou bien ils sont à égalité, ou bien l'un domine l'autre, ou bien l'un est dominé par l'autre. Ils peuvent être juxtaposés ou coordonnés (égalité), mais le plus souvent, ils sont accrochés en subordination, recevant chacun un noyau (qui pourrait se trouver dans le groupe) ou un pivot (en dehors du groupe). Ainsi peut-on rassembler en une seule notion ce qui concerne les liens syntaxiques de subordination : la proposition "principale" (noyau de la phrase), le substantif "antécédent" (pivot de la relative), le verbe "modifié" par un adverbe, l'attribut (dont le verbe est le noyau et le sujet le pivot). Tout syntagme subordonné s'accroche quelque part à quelque chose.

Suffirait-il de ces trois types de rapport (et donc de numéroter les syntagmes une fois qu'ils ont été délimités) pour rendre compte de tous les agencements?

En effet. Les agencements sont habituellement décrits sous forme d'arbres (un tronc, des branches, des brindilles, au gré du déroulement de la phrase). Les schémas de Tesnière ou ceux, plus connus, de Chomsky, rendent compte de ceci mais comme ils partent d'une division en mots graphiques, ils doivent pénétrer dans chaque groupe syntaxique : on se perd dans les détails. La combinatoire est plus maniables entre groupes. Il y a avantage à se contenter de partir des groupes déjà constitués (avec les actualisateurs et les liens syntaxiques devant le noyau lexical et ses qualifiants éventuels). On traite d'ensembles qui sont déjà dotés d'un statut conceptuel (par le noyau lexical), d'une réalité référentielle (par l'actualisation) et d'une fonction syntaxique (par le lien). L'arbre est plus simple : un découpage en syntagmes indicés suffit à le constituer. Il devient possible de le tracer dans le texte même, sans accumuler des pages et des pages de schémas ni rien devoir recopier.

Quel intérêt présentent les agencements des phrases? Est-ce un sujet important?

L'agencement est à la syntaxe ce qu'est la combinatoire aux mathématiques. Les développements théoriques sont peu nombreux mais la pratique est journalière. Dès que l'on dispose les éléments de la phrase, il faut décider des emplacements respectifs en fonction des possibilités de sens qui en découlent. Les parties étant des groupes syntaxiques, autrement appelés syntagmes, l'étude de leur agencement pourrait recevoir le nom de syntagmatique. Pour l'utilisation de la méthode sur des textes littéraires, cf. Conrad Bureau, Linguistique fonctionnelle et stylistique objective.

Le numérotage des groupes syntaxiques.

Indicer est assez simple. Premier principe : deux syntagmes coordonnés ou juxtaposés ont le même indice. Exemple: 1 La guerre 1 et la paix. Second principe : un syntagme subordonné a l'indice de son noyau +1. Ex.: 1 Le faux col 2 blanc. En effet, blanc dépend de faux col.

Si la même suite de mots avait un autre sens et désignait un employé de bureau (un col blanc) qui n'en serait pas un (qui serait faux), allongerait-on le au de faux? Ne fera-t-on pas deux groupes?

En effet. Le qualificatif devient syntagme inséré et reçoit donc un indice : 1-2le faux 1col blanc, avec une limite ajoutable, facultative, ou pas de subdivision (1Le faux col blanc).

Dans un acte de parole, par exemple une phrase complète sans virgule, on va pouvoir désambiguïser en tenant compte de la profondeur des coupes syntagmatiques. Prenons la phrase : Il a aussi appelé Maryse. Le découpage donne trois syntagmes quel que soit le sens. La phrase peut vouloir dire : 1º, "lui aussi, il..."; 2º, "il a appelé aussi (et pas seulement envoyé des fleurs)"; 3º, "c'est Maryse aussi (pas seulement Myriam)". Bien entendu, à chacun de ces sens correspondrait une façon différente de prononcer, bien que la graphie gomme toutes ces nuances. Mais il suffirait de déplacer aussi pour les expliciter. Formulez trois variantes conformes aux trois sens.

2Lui3aussi1a appelé2Maryse. 1Il a appelé2Maryse3aussi. 1Il a appelé2 aussi2 Maryse.

Ceci étant dit, comme peut-on, mais cette fois sans déplacer aussi, prononcer et marquer la phrase Il a aussi appelé Maryse, des trois façons?
||1*  =.= /2-.-.-|1======\2*_____ ||
    Il  a  aussi  appelé  Maryse.

 ||1*  =.= -.-.-/1====== |2*____ ||
    Il a   aussi  appelé  Maryse.

 ||1 *  =.= -.-.-/1 ====== /2*_____ ||
    Il a   aussi  appelé    Maryse.

Le découpage en syntagme est aussi différent que le sens et cela au moyen de l'effacement de certaines coupes. Les durées qui sont les plus marquées ont une valeur décisive. Elles reçoivent un accent d'intensité. On remarquera la présence d'un accent, 1º sur le i de aussi (qui est dans le groupe de il); 2º sur le é de appelé, ou 3º sur le y (et c'est alors de Maryse qu'il s'agit). Cet accent essentiel indique où se trouve le propos assertif. En s'ajoutant à une syllabe déjà tonique, il en augmente la durée et rend donc la coupe syntagmatique d'autant plus nette. Autrement, elle est effacée. Il n'en reste qu'une trace. On peut inclure le tout dans un seul mot phonétique.

Or ces trois possibilités de sens et de prononciation correspondent aux trois agencements selon lesquels aussi peut porter respectivement sur chacun des syntagmes. Même sans changer de place. À cause du découpage (marqué par les allongements syllabiques). Étant qualifiant délexicalisé, aussi se trouve près du verbe plus facilement qu'ailleurs mais cette place privilégiée ne l'empêche pas de s'accrocher à un des actants...

Graphiquement, les trois phrases paraissent donc identiques. Phonétiquement, le découpage est distinct. Pour l'agencement, la version 1 n'a que deux groupes syntaxiques (Il a aussi quoi? Appelé Maryse). La version 2 également (Il a aussi appelé qui? Maryse). La version 3 n'en a plus qu'un. (Il a aussi appelé Maryse est prononcé d'un trait).

On voit ici toute l'importance de la délimitation. Si le séparateur est facultatif ( ), il est plus simple de n'en pas tenir compte. L'arbre n'en sera que plus net. Par contre, s'il est effaçable mais probable, on peut se trouver devant une différence de sens! Deux numérotations concurrentes sont alors requises. En voici un exemple.
LA PREMIÈRE USINE ATOMIQUE DÉMANTELÉE
1) On annonce le démantèlement de la première usine atomique.
2) On annonce le premier démantèlement d'une usine atomique.
3) (N'importe) 4) (Selon le contexte)
Réponse Selon le contexte. Pour que la rép. 2 soit la plus vraisemblable, il faut que le public espère la fin de l'engouement pour l'énergie atomique.
Mais LA PREMIÈRE USINE ATOMIQUE, DÉMANTELÉE (rép.1)
Remarque. Un groupe syntaxique peut contenir plusieurs mots lexicaux. Le sens dépend alors de leur hiérarchisation implicite.

La longueur du /ik/ rend audible le sens visé. Avec un i long, le syntagme s'achève sur atomique. Pour que la bonne réponse soit 2, il faut mettre usine, atomique et démantelée dans le même ensemble de groupes, avec seulement des limites facultatives.

Mais comment savoir par où commencer la pose des indices? Quel est le syntagme qui doit avoir le numéro 1?

Pour commencer à placer des indices d'agencement, il faut trouver la proposition principale, le groupe dont tous les autres dépendent, directement ou indirectement.

Le pivot.

Le groupe est une plaque tournante. Il accroche d'autres groupes et, les réunissant à lui, s'accroche ailleurs. L'exemple le plus connu de pivot est l'antécédent du relatif. Dans les salades qu'avait récoltées sa belle-mère, comment numéroter?
10 

On numérote 1, 2, 3, en toute simplicité, car avait récoltées dépend de salades et sa belle-mère, du verbe dont elle est le sujet (auquel elle est assujettie).
Voici les papiers que l'administration peut réclamer.
Délimiter les groupes syntaxiques et numéroter.
1) (1)Voici (2)les papiers (3)que l'administration (4)peut réclamer.
2) (1)Voici (2)les papiers (3-4) que l'administration (3)peut réclamer.
3) (2)Voici les papiers (2)que l'administration (1)peut réclamer.
4) (4)Voici les papiers (3)que l'administration (1)peut (2)réclamer.
11 
Réponse (1)Voici (2)les papiers (3-4)que l'administration (3) peut réclamer.
Règle Bien que le verbe s'accorde avec le sujet (ce qui relève de la morphologie), en syntaxe, c'est le sujet qui dépend du verbe. Explication Autrement, il ne serait pas au niveau des autres actants.
Rem. L'étymologie confirme que c'était déjà l'idée des grammairiens latins: subjectus veut dire «jeté sous», «subordonné».

Mais (1)Voici (2)les papiers (3)que peut réclamer (4)l'administration.
Règle Dans une relative, on peut postposer le sujet au verbe s'il est autre chose qu'un pronom personnel et s'il n'y a pas d'objet direct avec lequel on puisse le confondre.
Peut-être que les poubelles sont déjà passées. Diviser et numéroter.
1) (1)Peut-être (2)que les poubelles (3)sont déjà passées.
2) (3)Peut-être (1)que les poubelles (2)sont déjà passées.
3) (2)Peut-être (2)que les poubelles (1)sont déjà passées.
4) (Autre chose)
12 
Réponse Autre chose: (1)Peut-être (2-3)que les poubelles (2)sont déjà passées.
Mais (2)Peut-être (2)les poubelles (1)sont-elles déjà passées.
Définition La proposition dite «principale» est le groupe verbal dont dépendent les autres groupes, directement ou indirectement. Ceux-ci lui sont subordonnés. Elle est le noyau de la phrase. Mais Ce rôle n'est pas réservé à un groupe verbal. Ex. (1)Heureusement (2-3)que le chien (4)qui t'a mordu (2)n'était pas enragé.
Explication Le que subordonne le verbe à Peut-être.

Il y a donc des subordinations rattachées les unes aux autres mais au moins un groupe auquel, directement ou non, tout le reste s'attache. Le trouver est la première chose à faire puisque tous les autres ont un numéro supérieur au sien.

Limite supérieure des groupes.

Est-ce bien en phrases que se regroupent les syntagmes? Que se passe-t-il quand la phrase contient plusieurs actes de parole? Serait-ce eux, la limite supérieure des agencements?
13 

On pourrait reprendre le marquage à 1 dans chaque acte de parole. Le lien entre les actes de parole est parfois syntaxique, mais pas nécessairement. Il est d'abord de type énonciatif. Les fonctions des actes de parole (segments séparés par des virgules) ne sont pas toujours celles de la syntaxe (sujet, complément, etc.) mais elles sont (presque) toujours celles de l'énoncé ou de l'énonciation. Pouvez-vous indiquer l'une ou l'autre de ces fonctions énonciatives?
14 

Il s'agit de constatation, thème, prédicat, récit, prise de position, appel, injonction, aveu, situation, citation, etc. Entre ces fonctions, qui ne s'excluent pas mutuellement, il serait difficile d'introduire une hiérarchie. S'il y a des subordinations nettes en syntaxe, il n'y en a plus en pragmatique. La chose est évidente dans le langage parlé. Ex.: Ainsi, trois petits trilles, vous voyez d'ici, puis il saisit le tambour au vol, question prodige, ça efface tout, si, ils applaudissent! Mettre des points serait séparer trop, mais ces virgules paraît trop peu. Des points virgules... ce serait autre chose. Des traits obliques, plutôt; ou mieux : les intonations, suspensives, allusives... Autant enregistrer plutôt que de mettre par écrit!

Les liens syntaxiques ne sont pas totalement absents, entre les actes de parole. Voyons de plus près un exemple plus "écrit". Prenons ce qu'on appelle une dislocation à gauche.

Dans une construction avec dislocation (Bob, il est...), on a un lexème qui reprend, anticipativement (dit-on), un pronom atone. Si l'on part du noyau verbal est, Bob est sans doute une anticipation de il. Mais si on suit le sens de la phrase? Bob, au début, puis la virgule, c'est un thème (on annonce qu'on va parler de lui). Il est poursuit le discours en ajoutant à Bob un prédicat qui est l'acte de parole principal. La virgule sert-elle à séparer les parties d'une phrase normale complète?
15 

La phrase normale serait Bob est..., sans virgule. La virgule n'est pas là pour découper la phrase dans ses parties syntaxiques puisqu'une phrase normale, où chaque complément serait à sa place normale, n'aurait pas de virgule (Bob est vraiment content ce soir de voir toute sa famille réunie autour de lui dans sa chambre d'hôpital après ce terrible accident où il n'a échappé à la mort que par miracle). La virgule est là (comme le coup de glotte si la phrase est orale) pour séparer des actes de parole, ensembles de groupes, regroupements de syntagmes où tous les liens syntaxiques opèrent des rattachements sans ruptures ni reprises. Il faut une virgule entre Bob et il car on ne peut avoir deux fois la même fonction dans le même acte de parole. Mais dès qu'on se trouve dans un autre acte de parole, on peut tout reprendre, dire les choses autrement. L'acte de parole est donc un sous-ensemble de la phrase mais qui peut regrouper les syntagmes à sa manière. C'est en lui que se réunissent syntaxiquement les groupes.

Est-ce à dire que les actes de parole n'ont pas entre eux de liens de type syntaxique?
16 

Il arrive constamment que des connecteurs et des fonctions syntaxiques franchissent les limites de l'acte de parole. Avec Bob, il faut se tenir à carreau. Mais la place d'un groupe est dans l'acte de parole où il a son point d'attache. Ainsi, quand la dislocation est au début, le groupe syntaxique n'a pas besoin d'être introduit par une préposition; sa fonction précise peut se placer aussi dans la phrase, par un lien et un pronom (Bob, il faut se tenir à carreau avec lui). Ceci montre l'indépendance possible de l'acte de parole "adjacent" et de celui auquel il semble accroché syntaxiquement. En fait, du point de vue syntaxique, bien qu'il puisse y avoir des indications de lien d'un acte de parole à l'autre, chacun d'eux fonctionne d'abord dans sa syntaxe interne. Isoler une partie de la phrase par des virgules ou des coups de glotte revient à créer un acte de parole distinct, dont le lien avec le reste du texte est d'abord une juxtaposition d'actes de parole, et dont la fonction est énonciative avant tout.

S'il en est ainsi, ne faut-il pas considérer que le mot et la phrase sont des segments respectivement trop court et trop long pour permettre l'étude des agencements, et que ce sont des segments de dimension intermédiaire, les groupes de mots (les syntagmes) et les parties de phrase (les actes de parole), qui peuvent s'agencer syntaxiquement?
17 

En effet. Diviser en mots et en phrases est une simplification valable graphiquement mais insuffisante en syntaxe car elle rend confuses les analyses. Les mots ne sont que des unités graphiques et les phrases des ensembles d'actes de parole qui se regroupent avant de prendre place dans le contexte. Deux divisions intermédiaires sont essentielles : celle que délimite l'allongement syllabique, qui est un groupe syntaxique, unité de sens dotée d'une actualisation et d'une fonction; ensuite celle que délimite le coup de glotte, qui est un acte de parole, unité d'énonciation.

Du point de vue stylistique, on observera que, quand on parle, on évite les longues phrases. Le langage parlé, qui n'a guère de temps à accorder à l'assemblage et aux connecteurs, préfère multiplier les actes de parole, que l'interlocuteur décode assez finement (intonations, gestes, intuition). Le choix entre virgule et connecteur devient alors une question de niveau de langue.
La dernière scène est très pénible à supporter; toutefois, peut-être ______ des choses que nous avons peur de reconnaître en nous.
1) qu'elle nous fait voir 2) nous fait-elle voir 3) , elle nous fait voir
4) (Selon le niveau de langue)
18 
Réponse Selon le niveau de langue. 1 est naturel, 2 est châtié, 3 est très familier.
Mais Elle nous fait peut-être voir des choses pénibles.
Remarque. Peut-être en début de phrase entraîne une inversion (style soutenu).
Et Suivi de que, peut-être joue le rôle d'une proposition principale.
Mais Sans inversion ni que, peut-être est entre deux virgules et constitue donc un acte de parole distinct. C'est de la parataxe (simple juxtaposition de phrases), le propre du langage parlé.

La prépondérance de l'acte de parole sur la phrase se marque notamment par le fait qu'un virgule de plus ou de moins suffit -- les juristes le savent! -- à modifier le sens.
C'est surtout pour ne pas se faire déranger ______ qu'il trouve la porte latérale à son goût.
1) , lui, 2) lui, 3) (N'importe) 4) (Selon le sens)
19 
Réponse Selon le sens.
Mais C'est pour ne pas se déranger lui-même qu'il fait appel à toi.

Lui, dans la version 1, est un acte de parole (limites : un coup de glotte ou une virgule). Si on voulait l'indicer, faudrait-il lui donner 3? La fonction de lui est-elle de compléter déranger, ou trouve? Faites le marquage des deux versions et comparez.
20 
||1=.= -.-.-  \2 +   -.-.-  *  =.=.= ======= || * ||2 + *  =====\3*  _____  ------ 
 C'est surtout  pour ne pas se faire déranger, lui,  qu'il trouve la porte latérale  

 |3 + *   ____ || 
   à son goût

 ||1=.= -.-.-  \2 +   -.-.-  *  =.=.= ======= /3 *||2 + *  =====\3 * _____ ------- 
 C'est surtout  pour ne pas se faire déranger  lui, qu'il trouve la porte latérale 

 |3+ *   ____ ||
  à son goût

C'est plutôt par rapport à l'ensemble que ce lui entre virgules prend sa place. La preuve en est qu'on peut aussi bien le placer au tout début ou à la toute fin. Mais alors, ne faut-il pas lui donner aussi l'indice 1?
21 

Comme sujet de trouve ou de déranger, lui devrait avoir un indice 3, mais il semble ici artificiel de marquer cette dépendance : sa fonction lui vient de sa position comme acte de parole, et la pragmatique ne fonctionne pas par subordinations puisqu'elle est dans la réalité environnante (qui parle, à qui, quand, où, etc.)

Incidemment, on observera ici comment indicer une emphasis. C'est est le pivot, et il est délexicalisé (son rôle est purement syntaxique). Qu'il trouve en dépend (à preuve, son connecteur) bien que, dans la phrase de base, il eût été le pivot (Il trouve surtout la porte latérale à son goût pour ne pas se faire déranger.) Comparez avec une mise en évidence par la virgule. Il trouve la porte latérale à son goût, surtout pour ne pas se faire déranger. L'emphasis est une construction significative parce qu'elle montre quelle est la partie de la phrase qu'il faut prendre comme prédicat. Elle permet de modifier l'analyse en thème et prédicat sans créer d'acte de parole distinct.

On peut donc considérer l'écriture comme, entre autres, un art de faire passer sous la forme de subordinations syntaxiques ce qui était, dans le parlé, des actes juxtaposés, sans plus.

Intégration à la phrase de l'assertion adjacente.

En principe, chaque acte de parole recrée sa hiérarchie de syntagmes autour d'un noyau, d'un groupe principal. Si la phrase intègre plusieurs actes de parole mais partiellement, elle va contenir des actes de parole qu'il sera possible d'indicer. Ex.: Gigi en personne curieuse essaye vainement à plusieurs reprises d'en savoir plus. Placez des virgules et faites le marquage. (Il y a deux solutions.)
22 

||2   ||2         |3        ||1     | 2        ||2                   ||2          |3         ||
  Gigi, en personne curieuse,  essaye vainement,  à plusieurs reprises, d'en savoir plus long.

||2  \3          ||3        ||1     \2         ||2                   ||2          |3         || 
  Gigi en personne,  curieuse,  essaye vainement,  à plusieurs reprises, d'en savoir plus long.

Cette fois les actes de parole sont fortement intégrés. Ils ne servent, peut-on dire, qu'à permettre le déplacement des syntagmes, ou leur alignement quand ils sont de même niveau (vainement et à plusieurs reprises; en personne et curieuse dans la variante). Combien y a-t-il ici d'actes de parole? Cinq?
23 

Pas du tout. Gigi essaye vainement d'en savoir plus est un seul groupe, dans lequel les deux autres sont insérés. Il n'y en a que trois. Le principal est disjoint.

Ce qui est particulier à cet exemple est le niveau de en personne. Dans la deuxième variante, il dépend de Gigi. Dans la première, il qualifie plutôt le noyau, essaye, et pourrait se faire déplacer. Ou bien c'est Gigi 3en personne qui essaye etc. ou bien elle essaye 2en personne curieuse. Le numéro est 3 si on l'attache à Gigi qui est 2; il est 2 si on l'attache à essaye.

Ce type d'équivoque peut s'aggraver. S'il se trompait quand il arrivait aux inéquations il était le premier à remettre sa feuille. Placez les virgules et faites le marquage. Y a-t-il deux sens possibles?
24 
||2              ||2                | 3             ||1        /         |2         \3          || 
 S'il se trompait,  quand il arrivait aux inéquations, il était le premier à remettre sa feuille.

||2              ||3                | 4             ||1        /         |2         \3         3 ||
 S'il se trompait,  quand il arrivait aux inéquations, il était le premier à remettre sa feuille.

Accrocher la temporelle à la principale donne le sens qui est visé par Musil. Son élève n'est pas dans les forts mais comprend. L'accrocher à la conditionnelle, comme dans la variante, donne tout autre chose: les inéquations le dépassent mais il ne se casse pas la tête. Le numérotage de la temporelle suffit à indiquer la double construction envisageable. La prononciation lève l'équivoque.
"S'il se trompait, quand il arrivait aux inéquations, il était le premier à remettre sa feuille."
quand.....inéquations dépend de ______.
1) trompait 2) était 3) (N'importe) 4) (Selon le sens)
25 
Réponse Selon le sens.
Mais
S'il se trompait quand.....inéquations, il ne s'en apercevait même pas.
Et S'il se trompait quelquefois, jamais quand..... inéquations.

Règle. Le décodage d'une phrase complexe passe par le regroupement hiérarchique de ses différentes parties.

Les syntagmes de niveau identique.

Même quand elle permet de juxtaposer ou de coordonner, la virgule délimite un acte de parole. Elle fait donc du segment qu'elle sépare du reste une assertion distincte.
"L'inquiétude m'envahissait." Å cette phrase, il s'agit d'ajouter trois qualificatifs. Quel serait, pour ceux-ci, le meilleur emplacement?
1) L'âpre3 inquiétude2 m'envahissait1, cruelle3et déchirante3.
2) L'inquiétude2 âpre3, cruelle3 et déchirante3 m'envahissait1.
3) Âpre 3et cruelle3, l'inquiétude2déchirante3m'envahissait1.
4) L'inquiétude2 m'envahissait1, âpre3, cruelle3 et déchirante3.
26 
Réponse L'inquiétude m'envahissait, âpre, cruelle et déchirante.
Ou Âpre, cruelle et déchirante, l'inquiétude m'envahissait.
Remarque. En plaçant les qualificatifs en dehors de l'assertion principale (avant ou après, séparés par une virgule), on obtient des assertions distinctes, qui leur conviennent ici car chacun a un sens bien à lui.
Remarque. L'ordre normal serait le choix 2. En 3, on spécifie d'avance; en 4, après coup.
Et Aucune de ces variantes n'est impossible, mais le choix 4 établit une gradation (et c'est une loi du discours que chaque assertion apporte qqch. de nouveau).

La juxtaposition, bien qu'elle crée une limite plus forte que celle du connecteur, permet de coordonner plus de deux termes sans répéter le coordonnant. D'autres groupes syntaxiques aussi peuvent former des actes de parole distincts: un simple pronom tonique (moi, toi, lui, elle), placé à côté d'un autre de même fonction, fait double emploi avec lui et constitue donc une assertion distincte (on l'entoure de virgules).

Le coordonnant ou se laisse-t-il mieux répéter? Il prend alors volontiers la forme de soit.
Ses interventions dans les discussions ________ des dénonciations, ________ des moqueries amères.
1) sont soit ... ou contiennent 2) sont ... soit
3) (Selon la nuance de sens) 4) (Autre chose)
27 
Réponse Autre chose: sont ... ou contiennent.
Ou sont soit ... soit Et sont ou ... ou
Remarque. Ici, on peut ou bien changer de verbe, ou bien conserver le même verbe et répéter soit.
Explication. On voit bien l'égalité des syntagmes si on répète soit... soit...

Il faut aussi bien voir, en cas de coordination, à quel niveau elle se place.
Un titre choc!
1Ces hommes2qui méprisent 3les femmes 1 ou 3et les femmes 2 ou 4qui les aiment.
Et coordonne avec ______.
1) Ces hommes 2) les femmes 3) (N'importe) 4) (Selon le sens)
28 
Réponse Selon le sens. La réponse 1 est la plus vraisemblable (on va parler aussi de ces femmes qui peuvent aimer des hommes qui les méprisent). La 2 offre un sens intéressant: ils méprisent les femmes et (même) celles qui les aiment (un comble d'aberration).

Le noyau principal est un nom (Ces hommes). Et les femmes est soit un second noyau (rang 1) soit un second objet de méprisent. On est alors au rang 3, d'où le 4 de qui les aiment.

Profondeur syntagmatique.

Combien de niveaux une phrase complexe peut-elle atteindre normalement (ne parlons pas des phrases de Proust)? Voulez-vous marquer celle-ci, qui est à demi écrite à demi parlée? Elle est tirée de la correspondance de Flaubert.
29  Quand tu m'as quitté la dernière fois, quand tu m'as vu repartir pour Rouen, tu t'es dit sans doute que, le temps venant, les jours s'écoulant, ma douleur allait passer, que je me consolerais à la longue de la mort de mon père et que je finirais enfin par rentrer dans le calme dont il y a longtemps que je suis privé. Ah oui! du calme!

2Quand tu m'as quitté3la dernière fois, 2quand tu m'as vu3repartir4pour Rouen, 1tu t'es dit2 sans doute2que, 3le tempsvenant, 3les jourss'écoulant, 3ma douleur2allait passer, 2que je me consolerais3à la longue3de la mort4de mon père2et que je finirais3enfin3par rentrer4 dans le calme5dont il y a longtemps6que je suis privé. 1Ah oui!1du calme!

En voici une moins longue mais plus profonde, d'André Langevin (l'Élan d'Amérique, p.210).
30  Elle a levé les yeux de la cheminée à un certain moment, et le jour était là, triomphant, plus lumineux que la veille, rendu intolérable par l'éclat de la neige qui s'affaisse déjà dans son eau, tombe des arbres par gros paquets de ouate fondante.

1Elle a levé2les yeux2de la cheminée2à un certain moment, 1-2et le jour1était là, 3 triomphant, 3plus lumineux 4que la veille, 3rendu 4intolérable 4par l'éclat 5de la neige 6qui s'affaissedéjà 7dans son eau, 6tombe 7des arbres 7par gros paquets8de ouate 9fondante. (André Langevin, l'Élan d'Amérique, p.210)

La virgule dans les coordinations.

Dans une énumération, les différents éléments sont séparés par des virgules sauf le dernier, qui est relié par et, ni, ou, sans virgule. Mais il y a quelques cas particuliers.
L'homme d'affaires ne connaît ni père ni mère ni oncle ni femme ni enfants ni beau ni laid ni propre ni chaud ni froid ni dieu ni démon.
1) Deux virg.: après enfants et froid.
2) Quatre virg.: après oncle, enfants, propre, froid.
3) Onze virg.: après père, mère, oncle, femme, enfants, et ainsi de suite.
4) (Selon la nuance de sens)
31 
Réponse Selon la nuance de sens, encore qu'il serait normal de mettre les onze virgules.
Mais L'homme d'affaires ne connaît ni père ni mère.
Explication. Ici, les actes de parole permettent de regrouper les syntagmes en séries analogues.
Il avait prévu la crise__ et les événements__ lui donnèrent raison.
1) (Rien), (Rien) 2) (Virg.), (Rien)
3) (1 ou 2 au choix, mais de préférence 2) 4) (Rien), (Virg.)
32 
Réponse 1 ou 2 au choix, mais de préférence une virgule après crise.
Mais Il avait prévu la crise et les événements.
Remarque. La virgule supprime les risques d'une construction louche. On hésite un instant sur la fonction d' événements : niveau 2, pivot: prévu? Non, puisque le verbe suit, qui est au niveau 1. C'est lui que et coordonne).
Lui, oh! c'est un garçon tout jeune__ ami de tous__ et qui, pendant la guerre, a descendu quatre avions ennemis.
1) (Virg.), (Rien) 2) (Virg.), (Virg.) 3) (1 ou 2, selon la nuance de sens) 4) (Rien), (Rien)
33 
Réponse 1 ou 2, selon la nuance de sens.
Explication. Avec une virgule, après jeune, c'est la forme ordinaire des séries coordonnées.
Mais On peut aussi construire le troisième groupe syntaxique et qui... en assertion distincte.
Remarque. La série est au niveau 3 et la relative en fait partie. Comme elle a son et, la virgule n'est pas requise.

La polysyndète.consiste à multiplier le coordonnant.
Tout s'acquitte et le bien par le mal et le mal par le bien.
1) Une virg. après acquitte.
2) Deux virg. (après acquitte et par le mal).
3) (Selon la nuance de sens)
4) (Autre chose)
34 
Réponse Selon la nuance de sens.
Règle. Et unit deux mots ou groupes, sans virgule. Vous et lui êtes injustes et mal informés.
Mais S'il y a deux actes de parole distincts, et sera précédé d'une virgule. (On pourrait, dans ce cas, remplacer et par j'ajouterais ou je dirais plus). Vous, et même lui, êtes injuste, et trop bien informés. Ce qui suit apporte un élément de surprise, une opposition...
Remarque. On a ici un soulignement du et par répétition (polysyndète), d'où la netteté des assertions distinctes.

Mais Tout s'acquitte: le bien par le mal et le mal par le bien.

Le découpage de la phrase correspond-il au nombre d'assertions distinctes que l'on veut faire? La phrase suivante, tirée d'un essai sur le Torrent d'Anne Hébert, peut-elle contenir plus d'une assertion? Combien de virgules y ajouter, et à quel endroit?
"L'altération du réel s'effectue aussi par la violence __ d'un humour noir."
1) Aucune virgule. On ne peut voir ici qu'une seule assertion.
2) En plaçant une virgule après violence, on obtient deux assertions.
3) (N'importe) 4) (Selon la nuance de sens)
35 
Réponse Selon la nuance de sens. En plaçant une virgule après violence, on obtient deux assertions. Violence est alors pris dans une acception générale.
Sans virgule, violence caractérise humour noir et reçoit donc une acception plus spécifique.
Et En plaçant une virgule, c'est comme si la phrase finissait après violence, et qu'on ajoutait, en assertion distincte: "Cette violence est d'un humour noir".
Ou Sans virgule, c'est l'humour noir qui effectue l'altération du réel parce qu'il est violent en soi. Ce sens est le plus vraisemblable, d'ailleurs.

L'incise, et autres assertions entre deux virgules.

L'acte de parole ( ou assertion) est donc soit principal, soit adjacent (rattaché syntaxiquement ou juxtaposé). Quand les divisions sont elle-mêmes des regroupements d'assertions, on peut recourir au point-virgule (pour le niveau 1).
Elle voudrait oublier, dit-elle__ et le dépit lui fait chercher de possibles revanches.
1) , 2) ; 3) (N'importe) 4) (Selon la nuance de sens)
36 
Réponse Selon la nuance de sens.
Règle. Une incise, par son contenu, vise le reste comme acte de parole. C'est une assertion distincte. Greffée sur un autre acte de parole, c'est une assertion adjacente.
Remarque. Elle constitue le cas le plus évident d'application de la loi des deux virgules, la première en quelque sorte ouvrante; la seconde, fermante.

Mais Elle dit qu'elle voudrait oublier, mais le dépit... Ou Elle voudrait oublier, dit-elle, ce serait tellement mieux.

Avec le point-virgule, et le dépit est ajouté comme assertion distincte; avec la virgule, dit-elle est inséré dans une assertion unique faite de deux coordonnées. Dit-elle est un segment énonciatif. Il serait le pivot de tout le reste sous la forme elle dit qu' mais ici, on l'a inséré en recourant à une inversion comme marque.

L'inversion avec pronom de rappel souligne la question mais, en outre, il peut y avoir une voix impersonnelle. Celle-ci a un autre effet. L'impersonnel remplace la voix passive pour que le prédicat porte sur le noyau verbal. Ex. Comparez: Trois causes par jour sont entendues. / Il est entendu trois causes par jour.
Combien de crimes _____ été commis dans ce bourg?
1) ont 2) ont-ils 3) a-t-il 4) (Selon la nuance de sens)
37 
Rép. a-t-il Ou Combien de crimes y a-t-il eu de commis?
Mais Il veut savoir combien de crimes ont été commis. Et Des crimes ont-ils été commis?
Expl. La question est dans l'interrogatif combien mais la voix impersonnelle permet de la faire porter sur le verbe, donc sur toute la phrase plutôt que sur le nom seulement.

Quand l'objet précède, le sujet suit. C'est l'inversion. Ainsi restent-ils distincts par le seul emplacement, comme dans l'ordre normal. Ex. Ce que pense la majorité.

Il y a inversion dans l'incise (dit-il) parce que le reste est objet et précède (au moins le début). Ex. La tour est penchée, pensait-elle. La tour, pensait-elle, est penchée.

Pourquoi les incises sont-elles entre deux virgules? Par une loi plus générale, qui isole par cette marque tout acte de parole distinct.
Tout règlement, dirent-ils, doit tenir compte des intérêts__ légitimes__ des membres du personnel.
1) Pas de virgule. 2) Deux virgules. 3) (N'importe) 4) (Selon le sens)
38 
Réponse Selon le sens.
Règle. En plaçant les qualificatifs en dehors de l'assertion principale (avant ou après, séparés par une virgule), on obtient des assertions distinctes.
Explication. D'autres groupes syntaxiques aussi peuvent former des actes de parole distincts: un simple pronom tonique (moi, toi, lui, elle), placé à côté d'un autre de même fonction, fait double emploi avec lui et constitue donc une assertion distincte (on l'entoure de virgules).

Remarque. Sans virgule, restriction (les intérêts légitimes et pas les autres); deux virgules, assertion distincte (leurs intérêts, dont il ne faut pas oublier qu'ils sont légitimes).

La "loi des deux virgules", la première ouvrante, la dernière fermante, provient de l'identification de tels syntagmes, insérés comme actes de parole distincts. Cela n'exclut pas qu'il y ait un lien syntaxique, surtout à l'écrit.
Tout lui réussit__ à l'entendre parler.
1) (Rien) 2) (Virg.) 3) (N'importe) 4) (Selon la nuance de sens)
39 
Réponse Tout lui réussit, à l'entendre parler. Ou Tout, à l'entendre parler, lui réussit.
Mais Tout lui réussit à merveille. Et Tout lui réussit, prétend-il. Ou Il prétend que tout lui réussit.
Règle. Une incise, par son contenu, vise le reste comme acte de parole. C'est une assertion distincte.
Remarque. Å l'entendre parler = à l'en croire, selon elle, d'où dit-elle (incise).
Son crime accompli__ le docteur__ épouvanté__ s'enfuit.
1) (Rien), (Rien), (Rien) 2) (Virg.), (Rien), (Rien)
3) (Virg.), (Rien), (Virg.) 4) (Virg.), (Virg.), (Virg.)
40 
Réponse Son crime accompli, le docteur, épouvanté, s'enfuit.
Mais Son crime accompli, le docteur étranger s'enfuit.
Règle. Un groupe syntaxique inséré dans un autre est entouré de virgules. C'est la «loi des deux virgules».
Ex. Les appositions, les incises et les apostrophes sont mises entre virgules.
Et Détaché (entouré de virgules), le qualificatif se place avant ou après le groupe du nom, parfois même après le verbe, car il constitue une assertion distincte.
Expl. Épouvanté est une assertion distincte: il sera donc entre deux virgules.

L'effet de l'assertion distincte, vu qu'elle apporte une information, est d'expliquer la fuite. On ne décrit pas seulement l'état d'esprit du docteur mais on explique par là qu'il ait pris la fuite.
Michaux propose une morale ________ bien sûr, mais positive.
1) personnelle 2) , personnelle 3) personnelle, 4) , personnelle,
41 
Réponse ... une morale, personnelle, bien sûr, mais ...
Ou une morale. Personnelle, bien sûr. Mais...
Mais ... une morale personnelle, bien sûr, mais c'est avant tout un poète.
Expl. Bien sûr appartient à l'énonciation ( = Je suis bien sûr que vous le saviez déjà) et est donc isolé entre deux virgules.

L'opposition joue entre personnelle et positive. Donc bien sûr ne porte que sur personnelle, qui constitue une assertion, nouvelle.

La virgule comme limite d'acte de parole.

Combien d'actes de parole?
Autre exemple__ un peu plus complexe__ cependant.
1) Aucune virgule. Tout entre dans la même assertion.
2) Virgule après exemple. Cependant concerne seulement un peu plus complexe.
3) Virgule après complexe. 4) (Selon la nuance de sens)
42 
Réponse Selon la nuance de sens.
Remarque. La virgule, qui correspond à une chute mélodique avec ou sans pause, marque une rupture dans la continuité du texte, le passage à un autre acte de parole, autre assertion ou segment doté d'une autre fonction énonciative.
Résumé La virgule sépare les segments qui ne sont pas de même niveau au point de vue de l'énonciation.
Si tu acceptes__ tant mieux__ et__ si tu refuses__ tant pis.
1) (Rien), (Rien), (Rien), (Rien) 2) (Rien), (Virg.), (Rien), (Rien)
3) (Virg.), (Rien), (Virg.), (Virg.) 4) (Virg.), (Virg.), (Virg.), (Virg.)
43 
Réponse Si tu acceptes, tant mieux et, si tu refuses, tant pis.
Mais Tant mieux si tu acceptes et tant pis si tu refuses.
Et Si tu acceptes, tant mieux. Et si tu refuses... tant pis.
Règle. Et unit deux mots ou groupes, sans virgule. Vous et lui êtes injustes et mal informés.
Mais S'il y a deux actes de parole distincts, et sera précédé d'une virgule. (On pourrait, dans ce cas, remplacer et par j'ajouterais ou je dirais plus). Vous, et même lui, êtes injuste, et trop bien informés. Ce qui suit apporte un élément de surprise, une opposition...

Quand on veut opposer des assertions, même coordonnées, on les sépare (virgule, point-virgule ou point). Le choix 4 est donc possible, quoique alourdi par trop de virgules.

Analyse en thème et prédicat.
"Qu'elle refuse nous fera plaisir."
Au point de vue de son sens, une phrase prédicative comprend un thème (ici le refus) et ce qu'on veut affirmer de ce thème (ici nous fera plaisir). Cette seconde partie est appelée ________.
1) l'attribut 2) le prédicat
3) le groupe du verbe 4) le syntagme verbal
44 
Réponse le prédicat
Mais Le groupe verbal, qui est le noyau de la phrase, peut aussi constituer une proposition complétive (sujet, objet) ou circonstancielle.
Et Un groupe verbal est un groupe de mots qui a une fonction et dont le noyau est un verbe.
Ou Sa Julie est jolie. L'attribut est un qualifiant rattaché à un groupe nominal par un verbe copule.
Règle. Le prédicat de l'assertion n'est pas toujours un groupe verbal. Ainsi, dans la phrase: Elle est restée hier prononcée avec accent sur hier, le thème est dans le groupe verbal et le prédicat est hier.

Le prédicat reçoit un accent dit antithétique ou «intellectuel» sur le lexème qui porte principalement le prédicat. (Cet accent est appelé parfois le posé.)
Les colonels ont cinq barrettes, les commandants__ quatre.
1) (Rien) 2) (Virg.) 3) (De préférence 1) 4) (De préférence 2)
45 
Réponse Au choix, mais de préférence une virgule.
Règle. Devant une adjonction avec ellipse du verbe, on a un point-virgule (et une virgule à la place du verbe élidé).
Et On analyse parfois cette virgule comme la remplaçante d'un verbe élidé. Il s'agit plutôt de faire du thème une assertion (de thème), ce qui rend inutile la copule est.
Et L'autre virgule devrait devenir un point-virgule.
"Jules Fournier fit une oeuvre plus originale que celle d'Asselin. Un recueil de ses principaux articles, Mon encrier, nous livre l'essentiel de sa pensée."
Dans la dernière assertion, un recueil est sujet grammatical du verbe livre. Mais quel est le sujet psychologique, le thème de l'assertion?
1) Mon encrier 2) l'essentiel de sa pensée
3) un recueil 4) ses principaux articles
46 
Réponse l'essentiel de sa pensée
Et Après avoir parlé de l'originalité de Fournier, on dit où aller pour en trouver l'essentiel. Le prédicat est donc un recueil etc. et le thème (ce dont on parle) est l'essentiel de sa pensée.
Mais Mon encrier est un titre bien choisi. (Le thème, Mon encrier, est aussi sujet grammatical.)

Et Un recueil de ses principaux articles a été publié après sa mort (thème: Fournier, présent dans ses et dans le contexte; prédicat: tout le reste.)

La fonction de sujet convient au thème, mais l'inverse, un sujet qui, du point de vue énonciatif, serait le prédicat, est possible. C'est dans l'intonation ou dans le contexte autant que dans la syntaxe qu'on peut découvrir où sont thème et prédicat.

Dislocation et thème.

Y a-t-il une relation entre la dislocation, qui isole par une virgule une partie de la phrase, et le choix du thème de l'assertion? En voici un exemple.
Sous un aussi vain prétexte l'action commencée ne pouvait pas être abandonnée.
1) Pas de virgule. 2) Une virg. après prétexte.
3) (N'importe) 4) (Selon la nuance de sens)
47 
Réponse Selon la nuance de sens.
Mais L'action commencée ne pouvait être abandonnée sous un aussi vain prétexte.
Règle. Le groupe syntaxique placé en tête de phrase et séparé du reste par une virgule est le thème, explicité, de l'assertion principale.
Mais Il reste à assurer un lien syntaxique: préposition, conjonction ou apposition, selon les constructions implicites des mots à assembler.

Pour être mis en évidence, le groupe syntaxique est déplacé, d'où la virgule, et un accent sur prétexte. Mais il serait possible de prononcer sans cet accent et donc d'écrire sans la virgule.

Reste que le complément antéposé a valeur de thème. Le prétexte est une synecdoque pour tout ce qui vient d'être dit.
Il faut réfléchir avant de jouer ________ échecs.
1) aux 2) , aux 3) (N'importe) 4) (Selon le sens)
48 
Réponse Selon le sens.
Mais Il faut réfléchir avant de se mettre à jouer aux échecs.

Et Il faut réfléchir avant de jouer, quand on joue aux échecs.

On sait que l'analyse en thème et prédicat est vérifiable par le biais de l'emphasis. Est-elle marquée aussi par la dislocation? Le groupe rejeté au début, à la fin, voire à l'intérieur de la phrase reçoit-il de ce fait un statut de thème ou de prédicat?
49 

L'exemple ci-dessus montre que aux échecs construit en assertion distincte est le thème. Cela paraîtra curieux si l'on songe que chaque acte de parole est une assertion, susceptible donc d'avoir son thème ET son prédicat.
Observons d'abord que le déplacement ne modifie pas la fonction énonciative. Aux échecs, il faut réfléchir avant de jouer = Il faut réfléchir avant de jouer, aux échecs = Il faut réfléchir, aux échecs, avant de jouer. Dans tous les cas, aux échecs est le thème et le reste est le prédicat. Il semble de règle que le complément construit en dislocation soit le thème.

L'emphasis donne : c'est aux échecs qu'il faut réfléchir avant de jouer. Est-ce la même chose? Non. On a l'impression qu'on veut dire : aux dames, inutile de réfléchir autant... On paraphrasera mieux en disant: c'est réfléchir qu'il faut faire avant de jouer ou c'est avant de jouer qu'il faut réfléchir. On a mis en évidence le prédicat. Le thème reste aux échecs. D'autres exemples peuvent confirmer cette analyse. L'emphasis isole le prédicat; la dislocation, le thème.

Reste à voir comment une assertion distincte, intégrée ou non, peut devenir un thème alors que de droit elle doit avoir, comme toute assertion, un thème ET un prédicat. La réponse est dans le lien des deux actes au sein d'une même phrase. Celle qui est en dislocation a pour prédicat : ceci est le thème du reste. Elle est à elle-même son thème et sa position en fait le thème de l'autre. Son prédicat se réduit donc à ceci : voilà bien le thème de la prochaine assertion, qui sera elle le prédicat de celle-ci. C'est du point de vue de la phrase complète que l'assertion adjacente est un thème. En inversant le point de vue, on serait obligé de dire que le reste de la phrase est, lui, un prédicat. Le raisonnement est le même. Ce prédicat va chercher son thème dans une assertion adjacente, et c'est la raison pour laquelle la place préférée et la plus fréquente de celle-ci est le début de la phrase. On sait ainsi d'emblée comment décoder. Toute phrase qui commence par un complément déplacé traitera (comme thème) du contenu de celui-ci. Il devient le "sujet psychologique"... Le sujet est au début, même s'il n'a pas la forme d'un groupe du nom.

Mais puisque l'on parle d'une inter-relation entre actes de parole dans une même phrase, n'y a-t-il pas un signe de ponctuation spécifique de prévu?

Le deux-points.

C'est une ponctuation délimitative mais elle est plus chargée de sens que les autres. Le deux-points se place entre des groupes syntaxiques. Il marque une relation réciproque des segments (énumération d'exemples, explication, cause et effet, thème et prédicat, précision, illustration, conclusion, disposition à prendre, etc.)
Ils posent comme propriété commune fondamentale des langages musical et poétique____ répétition.
1) , la 2) : la 3) : La 4) la
50 
Réponse la
Mais C'est la propriété fondamentale des langages musical et poétique, la répétition.

Et Il y a une propriété commune aux langages musical et poétique : la répétition.
Mais Il déclara: La répétition est le procédé fondamental.
Les théoriciens du rythme musical se classent en deux groupes distincts____ y a ceux qui font de la théorie mathématique et ceux qui font une assimilation avec le langage.
1) . Il 2) : il 3) : Il 4) (Autre chose)
51 
Réponse . Il Ou , il
Mais : ceux qui (etc.)
Remarque. Ici, le deux-points fait double emploi avec il y a. Ce tour commence une phrase nouvelle tandis que ceux etc. serait l'indication des groupes, ce qu'annoncent normalement le deux-points (avec une mélodie suspensive).
Nos intentions profondes sont des projets et des fuites inséparablement liés: l'entreprise folle d'écrire pour me faire pardonner mon existence, je vois bien qu'elle avait, en dépit des vantardises et des mensonges, quelque réalité: la preuve en est que j'écris encore, cinquante ans après. (Sartre, les Mots, p.162)
1) La ponctuation est normale.
2) On évite deux deux-points dans la même phrase.
3) On évite deux deux-points de suite mais, ici, ils sont séparés par des virgules.
4) Deux deux-points doivent avoir au moins un point-virgule entre eux.
52 
Réponse Deux deux-points doivent avoir au moins un point-virgule entre eux.
Remarque. Il vaut mieux ne pas mettre plusieurs deux-points d'affilée: le segment du milieu se rapporterait au précédent et au suivant de façon différente.

Le point-virgule.

C'est une ressource intéressante car il permet de lier plus étroitement des ensembles de groupes syntaxiques déjà complets, qui pourraient même constituer des phrases séparées, mais qu'on a intérêt à joindre. Ex. "Je l'avais jugé pauvre, autrefois, cet hôtel; il était devenu splendide." Il s'agit de marquer une coupe plus importante que celle des virgules précédentes, de clôturer les trois assertions initiales avant d'ouvrir la quatrième, qui leur répond ensemble.
Vous voulez mettre en une seule phrase le récit suivant : "Marc est fatigué___ il a mal aux pieds___ il sent sa pensée s'obscurcir___ sûrement, il va être malade."
Quelle ponctuation choisiriez-vous?
1) ; et : 2) , , ; 3) , ; , 4) (Selon la nuance de sens)
53 
Réponse Selon la nuance de sens.
Définition. Le ; est une subdivision interne à la phrase. Plus importante que la virgule, elle pourrait terminer tout en permettant de continuer.
Mais On se contente souvent d'une virgule à moins que l'une des parties en contienne déjà.
Remarque. La 1 est la plus articulée, avec une gradation de a vers d, amenée par b et c, symptômes de d.
Remarque. La 2 est la plus simple.
Remarque. La 3 est préférable si la maladie de Marc a comme symptôme un obscurcissement de la pensée. Les deux premières phrases (symptômes physiques) et les deux dernières (symptômes mentaux) iraient ensemble et on séparerait ces deux blocs par un point-virgule.
On remonte. Plus d'herbes__ __eules, quelques touffes de thym; la roche gronde sous les pieds. (Giono)
1) , s 2) ; s 3) . S 4) (Rien) s
54 
Réponse Plus d'herbes; seules...
Mais Plus d'herbes. Seules quelques touffes de thym. La roche gronde sous les pieds.
Explication. Supposons une polysyndète (répétition du et): la virgule peut en regrouper les éléments. Ex.: Elle connut et la tendresse et la colère, et l'amour et la haine.

Il faut un point-virgule à cause de l'autre point-virgule. Autrement, la corrélation de quelques touffes... serait plus forte avec la roche... qu'avec Plus d'herbes.

Découpage en phrases (le point).

Il peut y avoir jusqu'à trois points mais ceux-ci sont appelés points de suspension et ils n'ont pas pour fonction de clôturer comme le point : ils transcrivent plutôt une intonation suspensive, une continuation mineure, même au milieu d'une phrase.
Certes__ tu es la responsable de notre faillite, mais__ t'en blâmer__ j'en suis incapable.
1) (Rien) , ; 2) , , (Rien) 3) , ... ... 4) (Rien) , ,
55 
Réponse Certes, tu es la responsable de notre faillite, mais... t'en blâmer... j'en suis incapable.
Ou Certes, tu es la responsable de notre faillite, mais t'en blâmer, j'en suis incapable.
Et Certes, tu es la responsable de notre faillite, mais t'en blâmer... j'en suis incapable.
Règle. En début de phrase, les adverbes de liaison (en effet, cependant) sont suivis de la virgule.
Mais Quelques-uns (certes, assurément, de plus...) peuvent entraîner une inversion verbe-sujet et, dans ce cas, la virgule est exclue.

Le point est une coupe très importante et pourtant, quel en est le signifié? Pour mieux en juger, il faut se souvenir qu'il se trouve entre une coupe qui correspond à l'acte de parole (coupe de glotte ou virgule) et une coupe qui réunit plus d'une phrase : celle de l'alinéa (un changement d'interlocuteur).
Je compte ne m'arrêter qu'aux choses intéressantes ______ je ferai des fiches, que je classerai ensuite par thème.
1) . A partir de celles-ci, 2) à partir desquelles
3) (Au choix, mais de préférence 1) 4) (Au choix, mais de préférence 2)
56 
Réponse A partir de celles-ci, je...
Remarque. Choses est déjà déterminé par intéressantes et n'a donc pas besoin d'une relative déterminative (qui ne détermine d'ailleurs pas puisqu'elle annonce ce que l'on fera après s'être arrêté.)
Mais Je compte ne m'arrêter qu'aux choses à partir desquelles je pourrai faire des fiches etc.
Règle. Il est recommandé de scinder en deux phrases plutôt que de lier par un pronom relatif dit «de liaison» (factice).

Tant que l'on n'est pas arrivé à un point, on oblige le lecteur à poursuivre sa lecture. Donc, au point, il y a une pause qui favorise un coup d'oeil sur la situation. Ce qui a été dit est alors placé dans l'univers environnant et il devient possible de le compléter ou de poursuivre, dans la même intention. (Il faut attendre l'alinéa suivant pour changer d'intention et faire, par exemple, une réflexion sur ce qui a été dit.
Hélas, comme ___ dans la vie ___ la mère se fait parfois rude et même brutale ___ mer aussi, dans l'oeuvre d'Antonine Maillet, "vient à manquer".
1) (Rien) , . La 2) , , , la
3) (Selon le sens) 4) (Autre chose)
57 
Réponse Selon le sens.
Explication. Comme + groupe nominal: comparaison (réduite parfois à une coordination); comme + groupe verbal: causale et temporelle à la fois (le plus souvent).
Remarque. Si comme introduit le groupe nominal dans la vie, il ne doit pas être suivi d'une virgule. Dans ce cas, la mère est celle du roman et se fait est groupe verbal pivot.
Mais Si comme est connecteur de la mère se fait, dans la vie doit être mis entre virgules et la mer aussi... devient proposition principale (groupe verbal pivot).
Vois-tu, je n'essaie pas de leur jeter de la poudre aux yeux, d'avoir de grandes idées. J'avance des faits. Naturellement ______ en avoir l'air...
1) : sans 2) . Sans
3) (Selon le sens) 4) (Autre chose)
58 
Réponse Selon le sens. Avec un point, les faits sont avancés avec naturel. Avec un deux-points, naturellement équivaut à bien entendu, il modifie sans en avoir l'air.
Mais Avec naturel (2).
Et Naturellement, c'est sans avoir l'air d'y toucher (1).
Règle. La locution adverbiale, par sa mobilité, a plusieurs pivots possibles. Le sens varie en conséquence.

EXERCICES

1. Premier des gouverneurs anglais à poser ce geste, Elgin prononce, dans les deux langues, la lecture du discours de la couronne : affirmation péremptoire de l'égalité politique des deux peuples.

Diviser en groupes syntaxiques et effectuer un numérotage.
||3      /4              \5       |4      /5       ||2    \1       ||2                    || 
  Premier des gouverneurs  anglais à poser ce geste, Elgin prononce, dans les deux langues,

 2        /3          \4              | 1          \2          /3           \4            
la lecture du discours de la couronne : affirmation péremptoire de l'égalité politique

Explication. Premier est apposé à Elgin. À poser dépend de premier. Affirmation est dans un acte de parole adjacent mais syntaxiquement indépendant. Il est attaché à prononce mais au même niveau du fait que ce rattachement est seulement énonciatif, il n'y a pas de subordination (on n'appose pas un substantif à un verbe). Des deux peuples n'est pas attaché à politique mais à l'égalité politique (donc à de l'égalité). Rappel: on numérote des syntagmes, mais il y a une possibilité d'insertion dans le syntagme.

2. Un jour viendra où la zoologie sera historique, c'est-à-dire, au lieu de se borner à décrire la faune existante, cherchera à découvrir comment cette faune est arrivée à l'état où nous la voyons.

RENAN, Dialogues et Fragments philosophiques, dans Œuvres complètes, t. I, p. 638.

Diviser en groupes syntaxiques et effectuer un numérotage.
||2      \1      |3  4          /3   \4         ||3           ||4      \5           /6
  Un jour viendra où la zoologie sera historique, c'est-à-dire, au lieu de se borner à 

       /7       \8        ||3        /4          |5      \6          \5          /6 
décrire la faune existante, cherchera à découvrir comment cette faune est arrivée à 

Explication. Sera est dans une relative, donc subordonné à jour, lui-même attaché à viendra au-delà duquel on ne peut plus remonter davantage et qui est donc le pivot de l'ensemble (niveau 1). Le groupe où la zoologie est hybride car il débute par un pronom relatif, qui annonce un noyau verbal (et de fait, on pourrait inverser : où sera historique la zoologie). Comme la zoologie dépend de sera, on doit le mettre au niveau 4 mais comme rattache sera à jour, on doit le mettre au niveau 3. Où la zoologie est donc un assemblage curieux. Le sujet n'est pas un mot grammatical. Il a été développé en groupe nominal inséré entre le lien du groupe verbal et le noyau verbal. C'est le moment de recourir à un artifice de numérotage, les points de suspension, qui indiquent un groupe interrompu. La suite se trouve aux prochains points de suspension, qui précéderont le même numéro.

C'est-à-dire pose le même genre de problème mais différemment, car c'est un acte de parole et non un syntagme qui est introduit. Cherchera est au niveau de sera, donc 3, et son lien sera avantageusement placé au même niveau (parce que c'est un acte de parole) avec des points de suspension pour annoncer le groupe verbal cherchera. On s'étonne de devoir remonter dans le premier acte de parole pour trouver le premier actant de ce verbe. C'est l'occasion d'améliorer la formulation : elle cherchera et, naturellement, on voudra aussi marquer le lien, au moins avec un que, lequel prendra place au début, donc près de c'est-à-dire, donc, curieusement, dans le groupe au lieu de. Celui-ci devient donc hybride. Il sert lui-même de lien entre se borner et cherchera.

Où nous la voyons est un seul mot phonétique donc un seul syntagme.


AGENCEMENTS. PONCTUATION 1

...en voulant trop gagner. 1

Le numérotage des groupes syntaxiques. 2

Le pivot. 3

Limite supérieure des groupes. 4

L'acte de parole intégré. 6

Profondeur syntagmatique. 8

La virgule dans les coordinations. 9

Assertion adjacente. 10

La virgule comme limite d'acte de parole. 12

Analyse en thème et prédicat. 12

Dislocation et thème. 13

Le deux-points. 14

Le point-virgule. 15

Découpage en phrases (le point). 16

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