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ORTHOGRAPHE

L'orthographe ne concerne pas la langue orale. Mais quel est l'aspect de la langue qui est le plus important? L'oral ou l'écrit?

L'oral est premier mais il est fugace. Comment savoir, par exemple, si le u latin était prononcé comme dans du, huit, ou Loulou? On en est réduit à des conjectures comme le cri du coucou ou l'origine de notre y (V. plus loin.) Si les technologies de l'audio-visuel avaient été inventées avant l'écriture, l'oral aurait été enregistré plutôt que transcrit et l'écriture n'aurait jamais existé, ou bien elle n'aurait pas eu l'importance qu'elle a, et qu'elle n'est pas près de perdre (communication par internet).

Historiquement, le passage à l'écrit est, pour une langue, l'étape décisive. La graphie a détaché les langues de leur lien à l'interlocuteur dans l'acte de la communication. Elle leur a conféré un statut précis, plus universel, plus durable, identique pour tous, exportable. L'administration et la législation s'appuient sur l'écrit. Il sert également de preuve (traité, diplôme, facture, formulaire, signature). L'État moderne, la mondialisation existeraient-ils sans l'écriture? Et la linguistique? La langue écrite est plus facile à examiner et à étudier que la langue orale, qui demande un laboratoire. Même le mot de grammaire n'est autre, étymologiquement, que celui de science des lettres de l'alphabet (gramma).

Trouvez-vous normal qu'en français, on attache à la dictée et à l'orthographe une importance plus grande que dans les autres langues?

On peut comprendre une certaine priorité de l'orthographe parce que c'est la première chose qu'on doit apprendre, à l'école primaire, et parce que c'est le plus visible des aspects de la langue (et que notre culture donne la priorité au visible). Il faut remarquer cependant que les malentendus de la communication viennent moins souvent des fautes d'orthographe que du vocabulaire et de la syntaxe.

Tout le monde voudrait voir l'orthographe simplifiée. Il y a en français une excessive diversité orthographique et très peu de règles. C'est ce qui cause la difficulté des dictées. L'idéal serait de n'avoir qu'un son par signe et un signe par son, comme dans l'alphabet phonétique international (A.P.I.) mais encore faudrait-il que la prononciation soit partout la même, ce qui n'est nullement le cas, et qu'elle évolue parallèlement partout en francophonie, ce qui est impossible.

Actuellement, il y a tant de particularités orthographiques qu'on ne peut semble-t-il jamais en voir la fin. Les adultes les mieux préparés restent d'éternels candidats aux épreuves de dictée. Sans compter les années d'école perdues à retenir des détails. Chacun reste persuadé que (par sa faute!) il ne maîtrisera jamais cet aspect du français... tandis que le marxisme y a vu un moyen d'oppression sociale.

Nous tenterons, en accordant moins de place à l'orthographe qu'au autres aspects du français, de rétablir les valeurs.

L'Alphabet.

Une langue est faite de sons. Les lettres sont des signes graphiques permettant d'écrire les phonèmes (les sons qui présentent des différences significatives). Leur choix résulte d'une analyse sonore. Les lettres d'une langue sont rangées dans un ordre qui remonte aux origines des langues (en grec : alpha, béta... d'où le mot alphabet). Cet ordre permet de faire des listes de mots, des annuaires, des dictionnaires, des index. Combien y a-t-il de lettres en français? Pouvez-vous les écrire ici dans l'ordre?

ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ = 26. Ces vingt-six lettres transcrivent-elle bien 26 phonèmes? Ou bien est-on obligé de combiner, parfois, plusieurs lettres, pour un seul phonème? Prononcez à haute voix "un beau grand phare". Combien de lettres pour combien de phonèmes?

Seize lettres mais seulement neuf voyelles et consonnes. Il n'en était pas ainsi autrefois. Le latin avait 20 lettres, prononcées chacune de façon distincte : ABCDEFGHIKLMNOPQRSTV

Le français a conservé les vingts lettres de l'alphabet latin classique, mais il est loin d'en être resté aux phonèmes qu'elles transcrivaient. Lors de la conquête d'Athènes par Rome vers 50 aCn, le grec s'introduit à Rome (les patriciens prenaient des rhéteurs comme précepteurs). Pour pouvoir assimiler certains mots grecs les plus prestigieux, trois lettres s'ajoutent (à la fin de la série) : x, y, z. Il s'agit de transcrire le ksi, , l'upsilon, , et le dzéta, . Voilà pourquoi ces trois dernières lettres, si importantes en algèbre, où elles désignent des inconnues, sont les trois dernières dans notre alphabet. Elles n'étaient pas à la fin dans l'alphabet grec (qui se clôt sur , oméga).

Voyons de plus près ce que provoque en français l'invasion (culturelle) de ces trois lettres grecques.
Il faut voir, dans la cathédrale, un admirable tr__pt__que.
1) i, i
2) i, y
3) y, i
4) y, y
Réponse triptyque
Mais C'est sous le portique que le choeur a entonné son premier cantique.
Et Les trypanosomes, parasites du sang, sont à l'origine de la maladie du sommeil.
Règle. Le y transcrit la semi-voyelle qui correspond à i (par exemple le son yod dans payé) ou un ancien upsilon grec. Phusis: «nature» d'où physique. Ptukhè, "chose pliée".
Autres exemples. Collyre, lyre, martyre, myrrhe, porphyre, et satyre («faune» ou «débauché» mais satire, «écrit critique»)...
Et Gyn-: «femme»; phyt-: «plante».
Rép. % Niveau
2 46 +2.86
3 24 -1.52
1 22 -4.93
- 08 00.00

La moitié (46%) des cégépiennes et des cégépiens ne s'y trompent pas et choisissent la réponse 2 (un seul y, en seconde position). L'influence de la racine tri a pu les aider car leur niveau est des plus élevé (+2.86). Cf. Tricycle. De kuklos, "roue".
Pour le théâtre du Moyen Âge, il existe une excellente c__restomat__ie.
1) h, h
2) h, (Rien)
3) (Rien), h
4) (Autre chose)
Réponse chrestomathie
Règle Se prononcent /kr/ et s'écrivent chr- les dérivés de -chrèse (usage), chrême, chrestomathie, Christ, chrome, chromo- (couleur), chrono-, (temps), chrys- (or).
Et Chrestomathie: "anthologie, recueil".
Rép. % Niveau
1 19 +2.78
- 02 +2.45
2 44 -2.04
4 15 -3.78
3 15 -8.15
+ 05 00.00

Dix-neuf pour cent des étudiantes et des étudiants, les plus habiles (niveau +2.78 écarts-types), trouvent la solution : ch (prononcé k) et th (prononcé s). La majorité, 44%, préférerait un seul h, celui du début (réponse 2). Le dernier 5% pensent que ce mot ne sert à rien (réponse + qui signifie un rejet de la question comme mal posée).

C'est un mot grec, comme il y en a tant en français. Il conserve à nos yeux et à nos oreilles son allure étrange, malgré ses vingt siècles d'âge... Il vient de (chrêstos): "utile" et (man'tanein'): "apprendre". Une chrestomathie est un recueil de choses utiles à apprendre. Il faut reconnaître que sa fréquence d'emploi est aujourd'hui réduite (4 occurrences au Trésor de la langue française; contre 11 à son équivalent d'origine latine, florilège, et 115 à anthologie). Le mot chrestomathie ne joue, dans notre lexique, qu'un rôle secondaire; il sert d'appoint synonymique. Un seul auteur lettré y eut recours au XVIIe siècle. Elle ne s'introduisit dans la langue qu'au XIXe. C'est ce qu'on appelle un mot savant, mais il nous parvient par l'intermédiaire du latin car c'est le titre d'un ouvrage de Proclus. On peut y vérifier le traitement du (khi) et du (théta), sons pour lesquels le français n'a pas de signe, en sorte qu'il faut recourir à une lettre double (comme le ch pour /ch/ et le ph pour /f/).

Cette particularité importée viendra en conflit au 13e siècle avec un autre ch, provenant du c latin devant a devenu e (caballum - cheval).

Du grec nous sont venus xyz, th et un ch dur. Celui-ci vient du xhi, , qui fut assimilé au c (dur) et assorti d'un h pour marquer l'aspiration qui le distinguait du cappa, . Le cappa, ancêtre de notre k, avait son équivalent latin dans la lettre c (Caecilia, notre Cécile, était prononcé Kaékilia).

Y a-t-il d'autres lettres ajoutées par le français à celles de l'alphabet latin? Lesquelles?

Il arriva que ce c dur commença à s'adoucir : s devant les voyelles antérieures fermées, i et é (Cécile...) Pour conserver au c sa forme dure, le latin introduisit le cappa grec dans son alphabet, sous sa forme grecque, qui est devenue notre k.

Cette nouvelle lettre fut ajoutée juste après le j, autre nouvelle conquête. Ce dernier suit le i, dont il est un allongement du jambage. Il s'agissait de marquer un son nouveau, cette fois, l'ouverture du g devant les voyelles antérieures fermées, e et i (geline, gibet). Ce glissement de prononciation a entraîné toutes sortes de complications dont la solution fut la cédille et le u après le g (Il en sera question un peu plus loin).

Ajoutons le v, qui n'était en latin que la majuscule du u et donc une voyelle, et le w, pour la semi-consonne intermédiaire à u et v. Avec x, y, z, k, j et v ajoutés aux vingt lettres du latin, nous avons tout l'alphabet du français.

Mais cet héritage est un lit de Procuste. En se cantonnant scrupuleusement dans l'alphabet du latin, au lieu de s'adapter à une évolution phonétique très riche (sous l'influence du gaulois), le français a été contraint à toutes sortes de contorsions, combinaisons et complications.

Le système graphique et les sonorités réelles.

D'autres influences que le grec ont-elles pu jouer? Le gaulois? L'arabe? L'italien? L'espagnol?

Le gaulois dans les noms de lieu (aussi : orteil), l'arabe pour les chiffres, l'italien pour la musique, surtout l'anglais aujourd'hui... Et c'est l'occasion de souligner le caractère purement occasionnel des acquis les plus solides de la culture. Chaque génération s'arrange de sa situation présente et en tire un système qu'elle adapte à ses besoins. Vaste entreprise scientifique : refaire l'historique de l'évolution des systèmes, ce qui permet de conjuguer l'approche structurale et l'approche historique. Qu'est-ce que le français? «Notre langue n'est autre chose que du latin, parlé par des Gaulois, qui a évolué au cours des siècles. On a pu dire que le français était du latin "prolongé à l'état vivant"» écrit fort justement Charles Bruneau (Petite Histoire de la langue française, t.1, p.3). Et Proust renchérit : «Ces mots français que nous sommes si fiers de prononcer exactement ne sont eux-mêmes que des cuirs faits par des bouches gauloises qui prononçaient de travers le latin ou le saxon, notre langue n'étant que la prononciation défectueuse de quelques autres» (À la recherche du temps perdu, t.9, p.176).

Ceci est particulièrement visible en ce qui concerne les voyelles du français. À propos, savez-vous combien il y a de voyelles, en français?

Elles ne sont que cinq, a, e, i, o, u, dans la graphie; en effet, elles n'étaient que cinq, même phonétiquement, en latin. Le y s'y est adjoint quand il a fallu un signe pour le son u. Car le u latin se prononçait ou (exemple: cuculus prononcé koukoulous comme le cri du coucou). La forme du y est celle du u avec prolongation du dernier jambage (comme le j par rapport au i). L'upsilon grec, qui se trouve notamment dans (prononcer phusis), la "nature", est devenu y (prononcer u grec dans l'alphabet latin). Ce n'est que beaucoup plus tard que cet u est passé à i en français. Dès lors, y et i faisaient double emploi et le y devenait superflu.

Le double emploi du i et du y est d'autant plus curieux que, par ailleurs, il manquait au français quantité de lettres pour la transcription des voyelles. Le français d'aujourd'hui n'a pas moins de seize voyelles sonores distinctes, alors qu'il ne dispose que de cinq lettres pour les écrire. La cohérence actuelle de la graphie des voyelles est plus compromise par l'héritage du latin que celle des consonnes. Des cinq voyelles latines, a, e, i, o, u (dont on suppose encore et bien à tort qu'elles forment aussi, en ajoutant y, l'effectif du français), il a été tiré de quoi noter jusqu'à seize sons essentiels et nettement distincts. Ai-je dit seize? Couramment employés? Mais lesquels? Combien utilisez-vous de sons vocaliques distincts?
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Le e, qui, comme en italien moderne, correspondait à tout ce qui peut se dire entre é et è, s'est divisé en deux et même en trois sons français: il sert à noter le e sourd, souvent muet, qui est tout ce qui reste du a final latin (lequel a été la seule voyelle finale à se maintenir en ancien français). Les autres e, dits "masculins" (puisque le e sourd était féminin) sont restés sans marques graphiques de leur spécificité (/é/, /è/) pendant tout le Moyen Âge. Il y eut quelques tentatives pour arriver à les écrire spécifiquement, par exemple de les faire suivre d'un s ou d'un z, par analogie avec les articles ou la conjugaison, mais cela ne faisait que plus de confusion. Les accents aigu et grave n'ont été introduits que progressivement aux XVIe et XVIIe siècles, là où ils étaient le plus nécessaires (c'est-à-dire en syllabe ouverte, pas devant une consonne qui appartiendrait à la syllabe, car on savait que dans cette position il fallait dire /é/).

Le u latin, prononcé ou, est passé à u : nouvelle voyelle, typique des langues celtiques, antérieure mais labiale. Elle s'accompagne de deux autres voyelles inédites, également labiales et antérieures, notées eu toutes les deux, prononcées comme dans beurre et oeufs.
Un grand éditeur publie: le Sieur Bleu (roman). Le premier eu se prononce comme dans _____.
1) Monsieur 2) meilleur 3) (Au choix mais de préférence 1) 4) (Au choix, de préférence 2)
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Réponse meilleur
Règle À côté de a, è, é, i, le français a une seconde série de voyelles antérieures, des labiales (e), ee, eu, ü (comme dans pe, peur, peu, pu).
Mais Leur apparition (elles étaient ignorées du latin) ont causé des difficultés de graphie, toujours présentes dans notre système de transcription.
Explication. Dans Monsieur, le eu se prononce comme dans Bleu.

Ces deux timbres intermédiaires, dits "ouvert" et "fermé", ont la même aperture que les antérieures non labiales è et é, respectivement. Il était plus difficile de leur mettre aussi un accent, car c'était des digrammes...

Dans les voyelles postérieures (voir le tableau des voyelles) on trouve aussi, entre les deux extrêmes a (grave), ou, deux timbres intermédiaires: o et au (porte et peau). Là encore, on aurait pu recourir aux accents grave et aigu, ò et ó. Cela aurait débouché sur un système plus régulier mais il aurait fallu se donner tant soit peu de liberté avec l'étymologie, au profit de quoi? Une langue qui, avant la Révolution, était seulement celle de tout le monde (on l'appelait la langue vulgaire, ce qui voulait dire celle des occasions ordinaires, par opposition au latin, langue internationale des savants, en ce temps-là).

Si l'on ajoute les quatre voyelles nasales (an, in, on, un) et qu'on observe qu'il y a un a postérieur (pâte) et un a antérieur (patte), cela fait bien seize sons pour seulement cinq signes...

Leur transcription doit donc se réaliser à l'aide d'accents (è, é) ou en les combinant avec d'autres signes (eu, an). Ces combinaisons provoquent des équivoques (gageure, enorgueillir).

Avez-vous l'impression qu'une des chances qui a le plus manqué au français est de restructurer sa prononciation ou de restructurer ses graphies?
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Comme aujourd'hui encore, c'est la masse, en évoluant, qui a fait bouger le système, mais ce sont les lettrés, en ne parvenant pas à s'entendre sur des réformes, qui ont imposé la prolifération de variantes «historiques». Alors que les sons, qui évoluaient librement, se sont structurés, les graphies n'ont pas pu se simplifier par crainte du changement, par respect révérenciel du modèle latin omniprésent encore au XIXe siècle, dans les textes non seulement religieux, mais scientifiques et juridiques.

La principale cause des incohérences est toutefois le prestige du visuel sur le sonore, et la persistance dans le temps de l'attestation écrite, qui a facilité le maintien de toute la diversité des phonèmes notés par le passé, en sorte que les variantes graphiques se sont multipliées.
Le son /an/ s'écrit -an, -en, -ant, -ent, -end, -am, -em, -emps...
Le son /è/ a des graphies multiples: è, ê, e, es, et, ei, ai...
Les mots en /o/ s'écrivent avec -o, -ô, -os, -ot, -au, -eau, -aud, -aut,
-aulx, -aux.
Les mots en /ou/ se terminent en -ou, -oub, -ouc, -oue, -ouls, -oup, -ous,
-out, -oux.
Le son /s/, sourd, s'écrit s,  ss, c,  ç, sc, t, th.

Sans compter les mots en \ki\ écrits -quis ou -ki, sauf qui, acquit (subst.), lysimachie, riquiqui, ventriloquie et whiskey.

Ou le n qui se transforme en m devant p, b et m. Exceptions: néanmoins, mainmise et les composés de bon. Etc...

Faut-il désespérer? Ou lutter pour une réforme en profondeur?
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Inutile de s'inquiéter. Ceci n'est autre que la définition même d'une langue. Elles sont toutes, sauf l'espéranto et le volapük, à la même enseigne. Certaines font cependant plus d'efforts que d'autres pour se restructurer (le hollandais, l'espagnol).

La syllabe.

Une des difficultés de l'orthographe française réside dans la pose des accents sur le e ou le redoublement de la consonne suivante (cèle / celle). Les consonnes doubles doivent-elles se faire entendre? Dira-t-on il excè-le? ou il exsel? ou encore il excel-le? Il y a d'abord une difficulté orthophonique (de prononciation). Aussi importe-t-il d'avoir ici quelques notions du découpage en syllabes. Cela sera utile de toute façon car, quand il faut aller à la ligne et que le mot est trop long pour ne pas être coupé, le trait d'union qui annonce la coupe doit prendre place entre deux syllabes.

Mais, d'abord, qu'est-ce qu'une syllabe?
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La syllabe (et son noyau, la voyelle) constitue, en linguistique, une unité (minimale) du point de vue sonore. C'est l'unité constitutive de niveau inférieur au mot. Elle se définit comme la plus petite émission vocale. La syllabe est une voyelle accompagnée ou non de consonne(s). La voyelle, comme son nom l'indique, porte la voix. Elle est le noyau minimal pour une émission de voix. (Prenez note, en passant, de ces définitions, si vous ne les avez pas encore clairement à l'esprit.)

Par exemple, pour réciter l'alphabet à voix haute, on transforme en syllabes toutes les consonnes (bé, effe, ache, ji, ka, elle...)

Le mot syllabe vient du grec (, "avec"; , "prendre"). Il s'agit des lettres (plus exactement des phonèmes) qui doivent être prises ensemble pour pouvoir être prononcées.
Si l'on tente de découper le mot, on trouve ________.
1) des lettres 2) des sons 3) des syllabes 4) des préfixes et des suffixes
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Réponse des syllabes
Ou des groupes minimaux de sons qui se prononcent ensemble.
Mais Si l'on tente de découper le mot écrit, on trouve des lettres.
Et Si l'on tente de découper les mots composés ou dérivés en unités pourvues de sens, on trouve des préfixes et des suffixes.

Le découpage en syllabe est en principe fort simple. Le noyau étant une voyelle, phonème qui a une ouverture maximale (la colonne d'air sort librement), on passe d'une syllabe à la suivante là où l'air est freiné au maximum entre deux voyelles (par exemple par une consonne occlusive: oka fait o-ka). De ce principe découlent les règles de découpage en syllabes graphiques.

1) Consonne unique : devant elle (co / libri)

2) Consonnes doubles : entre les deux (col/lision)

3) Groupe de consonnes différentes : devant la plus fermée, en remontant de droite à gauche (col / tiner, subs / tantif)

4) On peut aussi tenir compte de l'étymologie (ex / utoire, sub / stantif).

Remarque: La règle 4 introduit des exceptions, basées sur le découpage du mot comme unité lexicale et non plus sonore.

Il y a des syllabes longues ou courtes (voire très longues ou très courtes). Mais quand est-ce que la syllabe est dite ouverte ou fermée?
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Une syllabe est dite ouverte quand elle se termine sans consonne (-bit, cré-dit); la syllabe fermée se termine par une consonne (ils affirmèrent: il-za-fir-mèr). Naturellement, avec l'évolution phonétique, les consonnes finales ne se prononçant plus et les doubles se simplifiant, quantité de syllabes fermées sont devenues ouvertes, ce qui a eu pour résultat de les allonger (d'autant plus que, par leur position, souvent finale, la syllabe était tonique). On voit que les règles du découpage en syllabe ne suivent pas la prononciation actuelle mais qu'elles s'appliquent comme si on en était resté aux prononciations d'origine. Ainsi, dans ils affirmèrent, on coupe entre les deux f alors que la prononciation actuelle serait a-fir.

C'est pour la pose des accents sur e que le problème est le plus complexe. Voici une Q.C.M. là-dessus.
Les hommes, dirait-on, s'efforcent de répéter les erreurs des siècles passés.
Il n'y a pas d'accent sur le /é/ initial de s'efforcent parce que /é/ ________.
1) commence le mot 2) ne termine pas la syllabe
3) est suivi d'une consonne redoublée 4) est suivi de f
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Réponse ne termine pas la syllabe
Règle E prononcé /é/ ou /è/ ne prend l'accent que s'il termine la syllabe graphique (pè/re, mais ger/mer, jet/te). Exceptions: les finales en -ès (après) et en -ée (marée).
Et L'accent grave de bibliothèque devient aigu dans bibliothécaire comme celui de pèche dans péchait. La voyelle s'ouvrait parce que la syllabe était tonique et fermée.

En réalité, il y a des syllabes consonantiques (surtout sur les consonnes liquides, l, m, n, r, car ce sont les plus ouvertes) et le e dit «muet» a souvent pour effet de rendre audible la consonne qui précède. Ex.: chat - chatte. La prononciation soignée de chatte est sans doute en deux syllabes, la seconde étant consonantique: cha-t'. Un allongement de la voyelle peut alors la prolonger insensiblement dans la seconde syllabe (mè-èr') ce qui conduit éventuellement (en québécois, sous l'influence des toniques chantantes de l'anglais) à une diphtongaison (ma-èr').

La grande innovation du français est le e muet.
Vois-tu ___ que je te montre? 18 
1) ce
2) ceux
3) (N'importe)
4) (Selon le sens)
Réponse. Selon le sens. Avec ce, il s'agit d'une chose; avec ceux, de personnes.
Mais Voilà ce qui est arrivé. Voilà ceux qui sont arrivés.
Explication. Dans beaucoup de langues, le son /eu/ n'existe pas. La série des voyelles antérieures labiales du français est donc facilement rapprochée de celle des labiales postérieures. Ainsi /o/ et /ou/ sont-ils assez proches de /eu/.
Règle Dans les antérieures labiales (e, eu, u), le e de peur est très proche du e muet, si ce n'est qu'il ne peut s'amuïr.

L'accent aigu et le grave.

Rappelons que, descendant vers la gauche, l'accent est dit «aigu» (comme dans bléser); vers la droite, il est «grave» (comme dans blèsement).

Le e latin d'où proviennent ces deux voyelles se prononçait comme se prononce aujourd'hui le e espagnol ou italien : aussi bien é que è. La différence n'avait aucune importance. Ne pouvant être confondu avec un e muet, alors inexistant, il occupait à lui seul tout ce créneau du système vocalique et n'avait donc pas besoin de recevoir d'accent. C'est à partir du dédoublement de timbre et de l'amuïssement (é, è, e) qu'il commença à y avoir des risques de confusion (denier, dénier). Il faut attendre le XVIe siècle pour que l'on commence à installer des accents. Au XVIIe siècle, l'Académie installe systématiquement des accents aigus dans son dictionnaire pour remplacer le groupe es (escrit, despit, esgorger deviennent écrit, dépit, égorger) et à certains préfixes (déplacer, prédominer); au XVIIIe siècle, c'est le tour des accents graves (son dictionnaire donne centiesme en 1694, centiéme en 1740, centième en 1762). Réf. Nina CATACH et alt., Dictionnaire historique de l'orthographe française, Larousse, 1955, p.1125 à 1128.
Elle a la ________ vive. 19 
1) repartie
2) répartie
3) (Au choix, mais de préférence 1)
4) (Au choix, mais de préférence 2)
Réponse repartie
Mais La colle avait été mal répartie entre les lattes.
Remarque. repartir: «partir à nouveau», d'où «relancer la conversation»; répartir: «distribuer à chacun sa part».
C'est un ___avantage(s) de votre méthode. 20 
1) des (suivi d'espace)
2) dés
3) dès
4) (1 ou 2 selon le sens)
Réponse Selon le sens. Avec des, il y en beaucoup, d'avantages. Avec désavantage, c'est le contraire.
Mais C'est un des grands avantages. Et C'est un grand désavantage.
Rem. La coupure graphique ne fait pas de différence au point de vue sonore car on se trouve à l'intérieur d'un mot phonétique.

Un mot sur les verbes en -eler ou en -eter afin de toucher aussi les accents graves.
Ne t'inquiète pas. Si je déc__le une anomalie, je t'app__le. 21 
1) è, è
2) è, el
3) el, è
4) el, el
Réponse décèle, appelle
Règle Les verbes en -eler, -eter redoublent le l ou le t devant toute syllabe muette, à l'exception de celer, geler, peler, ciseler, démanteler, écarteler, modeler, marteler, nickeler et de acheter, fileter, fureter, crocheter, haleter, corseter.
Mais Suivant les Rectifications de 1990, on acceptera -èle et -ète pour tous les verbes en -eler et en -eter à deux exceptions près: il appelle, il jette.

Les accents sont encore loin d'avoir été établis partout, systématiquement. Il reste quantité de e sans accent que leur environnement suffit à faire reconnaître. Il suffit qu'ils soient en syllabe fermée (celle, gerbe, presque, perle : le e ne termine pas la syllabe, qui est "fermée" par une consonne : l,b,q,l). Il y a pis. Il reste des e prononcés avec accent grave qui reçoivent seulement un accent aigu, même quand la syllabe suivante est muette (ce qui incite tout de même à prononcer è). Crémerie, événement, il cédera, aimé-je. Les Rectifications s'y sont fortement colletées et il n'en subsiste aucun dans la nouvelle orthographe. On peut dire qu'aujourd'hui, le son è suivi de e muet peut toujours prendre son accent grave (sauf dans la conjugaison du verbe créer pour la garder plus uniforme). Ex. : père, pèle, achète; et, moyennant Rectification: évènement, il cèdera, cèleri, harcèle, cliquète.

Rem. Les Rectifications ont aboli l'accent aigu archaïque devant une syllabe en e. Ex. Abrègement, affèterie, allègement, allègrement, empiètement, évènement, etc.

Bien entendu, ces Rectifications ne sont pas obligatoires. Elles sont admises mais non promulguées. Voilà du moins des "fautes" que les professeurs ne peuvent-on plus considérer comme fautives!

Mais il y a une autre difficulté. En abolissant un redoublement, les Rectifications installent une syllabe ouverte, suivie d'une syllabe muette. Celle-ci ne peut pas l'être entièrement. On prononcera plus ou moins nettement le e, surtout si on est du Midi. Si on est du Nord... on prononce une syllabe fermée! Il /exsel/. La nouvelle graphie ne convient donc pas exactement. Il faudrait aussi supprimer le e final (ou du moins le remplacer par une apostrophe) afin de rapatrier la consonne dans la syllabe.

Quand à proposer une graphie distincte pour le e muet... Un e retourné comme dans l'API... Et une apostrophe s'il n'est pas prononcé... Il /eksèl'/... Ce serait tenter de rendre dans le code actuel de l'écrit la réalité d'une prononciation qui est rarement la seule possible. On préfère un code écrit unique qui permet de fermer les yeux sur des prononciations diverses, trop difficiles à discerner et surtout à fixer.
Un bon fromage à la cr__me s'ach__te dans une cr__merie. 22 
1) è, è, é
2) è, ê, è
3) è, è, è
4) ê, è, é
Réponse crème, s'achète, crémerie (Rectifications : crèmerie)
Règle. Bien qu'on les prononce /è/ comme dans père, certains e s'écrivent avec l'accent aigu même quand la syllabe suivante est muette; c'est une survivance du XVIIe, où l'on indiquait peu les accents, et tout au plus les accents aigus. Ex. Abrégement, céleri, crémerie, sécheresse, il cédera.
L'__lision relève de la grammaire; l'__lipse, du style; l'__clipse, de l'astronomie. 23 
1) e, el, e
2) é, él, é
3) é, el, é
4) é, el, e
Réponse élision, ellipse, éclipse.
Règle. Le é devient è devant une syllabe muette sauf à l'initiale (élever), ou s'il fait partie d'un préfixe (déplaire, prélever) et dans médecin, médecine.

Attention, toutefois : le son /è/ suivi d'une syllabe avec e muet ne prend pas toujours l'accent grave, comme le voudraient les Rectifications.
Les écrivains incarcérés refusent de signer des engagements qui ali__neraient leur liberté. 24 
1) é
2) è
3) (N'importe)
4) (Autre chose)
Réponse Aliéneraient. (Rectifications : alièneraient.)
Mais L'incarcération aussi aliène leur liberté.
Règle. Les verbes qui ont un é à l'avant-dernière syllabe de l'infinitif changent cet é en è devant une syllabe muette si elle est finale (à l'exception des verbes en -éer, qui conservent toujours le é). Ex. Il règle, il réglait, il réglerait.
Mais On admet (Rectifications) : il règlerait. Autrement dit, «si elle est finale» peut disparaître de la règle.

Si la syllabe qui suit /è/ n'est pas muette, non seulement la tendance est de garder le é, mais la prononciation tend à rejoindre la graphie et on prononce souvent /é/.
Pendant deux jours, les cég___piens de la région de Québec se sont réunis à l'occasion du Colloque sur l'information québ___coise. 25 
1) e, e
2) é, é
3) è, è
4) e, é
Réponse cégépiens, québécoise
Règle. Dans le qualificatif (et le nom de peuple) formé à partir d'un nom propre, les e, è, ê ou ë de la dernière syllabe prononcée se changent en é devant le suffixe.
Ex. Élisabeth / élisabéthain, Goethe / goethéen, Athènes / athénien, Bohême / bohémien, Raphaël / raphaélique.
Mais Genève / genevois (prononcé Gen'vois; amuïssement).
Et Après quelques hésitations entre les graphies, les dérivés de Québec et du nouveau nom commun cégep (sans majuscule) ont suivi l'usage français.

Mentionnons aussi les problèmes posés par les mots étrangers.
Avez-vous le p__digr__e de mon chien? 26 
1) é, é
2) e, é
3) é, e
4) e, e
Réponse pedigree (Rectifications: pédigrée)
Mais Est-il pédéraste?
Déf. Pedigree, de l'anglais: «généalogie». Il s'agit de la locution pied de grue, qui désignait en ancien français les trois ascendants.

Règle. Les noms propres étrangers gardent le plus souvent leur graphie d'origine.

Mais S'ils ont des dérivés avec suffixes français, ils prennent les accents appropriés.

Ex. Nietzsche (pron. Nitch', avec un e muet, alors que l'allemand prononce é). Une exaltation nietzschéenne (pron. éè).
Le lis__ré de son veston représentait de minuscules __delweiss. 27 
1) e, e
2) é, e
3) (1 ou 2, au choix)
4) é, é
Réponse Au choix : liseré ou liséré, edelweiss.
Remarque. On prononce /lizré/ ou /lizéré/. Les deux graphies correspondent bien aux deux prononciations.

De même : il paie et il paye sont autorisés mais correspondent à deux façons de prononcer. Notre opinion serait de laisser la graphie suivre l'évolution phonétique. Cela permettrait de mieux réaliser une certaine conformité sonore, et d'arrêter la scission grandissante avec l'écrit.

Accent grave sur autre chose que e.
Je ne sais pas ____ il habite; près de la route ____ dans un endroit éloigné. 28 
1) où, où
2) ou, ou
3) où, ou
4) ou, où
Réponse où, ou
Mais Je ne sais ni où il va, ni d'où il vient. Et Ou tu t'en vas à jamais, ou tu viens vivre avec moi.
Remarque adverbe de lieu, ou conjonction. Ex. C'est l'endroit où il va ou celui où il passe ses vacances?
Mais, ___ présent, il ___ ___ faire face ___ de nombreuses difficultés. 29 
1) à, à, à, à
2) à, a, à, à
3) à, a, à, a
4) (Autre chose)
Réponse à, a, à, à
Mais Il a de nombreuses difficultés. Il en a eu. Il y a fait face.
Remarque. Il ne faut pas confondre à préposition et a troisième personne du singulier du présent de l'indicatif du verbe avoir. Lorsque l'on ne peut pas remplacer a par avait, il s'agit de la préposition et l'on ajoute un accent grave. Ex. Å présent, il avait à faire face à de nombreuses difficultés.
Vous voyez les deux Corot? Préférez-vous ___ ou ___? 30 
1) ceci, cela
2) ceci, celà
3) celui-ci, celui-la
4) celui-ci, celui-là
Réponse celui-ci, celui-là
Mais Préfères-tu ceci (un vase) ou cela (un cendrier)?
Et Quels beaux tableaux! Ceux-ci sont encore plus agréables que ceux-là.
Règle Ceci et cela s'emploient souvent pour désigner des choses de façon imprécise; celui-ci et celui-là désignent des personnes ou des choses bien déterminées (et rattachées à une même catégorie).
Le village est ___ deux kilomètres, en deç__ de la rivière. 31 
1) a, a
2) à, a
3) à, à
4) a, à
Réponse à, en deçà Et Il a à redescendre, sur deux kilomètres.
Mais Il m'a parlé de ça à la tombola.
Règle. A ne prend d'accent grave que dans çà et , adverbes de lieu et interjections, ainsi que dans à, voilà, holà, delà, deçà, déjà. Mais La, cela et ça, pronoms.

Le circonflexe.
Au mois d'ao__t, quand le soleil br__le, le miel peut devenir s__r. 32 
1) û, û, û
2) û, û, u
3) u, û, u
4) û, u, û
Réponse août, brûle, sûr Ou Prends cela sur toi.
Mais Es-tu sûr qu'il fasse 25 degrés? La brume est tombée si brusquement, si brutalement, au crépuscule.
Définition. Mur (subst., «cloison») / mûr (qualificatif, «développé).

Remarque. Les Rectifications suppriment le circonflexe sur i et sur u pourvu que cela ne crée pas d'équivoque (dû, jeûne, mûr, sûr, je croîs, il fallait qu'il partît, plût au ciel).

Et Au subjonctif imparfait, la perte du circonflexe créerait une équivoque, à cause du passé simple (il partit). Aux 1re et 2e personnes du passé simple, bien qu'il n'y ait pas d'équivoque, le circonflexe est tout de même maintenu (-îmes, -îtes, -ûmes, -ûtes).
Le bo__teux était, de surcroît, affligé d'un go__tre.
1) î, î 3) i, î
2) î, i 4) i, i
33 
Réponse août, brûle, sûr Ou Prends cela sur toi.
Mais Es-tu sûr qu'il fasse 25 degrés? La brume est tombée si brusquement, si brutalement, ce soir à la brunante. Définition. Mur (subst., «cloison») / mûr (qualificatif, «développé).
Ils ont un enfant aux cheveux ch__tains, à l'air c__lin.
1) â, â 3) a, â
2) â, a 4) a, a
34 
Réponse châtains, câlin
Remarque. Les mots en cha- prennent l'accent circonflexe dans châle, châlit, châsse («reliquaire» ou, en argot, «oeil»), châssis, château, châtain, châtaigne, châtier, châtrer et leurs dérivés.
Et Les mots en ca- ne prennent d'accent circonflexe que dans câble, câlin, câpre et leurs dérivés.
Le prisonnier avait la m__choire immobilisée par un b__illon. 35 
1) â, â
2) â, a
3) a, â
4) a, a
Réponse mâchoire, bâillon
Mais Que machine notre petit Machiavel? Et Le bailleur de fonds n'était autre que le bailli de Bâle.
Règle. Parmi les mots commençant par ma-, prennent l'accent circonflexe: mâche, mâcher, mâchicoulis, mâle, mânes («âmes des aïeux»), mât («pièce de bois verticale»), mâtin («chien de garde») et leurs dérivés.
Les gr__lons tombent sans tr__ve et crépitent sur un vieux po__lon abandonné. 36 
1) ê, ê, ê
2) e, è, e
3) ê, è, ê
4) è, è, ê
Réponse grêlons, trêve, poêlon (pron. /pwa/)
Mais Nous grelottions.
Remarque. Parmi les mots dont la finale se prononce /èl/, s'écrivent avec ê : bêler, fêler, grêler, mêler, vêler, frêle et leurs dérivés. Remarquer poêle et ses dérivés.
Mélanie travaille assid___ment mais elle touche des émol___ments. 37 
1) u, u
2) û, u
3) û, ue
4) (Autre chose)
Réponse assidûment, émoluments
Mais Son engluement dans la société de consommation, on dirait qu'elle s'y vautre éperdument.
Règle. Après u, le e du féminin dans l'adverbe en -ment a souvent disparu (absolument, ambigument, (ir)résolument, ingénument, éperdument).
Mais Parfois, une trace du e s'est maintenue sous la forme d'un accent circonflexe (assidûment, (in)congrûment, continûment, crûment, (in)dûment, goulûment et nûment).

Le tréma.

Le tréma isole la voyelle (même si elle ne se prononce pas). Son origine est philologique: il s'agissait de distinguer les digrammes des diphtongues.
Thomas Owen est un po__te et un conteur qui vous fait vibrer jusqu'à la mo__lle. 38 
1) ë, ë
2) ë, e
3) e, ë
4) (Autre chose)
Réponse Autre chose: poète, moelle (pron. /mwale/).
Mais Les contes de Noël de Dickens sont, eux aussi, d'un envoûtement incoercible.

Règle. On met le tréma sur i, u, e, prononcés séparément d'une voyelle avec laquelle ils sont en hiatus. L'hiatus se marque parfois par l'insertion d'un h (cahute). Exception: après é avec accent (velléitaire, simultanéité, réunir). Ex. Archaïsme, égoïsme, faïence, héroïne, judaïsme, maïs, prosaïsme, taoïsme. Inversement : athéisme, déisme, manichéisme.

Et Poète est l'orthographe moderne; poëte, l'ancienne.

Remarque. Dans moelle, e n'est pas en hiatus avec o, comme il l'est dans Noël.

Problème. Cacahuète doit il se prononcer avec un u voyelle? ou semi-voyelle? Le Robert donne un ou semi-voyelle! Et il a raison...
Dans les prisons, les co__nculpés n'ont généralement pas droit aux co__ts. 39 
1) ï, ï
2) ï, i
3) i, ï
4) i, i
Réponse coïnculpés, coïts Et Triste coïncidence.
Mais Sous les verrous, il était totalement coincé (pron. /kwin/ et il dut se tenir coi (pron. /kwa/).
Ou Tolstoï (pron. o-i).
Au temps du peintre D__rer, la pitu__te était considérée comme l'une des quatre humeurs fondamentales de l'organisme. 40 
1) u, i
2) u, ï
3) ü, i
4) ü, ï
Réponse Dürer, pituite
Mais La duègne avait une curieuse façon de laisser le r s'amuïr.
Explication. Dans pituite, le u est semi-voyelle (comme dans huit) et il n'y a donc pas d'hiatus.
Remarque. Dürer: "peintre allemand de la Renaissance"; pituite: "morve et autres glaires".
Et En allemand, le u se prononce ou; le tréma indique qu'il doit se prononcer u.

gu + i

Posons le problème des gu + i avec ou sans tréma. Sans tréma, les voyelles u-i n'ont pas à être prononcées toutes les deux : le u ne se prononce pas car il n'est là que pour conserver au g sa qualité dure, comme dans guitare. Mais avec tréma? Quelle sera la valeur de u? Sera-ce un vrai u ou une semi-voyelle de transition comme dans huit et lui?
41 

Normalement, le tréma est là pour indiquer deux voyelles distinctes et donc toutes deux pleinement voyelles. Si le u est semi-voyelle, le tréma est inutile (ex. linguiste, pituite). Mais il faut tenir compte du fait que le groupe ui peut aussi comporter un u factice, servant de contre-cédille. C'est dans ce cas-là que doit jouer de la manière la plus significative l'absence de tréma. Sa présence, dès lors, va devenir significative pour le cas du ui prononcé mais avec semi-voyelle.
L'acu__té de son esprit lui révélait toute l'ambigu__té de la situation. 42 
1) i, i
2) i, ï
3) ï, ï
4) ï, i
Réponse acuité, ambiguïté
Règle. Après gu, i prend tréma pour indiquer que le u se prononce /w#/ (comme dans huit); sinon, le gu se prononce comme dans gare; comp. gui et ambiguïté.
Remarque. Sans tréma, le u ne se prononce pas, il sert seulement à marquer la prononciation dure du g.
Mais La réforme, en proposant le tréma sur le u plutôt que sur le i, risque de dépasser son objectif et d'entraîner la prononciation d'un u véritable (comme dans ambigüe).

Que se passe-t-il si c'est un e qui suit le digramme guttural dur gu?
C'était une boîte oblon____. 43 
1) guë
2) ge
3) ghe
4) gue
Réponse oblongue Et longue Mais exiguë
Règle. Avec gue sans tréma, le u ne se prononce pas; il marque un g dur. Comp. tige, gigue et cigüe.
Mais Les qualificatifs en -gu (aigu, ambigu, exigu) ont leur féminin en -guë (pron. \gu\).
Et Les Rectifications mettent le tréma sur la voyelle qui se prononce séparément de la voisine (alors qu'elle pourrait ne pas se prononcer). Aigüe, il argüe.

Le cas de il arguë, devenu il argüe selon les Rectifications, ou de ambigu faisant au féminin ambiguë mais ambigüe selon les Rectifications, trouve son explication sans tenir compte du cas d'ambiguïté, devenu ambigüité. Il s'agit, dans ambigüe, d'indiquer que le u n'est pas une semi-voyelle mais un véritable u. Il y aurait moyen de sortir de ces imbroglios, pourtant, et de désambiguïser (mais non de désambigüiser). Il suffirait de mettre le tréma sur le u quand celui-ci est un véritable u et sur le i quand on a une semi-voyelle... Ainsi le tréma désignerait bien, et toujours, la voyelle qui se prononce effectivement.

Pour bien évaluer les enjeux de la présente subtilité, ce serait le moment de parler de la cédille. En effet, elle joue un rôle analogue à celui du u après occlusive gutturale (gu ou cu ou encore qu) formant digramme. Plus précisément, celui-ci agit, peut-on dire, comme une contre-cédille car il rend la consonne moins douce. Ce serait le e de nageoire qui ferait pour g ce que fait la cédille pour c. Jetons donc un coup d'oeil sur ce coin du système graphique du français.

La cédille.

Quand on parle de la cédille, je dis toujours: "Retenez CECI". Pourquoi? Parce que CECI représente les deux seuls cas (devant e ou i) où le c se prononce s. Devant les autres voyelles (a, o, u) il se prononce k. Le rôle de la cédille est alors d'adoucir le c.
Si tu avan__es, nous avan__ons.
1) ç, ç 3) ç, c
2) c, ç 4) c, c
44 
Réponse avances, avançons

Or il peut arriver que l'on veuille conserver le son k même devant e, i. Il faut alors renforcer le c. Intervient alors la contre-cédille: on insère une voyelle qui garde au c (comme au g) sa valeur de consonne sourde, donc un u. Encore faut-il savoir que ce u ne doit pas être prononcé! Ex. Guy, guenille, cueillir. Dans le cas des graphies qu + e, i, on pourrait se passer du u puisque la graphie q est non équivoque, mais cet u était là en latin et il est conservé par étymologie (sauf dans quelques mots empruntés à l'arabe: Qumran....)
Qu'est-ce qu'on aurait vu si __avait été quelques jours plus tard qu'elle l'avait pla__é!
1) c', c 3) ç', c
2) ç', qu 4) (2 ou 3, selon le sens)
45 
Réponse 2 ou 3 selon le sens. Ç'avait été et plaqué, si elle l'avait abandonné soudainement (langue pop.); ou placé, si elle lui avait trouvé ou assigné une place.

Le u pris entre une gutturale (c ou g) et une voyelle antérieure (e ou i) est-il toujours bien muet? N'a-t-il jamais besoin de tréma? Et les mots en cui-? Leur u n'est-il pas semi-voyelle? Ne demanderaient-ils pas un tréma, au moins sur le i? Ici, les Rectifications ont préféré respecter l'usage. On a : qui (ki), cui- (k¨wi), et, s'il le fallait, cüi ou cuï (ku-i)... Le verbe cueillir n'est une anomalie qu'en apparence. Il suit la règle du u contre-cédille.

L'un des palliatifs au manque de lettres de l'alphabet, resté latin, a donc été de conserver la même lettre pour plusieurs sons, ou de donner des valeurs différentes à une seule lettre. Une autre astuce fut le digramme (ch, ph, eu, ou, an, in, on, un...)
LE CHIEN. -- Je me sentais à ______. 46 
1) laisse
2) laise
3) (Selon le sens)
4) (Autre chose)
Réponse Autre chose : à l'aise ou en laisse, selon la prononciation.
Règle Après voyelle, le s tend à passer à /z/ (désert / verser).
Mais Il n'est pas recommandé de faire passer les mots en -isme à -/izme/.
Règle Entre voyelles, s se prononce /z/. S'il se prononce /s/, il est habituellement redoublé. Ex.: ruse / russe; église / glisse.

Plusieurs graphies pour le même son.

Ces évolutions, d'abord incontrôlées, du Ve au XIe siècle, ensuite de plus en plus scrupuleusement respectées, du XVIIe au XXe, ont leurs inconvénients aussi du côté des consonnes. Voyez plutôt.
Les jockeys durent re__eller leurs chevaux et sauter tous les obstacles. 47 
1) s
2) c
3) sc
4) (Autre chose)
Réponse Autre chose: resseller.
Mais Il faut resituer les événements dans leur contexte.
Et Son humour doit receler une part de vérité.
Ou Nous goûtions les confitures. Il fallait resceller les pots sans laisser de traces.

Règle Les s intervocaliques se sonorisent ou redoublent (asile, assisté). Mais les verbes commençant par s + voyelle précédé du préfixe re- ne redoublent pas le s quoique celui-ci continue à se prononcer /s/ et non /z/. Exceptions: ressaigner, ressaisir, ressasser, ressauter, ressembler, ressemeler, ressemer, ressentir, resserrer, resservir, ressortir, ressouder, se ressourcer, ressouvenir, ressuer, ressuivre, ressurgir, ressusciter, ressuyer et leurs dérivés (composés anciens).

Explication Ces composés, étant anciens, suivent une loi phonétique: pour éviter que s entre deux voyelles ne soit prononcé z, on le redouble. Les autres suivent une loi de composition lexicale: racine commençant par s, avec préfixe re-.

Remarque Dans ressayer, ressuyer, la racine ne commence pas par s. On suit donc la règle phonétique.

Voici les indices de cette Q.C.M.
Rép. % Niveau Discriminance
4 19 +2.71 0.33
1 22 +0.53 0.44
2 35 -3.32 0.21
3 21 -9.79 0.22
+ 01 -9.77 0.23
- 02 00.00 0.00

L'absence de distracteur textuel pour la bonne réponse (Autre chose plutôt que ss) rendait la question très difficile. Ici encore la majorité se trompe et la tendance va au s simple. C'est que la règle qui veut qu'entre deux voyelles le s simple se sonorise (z) est peu connue, quoiqu'elle ne connaisse que très peu d'exceptions (vraisemblable, asocial, resituer), toutes dues à des compositions.

Voici un autre exemple.
Cette épreuve le fit va__iller et venir à ré__ipiscence. 48 
1) c, s
2) ss, s
3) c, c
4) s, ss
Réponse vaciller, résipiscence
Et venir à résipiscence: "se repentir".
Remarque Les mots commençant par suivi de s + voyelle ne redoublent pas le s, et celui-ci se prononce /z/ (résister, résurrection).
Exception: réséquer (pron. / s /): «retrancher les parties malsaines d'un organe et rétablir sa continuité».
Rép. % Niveau Discriminance
1 18 +2.83 0.33
3 55 -3.07 0.19
2 16 -5.04 0.24
4 07 -8.58 0.22
- 04 00.00 0.00

D'où vient que le son s ait tant de graphies différentes? Le français n'est-il pas le résultat de l'évolution du latin? Justement! Résipiscence remonte au latin ecclésiastique re_+ sapere _+ isc- "recommencer à savoir", auquel il est emprunté à la Renaissance. Et vaciller vient du latin vacilare, "être en équilibre instable par faiblesse".

Mais, en latin, la lettre c transcrit le son /k/. C'est sous l'influence du i que l'évolution phonétique a fait remonter le point d'articulation du k vers le son s. Nouvelle prononciation, ci = /si/ mais graphie inchangée. C'est toujours en négligeant d'adapter l'écriture lors de l'évolution de la prononciation qu'on en arrive à un système de transcription incohérent. Heureusement, en créant un nouvel alphabet, doté d'un signe par son et d'un son par signe (API), le linguiste peut transcrire sans équivoque les prononciations réelles de très nombreuses langues. Toutes les langues devraient-elles adopter l'API?
49 

Cela faciliterait la communication et la conservation de la diversité des langues comme de la variété des prononciations. Mais quel déluge de protestations s'élèveraient tant de la part des grandes langues que des plus petites! Seuls les linguistes se réjouiraient...

Pour le français, on aurait modifié au fur et à mesure les graphies pour qu'elles correspondent aux nouvelles prononciations, celles-ci auraient mieux convergé. C'est ce qui avait été entrepris aux 12e et13e siècles par les trouvères, qui furent les premiers à écrire la langue "vulgaire" des seigneurs. Mais les scribes des chancelleries, eux, se mêlèrent de faire respecter les graphies de leur langue de référence, le latin. Les scripteurs les plus lettrés voulurent garder les graphies aussi proches que possible de celles qu'ils pratiquaient normalement pour les arts et les sciences: celles du latin! Le latin a été la seule langue digne de ce nom dans l'esprit des mandarins, longtemps après la disparition de l'Empire romain. On enseignait encore le latin et le grec à tous les élèves des collèges au milieu du XXe siècle. Par exemple, les trouvères, au XIIe, notèrent astenir. Mais on se remit à écrire abstenir, et même, par la suite, on se remit à prononcer ce b.

Les consonnes qui redoublent.

Il fut un temps où le redoublement des consonnes était une réalité de la prononciation. Turolde disait :"Mo=ult ap=prit l'hom=me qu=i souf=frit" (décasyllabe de la Chanson de Roland). Aujourd'hui, la prononciation des consonnes doubles est simplifiée partout et c'est par erreur qu'on entend parfois : "Il est intel=ligent" (pron. normale : intè=li=jan).

Mais comment savoir qu'apprendre, c'est deux p, alors qu'apercevoir n'en prend qu'un?
Entrer dans un lieu privé par ____tion, c'est commettre une in____tion.
1) effrac, frac 2) éfrac, fra 3) effra, ffrac 4) éfra, ffra
50 

Rép. effraction, infraction
Règle Deux f dans les mots commençant par ef- (sauf efendi) comme dans les mots commençant par of- (sauf oflag). Mais Aucun mot commençant par if-, uf- ne redouble le f.
Règle La consonne qui suit une autre consonne ou une voyelle nasale (an, en, in, on, un) ne redouble pas.
Rem. Cette règle a une origine phonétique. Elle ne concerne pas les sigles.

Souvent, c'est entre le préfixe et le radical (immobile), ou entre le radical et le suffixe (distillation), que se produit un redoublement. Comme la coupe syllabique a toujours lieu entre les consonnes doubles, cela aide à diviser le vocable en préfixe / radical / suffixe. Ainsi, apprendre, c'est le verbe prendre et le préfixe ab- (origine). Le b, qui a le même point d'articulation que le p et qui n'en diffère que par la vibration des cordes vocales, a cessé de vibrer (facilité), et on a prononcé ap-prendre avant que les deux p n'en fassent plus qu'un (quoiqu'ils continuent à s'écrire).
L'odeur du sou__re le rendait sou__rant.
1) f, f 2) f, ff 3) ff, f 4) ff, ff
51 
Rép. soufre, souffrant
Règle On a deux f dans siffler (mais persifler et ses dérivés), souffler (mais boursoufler et ses dérivés), souffrir (mais le soufre).
Rem. Les Rectifications optent pour persiffler et boursouffler, ainsi que leurs dérivés (persifflage, boursoufflure).

Mais pourquoi les composés persifl;er et boursoufler avaient-ils perdus le redoublement? (Et pourquoi le leur réimposer alors qu'il faudrait le supprimer partout, puisque telle est l'évolution phonétique?) Quelle différence voyez-vous entre souffler et boursoufler, du point de vue de le durée des syllabes?
52 

La logique des Rectifications est celle du compromis. Puisque l'opinion refuse de simplifier graphiquement toutes les consonnes doubles, du moins qu'elle accepte de régulariser la graphie des mots de la même famille! Que soufre ne redouble pas, puisque c'est un autre mot que souffrir, cela s'endure, mais devoir écrire boursoufler autrement que souffler...

Mais ce que persifler et boursoufler ont en commun par rapport à leur radical du point de vue de la durée des syllabe, c'est que l'accent tonique change de place. Dans siffler et souffler, on peut allonger le premier f sans difficulté car la syllabe est longue. Dans leurs deux composés, il y a une prétonique sur le préfixe ce qui oblige à placer la tonique sur la finale -er. Le redoublement sonore devient alors improbable, sinon impossible.

Consonne double ou accent grave?
Le craqu__ement de la marque__erie me tint éveillé toute la nuit.
1) èt, t 2) èt, tt 3) ett, t 4) ett, tt
53 
Réponse craquètement, marqueterie
Remarque Les dérivés des verbes en -eter (autres que acheter, corseter, crocheter, fileter, fureter, haleter) redoublent le t devant un e muet final et les suffixes -ement, -iste (mais pas -erie, sauf coquetterie). Exception: craquètement. Devant tout autre suffixe, ils ne redoublent pas le t.
Mais Selon les Rectifications, aucun dérivé en -ement de verbes en -eter ne devrait plus redoubler le t.

Peu de cohérence, dans ces observations (qui ne peuvent prétendre à être des règles). Que les groupes d'étudiant(e)s parviennent à les maîtriser est d'autant plus remarquable. Mais la tendance diverge, naturellement.
QCM  10431                    # 368      |100%              ·
Lot  F3a      Cycle 10         Valide    |   |              ·    33333333333
Rép.     %      Niveau    Discriminance  |   |            3333333       4444
1*      29      2.70      0.20           |   |    33333333  ·      44444   2
2       37     -1.09      0.39           |   |3333          · 44444     222
4       22     -3.95      0.31           |   |            4444     22222
3       10     -7.54      0.29           |   |       44444  ·    22
-       02      0.00      0.00           |   |    444       · 222
-----------------------------------------|   |  44          22
Le craqu__ement de la marque__erie me    |   |44          22·
tint éveillé toute la nuit.              |50%|·········222··············1111
1)     èt, t                             |   |       22     ·      11111
2)     èt, tt                            |   |    222       · 11111
3)     ett, t                            |   |  22     1111111
4)     ett, tt                           |   |22  11111     ·
                                         |   |1111          ·

Même si 29% valident la question, c'est marquetterie avec deux t qui emporte la faveur de la majorité et qui manifeste la tendance du groupe. Ont-ils tort? Tout dépend de la prononciation. Car si le e est neutre, nul besoin de redoubler, mais si c'est un è, ou bien on doit redoubler, ou bien il faut un accent. Le Dictionnaire de la prononciation française dans son usage réel de Martinet et Walter est, pour une fois, formel. Tous les témoins disent è. Pourquoi les Rectifications admettent-elles alors un e sans accent avec un seul t? Cela ne se justifierait que si la prononciation avec e labialisé était encore en vigueur. La différence est nette car si la voyelle est accentuée, elle est tonique; autrement, l'accent va sur le ie.

Il est donc important de savoir si le e est muet, devant t, ou tout autre consonne qui pourrait redoubler, probablement. Voyons ce qui se passe devant l.
Un ami plein de z__e cis__era la plaque commémorative.
1) èl, èl 2) ell, èl 3) èl, ell 4) ell, ell
54 
Réponse zèle, cisèlera
Mais On y voit une demoiselle aussi gracieuse qu'une gazelle.
Remarque. Les mots finissant par /è/ + l + e muet redoublent le l. Cependant, s'écrivent avec -èle quelques verbes en -eler à l'indicatif présent (celer, ciseler, démanteler, écarteler, s'encasteler, geler, nickeler, marteler, modeler, peler et leurs composés; révéler et les subst. modèle, zèle, stèle).
Et S'écrivent avec -êle: mêler, bêler, fêler, frêle et grêle.
Ou S'écrivent avec -el les mots masculins de cette sonorité finale sauf libelle.
Mais Les Rectifications autorisent -èle partout dans la conjugaison, sauf j'appelle.

Le problème est identique à celui des verbes en -eter. Le e ne peut pas être sourd, il doit donc avoir un accent grave, ou bien on redouble le l. Les meilleurs ont opté pour l'accent et c'est la tendance de l'ensemble, mais 71% voient ciseler avec ll, à l'inverse des Rectifications.
QCM  10597                    # 311      |100%             ·
Lot  EQ1ort   Cycle 20         Valide    |   |             ·              2
Rép.     %      Niveau    Discriminance  |   |             · 22222222223333
1*      21      2.43      0.34           |   |       2222222223333333333
3       71     -7.10      0.21           |   |2222222  3333333
2       04     -8.75      0.22           |   |    33333     ·
-       04      0.00      0.00           |   |3333          ·
-----------------------------------------|   |              ·
Un ami plein de z__e cis__era la plaque  |   |              ·
commémorative.                           |   |              ·             1
1)     èl, èl                            |50%|···························111
2)     ell, èl                           |   |              ·         11
3)     èl, ell                           |   |              ·    11111
4)     ell, ell                          |   |              · 111
                                         |   |              11
                                         |   |         11111·
                                         |   |    11111     ·
                                         |   |1111          ·
                                         |   |              ·

Le groupe est bien conscient des deux options. Il les répartit... comme pour équilibrer les chances, ou encore : comme ferait un écrivain désireux de variété. Même les langues fuiraient-elle l'ennui naissant de l'uniformité?

S'agit-il seulement d'une question d'orthographe, qui pourrait donc se résoudre ad libitum, pourvu que tout le monde soit content? Ceux qui en sont persuadés ignorent qu'il y a eu toute une évolution phonétique et que la prononciation actuelle poursuit cette évolution, que l'écriture freine assez efficacement parfois. Précisons les enjeux. Les verbes en -eler de la série ci-dessus, donnés comme exceptions, ainsi que modèle, stèle, etc. avaient un è long puisque la syllabe était ouverte et tonique. Il gèle comme il grêle était en fait un paroxyton, comme la plupart des mots latins, c'est-à-dire que la tonique n'était pas finale, comme elle l'est dans la plupart des mots français (qui sont des oxytons). Il fallait dire gè-l' avec un è long. Est-ce réellement ce que veulent que nous fassions les Rectificateurs? Ils supposent la prononciation fixée; ou bien ils la savent fluctuante, mais préfèrent tirer un voile. En passant de ça ruisselle à ça ruissèle, ils ne songent qu'à supprimer des consonnes doubles. Or, elles ont bien disparu de la prononciation mais pas disparu entièrement. Il en subsiste ce qu'on appelle en linguistique une trace (comme le h dont il reste une absence de liaison). Certes, on ne prononce plus les deux l distinctement, on ne dit plus ça ruissel-le, sauf dans le Midi. Ni même ça ruissel-l'. Mais il y a encore une différence entre gèle et ruisselle puisque le è de ruisselle est en syllabe fermée, et donc bref, tandis que le l de gèle est sonore, et peut faire une seconde syllabe, liquide.

Mais quelle est la prononciation actuelle en France? Voici le graphe d'un lycée parisien sur une question du même genre.
C'est tout à fait inhabituel; il g__e en plein mois de mai. Il est tombé de
la gr__e.
1) èl, êl 2) èl, ell 3) ell, êl 4) ell, ell
55 
Rép. gèle, grêle
Règle Les mots qui se terminent en -el + e redoublent le l, sauf les
substantifs modèle, stèle, zèle, cautèle, clientèle, parallèle, prèle, etc. ainsi que les qualificatifs fidèle et isocèle.
Rem. Les Rectifications n'ont pas touché à ces substantifs (ex. dentelle) alors qu'elles autorisent un seul l pour les verbes et leurs dérivés (ex. il dentèle, un dentelier).
QCM 10185                    # 319 3     |100%              ·
Lot  LC0      Cycle 101        Instable  |   |              ·
        %      Niveau     Discriminance  |   |              ·
1*      56     -0.48      0.31           |   |              ·              4
+       01     -0.61      0.30           |   |              ·         443333
-       03      0.00      0.00           |   |              ·    4444433   1
3       13     -1.81      0.29           |   |              444443333311111
4       08     -2.65      0.29           |   |            4433333  111
2       23      0.00      0.00           |   |       4444433· 11111
-----------------------------------------|   |    444  333  11
C'est tout à fait inhabituel; il g__e    |50%|·4433333·······11············
en plein mois de mai. Il est tombé de    |   |4433   ++111  ·
la gr__e.                                |   |33  11111     ·
1)     èl, êl                            |   |++11          ·
2)     èl, ell                           |   |11            ·
3)     ell, êl                           |   |              ·
4)     ell, ell                          |   |              ·

Le sous-groupe majeur connaît son orthographe mais tout de suite après, il y a de l'instabilité (+, -, ll), sans doute à cause de la prononciation. Celle-ci tend vers un raccourcissement du è qui se marquerait mieux avec les deux l. Ainsi serait-on sûr de placer le l dans la syllabe tonique. Opter pour un seul l, dans le système graphique actuel, oblige à mettre un accent, ce qui est contraire à l'usage des parisiens, qui parlent vite et n'allongent pas les toniques plus que le minimum requis.

Les Rectifications aboutissent donc ici à privilégier une simplification, purement graphique, au détriment du système existant de transposition du sonore vers le graphique. Les réticences du public et des écrivains n'étaient donc pas des réactions purement épidermiques!...

Faut-il simplifier les consonnes doubles?

Prenons les verbes en -oter.
Tes cheveux, si tu les fais friso__er, on dira que tu veux te faire baiso__er. 56 
1) t, t
2) t, tt
3) tt, t
4) tt, tt
Réponse frisotter, baisotter (Mais suivant les Rectifications: un seul t).
Remarque. Les verbes en -oter ne redoublent le t que dans ballotter, botter, boycotter, calotter, carotter, crotter, culotter, flotter, frotter, garrotter, grelotter, marcotter, marmotter, trotter, ainsi que dans certains diminutifs: mangeotter, frisotter...
Mais Chuchoter, comploter, dénoter, dorloter, doter, gigoter, radoter, siffloter, suçoter.

Remarque. Les Rectifications proposent de s'aligner sur les bases (flotter suivant flotte, mais ne peut-on aussi remonter à flot?), avec une tendance à la simplification de la consonne si l'usage le permet (notamment pour les diminutifs).
Elle est un peu tête de lino__e, mais elle n'est pas so__e. 57 
1) t, t
2) t, tt
3) tt, t
4) tt, tt
Réponse linotte, sotte
Mais La psalliote des champs n'est autre que le champignon de couche.
Règle. Les mots en -ot + e muet redoublent le t dans les dérivés de sot et les diminutifs en -ot (pâlot, vieillot), ainsi que dans bouillotte, cagnotte, hotte, hulotte, gibelotte, culotte, flotte, grotte, griotte, menotte, linotte, marmotte, roulotte, etc. et dans les dérivés des verbes en -otter.
Mais Belote, gargote, jugeote, redingote, parlote, camelote.
Et Les noms masculins en -ot + e ne redoublent jamais le t (patriote, despote).
Mais On trouve aussi deux t dans certains noms propres (Turcotte, Aulotte, etc.)
Au lieu de le calo__er, je me mis à le dorlo__er, le petit monstre. 58 
1) t, t
2) t, tt
3) tt, t
4) tt, tt
Réponse calotter, dorloter
Remarque. Les verbes en -oter ne redoublent le t que dans ballotter, botter, boycotter, calotter, carotter, crotter, culotter, flotter, frotter, garrotter, grelotter, marcotter, marmotter, trotter, ainsi que dans certains diminutifs: mangeotter, frisotter...
Mais Chuchoter, comploter, dénoter, dorloter, doter, gigoter, radoter, siffloter, suçoter.
Rép. % Niveau Discriminance
3 19 +2.78 0.33
2 37 -4.76 0.03
4 30 -4.45 0.24
1 15 00.00 0.00

Calotter est le dérivé verbal de calotte, qui est peut-être venu du latin mais par l'intermédiaire du provençal calota. Le redoublement du t est un ajout sur le modèle des diminutifs en -elle, -olle, -ette, -otte, qui étaient déjà là, eux, en latin, et où le t était redoublé parce que la prononciation comportait deux phases, une implosive et une explosive. Dorloter est le dérivé verbal de dorelot, "boucle de cheveux", d'où son sens de "friser" au 13e siècle. Pourquoi l'influence des diminutifs lui a-t-elle été épargnée? Il faut dire que même certains diminutifs ne redoublent pas: suçoter, siffloter.
Qui passe là? C'est la vieille Mc Mich, qui rado__e et sifflo__e...
1) t, t 3) tt, t
2) t, tt 4) tt, tt
59  Rép. % Niveau Discrim.
1 19 +2.76 0.33
2 31 +0.03 0.54
4 42 -6.20 0.23
3 07 -9.17 0.23
- 01 00.00 0.00

Seuls nos 19% d'experts et expertes s'en tirent. La majorité est pour le redoublement et la tendance du groupe (discriminance maximale) est pour sifflotte, sans doute parce que c'est un diminutif; preuve de plus de la subtilité des usagers.

Le son yod.

Il s'écrit y + voyelle, i + voyelle, iIl, ilh, illi... Simplifier le double l aurait donc aussi un effet sur la transcription de la semi-voyelle, ou semi-consonne, intermédiaire au i et au ch.

Beaucoup de mots prennent un i après un l non mouillé (simple ou double): familier, dentellière, millier... Dans ces cas, on prononce /l/ et on a un yod quand une voyelle suit. La présence d'un i n'est pas essentielle. Ex. Les noms propres Bouthillier ou Bouthiller, Mailhot et Mailhiot.
Sa nomination ne l'empêchera ni de sommeil___er, ni de s'occuper de son poulail___er. 60 
1) li, l
2) l, l
3) l, li
4) li, li
Réponse sommeiller, poulailler
Mais Il faut que tu ailles manger des nouilles à Marseille.
Et être boursier et plus tard rentier, ce n'est pas sorcier.
Règle Quelques mots prennent un i après un l mouillé (double): groseillier, joaillier... Dans ces cas, on a parfois tendance à allonger la prononciation du l mouillé: comparez vanillé et vanillier, cailler et quincaillier, maquiller et marguillier. Les Rectifications abolissent cette anomalie.

Redoublement du n et nasalisation.

Les consonnes liquides redoublent-elles?
Pour les A__amites, l'e__ui existe aussi. 61 
1) n, n
2) n, nn
3) nn, n
4) nn, nn
Réponse Annamites, ennui
Mais Pour la énième fois, je vous répète qu'il n'y a pas eu la moindre anicroche.
Remarque. Les mots commençant par an- ne redoublent le n que dans année (annales, annuité, annuaire, anniversaire, suranné), anneau, annamite, annexe, annihiler, annonce, annoter, annuler et leurs dérivés.
Rép. % Niveau Discriminance
4 19 +2.76 0.33
+ 01 +2.63 0.33
- 01 +2.50 0.34
2 74 -7.86 0.21
3 04 -9.48 0.22
1 02 00.00 0.00

Mais d'où proviennent ces redoublements du n? De la voyelle qui le précédait, dans la même syllabe. Elle a changé de timbre. Il a fallu la noter. Vers le Xe siècle, le n (ainsi que le m) a commencé à nasaliser la voyelle, en sorte que sont apparues, devant consonne ou en finale de groupe, quatre voyelles ignorées du latin: an, in, on, un. On ne dut même pas chercher de notation nouvelle pour ces sons inédits puisque la position du n suffisait à les indiquer. Toutefois, le n ou le m pouvaient se trouver entre deux voyelles. Dans ce cas, ils devaient conserver leur valeur de consonne. Pour qu'ils puissent tout de même transcrire une nasalisation de la voyelle, il a fallu les redoubler, sur le modèle des mots latins déjà dotés de deux n ou deux m (annum, communicatio). Ainsi bonne, pomme, donner se sont prononcés avec on + n, bien que le latin n'ait eu qu'un seul n. (Ces mots viennent de bona, poma, donare.) De même la plupart des mots à suffixe -on, et il y en a plusieurs milliers, auront tendance à redoubler le n au féminin. Cette nasalisation, quand elle était suivie d'un e muet (celui du féminin justement), a donné lieu, par la suite, à une dénasalisation, à partir du XVIIe siècle. Cette dénasalisation est encore vivante à l'époque moderne dans quelques liaisons, par exemple dans les groupes vain espoir, plein air, bon ami, mon ami). Les mots en ann- initial ont tous été dénasalisés et Annam suit donc le modèle d'année, anneau, annuler...

Avant la dénasalisation, la liaison avait donc entraîné un redoublement du n, de façon à marquer d'une part la voyelle nasalisée, d'autre part la consonne de liaison (paysan-ne, an-née, qui s'entendent encore dans le Midi). Le cas de ennui a été beaucoup discuté par les Académiciens au XVIIIe , certains refusant la dénasalisation et donc un seul n. La prononciation avec an ne l'a emporté qu'au XIXe par suite d'une analogie avec le préfixe en dans enfermer, etc. (N. Catach, Dictionnaire historique de l'orthographe française)

On peut penser que les répondants réfléchissent de façon structurée car la majorité ne redouble le n que là où il y a une raison de mettre deux n (pron. an-nui).

Comment sortir de ces imbroglios? Ils viennent du respect trop scrupuleux de la langue des siècles passés. À force d'enseigner l'orthographe, on en a multiplié les règles. La fidélité aux moindres vestiges a créé et maintenu des incohérences déjà trop nombreuses. Pas de solution? Si : déréglementer; laisser flotter la devise langagière plus librement, mais non sans enregistrer et diffuser les restructurations qui vont se produire parmi les différentes strates d'utilisateurs. Les règlements artificiels ne pourront survivre à l'évolution collective. En revanche, si l'on introduit des simplifications qui ne sont pas exactement celles des utilisateurs, de nouvelles règles ne peuvent qu'accroître la diversité, et les hésitations.

Mais revenons sur le terrain avec la question du -x final.

Le x du pluriel.
QCM  2349                     # 398      |100%              ·
Lot  F3a      Cycle 10         Valide    |   |              ·      333333333
Rép.     %      Niveau    Discriminance  |   |            333333333
1*      32      2.54      0.18           |   |    33333333  ·         444444
4       50     -2.89      0.32           |   |3333          ·    44444
3       16     -7.37      0.29           |   |              · 444
2       03      0.00      0.00           |   |            4444
-----------------------------------------|   |         444  ·
Mettez vos sarr____ avant de sortir.     |   |       44     ·
1)     aus                               |   |  44444       ·
2)     eaus                              |50%|44······················111111
3)     eaux                              |   |              ·    11111
4)     aux                               |   |              11111
                                         |   |         11111·
                                         |   |  1111111     ·
                                         |   |11            ·
62 
Réponse sarraus
Mais Il cherche des tuyaux pour les courses de lévriers.
Règle. Les noms en -au, -eu prennent x au pluriel, sauf landau, sarrau, bleu et pneu.
Et Les noms en -au s'écrivent avec -eau, sauf si le suffixe est précédé d'une voyelle qui se prononce (exemple: boyau, tuyau); plus étau, esquimau, landau, sarrau...; et les pluriels des mots en -al ou -ail.

Le x final inaudible du pluriel des mots en u est une graphie du moyen français pour us. On écrivait donc chevax ou chevaus. On prononçait a-ous. Depuis le 16e siècle, le s a disparu progressivement de la prononciation (il reparaît à la liaison soignée avec l'actualisateur, comme dans mèzamis) mais pas à la fin du nom (Ex. : des tromperie' inutiles et pas z'inutiles). Il était difficile de prendre s comme marque du pluriel au Moyen Age, où le cas sujet singulier en avait un aussi (murs vient de murus, nominatif singulier, comme de muros, accusatif pluriel). Aujourd'hui, le pluriel est indiqué par l'article ou le déterminant. Le s est purement graphique. Le x est une survivance qui pourrait avantageusement disparaître.

Telle n'est pas du tout l'opinion des répondants, qui favorisent la variante avec x (effet de scolarisation) plus que la variante avec -eau.

D'où vient cette triphtongue devenue monophtongue? Pas du au latin, devenu o dès le 5e siècle (aurum - or). Elle vient de e + l + s comme dans bellos. Le e se maintient, le l se sonorise en u et il apparaît un a intermédiaire pour faciliter le passage entre les deux extrêmes è - u. À la finale, sauf devant voyelle (tuyau, gruau), rares sont les mots qui n'ont pas -eau (ils sont régionaux ou empruntés: gluau, tussau). Le troisième sous-groupe tient compte de cette analogie, mais la combine avec x. La variante -eaus n'a aucun succès.

Ça s'écrit sans s'prononcer...

Parmi les subtilités des variantes graphiques prennent place aussi les lettres qui ne se prononcent plus depuis dix siècles, mais que les latinistes et les étymologistes se plaisent à sauvegarder (le p de sculpteur). La paresse articulatoire jointe à la tendance naturelle de toute langue vers la simplification ont fait disparaître, entre le 3e et le 9e siècle, toutes les consonnes finales ou presque (d'où l'effacement de la flexion des substantifs). La majorité des consonnes finales sont donc devenues muettes (dais, daim, dalot, damier, danger, dans, dansant, dard, dès...)
On a volé les chevaux du har__ du raj__! 63 
1) a, a
2) as, as
3) a, ah
4) (Autre chose)
Réponse. haras, rajah
Remarque. Au singulier, les mots en /a/ s'écrivent parfois avec -a (gala, tibia,
acacia), parfois avec -as (tas, gras, verglas), parfois avec -at (état, achat, grabat). Il y a quelques autres graphies, exceptionnelles: drap, gars, estomac, casbah, raz...
Remarque. Rares sont les consonnes finales audibles. Le s et le t finals sont le plus souvent muets (haras, chat). Le c aussi (tabac). Le f, le v, le q, le r se prononcent.

Mais Les mots étrangers gardent leurs consonnes finales. Ex. Burnous. Diktat. Hamac.
As-tu des raisins de Corinthe? On ferait un p____ing.
1) oud 2) oudd 3) ud 4) udd
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Rép. pouding
Mais We could prepare a pudding.
Rem. On francise l'orthographe des mots étrangers à partir du moment où ils entrent dans l'usage français.
Ex. Beef steak, «tranche de boeuf», est devenu bifteck.

Élision et liaison.

Le e muet d'un mot grammatical ne s'entend que devant consonne (le tamis, l'ami). Le s pluriel d'un mot grammatical ne s'entend que devant voyelle (les tamis, les-z-amis). L'élision ne se marque pas toujours graphiquement. La liaison ne se marque pas.
Elle lui demanda s'il préférait miser sur ___ un plutôt que sur le sept. Il répondit ___ oui.
1) l', qu' 2) l', que 3) le, que 4) le, qu'
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Rép. le un, que oui
Mais L'un coupe et l'autre choisit (règle de partage d'un dessert).
Règle Il n'y a pas d'élision (ni par conséquent d'apostrophe), et pas non plus de liaison, devant huit, onze, oui et un (un comme chiffre ou numéro, mais pas un comme adjectif numéral, article ou pronom).
Ex. Le onze. Les onze hommes (pas lèz).
Rem. L'usage est flottant dès qu'il s'agit d'un mot composé (un bouillon d'onze heures = empoisonné) ou simplement d'un groupe très usité (le train d'onze heures, de 11h 48).
Si tu ne parviens pas à le retenir, laisse-____ aller.
1) le y 2) l'y 3) (Au choix) 4) (Selon le niveau de la langue)
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Rép. Laisse-le y aller.
Mais Je n'y vois aucun inconvénient.
Règle. L'élision est une marque de cohésion syntagmatique. Il n'y a pas d'élision entre deux syntagmes.
Ex. Vois-le y prendre goût. (Mais: Va l'y prendre sur le fait.)
Et La liaison aussi est plus naturelle entre les parties du syntagme.
Ex. Vois-les y prendre goût. (Mais: Va les-z-y prendre sur le fait.)
"Elle a encore embelli." Y a-t-il dans cette phrase des élisions qui ne soient pas indiquées par l'apostrophe?
1) Aucune. 2) Une. 3) Deux. 4) Une ou deux, au choix.
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Rép. Deux: ell'a et encor'embelli.
Rem. L'usage est de ne marquer l'élision que pour de, ne, le, la (articles ou pronoms atones), je, me, te, se, que, jusque. (Ajouter: si (conjonction) devant il(s) et ce devant en ou un auxiliaire.)

Mais il peut aussi arriver que, pour éviter l'élision, on renforce le mot à élider.
Lorsque le vent du soir fait frissonner les saules, pourquoi cette larme qui fait briller vos prunelles? Qu'avez-vous, ______?
1) Mon amie 2) Ma mie 3) M'amie 4) (Selon le contexte)
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Rép. Selon le contexte.
Mais Mon aimable, mon exquise amie. (Pourquoi mon alors qu'amie est du féminin?)
Règle Devant un mot féminin dont l'initiale est une voyelle ou un h muet, on utilise mon, ton, son, au lieu de ma, ta, sa.
Expl. Ceci permet d'éviter un hiatus. Le n final du masculin permet la liaison. L'ancienne langue élidait ma, ta, sa devant un nom féminin commençant par une voyelle. Il n'en reste guère aujourd'hui que m'amie, plus souvent écrit ma mie. L'un et l'autre s'emploient dans un contexte archaïsant ou plaisant. On trouve aussi, mais plus rarement: m'amour.
Comme à ___ habitude, il a encore oublié d'accorder ___ harpe!
1) son, son 2) son, sa 3) sa, son 4) sa, sa
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Rép. son habitude, sa harpe
Et Il a l'habitude de prendre la harpe de son voisin, à cause de son harmonie.
Mais Il reçut sa onzième nièce avec curiosité.
Rem. habitude : h muet ; harpe : h aspiré.
Mais Dans les mots commençant par y + voyelle (ma yaourtière, ma Yougoslave) le y est naturellement considéré comme une consonne... et avec onzième, on évite une tautophonie.

C'est donc bien pour éviter une élision que le possessif passe à la forme masculine, qui permet la liaison. Celle-ci est le contraire de l'élision : une consonne de plus au lieu d'une voyelle de moins. On l'appellera donc une contre-élision.

Mais pourquoi mon avec un mot féminin? Les lois de l'euphonie peuvent-elles l'emporter sur celles des genres grammaticaux? Comment a-t-on penser à dire mon amie plutôt que ma amie (devenu m'amie)?
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On a suivi le modèle des mots en h. Le h aspiré, consonne germanique, arabe, espagnole, n'est pas une consonne française. Elle a disparu progressivement quoique pas encore complètement puisque certains mots en h conservent de cette consonne une trace : l'absence d'élision et de liaison. Comparer : hiver et hibou. On dit l'hiver mais le hibou parce que le h de hibou, même s'il ne se prononce plus, a conservé son effet sur la voyelle précédente et empêche de faire comme si le mot commençait simplement par i. On distingue donc des mots qui commencent par un h aspiré (qui n'est pas aspiré mais qui l'a été et qui en a gardé la marque, ce qui bloque l'élision et la liaison) et ceux qui commencent par un h ordinaire, effacé. Ceux-là permettent l'élision (l'habit de l'hirondelle) comme la liaison (mon habit). Mais que faire de ma hirondelle qui devait s'élider en m'hirondelle? Pour éviter les équivoques de ce raccourcissement excessif, on a cherché à conserver l'allongement, et pour obtenir l'euphonie on a pris le modèle le plus proche, celui de mon habit, même si c'était un possessif masculin! Ainsi arriva-t-on à mon hirondelle! Et la contre-élision s'est généralisée.

Le même type de problème s'est posé avec le démonstratif ce, qui provient de hoc iste en passant par cist et cest. Devant consonne ou h aspiré, les consonnes finales s'amuïssent : ce hibou. Au féminin, cette se maintient : cette hippie (h aspiré). Mais si le h n'est pas "aspiré"? Au féminin, cette hirondelle : rien de particulier mais c'est au masculin cette fois que l'élision menace la consistance des mots et la clarté : dira-t-on ce hiver en faisant une élision (c'hiver)? Il suffisait d'arrêter la chute du t final (cet). Ainsi est née cette forme spéciale de masculin, qui ressemble à un féminin, devant un mot commençant par une voyelle...

Mais n'y a-t-il pas des cas où la liaison introduit des équivoques? Certaines liaisons ne sont-elles pas dangereuses?
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On a des-z-héroïnes mais on évite des-z-héros, évidemment.
Leurs pommes, elles sont à jeter / achetées / tachetées.
1) La prononciation normale des trois phrases est identique.
2) La prononciation est identique pour les deux premières.
3) Identique pour les deux dernières.
4) Une différence audible est réalisable dans les trois cas.
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Rép. Bien que la confusion soit normale (le t est dans la liaison et le j est souvent assourdi à proximité de consonnes sourdes), il est possible d'introduire des différences. Supprimer la liaison, allonger le é final,
faire une césure avant le t.
Déf. Silence: «absence de son». Césure: «marque délimitative par occlusion de la glotte, parfois précédée d'un silence qui lui donne plus d'importance».
Et Intonation suspensive: «mélodie de phrase qui annonce une suite». Pause pleine: «marque délimitative constituée d'une intonation suspensive suivie d'une césure».
Ex. Je crois que::: (on cherche ses idées); un:::guet-apens! (mise en évidence).

La liaison apparaît ainsi comme une harmonie ajoutée au passage d'un mot à l'autre. Il arrive souvent, en français, que les syllabes chevauchent sur les mots. C'est ce qu'on appelle l'enchaînement des mots dans la chaîne parlée. On dit i-la mais on écrit il a. Entre voyelles, s'il y a une consonne muette, elle reparaît pour faciliter la liaison. On peut aussi insérer un l (devant on) ou un t (devant il ou elle) et les écrire. On définit donc la liaison comme un enchaînement qui fait prononcer une consonne supplémentaire, conventionnelle ou purement graphique. Ex.: C'estimpossible. Onnest perdu. La consonne qui, à la liaison, apparaît ou disparaît s'appelle un glide.

Il suffit d'un accent antithétique avant ou après pour voir apparaître une césure au détriment de la liaison. Ex.: Quand/arrivera-t-elle? Non. C'est/impossible. L'accent supprime le t de liaison.

Mais n'y a-t-il pas de liaison uniquement à l'intérieur du syntagme, en sorte que celle-ci, et plus précisément tout enchaînement, devient une marque de la cohésion du groupe?
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Ex. Entre l'actualisateur et le lexème : /lezamis; unautobus; ilzont; nouzavons; ils lèzont; elle ena/. Mais il n'y a pas de liaison entre le nom et le qualifiant (un débit accru). Ceci est un indice de l'autonomie de l'épithète postérieure, qui constitue donc un groupe syntaxique distinct.

On trouve des exemples d'enchaînement entre syntagmes dans le style soutenu mais très peu dans la langue courante. En somme, il est permis de considérer la suite sonore des syllabes comme un indice sonore des limites du syntagme (tandis que la césure multiplie les actes de parole). Ex.: Ils coururent à perdre haleine, les jambes en sang (/reta/bezen/).

Les Rectifications.

Avez-vous entendu parler des Rectifications de l'orthographe française? Celles de 1990?
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En voici l'histoire, très brièvement. Les plaintes des instituteurs français touchant les difficultés gratuites de l'orthographe qu'ils doivent enseigner étaient parvenues aux oreilles, non de l'Académie et du ministère mais des linguistes, qui en savaient le passéisme, et l'inadéquation. Un mouvement organisé vit le jour (les 200 signatures) et un comité fut nommé par le Conseil supérieur de la langue française (dirigé par le premier ministre Michel Rocard), en vue de préparer des recommandations adéquates... Les principaux pays francophones étaient représentés à ce comité, avec, bien entendu, l'Académie, et aussi le dictionnaire Robert... mais la véritable spécialiste de ces questions a été Mme Nina Catach, qui animait depuis des années une équipe de recherche du CNRS sur l'orthographe. Elle avait fait faire, par exemple, des relevés de fautes dans des milliers de cahiers d'élèves.

Le 6 déc. 1990, dans le no 100 du Journal officiel, paraissait le rapport de ce comité, rapport qui provoqua immédiatement une levée de boucliers de la part des écrivains, des typographes, des universitaires et même du grand public. On vit jusqu'à l'épouse du Secrétaire perpétuel de l'Académie française, Mme Maurice Druon, citer dans un journal à grand tirage l'attachement indéfectible à l'authentique orthographe de "sa petite crémière". Et le Président, François Mitterand, rangea prudemment le rapport dans un tiroir, se gardant de rien laisser promulguer par son gouvernement.

Depuis, les uns ignorent jusqu'à l'existence du rapport. D'autres, le corps enseignant belge particulièrement, ont adopté les convictions des associations qui se sont créées pour la Nouvelle Orthographe. Ils feignent de croire que le rapport va s'appliquer progressivement et partout. Quelques dictionnaires la mentionnent ou commencent à en tenir compte et même deux revues, l'une de grammaire, l'autre d'intérêt général, s'astreignent à l'appliquer.

Voici un aperçu des nouvelles dispositions (qui ne sont donc plus des fautes, mais qui ne sont pas encore impératives). Remarque : aucune modification ne s'applique aux noms propres.

Voulez-vous indiquer les points de la "nouvelle orthographe" qui vous semblent importants?
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1. Trait d'union. Les numéraux en prennent même au-delà de cent et autour de et.
2. Pluriel des mots composés. Il n'est plus tenu compte du sens des éléments. Ils prennent s au dernier mot, et seulement au pluriel. (Exceptions: des prie-Dieu, des trompe-l'oeil.)
3. Les verbes qui ont un é accent aigu sur l'avant-dernière syllabe de l'infinitif changent cet é en è au futur et au conditionnel (alignement sur ceux qui ont un e, conformément à la prononciation). De même: puissè-je.
4. Plus de circonflexe sur i et u, sauf dans la conjugaison (passé simple, subjonctif imparfait etc.) Exception: les équivoques (jeûne, , mûr, sûr, il croît).
5. Les verbes en -eler et en -eter ainsi que les substantifs en -ment qui en dérivent ne redoublent plus le l ou le t. Deux exceptions (réclamées par l'Académie): il appelle, il jette.
6. Suivi d'un infinitif, le participe passé de laisser reste toujours invariable (comme fait).
7. Les mots empruntés aux langues étrangères mais entrés dans la langue française font leur pluriel en français (raviolis, jazzmans, box)

Le rapport contient en outre des listes de mots composés qui devraient perdre leur trait d'union (piquenique, croquemonsieur, boutentrain, portemonnaie, tirebouchon, apriori, exlibris, statuquo, baseball, bluejean, cowboy, hotdog, striptease, weekend), des mots où le tréma a été déplacé (aigüe, contigüe, il argüe, gageüre), où l'accent ne sera plus omis (asséner, réfréner, désidérata, média, mémento, référendum, sénior, vadémécum, véto, allégro, braséro, diésel, pérestroïka, péséta, révolver, trémolo), où l'accent a changé (cèleri, crèmerie, évènement, règlementation, sècheresse), des anomalies supprimées (absout, assoir, bonhommie, boursouffler, charriot, combattif, dissout, douçâtre, exéma, imbécilité, innommé, nénufar, ognon, persifflage, ponch, relai, saccarine, ventail; ainsi que joailler, quincailler, serpillère, interpeler, dentelière, lunetier, prunelier.
QCM  30073                    # 164      |100%              ·
Lot  PARIS    Cycle 27         Valide    |   |              ·
Rép.     %      Niveau    Discriminance  |   |              ·
2*      38      2.12      0.14           |   |              ·
4       32     -3.34      0.15           |   |              ·
1       05     -5.00      0.13           |   |              ·           1111
3       25      0.00      0.00           |   |              ·    11111444444
-----------------------------------------|   |         111111144444444
Le brouillard s'est peu à peu rés______  |   |  11111114444444
en pluie.                                |   |114444444     ·              2
1)     ous                               |50%|44····················22222222·
2)     olu                               |   |              · 22222
3)     out                               |   |         2222222
4)     olvé                              |   |  2222222     ·
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Au total, 2383 mots du petit Robert sont touchés. Sur quelque 50 000, cela fait 5%. La liste alphabétique en a été dressée par Josette Rey-Debove dans la Réforme de l'orthographe au banc d'essai du Robert, 1991, 78p.

Dans cette liste, chaque terme est accompagné d'un avis favorable, réservé ou défavorable. Il s'agit de prises de position toutes personnelles, qui sont expliquées dans l'introduction. À notre avis, ce qui a le plus manqué au Comité pour effectuer un travail cohérent et acceptable, ce n'est nullement de réduire la diversité des points de vue, comme on l'a souvent dit ou éprouvé. Certes, cette diversité a constamment débouché sur des oppositions irréductibles, que la Presse étala parfois, mais toute langue est faite de diversités encore plus nombreuses et plus incontournables. Ce qui a manqué est plutôt, selon nous, une méthodologie extensive. Les experts réunis faisaient état de leur expertise, comme des députés (mais non élus), alors qu'on aurait pu consulter la masse des usagers, ceux-là même qui déterminent les normes et les font évoluer. Une méthode qui pourrait tenir compte de la masse, autrement que pour offrir des relevés de leurs fautes, faisait tout simplement défaut. Nous en avions tracé les principes, réalisé les logiciels et mis à l'épreuve les algorithmes, cependant. Mais nos travaux, pourtant connus, n'ont pas été pris en considération par le comité.


ORTHOGRAPHE 1

L'Alphabet. 1

Le système graphique du français. 3

La syllabe. 6

L'accent aigu et le grave. 7

Accent grave sur autre chose que e. 11

Le circonflexe. 11

Le tréma. 13

gu + i 14

La cédille. 15

Les consonnes qui redoublent. 18

Consonne double ou accent grave? 19

Faut-il simplifier les consonnes doubles? 21

Le son yod. 22

Redoublement du n et nasalisation. 23

Le x du pluriel. 24

Ça s'écrit sans s'prononcer... 25

Les Rectifications. 25

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