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LES CATÉGORIES DE PARADIGME (synthèse finale)

Entendîtes-vous parler jamais de "paradigme"? Quelles sont les catégories du signifiant et du signifié linguistique?

Certes, dès l'introduction, il fut question de paradigme en tant que catégorie de variantes possibles aux différents points de la chaîne parlée ou écrite, tant pour le signifiant, physique ou linguistique, que pour le signifié, comme énoncé ou comme énonciation.

Au terme de cette description du français contemporain, ayant approfondi différents types de paradigme (graphie, morphologie, accords, fonctions, agencements, racine lexicale, propriété des termes, etc.), il est possible de prendre une vue d'ensemble de ce que la linguistique et la pragmatique du discours permettent de considérer comme structures fondamentales dans les textes.

Chaque paradigme est un micro-système, généralement fermé :on ne peut pas ajouter de nouvel élément. C'est entre les éléments de chaque paradigme que le sujet parlant établit des choix successifs qui le conduisent du sens aux formes et inversement (encodage - décodage). Quels sont par exemple les éléments du système graphique (pour un texte écrit, forcément)?

Les lettres de l'alphabet sont les éléments de graphie. Tracer ou percevoir visuellement une des 26 lettres du français est pertinent pour communiquer avec le futur lecteur ou le précédent scripteur parce que chacune de ces lettres est "précisément ce que les autres ne sont pas", c'est-à-dire différente. Un paradigme est un ensemble de différences réciproques qui transforme un fait en signe.

Faut-il de nombreux paradigmes pour décrire le français contemporain? Et se rangent-ils en deux, trois, ou même quatre classes? (Ce sont les "dimensions" du texte, mentionnées dans l'introduction.) Que veut-on dire quand on définit la linguistique comme science du langage articulé?

Cette articulation n'est pas celle des cantatrices capables, comme la Callas, de faire vibrer jusqu'au dernier tympan de mille auditeurs par la moindre de ses mélodieuses intonations. Ce n'est pas d'articulation au sens phoniatrique qu'il s'agit mais d'un concept plus théorique: le fait qu'un mot (choisi parmi les éléments du paradigme lexical), quand il est communiqué, doit se "réarticuler" sur un autre plan, par une série de choix cette fois sonores ou graphiques. On pourrait dire aussi bien science du langage structuré si le mot structure n'avait pris, à cause de son succès, un sens tellement large.

Nous voudrions ici montrer que les choix linguistiques se font à l'intérieur de systèmes clos et superposés. Pour les sonorités, par exemple, sont seules pertinentes les oppositions favorisées dans la langue. Le français a des voyelles nasales mais le latin, l'italien, l'espagnol, l'anglais, l'allemand n'en ont pas. Qu'un locuteur, dans une de ces langues, produisent un son /an/, il sera décodé comme un /a/.

Chaque catégorie de système de différences permettant des choix constitue l'objet d'étude particulier d'une branche de la linguistique.
La phonologie est l'étude ______.
1) des sons 2) des phonèmes et des morphèmes
3) du système des mots 4) des oppositions entre les sons du langage.
Réponse des oppositions entre les sons du langage.
Mais La phonétique étudie les sons des langues et la voix humaine.
Et L'acoustique étudie la réception des sons (quels qu'ils soient).
Remarque. Les sons du langage se distinguent les uns des autres dans la mesure où ils entrent dans un ou plusieurs systèmes d'oppositions. Ils peuvent donc varier considérablement d'une langue à une autre. En revanche, d'un groupe à un autre et surtout d'une personne à une autre, les variations ne peuvent être que minimes.

La phonétique étudie les sons comme tels (aspect physiologique et acoustique); la phonologie les inscrit dans un système de différences qui les rend porteurs de sens (grammatical ou lexical).
Ex. Parmi toutes les variétés d'ouvertures possibles entre le /a/ (aperture maximale) et le /i/ (aperture minimale), le français place deux voyelles, /è/ et /é/, tandis que l'italien et l'espagnol n'en ont qu'une (prononcée indifféremment é ou è; l'arabe, aucune.

Listons-les, ces systèmes clos et superposés?

On en trouve en fin de chapitre un tableau complet. Commençons ici par le plus évident : celui des mots (paradigme du lexique; discipline : la lexicologie). Ensuite, le plus connu : c'est celui des phonèmes (paradigme de la sonorité; discipline: la phonologie) proche de celui des lettres (paradigme de la graphie; disciplines : l'orthographe, et la graphématique). Puis, le plus examiné par les grammaires : celui des formes, plus précisément le paradigme de l'actualisation. Elle est procurée par certains mots grammaticaux et par les terminaisons des mots variables. Une discipline déjà ancienne la concerne. Elle constitue la partie la plus développée de la grammaire traditionnelle: la morphologie. Voici un exemple d'actualisation minimale.
Peu à peu, il devint ________.
1) drogué 2) un drogué
3) (Au choix, mais de préférence 1) 4) (Au choix, mais de préférence 2)
Réponse Au choix, mais de préférence un drogué.
Mais Peu à peu, il devint visible (un bateau, à travers la brume).
Et On parla de lui. Il devint un héros.
Règle. Avec un, le concept est actualisé (donné comme une substance, non comme une qualité).
Explication. Il devint drogué est moins pertinent. Cette formulation ne dramatise pas autant que le ferait un substantif, montrant la personne devenue telle de façon durable.

Et Cette actualisation est minimale. Elle implique seulement une quantité (un ou des) et, pour le singulier, un genre (un ou une).

C'est l'analyse grammaticale qui permet de faire des distinctions comme celles de mot grammatical et mot lexical. La morphologie (voir les chapitres 2 et 8) diffère profondément, dans ses méthodes et son contenu, de la lexicologie (chap. 10).
Vous pourriez faire le chèque sans inscrire le nom de personne? Personne est ______.
1) Substantif 2) Indéfini 3) (N'importe) 4) (Selon le sens)
Réponse Selon le sens. Indéfini si l'on peut remplacer par qui que ce soit. Substantif si l'on peut actualiser (de la personne).
Mais Un chèque commence par une date, un numéro de compte et un nom de personne (subst.)
Et Je n'ai vu personne (indéf.)
Règle Personne est féminin comme nom, mais il est neutre comme indéfini. (Il n'y avait personne de plus fort qu'elle / Aucune personne n'était plus forte qu'elle).

Personne se grammaticalise : il traverse la frontière qui sépare la lexicologie de la morphologie. La perte de son actualisateur en est la marque tangible. (Inversement, il suffit d'un actualisateur pour qu'un mot grammatical puisse devenir noyau de syntagme: quelqu'un, la une.)

La syntaxe est-elle un paradigme?

Certainement. On peut hésiter du fait que Jakobson la présente comme un axe opposé à ceux des paradigmes (l'axe syntagmatique). Mais c'est qu'il veut présenter le fil du discours (les éléments in presentia) c'est-à-dire la chaîne sonore (ou écrite) comme un axe (qu'il appelle horizontal) alors que les paradigmes sont verticaux (ils offrent des variantes in absentia). Pour dénouer cette ambiguïté, il suffit d'observer que les constructions et places dont s'occupe la syntaxe sont des éléments qui s'expliquent comme tous les autres en vertu des possibilités de variantes. Les variantes sont des variantes d'emplacement. Il y a donc un axe vertical des emplacements possibles qui donnent son sens à l'emplacement réel, ce qui est la définition d'un paradigme (para = "sur le côté" et deiknumi = "je montre").

Précisons donc bien que l'axe syntagmatique de Jakobson contient en réalité deux choses distinctes : la durée du texte, qui prend corps dans son déroulement, et qui n'est pas un paradigme (puisque c'est la réalité observable ou fabriquée) et d'autre part le paradigme de la syntaxe, qui propose toutes les variations de position et d'assemblage des groupes.
"La montagne fait le tour du cow-boy."
Dans cette phrase, on a inversé deux termes, ce qui change leur fonction, puisque normalement c'est le cow-boy qui fait le tour de la montagne. L'étude de la place et de la fonction des termes relève de ____.
1) la lexicologie 2) la sémantique
3) la stylistique 4) (Autre chose)
Réponse Autre chose: la syntaxe.
Mais La sémantique étudie le sens des mots et des expressions. Elle dépend donc de la syntaxe et de la morphologie, bien qu'elle s'appuie surtout sur le lexique.
Définition. La syntaxe étudie les fonctions respectives des groupes de mots et leur emplacement.
Remarque. Syntaxe vient du grec sun et tattô, «ranger ensemble».

À la recherche des paradigmes.

Dans l'exemple suivant, sur quel paradigme joue le problème posé?
Il a parlé ainsi, non pour faire approuver un crime, mais pour le faire considérer _____ nouveau.
1) d'un jour 2) sous un oeil 3) (N'importe) 4) (Autre chose)
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Réponse Autre chose: sous un jour ou d'un oeil.
Et D'un bon (mauvais, autre) oeil; d'un oeil critique.
Mais Il fut pomponné sous le regard attendri de sa mère.
Et Sous un jour, un angle meilleur, flatteur, désavantageux.
Mais D'un jour à l'autre.
Remarque. Le choix de la préposition dépend du mot auquel il accroche un complément mais aussi du sens de ce complément.

La préposition est un connecteur. C'est un mot grammatical qui marque un lien syntaxique (on lie un groupe nominal à un autre groupe quel qu'il soit). Le paradigme est donc la syntaxe (comment assembler les groupes). Signalons à ce sujet que la communication la plus rudimentaire peut s'abstenir de syntaxe: elle est implicite à la séquence des actes de parole. Ce n'est que bien après les sonorités, le rythme, le vocabulaire que l'enfant acquiert des fonctions sujet et objet ou des connecteurs. La syntaxe devient plus nécessaire quand l'énoncé prend une certaine longueur.
Et voici un exemple d'agencement ambigu.
"Ils nous décriront ce qui s'est passé exactement et nous pourrons alors prendre une décision." Exactement qualifie:
1) Ils nous décriront 2) ce qui s'est passé 3) (N'importe) 4) (Selon le sens)
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Réponse Selon le sens (ou selon la prononciation).
Mais Ce qui s'est passé exactement, ils nous le décriront.
Et Ils nous décriront exactement ce qui s'est passé.

Remarque. Le groupe qualifiant se rattache au groupe verbal ou à l'ensemble de la phrase (en cas d'équivoque, il est préférable de modifier l'ordre des termes).

La hiérarchie des groupes est une combinatoire syntaxique. On l'a vu plus haut (chapitre Découpage et marquage). Faut-il pour autant faire de la syntagmatique une branche à part? Non, sans doute, mais il faut alors définir la syntaxe comme englobant non seulement les fonctions et les emplacements mais aussi l'agencement des syntagmes. On pourrait aussi considérer la combinatoire des syntagmes comme un paradigme distinct, auquel s'adjoindrait la combinatoire des actes de parole, voire celle des phrases en alinéa, sinon celle des alinéas en paragraphe et en chapitre... Le rôle de ces agencements dans la communication et la signification, pour caché qu'il soit, est essentiel. Les écrivains sont aussi sensibles que les psychologues à la dimension et à la position de chaque ensemble textuel. Et quiconque décode le fait à mesure du déroulement, selon le temps imparti. Ce temps partagé est comme l'étoffe dans laquelle se taille le réel forgé conjointement par les interlocuteurs.

La grammaire.
Le mot grammaire vient du grec gramma, "lettre".
Former des lettres, savoir lire, c'est le tout début de l'enseignement. Quelle est la première étape à franchir pour créer un code de transcription (correspondance entre sons et lettres)?
1) L'alphabétisation.
2) La prononciation correcte (orthoépie).
3) La graphie correcte (orthographe).
4) L'identification des sons à reconnaître comme distincts (phonologie).
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Réponse La phonologie.
Mais L'orthographe règle la transcription selon l'usage ou la norme. Elle suppose que le code alphabétique existe. L'orthoépie règle la prononciation selon l'usage ou la norme. Elle suppose un système d'oppositions.

Expl. L'orthographe et l'orthoépie sont au point de départ historique (et pédagogique) de la grammaire. On parle fort justement, à ce propos, d'alphabétisation. L'alphabet, ce ne sont pas seulement des lettres, c'est aussi l'identification des phonèmes qu'elles transcrivent.
Et L'alphabétisation est un processus socio-culturel par lequel une population dans son ensemble accède à la connaissance de l'alphabet.

Le système des sons, ramenés à leurs oppositions caractéristiques, détermine le nombre de lettres nécessaires, suivant les langues. La phonologie est la branche de la phonétique qui établit le système des sons d'une langue.
Le mot latin grammatica, "grammaire", a donné, en ancien français, grimoire, mot qui aujourd'hui veut dire tout simplement "texte illisible"(hum!) Mais une grammaire, aujourd'hui, en quoi cela consiste-t-il?
1) C'est l'étude des règles élémentaires qui permettent de lire et écrire.
2) Ce n'est plus qu'un équivalent démodé du mot linguistique.
3) C'est une partie seulement de la linguistique.
4) (1, 2 ou 3, selon la nuance de sens)
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Réponse 1, 2 ou 3, selon la nuance de sens, l'auditoire ou l'intention du locuteur.
Mais Grimoire: "écrit indéchiffrable"... tant les grammaires de jadis paraissaient obscures! Et celles d'aujourd'hui?
Explication. La linguistique est une science, sans doute, mais son objet ne dépasse pas totalement celui de la bonne vieille grammaire. Démodée? Encore utile dans les classes élémentaires, quand il s'agit d'aller au plus court le plus familièrement possible.

La grammaire étudie les éléments du texte, oral ou écrit, donc aussi bien les sons et les lettres, que les formes, les catégories, les fonctions, et leur assemblage en propositions et en phrases. Elle se concentre sur les mots grammaticaux (les plus courts et les plus fréquents, souvent atones). Elle exclut la sémantique. Le dictionnaire est le complément obligé de la grammaire.

Y a-t-il des paradigmes qui échappent à la grammaire? Quand on lit du Chateaubriand, ("Le son que rendent les passions dans le vide d'un coeur solitaire est semblable au hurlement du vent"), ou du Baudelaire ("Grands bois vous m'effrayez comme des cathédrales"), ne devient-on pas sensible au rythme d'un texte?
"Un chalutier rentre." Une phrase comme celle-ci est appelée: ________.
1) phrase binaire 2) monorème 3) holophrase 4) phrase uninaire
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Réponse phrase uninaire
Ou phrase à un seul membre
Mais "Il trace des lignes aussi, lève la tête de temps en temps" est une phrase binaire (à deux membres).
Et Il y a des phrases ternaires et des "périodes", qui sont des phrases à membres symétriques et équilibrés.

Le paradigme ici n'est pas syntaxique ou sonore, bien qu'il ait beaucoup à voir avec la dimension des segments et la prononciation. Le nombre de membres, qui répartit des durées, détermine un rythme. Ce point de vue, distinct des précédents, entraîne des choix spécifiques. Faut-il le considérer comme un paradigme?
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Les variantes possibles font la valeur des choix effectués. Le rythme est donc un paradigme. Il est proche de celui des sonorités et des graphies car il prend place au niveau de la surface perceptible du texte, mais il concerne la durée. Le rythme est même, sans doute, le paradigme le plus évident, le plus transmissible, voire le plus parlant, d'un texte, car on ne peut se faire une image du texte qu'en l'allongeant sur une durée qui est celle du sujet parlant mais qui se chosifie dans un espace fictif. Mais en réalité cette durée est la persistance des individus présents. C'est cette présence qui fait la puissance du rythme. Si l'on songe aux messages envoyés de colline en colline par le tam-tam, le pouvoir du rythme est tel qu'il peut aller jusqu'à se substituer aux autres paradigmes. Mais il est présent dans la poitrine de tout être humain comme les battements de son coeur, et il se manifeste sans mots dans la danse et la musique.

Autour du "mot"...

De tous les types de segments découpables dans un texte, le mot est le plus courant, le plus évident. Quelle en est la meilleure définition?
Le mot est _____.
1) un groupe de phonèmes doté d'un sens
2) un groupe de lettres isolé par un espace
3) une unité de substitution (on peut le remplacer par d'autres "mots")
4) une unité de combinaison (on ne peut pas y insérer un autre "mot")
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Réponse unité élémentaire de combinaison (on ne peut pas y insérer un autre "mot")
Mais La 1re définition, pour être valable, reste un peu vague. Ne s'applique-t-elle pas aussi bien à des unités plus grandes ou plus petites?
Un groupe de phonèmes, ce serait plutôt un "mot phonétique", ensemble délimité sur le plan sonore par l'allongement de la dernière voyelle. Cet ensemble comprend habituellement plusieurs mots. (Ex. Il faudrait encore...)
Et Le groupe de lettres isolé par un espace n'est que le signifiant du mot, le mot "graphique". Cette définition, sans être fausse, reste partielle.
Mais N'y a-t-il pas pétition de principe à définir le mot seulement par des espaces graphiques. C'est seulement évident au décodage (par la lecture). À l'écriture, les espaces doivent être placés, donc survenir après une identification. (Leur évidence est acquise, par des années, scolaires.)

Dans les équivoques et les jeux de mots, il y a plusieurs façons de diviser en mots graphiques. Ex. Volais-tu / Vos laitues. La division graphique n'ayant aucune marque sonore, elle relève seulement de la culture livresque.
En vue de rédiger un dictionnaire, on rassemble de la documentation sur certains mots. Ces recherches relèvent de ________.
1) l'axe paradigmatique 2) l'étymologie 3) la lexicographie 4) la lexicologie
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Réponse la lexicographie
Mais Avant de se lancer dans la rédaction d'un dictionnaire, on devrait avoir fait de solides études de lexicologie.
Et Les dictionnaires de langue relèvent aussi l'étymologie de leurs entrées.
Ou Pour la plupart des textes, des variantes lexicales sont possibles (synonymie). Le lexique est donc un axe paradigmatique d'analyse du texte.
Définition. La lexicologie est une science (la notion de lexème, les méthodes et critères de leur classement); la lexicographie est une pratique (le relevé des lexèmes).

Le lexème est la partie du mot que l'on classe dans un lexique (dictionnaire), sa racine, en somme. Cette partie est invariable.
Quand on l'introduit dans une phrase, le lexème (la racine lexicale) s'adjoint des suffixes et des terminaisons, des actualisateurs, des connecteurs... et devient un syntagme. Or les syntagmes sont de trois types, du point de vue de leur construction. Et ce type dépend de la catégorie du noyau.
Dans quelles "parties du discours" (catégories grammaticales ou classes de mots) rencontre-t-on les mots lexicaux?
1) Le nom (ou substantif) et le verbe.
2) Le nom, le verbe, les adjectifs (possessif, démonstratif, indéfini, etc.)
3) Le nom, le verbe, l'adverbe.
4) (Autre chose)
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Réponse Autre chose: le nom et le verbe, le qualificatif et l'adverbe. Autrement dit, le lexème nominal, le lexème verbal et le lexème qualifiant. En effet, le qualificatif est le qualifiant du nom et l'adverbe est le qualifiant du verbe.
Remarque. Les mots lexicaux (par opposition aux mots vides ou "grammaticaux") sont ceux qui évoquent des concepts actualisables. Leur contenu est explicité dans des recueils appelés lexiques.

Le lexème est-il (comme on le croit généralement) une unité syntaxique? Ne doit-il pas devenir un groupe (même s'il est seul dans ce "groupe")?
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On a vu plus haut (notamment au chapitre sur le découpage, que les lexèmes devaient avoir reçu une actualisation et un lien pour entrer dans une phrase.
"Mon nouvel ami boit son jus d'orange."
Combien de groupes nominaux compte-t-on dans cette proposition?
1) Zéro. 2) Un. 3) Deux. 4) Trois.
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Réponse Trois: Mon nouvel ami, son jus et d'orange.
Mais Il le boit (zéro). Et Il boit son jus (un). Ou Il boit son jus d'orange (deux).
Règle. Le noyau du groupe nominal est un substantif.

Mais Tout substantif n'est pas noyau de groupe nominal. Le substantif non actualisé peut entrer dans un groupe nominal comme une sorte de qualifiant (la pause-café).

Le pronom, même s'il a les fonctions du groupe nominal, n'est pas un groupe, pour la simple raison qu'il peut entrer dans le groupe du verbe, dont il est alors un actualisateur (et même un actant).

Les noms propres ont une actualisation (implicite) et une fonction. Ils sont donc des groupes nominaux.

Les syntagmes et leurs fonctions.
Le groupe syntaxique est un ensemble de mots caractérisé par sa fonction dans ________.
1) la proposition 2) l'assertion 3) la phrase 4) (N'importe)
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Réponse N'importe: l'assertion, la proposition ou la phrase.
Mais La proposition a un groupe verbal pour pivot.

Et Certaines assertions et les holophrases sont constituées d'un seul mot.
Remarque. Les groupes syntaxiques se regroupent eux-mêmes en propositions, qui entrent alors dans des surgroupes, jusqu'à ce qu'on débouche sur un acte de parole. L'ensemble des actes de parole est la phrase.

Et L'acte de parole équivaut à une phrase mais qui se comprendrait par le ton ou par sa place par rapport à un autre acte de parole.
"La réprimande de Mademoiselle. Mademoiselle réprimande Rita. La réprimande de Rita par Mademoiselle." Le substantif diffère du verbe, au point de vue syntaxique, en ceci:
1) Il n'a pas d'actant. 2) Il n'a qu'un actant. 3) Il n'a pas la possibilité d'avoir plusieurs actants. 4) Il n'a pas toujours au moins un actant.
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Réponse Il n'a pas toujours au moins un actant. Ou Il n'a pas l'habitude d'être environné d'actants.
Expl. De introduit un complément du nom . Si c'est un nom d'action, de introduit le sujet ou l'objet de cette action.
Et On voit que le substantif peut aussi avoir plus d'un actant (de, par) mais c'est moins naturel qu'autour du verbe.

Le substantif et le verbe sont des noyaux de groupe syntaxique. Tous deux sont actualisés. (Les regards, observe-les.) Le verbe est normalement environné d'actants (pronoms ou groupes syntaxiques). Le substantif peut l'être aussi quand il désigne une action.

Le substantif diffère du verbe au point de vue sémantique parce qu'il concerne une sorte de substance (grammaticalement parlant); le verbe, une sorte d'action (grammaticale). Au point de vue syntaxique, le substantif diffère du verbe parce que ses actants sont rares et moins faciles à placer.

Mais l'infinitif? Est-il un verbe ou un nom?
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Il se construit avec des prépositions comme un nom mais il reçoit des compléments comme un verbe. Toutefois, il n'est pas pleinement verbe car on ne le conjugue pas. Et il n'est pas pleinement nom car il ne reçoit pas d'article; il reçoit des pronoms (le toucher est un exemple d'infinitif avec pronom : "toucher quelqu'un" ou de nom avec article : "le sens tactile"). Il faut choisir. Avec article, l'infinitif subit une translation qui le transforme en nom. Comme infinitif, il est la forme nominale du verbe en ce sens qu'il se construit comme un actant mais en restant un verbe, non conjugué.
"Quand tu as vu un tel rire, tu as d'abord voulu prendre la fuite, non?"
Rire est ________.
1) un substantif 2) un verbe à l'infinitif 3) (Selon le sens) 4) (Autre chose)
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Réponse Selon le sens. Verbe si un tel désigne qqn, une personne en particulier; subst. si tel veut dire "si terrible".
Et J'ai entendu un fou rire (un fou qui riait ou un rire qui était incontrôlable, selon le sens).

Mais J'ai vu rire un fou. Et Elle a le fou rire.
Règle. Habituellement, la forme suffit à identifier le verbe, le subst. ou le qualifiant.

Remarque. L'infinitif se prête à une substantification: il suffit de l'actualiser (un rire, le rire).

Certaines formes sont équivoques. Le contexte permet d'ordinaire de désambiguïser. Ex. La lapine lapine. Lapiner: «avoir ses petits (pour une lapine)».
Alors, avec Gaspard et Sylvaine, de nouve___ amis, on irait prendre un verre.
1) au (de nouveau est syntagme qualifiant)
2) aux (nouveau est qualificatif et s'accorde)
3) (N'importe) 4) (Selon le sens)
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Réponse Selon le sens. Pas de x si Gaspard et Sylvaine ont été en froid, x s'ils n'étaient pas liés avec le locuteur.
Règle. Le qualifiant du substantif est appelé qualificatif et il varie en genre et en nombre avec le substantif auquel il se rapporte. Tous les autres qualifiants (du verbe, du qualificatif, de l'adverbe, de la phrase) sont appelés adverbes et restent invariables.

Explication. Le qualifiant qui s'accroche à un substantif prend la forme d'un qualificatif; le qualifiant qui s'accroche à un qualificatif, à un verbe ou à l'ensemble d'une phrase prend la forme d'un adverbe.
Et Comme qualificatif, le qualifiant varie (de est alors article). Comme adverbe, le qualifiant est invariable (de fait alors partie du groupe qualifiant, il sert de lien).

Pour les qualifiants, l'analyse importe d'autant plus qu'ils se glissent partout, avec ou sans verbe copule, jusque dans les liens syntaxiques, sous différentes dimensions. Comme groupe qualifiant, plusieurs fonctions sont à considérer.
"... Jusqu'à ce que, rassuré, il s'éloigne." Fonction de rassuré: ________.
1) épithète 2) attribut 3) apposé 4) (Autre chose)
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Réponse apposé
Mais Il s'éloigna rassuré (attribut). Et Le garde rassuré discutait, lui, à voix haute (épithète).
Règle. Entre virgules, le qualificatif ou le substantif constitue une assertion distincte appelée «apposition». Sa fonction est seulement de s'accrocher à un substantif proche.
Et Le groupe nominal apposé, normalement, ne prend pas l'article (contrairement à ce qui se passe en anglais).

Il y a différentes formes de qualifiants.
Ce n'est pas parce qu'il est au début de sa vie d'adulte qu'il doit être traité ______.
1) inférieurement 2) comme un inférieur 3) comme inférieur 4) en inférieur
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Réponse En inférieur.
Mais Le sujet a déjà été traité par un publiciste, mais inférieurement.

Explication. L'adverbe modifie l'action du verbe; le complément attributif accroche au sujet la qualité.
Règle. L'attribut ou le complément attributif rattache la qualité à un des actants, alors que l'adverbe la rattache à l'action verbale.

La frontière des qualifiants et des mots grammaticaux est parfois franchie.
"Parmi les PME, après la crise, beaucoup sont restées sur le carreau."
Ici, beaucoup est ________.
1) adverbe de quantité 2) morphème qualifiant
3) actualisateur du groupe nominal 4) actualisateur du groupe verbal
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Rép. actualisateur de sont restées.
Mais Il sort beaucoup. (Adverbe de quantité donc qualifiant et morphème.)
Et Ce n'est pas beaucoup mieux. (Idem, mais accroché à un autre qualifiant.)
Ou Il était de beaucoup le plus bas soumissionnaire. (Groupe qualifiant.)
Et Elle manifestait beaucoup de sang-froid. (Actualisateur du groupe nominal.)
Règle Beaucoup de a une origine nominale (beau + coup) mais ce n'est plus qu'un morphème de quantité, il actualise sans plus.
Rem. Beaucoup peut renforcer plus, mais plus ne peut renforcer beaucoup.
Et Beaucoup, adverbe, sert aussi à actualiser le groupe nominal (beaucoup de) ou le groupe verbal; nombreux, qualificatif.

La dimension, nécessaire pour que le segment ait la capacité de constituer un groupe, a son importance. Au-delà du groupe, avant la phrase, entre la phrase et le groupe, on prendra en considération les actes de paroles, notamment ceux qui ont une valeur prédicative.

L'assertion.
Dans une même phrase, on peut avoir plusieurs actes de langage successifs, distincts par le contenu et par l'attitude du locuteur. Ce sont les ______.
1) propositions 2) groupes syntaxiques 3) affirmations 4) (Autre chose)
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Réponse Autre chose: assertions ou actes de parole (que délimitent les virgules).
Mais Les propositions sont des syntagmes verbaux (subordonnés ou non).
Et Le groupe syntaxique est une unité centrée sur la fonction grammaticale, intermédiaire entre le mot et l'acte de parole.
Ou On a une affirmation (ou assertion positive) quand le verbe n'est pas marqué négativement, tout simplement.
Découpez en assertions. "Un tableau peint par un Hollandais a eu l'enchère la plus élevée".
1) Une virgule (après Hollandais).
2) Deux virgules (après tableau et après Hollandais).
3) Pas de virgule.
4) (2 ou 3, selon la nuance de sens)
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Réponse Pas de virg. ou deux virg., selon la nuance de sens.
Et Peint par un Hollandais, sans virg., détermine tableau (il s'agit alors d'une vente de tableaux); le même segment, entouré de virg., constitue une seconde assertion (il s'agit alors d'une vente d'objets qui ne sont pas seulement des tableaux).
Ou Remarquer que la seconde assertion a été enchâssée dans la première: on pourrait remplacer les virgules par des parenthèses. Dans ce cas, il y a deux assertions, et non trois, bien qu'il y ait trois segments.

De même qu'on distingue une parenthèse ouvrante et une parenthèse fermante, on peut parler de virgule ouvrante et de virgule fermante, autour d'une assertion enchâssée dans une autre.
Si l'on veut découper un segment de la dimension de la phrase, en quel type de segments peut-on le faire? Y a-t-il une marque graphique?
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Une phrase un peu longue et complexe peut contenir plusieurs actes de parole. Comme délimiteur, on pense surtout aux virgules, qui existent oralement sous la forme de coup de glotte (interruption de la vibration des cordes vocales).

Découpez la phrase suivante:
"Je ne pars pas parce que je déteste la guerre" (Attention: celui qui parle a-t-il l'intention de ne pas partir ou bien est-il en train de se préparer à partir?)
1) Aucune virgule. Il n'y a qu'une seule assertion.
2) Virgule après pas. On peut voir ici deux assertions.
3) (Au choix) 4) (Selon le sens)
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Réponse Selon le sens. Sans virgule, la négation porte sur la subordonnée (= ce n'est pas parce que je déteste la guerre que je pars). Avec virgule, il y a un fait: Je ne pars pas et sa cause (= c'est parce que je déteste la guerre que je ne pars pas).
Remarque. La délimitation des assertions (et donc la pose de virgules) est souvent essentielle au sens.

Les assertions sont-elles des unités de type syntaxique? À quel paradigme se rattachent-elles? Constituent-elles un paradigme à elles seules?
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La syntaxe est habituellement étendue sur toute la phrase (il est rare qu'elle se répercute sur plusieurs phrases; voir cependant le licou). Mais certains actes de parole peuvent avoir une syntaxe distincte du reste de la phrase (incises, juxtapositions). Le paradigme de la syntaxe est donc appliqué pleinement aux actes de parole seulement et, pour les phrases, il y a une capacité d'application de la syntaxe par le biais des adjonctions. La capacité de lier certains actes de parole aux autres par des liens syntaxiques passe par le moyen des adjonctions. Ce paradigme-là n'est pas syntaxique au sens strict. Voici donc un problème, théorique sans doute, mais intéressant. Voyons-le rapidement.

L'acte de parole est un acte du locuteur en contexte situationnel. S'il est un paradigme, ce paradigme est du côté du signifié. Énoncé ou énonciation? Objets, idées, sentiments, actions, personnages? Ou fonction expressive, injonctive, informative, esthétique, situationnelle, de contact?
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On peut changer de fonction énonciative en franchissant une virgule. Or l'analyse de contenu se fait sur des racines lexicales ou des syntagmes. L'acte de parole, lui, est une cellule élémentaire du point de vue du signifié en acte. Il n'est pas un paradigme parce qu'il peut relever de n'importe quel paradigme du signifié, ceux-ci n'étant pas incompatibles entre eux. Par exemple, la constatation est un acte de parole qui a un objet. Le jugement de valeur en est un qui a une idée comme contenu. La narration rapporte une action. Les prises de position personnelles du locuteur concernent la personne. Voilà pour les contenus. Les autres fonctions sont celles de l'énonciation.

Acte de parole ou lien syntaxique.

Le langage primitif juxtaposait les actes de parole. La simple proximité suffisait à indiquer une cause, une conséquence, etc. (Ex. : «Pluie! Lac! Eau! Beaucoup! Beaucoup!») Après les types de lexèmes sont apparus les actualisateurs (par délexicalisation) puis, quand la nécessité d'expliciter les liens a commencé à se faire sentir parce que la phrase devenait plus longue et plus complexe, sont apparus les connecteurs. Ainsi les actes de parole ont-ils été agencés entre eux. (La pluie a fait monter le niveau de l'eau du lac, qui a débordé partout.) Il y a donc une relation entre les actes de parole, par leur position, et les liens syntaxiques?
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Oui. Les connecteurs ont pris la relève de la juxtaposition des actes. Leur variété a permis de préciser ces relations. Si l'on se demande --- en bonne méthodologie --- quel est le terme non marqué du système des liens, on peut répondre: la simple juxtaposition d'actes de parole (à raison de un par syntagme). Dans l'état actuel de développement des phrases, les assertions adjacentes sont parfois accrochées à un niveau égal (coordination à plus de deux termes), le plus souvent elles sont subordonnées (apposition, circonstancielle déplacée, relative explicative). On peut dire que, vu le sens du flux expressif, de gauche à droite dans notre écriture occidentale, la subordonnée qui se trouve à droite a besoin d'un lien explicite.
____________ les formes symboliques conservent une certaine préciosité.
1) Il est étrange que 2) Étrangement,
3) (Au choix, mais de préférence 1) 4) (Au choix, mais de préférence 2)
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Réponse Au choix, mais de préférence Il est étrange que.
Explication. Comme prédicat de la constatation qui suit, il est plus soigné d'avoir un groupe verbal qu'un adverbe (qui devrait se juxtaposer comme acte de parole).
Mais Les deux tours sont possibles. Sans connecteur, on a des actes de parole distincts.
"Attention! Vous allez trop vite." Attention est ________.
1) une phrase incomplète
2) une apostrophe désagréable
3) un ordre impératif
4) une holophrase (phrase réduite à un seul mot)
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Réponse une holophrase
Mais Salaud, disparaissez! (Salaud, apostrophe désagréable, attire l'attention de qqn en le désignant

comme interlocuteur.)
Règle. L'holophrase est une phrase constituée d'un seul mot: Admirable! (= C'est admirable.) Feu! (= Faites feu.)

Monorème, employé dans ce sens par quelques linguistes, a des acceptions trop diverses. Holophrase est plus spécifique et il peut faire penser à tout segment court équivalant à une phrase (à la limite un mot-phrase).

Ce qu'il faudrait tâcher de voir, maintenant, c'est la relation des actes de parole entre eux, leurs fonctions, souvent implicites. Placer des virgules ou des points est déjà une manière de reconnaître cela (les limites et les fonctions).

Ce segment de phrase de Gilbert La Rocque (Serge d'entre les morts, p.68), ponctuez-le.

Oui c'était prévu depuis longtemps et comme depuis toujours avant même le mariage de Colette je savais qu'un jour cela allait arriver.
1) Oui. C'était prévu. Depuis... longtemps! Et comme depuis toujours. Avant même le mariage de Colette. Je savais qu'un jour, cela allait arriver.
2) Oui, c'était prévu depuis longtemps et comme depuis toujours. Avant même le mariage de Colette, je savais qu'un jour cela allait arriver...
3) Oui, c'était prévu. Depuis longtemps et comme depuis toujours: avant même le mariage de Colette. Je savais qu'un jour cela allait arriver.
4) Oui! C'était prévu! Depuis longtemps... et comme depuis toujours!? Avant même le mariage de Colette... Je savais qu'un jour... cela allait arriver!!!
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Réponse Oui, c'était prévu depuis longtemps et comme depuis toujours. Avant même le mariage de Colette, je savais qu'un jour cela allait arriver...
Remarque. Aucune des réponses n'est erronée. On peut multiplier les actes de parole et leur conférer une expressivité maximale.
Explication. Ce qui favorise la réponse préférée, c'est qu'elle attache Avant même... à je savais, ce qui peut passer pour vraisemblable.

Nature des actes de parole.

Voici quatre phrases simples. Ont-elles principalement la fonction prédicative? Sont-elles pour autant du même type au point de vue du contenu?
a) Voici un coléoptère.
b) L'eau du lac est toujours très fraîche.
c) Nous serons là à sept heures.
d) Je t'aime.
1) Toutes sont prédicatives mais b) seule constitue une assertion d'idée (le thème et le prédicat sont définis par des concepts).
2) b) est la seule à être prédicative. a) est impressive, c) et d) sont expressives.
3) b), c), d) sont prédicatives. La fonction de a) est de situation.
4) (Autre chose)
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Réponse Toutes sont prédicatives principalement (du moins par la forme, car le contexte et le ton peuvent jouer un rôle, ici non apparent). b) est la seule qui explicite le thème sous la forme classique de sujet du verbe.
Mais Dans a), le thème est qqch. que l'on montre. C'est une assertion d'objet.

Et Dans c), le thème est derrière le verbe (être là: "arriver"). Je t'aime n'est pas purement émotif ou expressif. Le locuteur se déclare, s'engage. On dira que c'est une assertion "de personne".
Remarque. Objet, idée, sentiment, action et personne sont les catégories fondamentales de l'énoncé.
Et On peut réunir idée et sentiment et classer les assertions en quatre types selon que le thème est un objet, une idée, une action ou une personne.

Acte de parole visant une action ou une idée.
"Du train de cinq heures descendit un homme bien mis..."
Quel est le thème de cette phrase?
1) un homme bien mis 2) du train de cinq heures 3) descendit
4) (Il n'y a pas de thème car c'est une phrase d'action)
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Réponse C'est une phrase d'action et il serait un peu forcé de la prendre comme phrase prédicative.
Remarque. On voit le train, la descente, enfin l'homme, comme au cinéma.
L'inversion permet d'éviter la virgule après la circonstancielle initiale et donc de n'avoir qu'une assertion, et pas de prédication.
Mais Du train de 5h, un homme descendit. Le circonstanciel initial est la désignation du thème de ce qui suit.
Et Le train de 5h. Quelqu'un descend. C'est un homme élégamment vêtu. (Phrase nominale, le train est donné comme objet; phrase d'action; phrase prédicative.)
Règle. L'inversion a pour effet de retirer au sujet grammatical sa fonction de thème de l'assertion.

Les paradigmes de l'énonciation sont les fonctions jakobsoniennes.
Il y a quatre types de phrases: ______.
1) interrogative, négative, impérative, exclamative
2) interrogative, impérative, exclamative, déclarative
3) interrogative, affirmative, impérative, déclarative
4) (Autre chose)
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Réponse Autre chose. Il y a autant de types de phrase que de fonctions du discours.
Règle. La phrase constituée d'un verbe sera interrogative, impérative, exclamative ou déclarative.

Remarque. La phrase déclarative correspond à la fonction référentielle (on dit qqch. de qqch.); la phrase impérative correspond à la fonction injonctive (on veut faire faire qqch. à qqn); l'interrogative place un prédicat à venir dans le discours de l'interlocuteur; l'exclamative permet à qqn d'exprimer ses sentiments.

Jakobson observe encore une fonction métalinguistique (définitions lexicales, traductions, analyses) et une fonction poétique (le vers, par exemple). On peut ajouter la fonction «de situation», qui note le lieu, le temps, le locuteur (datation, signature), ou l'objet (étiquette). Cette fonction produit des phrases nominales, c'est-à-dire sans verbe.

Dans l'exemple qui suit, y a-t-il des autonymes?
Il ne faut écrire que l'initiale de son prénom, suivie du patronyme ou nom de famille et son adresse.
1) (Tel quel) 2) Une virg. après famille.
3) Deux virg. l'une après patronyme, l'autre après famille. 4) (Selon le sens)
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Réponse Deux virgules.
Mais En Argentine, le patronyme ou le matronyme sont conservés après le mariage.
Règle. Entre virgules, le groupe syntaxique constitue une assertion distincte.
Et Un groupe syntaxique peut faire l'objet d'une assertion distincte quand sa suppression ne modifie pas le sens du reste.
Règle. Avec ou, normalement, pas de virgule.
Mais Si la coordination avec ou ne porte que sur la façon de nommer, ou introduit un groupe syntaxique supprimable (on pourrait le mettre entre parenthèses) : mettre des virgules sera plus net.

Il n'y avait pas d'autonymes mais un mot grammatical : patronyme. Peu fréquent, on en donne aussitôt une définition. Voilà l'occasion d'observer concrètement comment s'introduisent les termes de grammaire dans le langage. Jakobson en fait une classe à part et leur donne tout un axe paradigmatique, celui de la "métalangue". Mais faut-il leur donner un statut aussi particulier? Ou bien sont-ils des mots comme tous les autres, avec une classe de référents spécifiques, mais analogues à d'autres? N'y a-t-il que les termes de la linguistique à pouvoir s'affubler d'un synonyme introduit par ou?
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Tout terme tant soit peu spécialisé, en n'importe quel domaine, peut recevoir un synonyme introduit par ou. Que représentent-ils donc de si particulier, les termes de la linguistique, qu'on veuille (Jakobson) leur donner l'importance d'un axe de combinaison? Le fait que leur objet soit la langue que l'on parle (et se présuppose donc lui-même pour que l'on puisse en parler) est une particularité plus épistémologique que structurale... Les variantes de métalangue sont lexicales comme les autres. Le vocabulaire de la linguistique ne constitue pas, à nos yeux, un paradigme distinct. Il est tout au plus un secteur de l'axe des lexèmes... Ce qui est linguistique, et a donc sa nomenclature, est un champ, non un classème, ni a fortiori un paradigme.

Ce qu'il faut observer, cependant, c'est que les termes de grammaire, utilisés à propos d'autres mots (Ex. : épiderme est masculin), provoquent une utilisation des autres mots qui délaisse leur véritable sens (l'autonymie!) Voilà comment sortir du cercle de la langue sur la langue. Utiliser les italiques autonymiques...

L'autonymie.

Le signifiant et le signifié sont-ils séparables même dans le mot? Un segment de texte est parfois marqué de telle sorte qu'il doive être compris, non pour son sens, mais en tant que signifiant (Quadrimoteur a quatre syllabes). On dit en ce cas que le segment est autonymique.
"Saussure, peu confiant dans ses talents de dessinateur, s'est servi du mot arbre et du mot cheval pour expliquer le signe linguistique." Dans cette phrase, quels sont les segments autonymiques (qui se désignent comme mots)?
1) mot (les deux fois) 2) mot arbre, mot cheval 3) arbre, cheval 4) arbre, cheval
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Réponse arbre, cheval
Mais Mot appartient à la métalangue (la langue qui parle de la langue).
Remarque. La marque graphique de l'autonymie est l'italique (imprimé) ou le souligné (manuscrit).
Dans la phrase que voici, quels sont les segments autonymiques?
"Au sens figuré, on devrait traduire pigs par vaches".
1) figuré 2) pigs 3) vaches 4) (Autre chose)
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Réponse Autre chose: pigs et vaches.
Explication. Ces deux mots sont là comme mots (source et cible de la traduction). Ils n'ont pas, ici, de rapport explicite avec leurs référents respectifs, réels ou figurés.
Et Les segments sont autonymes quand ils peuvent être annoncés par le mot ou un terme analogue. Ex.: ... traduire le mot pigs par le mot vaches.
Mais En québécois, vache: "moche, lâche" et non "méchant". Il a même donné un dérivé: vacher, "paresser".

Réarticulations successives.

Au début de ce chapitre, le concept d'articulation linguistique a été défini. Les paradigmes viennent d'être récapitulés. Il ne reste plus qu'à regrouper ceux-ci en quatre catégories pour prendre une vue d'ensemble de l'envergure, de l'extraordinaire puissance de la grammaire...

Au premier niveau, qui est celui de l'énonciation, se trouvent les actes de parole. On pourrait en évaluer la quantité. Il faut prendre en considération le nombre des locuteurs et la diversité des interactions entre eux, au jour le jour. À combien d'interactions possibles évaluez-vous l'extension concrète de ces énonciations de première articulation?
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On atteint facilement une extension qui est de l'ordre du milliard ou plus, selon l'idiome et la durée considérée. (Il s'agit seulement d'imaginer la chose dans son cadre réel.)

Inutile de préciser davantage car le niveau suivant, celui de l'énoncé, qui réunit des contenus (objet, idée, action, personne) est une réarticulation de ces actes de parole, avec un certain degré d'abstraction, donc avec une réduction importante de l'extension. À combien imaginez-vous que l'on puisse chiffrer la diversité des contenus des interactions?
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Disons quelques millions (pour donner un ordre de grandeur car tout dépend de "l'univers" considéré, dans le temps comme dans l'espace).

Ces deux ensembles appartiennent au signifié. Deux autres niveaux d'articulations se présentent du côté de la face signifiante du signe. Lexique, formes, syntaxe représentent l'énoncé linguistiquement. On peut encore faire une évaluation quantitative mais nos millions de contenus ne s'expriment plus que dans des quantités nombrables, si l'on peut dire, de mots différents. Votre évaluation?
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C'est une réarticulation beaucoup moins abondante : quelques milliers.

Une quatrième réarticulation réunit les faces visible et audible du phénomène : le signifiant le plus concret. Les paradigmes sonores, graphiques, mélodiques et rythmiques le manifestent.

Une dernière évaluation de l'extension?
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Ce sont seulement quelques centaines d'éléments, cette fois. L'alphabet n'a que 26 lettres...

Disons qu'on peut ici toucher du doigt la puissance de ces structures superposées à quatre niveaux. Quelques centaines d'éléments combinés suffisent à manifester quelques milliers de formes linguistiques qui suffisent à dire quelques millions de choses dans quelques milliards d'interactions!

TABLEAU DES AXES DE L'ANALYSE

Axe de combinaison. ----> (Il représente le temps du locuteur ou l'espace de la ligne écrite.) Ex.:
Entends-tu? Notre fille chante.    Elle est    réveillée   et    sous     la    douche!
(Écoute!)   (Cathy) (sifflote)
(Émilie!    (un passant)(pleure)   (il) (était)(sur- -ant) (car) (dans)  (les)   -è- j

Axes de sélection. À visualiser verticalement (On a entends-tu? plutôt que écoute!; etc.) On en envisage une dizaine, listés ci-dessous. Ils représentent des choix, souvent implicites.
[Le nom de la discipline scientifique est en gras. - Le matériau, ce qui est délimité, est en romains. - Le type est entre guillemets. - Il y a aussi une délimitation, une marque de découpage des éléments, qui a été mise en italiques.]
1
Pragmatique. Actes de parole. «Fonctions énonciatives.» Ponctuation.
2
Thématique. Référent. «Objet, idée, action, personne.» Groupe de mots.
3
Syntagmatique. Syntagme. «SN, SQ, SV.» Mot "phonétique".
4
Logique. Concept. «Sème générique, spécifique, virtuel.» Racine lexicale ou préfixe.
5
Lexicologie. Mot lexical. «Nom, adjectif, adverbe, verbe.» Espace graphique.
6
Morphologie. Actualisateur. «Article, pronom, terminaison...» Espace ou suffixe.
7
Syntaxe. Taxème. «Noyau, subordonnant ou coordonnant.» Espace ou emplacement.
8
Prosodie. Syllabe. «Tonique, atone, durée» Point le plus fermé.
9
Phonologie. Phonème. «Voyelle, consonne sourde ou sonore.» Articulation.
10
Graphie. Lettre. «Jambage, oeil, queue, haste, barre, accent.» Caractère.

Y a-t-il une relation entre la méthode des constituants immédiats (C.I.) et les paradigmes? Par exemple, est-ce en se plaçant dans une série paradigmatique que l'on peut analyser ou au contraire synthétiser un segment de texte?
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La relation est étroite puisque chaque segment réuni à un voisin par sa proximité ("immédiatement") forme avec lui un nouvel ensemble (est un "constituant"), à un point de vue qui est justement le paradigme (il a des variantes possibles qui le rendent significatif au niveau du paradigme).

EXERCICE

Analyser (découper des parties), identifier ensuite l'axe concerné en précisant 1, le matériau; 2, le type; 3, la délimitation; 4, la branche scientifique.

1 mirobolant

2 anticonstitutionnellement

3 je te crois

4 Il prit de l'ail pour mâcher avec son pain noir.

5 Butor de pied plat ridicule (Rostand, Cyrano de Bergerac)

6 "Tu as le coeur à rire, moi, je l'ai à pleurer"

7 (Une mise en demeure envoyée par lettre recommandée)


Corrigé.

1 mi-ro-bo-lant. 1, des syllabes; 2, durée : trois brèves, une longue; 3, point d'aperture minimale; 4, la prosodie.

2 anti-con-stit-ution-nel-le-ment. 1, des parties de mot; 2, préfixes, racine, suffixes; 3, présence de sème; 4, la lexicologie.

3 je te crois. 1, des parties de syntagme; 2, morphèmes, lexème; 3, valeur syntagmatique; 4, la syntaxe.

4 Il prit de l'ail / pour mâcher avec / son pain noir. 1, des syntagmes; 2, niveaux respectifs (1,2,3); 3, syllabe plus longue que les voisines; 4, la syntagmatique.

5 Butor de pied plat ridicule. 1, sens des noms; 2, tropes (métonymie et métaphore); 3, référence; 4, la sémantique.

6 "Tu as le coeur à rire, moi, je l'ai à pleurer". 1, des sentiments; 2, opposition; 3, actes de paroles; 4, la thématique.

7 (Une mise en demeure envoyée par lettre recommandée). 1, missive; 2, à valeur juridiquement coercitive; 3, la situation (signature d'un récépissé); 4, la pragmatique.


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