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LE MOT LEXICAL

Qu'est-ce qu'un mot?

Écrire, parler se fait avec des mots. Le concept linguistique de mot est élémentaire et incontournable. Acquis dès l'arrivée à l'école et même antérieurement, il sert tous les jours, et se maintient jusque dans les textes les plus «universitaires». Pas étonnant qu'il recouvre des équivoques!

Qu'est-ce qu'un mot? Quels sont les points de vue qui permettent de le définir? Est-ce le découpage écrit qui définit le mot?

Il est tout d'abord confondu avec le mot graphique en sorte que l'on pense couramment que sa définition est d'être délimité par des espaces. Précisons : une «espace» typographique (au féminin dans les ateliers, où il désigne un lingot de métal).

Ne faudrait-il pas le définir autrement que par cette marque graphique, absente quand on parle, et qui varie d'une langue à l'autre? En allemand par exemple, les mots sont moins morcelés qu'en français. En esquimau, ils s'identifient aux mots phonétiques. Car il y a aussi une marque sonore de découpage. D'aucuns, s'imaginant parler comme ils écrivent, croient faire des pauses entre leurs mots. (Essayez, pour voir, de parler en découpant les mots tels qu'ils sont écrits.) Les mots sont regroupés non en mots graphiques mais en mots phonétiques, et on a vu plus haut comment faire ce découpage, parfois effaçable, parfois seulement facultatif. On ne peut faire de pause à chaque mot ...à moins qu'il ne s'agisse de circonstances particulières. Il y a bien la "diction professorale", traditionnelle à la Sorbonne, nécessaire devant les auditoires démesurés (et qui respecte curieusement les liaisons du style soutenu : Parce que nous / Zavons / Zaujourd'hui). Cette diction est particulière mais ne va d'ailleurs pas jusqu'à un découpage intégral selon le graphique.

Dans la pratique, on fait des pauses où on le juge utile, mais pas à chaque mot  : seulement entre les phrases, et encore. Le découpage en mots, sans être imaginaire, est seulement visible, et non audible. Il y a une délimitation sonore : celle du mot phonétique. Il y aurait avantage à toujours soigneusement distinguer, lors des analyses, quels sont les mots graphiques qui sont assemblés par un mot phonétique. Mais jusqu'où peut-on découper la sonorité? Quelle est, sur le plan sonore, la partie la plus élémentaire, celle qu'on ne peut découper davantage sans cesser de se faire entendre?

Pas le mot phonétique, qui est long, mais pas non plus le phonème, qui ne se présente pas isolé dans le cas des consonnes sourdes notamment. Sur le plan sonore, la première unité naturelle semble bien la syllabe, mais c'est en chinois que les mots n'ont qu'une syllabe. En français, les mots peuvent en avoir plusieurs et une seule syllabe peut contenir plusieurs mots (J'mel' dans Je me le rappelle). Les syllabes sont indépendantes des mots et se regroupent seulement dans le mot phonétique. Celui-ci a pour marque délimitative un allongement vocalique qui se distingue de l'intensité (volume de la voix) et des accents expressif ou thématique (voir le Gradus, au mot accent). Cet allongement est perceptible par la méthode, traditionnelle en linguistique, des constituants immédiats. Il s'agit de regrouper les syllabes en vertu de leur durée respective (pas de leur force, qui dépend des circonstances de la communication, ni de l'élévation mélodique, qui donne des attitudes ou des sentiments). Faites quelques essais personnels en lisant à voix haute une ou deux phrases écrites. Entendez-vous les finales de mots phonétiques? Comment peut-on les repérer rien qu'à l'oreille, sans passer par des enregistrements en laboratoire?

On se demandera si la syllabe finale de mot est plus longue que la syllabe suivante ou non. La chaîne sonore est ainsi répartie - cela se fait instinctivement - en segments qui réunissent souvent plusieurs mots graphiques. De tels segments ont comme contenu des unités syntaxiques et non sémantiques. Ils correspondent en réalité à des groupes syntaxiques (v.ci-dessus, chap. formes verbales). Le mot phonétique diffère donc totalement du mot graphique.

Ex. il-y-a / lon-temp / que-je-t'aim' : huit syllabes, huit mots (un seul de deux syllabes, et une syllabe, t'aim', de deux mots). Et trois mots phonétiques (/).

Êtes-vous prêts maintenant à entrer dans le vif du sujet de ce chapitre en abordant la définition lexicale du mot. Ne faut-il pas faire intervenir le sens dans la définition? Mais tous les mots ont-ils du sens au même titre, de la même façon? Désignent-ils tous une chose, une idée, une action, une personne? N'y en a-t-il pas qui ont seulement des fonctions, grammaticales, comme le il impersonnel? Ces mots-là servent-ils simplement à actualiser ou à assembler les autres? N'y a-t-il pas des mots lourds de sens, qui servent de noyaux aux mots phonétiques, et dont la dernière syllabe sera allongée? Est-ce la relation d'un ensemble de sons avec un sens qui définirait le mot lexical?

On peut distinguer, du point de vue des contenus et de la fonction, le mot lexical et le mot grammatical.

Mot lexical et mot grammatical.

Ce qu'on veut dire se trouve dans les mots mais pas chez tous de la même façon. Les mots lexicaux seuls disposent d'un contenu spécifiquement sémantique. Les mots grammaticaux, de, que, un, il, ce ont un contenu très large et se définissent davantage par leurs fonctions vis-à-vis des mots lexicaux. Ils actualisent quand ils sont pronom, article... Ils assemblent quand ils sont préposition ou conjonction. Sur les mots grammaticaux, il serait difficile et d'ailleurs inapproprié d'effectuer une analyse qui distingue des éléments de contenu, une analyse sémique (V. plus loin, chapitre : la saisie du sens).

Comme il y a quatre types de contenus (objets, idées, actions, personnes), il y a quatre types de mots lexicaux : substantifs, qualifiants, verbes et... pour les personnes, du fait de leur désignation par un nom qui leur appartient en propre, le nom propre.

Les mots lexicaux sont-ils tous susceptibles de recevoir des définitions en genre et espèce, des éléments de sens conformes à la logique?

Oui. Les mots lexicaux sont l'objet d'une branche de la linguistique : la lexicologie. Mais non : il y a des mots lexicaux qui ne s'analysent pas logiquement : ils ont bien un contenu référentiel unique mais pas de contenu conceptuel. Ce sont aussi des mots assez longs et même plus particuliers que les noms communs, et parfois leur orthographe suffit à changer leur sens. Ils ne sont d'ailleurs ni qualifiants ni verbes. Qui sont-ils?

Les noms propres. M. Michel Lefevre n'a absolument rien comme lien (sauf son nom) avec M. Michel Lefebvre, ou Lefébure. Valcourt n'est pas Walcourt. C'est la forme sonore et graphique du mot lexical qui donne son sens. Les mots lexicaux comprennent les noms propres mais ceux-ci ne visent pas des concepts : ils visent une réalité qui se trouve dans l'environnement, et qui appartient au référent.

Une des propriétés les plus intéressantes de la lexicologie est la loi de Zipf, linguiste allemand du début du siècle dernier. Cette loi nous intéresse car elle offre un moyen facile d'identifier les mots lexicaux. Sont-ils, selon vous, plus courts ou plus longs que les mots grammaticaux?

D'une façon générale, les mots les plus courts sont grammaticaux, ce qui est heureux car ils reviennent souvent. De plus, ils se glissent au début des mots phonétiques.

Zipf a compté les occurrences de chaque mot dans différents textes (pris au hasard et donc représentatifs de la langue). Ensuite, il a rangé ses fiches dans l'ordre décroissant des fréquences obtenues, en donnant à chaque fiche un numéro de rang. Il a constaté que plus la fréquence diminuait, plus le numéro de rang augmentait. Il a cru que le phénomène offrait une parfaite régularité et qu'on pouvait en tirer une loi mathématique. Si on multiplie le rang par la fréquence, on obtient toujours le même nombre (environ). C'est une "constante" mathématique. Par exemple, si l'article le, avec 5000 occurrences, se trouve au rang 5 (5000 x 5 = 25000), on peut prédire que landau, avec ses cinq occurrences, se trouvera au rang 5000 (et il se trouvera, en effet, à un rang comme 4780 ou 5460...) Ce qui est important dans ce "produit remarquable" est que les mots grammaticaux, les plus courts, se trouvent au début de la liste et les mots lexicaux, les plus longs, sont à la suite. Les deux listes ne sont pas tranchées, toutefois. Il n'y a que 160 mots grammaticaux (environ, sans compter les numéraux, les suffixes, les préfixes) alors que les mots lexicaux sont 4000 si l'on se contente de ceux du vocabulaire actif courant, 40 000 si on prend ceux que tout le monde peut comprendre, plus de 400 000 si l'on va chercher les termes spécialisés, et davantage encore avec les noms propres (les annuaires!)

Les critères purement quantitatifs sont rarement parfaits... Certains noms propres sont aussi courts que des mots grammaticaux (par exemple Zipf!) Mais ce qui brouille la netteté du critère de Zipf est qu'il y ait des mots grammaticaux plus rares que certains mots lexicaux (d'aucuns, tandis que, hormis) et aussi le phénomène renouvelé de la grammaticalisation. Des mots lexicaux sont employés d'autant plus souvent qu'ils deviennent grammaticaux (être et avoir, faire, aller, voir). Il faudra donc distinguer leurs occurrences. Et leur ménager deux places distinctes, dans la liste des fréquences.

Pour revenir à la définition linguistique du mot, peut-on en choisir une qui corresponde à l'idée que l'on a le plus couramment du mot?

Le mot proprement dit est lexical et se définit donc du point de vue linguistique comme un assemblage de sons ou de lettres dont la moindre variation suffirait à provoquer un total changement de sens (référence, préférence; céleri, scélérat; a rangé, arrangé; etc.) Les cas limites sont des homonymes (quand, quant, camp, Caen) et les homophones (compte, comte, conte, qu'on te), sans parler de quelques homographes (les poules du couvent couvent).

Quelle serait la tâche du lexicologue? Ou faut-il dire : du lexicographe?

Relever des mots pour en faire un lexique ou un dictionnaire, préciser leurs formes et leurs sens, telle est la tâche du lexicographe. Définir le mot, ses espèces, les lois de sa composition et de son évolution, telle est la tâche, plus théorique, du lexicologue.

En lexicologie, si l'on se place du point de vue du sens, on rencontre des synonymes et des parasynonymes, et si l'on examine les sons, on rencontre des homonymes ou des homophones. La lexicologie est toujours à cheval sur ces deux aspects, la forme et le contenu. La sémantique étudierait les éléments de sens (sèmes, hyponymes, hypéronymes, catégorèmes) et la phonétique, les phénomènes linguistiques sonores. La lexicologie est une science difficile à cerner parce qu'elle couvre les deux aspects, mais dans leur relation l'un avec l'autre. Elle inclut l'étymologie qui en examine la dimension historique.

Mot lexical et mot composé.

Prenons l'expression dommages-intérêts. Fait-on bien de dire : "Tu pourrais réclamer des dommages-intérêts"? On dit aussi les dommages et intérêts. Et pourquoi ne dirait-on pas les dommages et les intérêts?
L'assurance lui a déjà versé les _______ du vol dont il a été victime.
1) dommages-intérêts 2) dommages et intérêts
3) (Au choix, mais de préférence 1) 4) (Au choix, mais de préférence 2)
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Réponse Au choix, mais de préférence dommages et intérêts. Mais Il a touché les dommages. Touchera-t-il aussi les intérêts?
Définition. Un mot composé est un groupe de mots dont le sens global est plus spécifique que le sens obtenu naturellement, c'est-à-dire par la combinaison des éléments.

Les intérêts s'ajoutent aux dommages causés. Ils compensent, non la perte, mais la privation de revenu consécutive à la perte. Ce qui est présenté, ce sont donc deux notions distinctes... Avec actualisation distincte (les dommages et les intérêts), il y aurait deux groupes, donc deux choses distinctes. Avec trait d'union, au contraire, il y aurait non seulement un seul groupe mais un seul mot lexical, et donc une seule notion. Ici, du point de vue juridique, il n'y a qu'une action donc le composé est admis, mais comme le sens de ce composé n'est que la somme de ses éléments, et non un seul contenu lié aux deux notions (monte-charge, commissaire-priseur, ingénieur-conseil, brise-glace), il est préférable de garder les lexèmes séparés.

Deux mots joints par un trait d'union forment un mot composé. Mais pourquoi le mot composé doit-il recevoir, graphiquement, cette marque? Dans un oeil-de-boeuf, par exemple; ou un oeil-de-perdrix?
11 

Le sens de ses éléments ne doit pas être considéré de façon distincte mais dans un concept unique, tiré des parties mais formant une synthèse. Un oeil-de-boeuf ou un oeil-de-perdrix ne sont ni des yeux ni des parties d'animal. Le trait d'union opère la réduction du groupe de mots à un élément de syntagme (son noyau lexical). Ce qui constitue le mot lexical est aussi, du point de vue syntaxique, sa capacité de former un noyau de groupe nominal (plus rarement verbal ou qualifiant). Comme ce noyau est normalement un seul mot graphique, le trait d'union s'indique, qui ramène un ensemble de mots graphiques à un seul. Ainsi porte-fanion va-t-il rejoindre portefaix, et porte-fenêtre pourra comme portefeuille recevoir un article.

Mais dans ce cas, pourquoi y a-t-il des locutions comme porter plainte, crier justice qui s'écrivent sans trait d'union? Et pourquoi trait d'union lui-même n'en prend-il pas?
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Il y a des groupes de mots qui dépassent les limites du syntagme mais qui se réduisent à un syntagme, au moins du point de vue du sens. Les parties, si on les prenait isolément, n'auraient pas les sèmes qu'elles reçoivent quand elles sont intégrées. On a donc envie de leur mettre des traits d'union. Voilà pourquoi tant de monde en ajoute à tout à fait. Comme les mots composés, les locutions ont valeur de lexème. Si elles ne comportent pas de trait d'union, c'est que leur assemblage suit les règles syntaxiques habituelles (verbe + objet, nom + qualificatif, etc.)

Qui a le droit de composer de nouveaux mots composés?
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Les écrivains ne se gênent pas. "Je suis celui-qui-prend-toutes-les-formes" annonce Montherlant. La langue innove sans cesse également. Elle donne l'exemple de la liberté. On écrit betterave, chou-rave et céleri rave. Bien sûr, il n'y a là qu'une de ces petites incohérences que les dictionnaires n'ont pu éviter. Il n'y aurait pas lieu de s'en formaliser si personne ne s'était avisé d'avoir plus d'exigence envers les écoliers qu'envers les lexicographes. Mais ceci montre également que la limite graphique entre les mots est souvent conventionnelle, voire occasionnelle. Doit-on vraiment penser que betterave, c'est un seul mot; céleri rave, deux mots; et chou-rave... un seul mot, mais "composé"? Est-ce à l'usage, ou à l'Académie, ou au ministère, de trancher ou bien la lexicologie aurait-elle des principes suffisamment évidents? Le lexicologue peut observer que le sens est tout à fait analogue dans les trois cas, même si la fréquence d'emploi favorise betterave et peut expliquer la soudure graphique. En faveur du trait d'union, mentionnons que rave est un nom. C'est même l'ancienne dénomination du radis, dont le nom n'est apparu qu'au XVIIe siècle (emprunté à l'italien radice, «racine»). Serait-il alors employé comme qualificatif dans céleri rave? Alors, l'incohérence serait simplement le fruit de l'histoire de chacun de ces trois mots. Mais le sens autoriserait quand même un alignement.

On peut observer, en France comme dans le reste de la francophonie, que l'utilisation du trait d'union pour former des mots composés est bien maîtrisée et encore très vivante. En voici la preuve.
QCM 2604                      # 204      100%|              ·
Lot  FRbr0A   Cycle 101        Invalide  |   |              ·
         %    Niveau    Discriminance    |   |              ·      +++333333
4       56     -0.47      0.32           |   |              · 33333333     2
2*      22     -2.71      0.29           |   |         +++3333        22222
3       13     -5.01      0.29           |   |       33333  ·    22222     4
+       01     -5.34      0.29           |   |  ++333       22222     44444
1       07      0.00      0.00           |   |3333        22·      444
-----------------------------------------|   |       22222  · 44444
Les enfants s'amusaient sur les          |   |    222       44
marche____ des autobus.                  |50%|2222········44················
1) pied (en un seul mot)                 |   |         444  ·
2) pieds (en un seul mot)                |   |    44444     ·
3) -pied                                 |   |  44          ·
4) -pieds                                |   |44            ·

Même si ce n'était pas la bonne réponse, une majorité, et formée des meilleurs répondants du groupe, a préféré la forme avec trait d'union, et c'est aussi la tendance générale (voir l'indice de discriminance).

Les composés peuvent donc se lexicaliser, devenir un seul mot, comme betterave et marchepied. Le seul problème, en ce cas, c'est parfois la mise au pluriel. Il faut de la logique! Ou bien les deux parties sont mises au pluriel mais alors il ne s'agit pas d'un mot unique, ou bien on se contente d'un s final. Le «bon usage» se moque de cette logique et il écrit mesdames, messieurs, bonshommes (prononcez z) et gentilshommes. Les étudiants mêmes français ne s'en moquent pas, eux.
QCM 30481                    # 234       100%|             ·
Lot  LC0      Cycle 101        Invalide  |   |              ·
         %    Niveau   Discriminance     |   |              ·
4       38      1.21      0.25           |   |              ·         111111
2       26     -1.15      0.29           |   |              ·    11111     -
-       01     -1.27      0.29           |   |              11111       2222
1       20     -3.56      0.29           |   |         11111·      22222
3*      16      0.00      0.00           |   |       11     · ---22
-----------------------------------------|   |  11111       22222       4444
Le monde de Paul Féval est peuplé de     |   |11          22·         44
______ et de mousquetaires.              |50%|·····--222·····44444·····
1)     gentils hommes                    |   |    22222     · 444
2)     gentils-hommes                    |   |--22        4444
3)     gentilshommes                     |   |22     44444  ·
4)     gentilhommes                      |   |  44444       ·
                                         |   |44            ·

Les plus habiles gardent la lexicalisation et refusent l'accord de gentil. Une seconde strate, de compétence moindre, écrit gentils, comme on le prononce, et préfère alors le trait d'union. La quatrième strate fait de gentils un vrai qualificatif (sans trait d'union), ce qui change le sens. En effet, le mot remonte au XIIIe siècle, époque où gentil voulait dire «noble», et il désignait les nobles attachés à la cour.

Le trait d'union est la marque graphique de la composition de mot (on l'a vu plus haut : chapitre sur le trait d'union). Celui-ci est nécessaire pour des assemblages asyntaxiques comme celui de deux substantifs. La composition est un des moyens en vogue pour renouveler le vocabulaire et viser de nouveaux sens. Voici quelques substantifs qui se prêtent couramment à former des composés : -bidon, -cadeau, -charnière, -débat, -dortoir, -éclair, -école, -espion, -fleuve, -gigogne, -limite, -maison, -minute, -miracle, -modèle, -prison, -refuge, -réponse, -surprise, -tour (P. Gilbert, Dictionnaire des mots contemporains, p.IV).

Les parties du lexème.

Y a-t-il une différence entre un mot et un lexème?
14 

On a beau penser que le vrai mot est lexical : il reste que le mot mot évoque assez facilement sa seule apparence graphique. Aussi le mot défini par un sens sémantiquement analysable, le mot pris au sens plein du mot, a-t-il été rebaptisé lexème par les linguistes. Le lexème est assez important pour avoir suscité l'apparition d'une science rien que pour lui : la lexicologie, dont on a vu ci-dessus qu'elle avait à définir le mot lexical, à l'analyser dans ses différentes formes, à en reconnaître les parties, tandis que la lexicographie établit des listes de mots, en cherche les origines et en suit les transformations, de forme ou de sens.

Y a-t-il des parties dans les mots lexicaux? Oui, quand ils sont composés; mais autrement? Quels sont les constituants immédiats du mot lexical? Le mot lexical aurait-il des éléments qui seraient eux-mêmes lexicaux?
15 

Le mot lexical est souvent composé de "racine lexicale", de préfixe et de suffixe.
Longicorne, en zoologie : "qui a de longues cornes". Longiface, en anthropologie : "dont le visage est plus long que large". Longiforme: "de forme allongée". Mais pas longicol pour "au long cou" (même si Queneau invente ce mot). Il peut y avoir plusieurs éléments de sens (plusieurs sèmes) dans un seul mot. Mais pourquoi le i de longi; qui n'est d'ailleurs pas toujours nécessaire (longtemps, longue-vue)?
16 

C'est une façon de signaler qu'il s'agit d'un préfixe. Celui-ci se définit comme segment doté de sens, et placé ("fixé") avant ("pré") le centre du mot, le noyau lexical. Quand il faut ajouter des éléments de sens (sèmes) à une racine, cela se place avant (il y a déjà autre chose après). Dans les numéros de téléphone, on appelle préfixe les chiffres qui précèdent, pour indiquer la ville, le pays). Le rôle du i dans longiforme est de souligner la présence d'un préfixe (cf. mini, maxi). Le o peut jouer un rôle semblable: les relations franco-allemandes, les données socio-économiques.

Le sens permet donc de distinguer des parties dans le mot, des parties dotées de sens. La plus importante est celle à laquelle s'accrochent les autres : le noyau. L'analyse en constituants immédiats donne ici des résultats analogues à ceux qu'on a vus plus haut dans le cas du syntagme ou de la syllabe, qui ont aussi des noyaux (le lexème, la voyelle). Il y a dans le lexème une structure comparable. Le noyau (ou racine) du mot n'est souvent constitué que de quelques lettres. Quelle est la racine de confection, de perfection, de défectueux?
17 

Ils ont tous trois la même racine : fect- «faire». La confection "fait avec" qqch., la perfection "fait jusqu'au bout (par)" et défectueux est mal fait car "défait". C'est à la racine que revient le sens fondamental auquel les autres, apportés par les préfixes con-, per- et -, vont pouvoir s'ajouter pour le compléter. Le préfixe joue un rôle au point de vue du sens, mais ce rôle est secondaire car il dépend du noyau.

Tous les mots qui ont un noyau identique sont considérés comme faisant partie d'une famille. Qu'appelle-t-on une famille de mots?
18 

Une famille de mots est l'ensemble des mots lexicaux de même racine. Souvent, un lexème doit pouvoir servir comme verbe ou comme qualificatif aussi bien que comme nom. Il s'ajoute alors à la racine un suffixe qui indique la catégorie grammaticale. Ex. Désir, désirer, désireux. Dans une même «famille» sont ainsi réunis tous les vocables (les termes du vocabulaire) reliés à une seule racine lexicale. En effet, enfance, enfançon, enfançonne, enfantelet, enfantelette, enfanter, enfantement, enfantillage, enfantin, enfantine, enfantinement et encore infant, infante, infantile, infantilement, infantilisme, infantiliser, infantilisation, infanticide et même infanterie, appartiennent à la même famille, celle du lexème enfant. Ce sont des vocables de même racine lexicale. Cette racine est d'ailleurs visible dans la formation de chacun d'eux. Elle est au milieu du vocable. Seul le préfixe (en-, in-) peut venir devant elle.

Quelles sont les parties lexicales qui viennent après les racines? Ont-elles aussi un rôle concernant le sens? Ou l'actualisation? Ni l'un ni l'autre? Mais alors, quel est leur rôle?
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Les racines sont suivies des suffixes. Le rôle des suffixes est de préparer l'insertion du mot lexical dans la phrase, son utilisation syntaxique. Ils permettent de distinguer les vocables et de les classer dans une des catégories: nom, verbe, adjectif, adverbe. Le suffixe -in, par exemple, forme un adjectif à partir d'un nom (enfantin, comme sanguin, alpin); le suffixe -ment forme un adverbe à partir d'un adjectif (enfantinement, infantilement) mais il peut aussi former un nom à partir d'un verbe (enfantement).

Mais ne trouve-t-on que des suffixes à la suite des racines? Le s du pluriel, le e du féminin, les terminaisons si riches de mode, de temps, de personne de la conjugaison sont-ils des suffixes?
20 

Les terminaisons ne sont pas des suffixes car elles actualisent, bien qu'elles ne soient pas isolées comme le sont les morphèmes actualisateurs. Elles font partie du mot et y sont parfois si liées qu'elles peuvent modifier le timbre de la voyelle précédente. Enfantine est le féminin d'enfantin à cause de sa terminaison en -e. Dans enfançonne, le n a été redoublé en souvenir d'une époque où le son on était conservé au féminin, quoique suivi de -ne. Aujourd'hui, toutes les finales en -e dénasalisent les voyelles nasales (Jean, Jeanne).

Toutefois, les terminaisons (ou désinences) ne sont pas des suffixes, il ne s'agit pas d'éléments qui catégorisent syntaxiquement. Sont-ils lexicaux ou grammaticaux?
21 

Ils sont grammaticaux mais ils mettent en relation avec l'environnement. Ce sont donc des actualisateurs. Ils sont sans intérêt lexicalement parlant. Ce ne sont que des formes. Leur étude relève de la morphologie, non de la lexicologie.

Même les suffixes, d'ailleurs... Ils sont classés comme éléments lexicaux mais leur part de sens est réduite. On pourrait argumenter. Prenons électriser, et électrifier. Outre la finale de l'infinitif, qui indique un verbe, il y a un suffixe -is-, ou -ifi- qu'on appelle factitif car il dit qu'on fait devenir électrique ou qu'on fait qu'il y ait de l'électricité. (Ce suffixe modifie aussi la syntaxe, à sa manière, mais plus subtilement, en supposant une autre actanciation, une autre disposition des termes implicites).

Dans le même ordre d'idée, on se demandera la différence entre acte et action. On désigne le fait d'agir dans les deux cas. Avec le suffixe -ion, quelque chose s'ajoute à l'idée d'agir, qui semble devenir plus précise, plus concrète. De même pour cruche et cruchon, terre et terrain, etc. Le sens est moins modifié qu'il ne le serait par un préfixe (par exemple réaction, contraction) mais on est loin, tout de même, des simples actualisations que procurent les terminaisons, car celles-ci n'ont pas d'effet sur le sens.
C'est une poussière dans l'oeil qui me fait ______ les yeux.
1) clignoter 2) cligner 3) (N'importe) 4) (Selon le sens)
22 
Réponse Selon le sens.
Mais Il aperçut derrière lui la lueur clignotante d'une voiture de la police.
Et Sans doute par myopie, il cligna les yeux pour lire l'inscription sur la porte.
Définition. Cligner: «fermer les yeux à demi»; clignoter: «cligner coup sur coup, rapidement, involontairement». L'infixe -ot- est la marque d'un aspect du verbe: le fréquentatif.
Résumé. Le vocable est constitué d'une racine lexicale, parfois précédée d'un préfixe (qui en modifie le sens), souvent suivie d'un suffixe (qui en modifie la catégorie grammaticale ou l'actanciation implicite, l'aspect....) Il peut s'y ajouter une terminaison, mais elle concerne davantage la position dans l'environnement réel, elle actualise.

Choix d'un préfixe.
Il devrait chercher dans son ________ les raisons de ses échecs.
1) inconscient 2) subconscient 3) (N'importe) 4) (Selon la nuance de sens)
23 
Rép. Selon la nuance de sens.
Rem. Quoique les mots inconscient et subconscient puissent être employés comme synonymes, le premier est plus fort que le second. Il suppose un refoulement et non un simple dédoublement du moi.

Le meilleur quart des cégépiens sont au courant; la moitié opte pour le terme atténué.
QCM  60617                    # 1078     |100%              ·
Lot  EQ6voc   Cycle 17         Valide    |   |              ·
Rép.     %      Niveau    Discriminance  |   |              ·
4*      27      1.52      0.42           |   |              · 22222222222222
-       01      1.44      0.42           |   |       222222222
1       12      0.58      0.47           |   |2222222       ·              1
2       53    -11.45      0.13           |   |              ·           111
3       07      0.00      0.00           |   |              ·         11   4
-----------------------------------------|   |              ·      111  444
Il devrait chercher dans son ________    |   |              ·    11   44
les raisons de ses échecs.               |50%|···········111··444·····
1) inconscient                           |   |              11   44
2) subconscient                          |   |            11· 444
3) (N'importe)                           |   |           1  44
4) (Selon la nuance de sens)             |   |         11 44·
                                         |   |    11111444  ·
                                         |   |  1144444     ·
                                         |   |4444          ·

La différence de sens est simplement due aux préfixes in- ("négation") et sub- ("sous"). On conçoit que si le conscient est l'idéal, sa négation soit plus lourde qu'une position sous-jacente.
Son radicalisme est ____rant.
1) apeu 2) épeu 3) (Selon le sens) 4) (Autre chose)
24 
Réponse (Autre chose): fait peur
Ou est inquiétant, effrayant
Remarque. Les verbes épeurer et apeurer sont d'un emploi littéraire ou régional. Les participes passés sont en usage. Épeuré: «qui a peur» (un individu épeuré); apeuré: «qui révèle de la peur» (un geste apeuré).

En Belgique, épeurant est rejeté, mais il est très courant au Québec, où il a été enseigné comme régional. Du coup, seuls les moins qualifiés optent pour lui, tandis que les autres se répartissent entre la bonne réponse prévue (Autre chose) ou apeurant, supposé correct par rejet de épeurant. C'est négliger la différence de sens que peuvent provoquer les préfixes. Avec a- on se dirige "vers" la peur (ad-). Avec é-, on montre de la peur (ex-). Mais le préfixe in- a deux origines tout à fait distinctes, déjà équivoques en latin : la négation (irrespirable) et "dans" (inonder, ingurgiter).
En présentant leur mémoire, les citoyens ont eu l'habileté de n'______ que des faits bien connus des fonctionnaires.
1) évoquer 2) invoquer 3) (N'importe) 4) (Selon le sens)
25 
Réponse Selon le sens. Évoquer s'il s'agit de faire voir; invoquer s'il s'agit d'argumenter.
Mais Afin de toucher davantage l'assistance, ils ont évoqué les moments heureux de ces dernières années.
Et Afin de mieux persuader l'assistance, ils ont invoqué des arguments quasi irréfutables.
Définition. Évoquer: «rappeler à la mémoire»; invoquer: «dans une démonstration, avoir recours à; provoquer: «être la cause».
Et Le radical voqu- veut dire «appeler». Cf. vocation, vocable.

Le in latin comme préposition (= "dans") est devenu en (dans une boîte = en boîte). Ce en français est réentré comme préfixe dans la formation de verbes : enrégimenter ("faire entrer dans un régiment"), enregistrer, emmitoufler, engendrer, emballer, etc.

Le préfixe a tendance à s'unir étroitement à la racine (in- devient ir- devant -r dans irrespirable; im- devant -m dans immense, etc.)
Une semaine durant, les candidats n'ont cessé de nous ______ les oreilles de leurs discours.
1) rebattre 2) rabattre 3) (N'importe) 4) (1 ou 2, selon le niveau de langue)
26 
Réponse rebattre
Mais Nous savions combien il faudrait en rabattre une fois acquise leur élection.
Définition. Rebattre les oreilles, au sens figuré: «répéter à satiété»; rabattre les oreilles: «les abaisser».

Explication. Re + battre ou re + abattre.

Liste de préfixes de plus d'une syllabe, qui composent de dix à plus de cent mots.
Aéro - ambi - amphi - ana - archi - centi - chrono - déci - démo - dys - exo - extra - géo -hémi - hémo - holo - horo - hyper - hypo - idéo - intra - iso - juxta - kilo - logo - méga - mélo - milli - mini - multi - néo - omni - ortho - paléo - penta - poly - pluri - pyro - rétro - quadri - simili - super - stereo - supra - taxi - tétra - théo - topo - ultra - uni - vidéo - xéno - xylo - zoo.

Le préfixe re- (r-, -).

Dans quelques cas, il s'est affaibli (remplir, rechercher). On a senti le besoin de le renforcer (réécrire au lieu de récrire, réentrer, reremplir).
Mon neveu a réussi brillamment à son examen de fin d'études primaires. Oh! Que je suis heureux! L'année prochaine, il ______ en sixième au collège Amilcar Cabral.
1) entrera 2) rentrera 3) (N'importe) 4) (Selon la nuance de sens)
27 
Réponse Selon la nuance de sens. Entrera si c'est la nouveauté qu'on envisage. Rentrera si c'est le fait de recommencer une année scolaire.
Définition. Entrée: «passage de l'extérieur à l'intérieur», d'où «accès (à une manifestation, à un spectacle)»; rentrée: «retour en un lieu d'où l'on était sorti» et, par extension, «reprise des activités de certaines institutions après une interruption».
Règle. Le préfixe re- ajoute un sème de répétition au concept du lexème. Et Re- se réduit à r- ou s'étoffe en -. Ex. Rallonge, rallumer et réentendre, réescompte. On hésite parfois: rajuster, réajuster.
Mais Le préfixe re- peut aussi n'avoir qu'une valeur plus vague, «intensive».

On appelle productifs les préfixes qui se laissent facilement accoler pour former de nouveaux termes. La négation par préfixe in- ou dé- (dés-) est productive: inchiffrable, incollable, inconstructible, inemploi, inhomogénéité, irrécupérable, irréversible; et débudgétiser, déclochardisation, décomplexer, déconditionner, décontamination....

Choix d'un suffixe.
Malgré son âge avancé, son patron lui a proposé ________ de son contrat.
1) un prolongement 2) une prolongation 3) (N'importe) 4) (Selon le sens)
28 
Règle. Le suffixe -ment forme des noms d'action tirés de verbes. Ils correspondent à une action considérée comme accomplie, ou à son résultat. Ex. Arrangement. Étagement.
Et Les suffixes -ation, -ition, -sion... transforment un verbe en nom d'action ou de résultat de cette action (pulsation).
Explication. Ce sont des noms féminins. Ils sont dérivés de verbes. Cette dérivation remonte au latin (d'où la multiplicité des formes).

Le mot en -tion peut prendre trois acceptions, suivant que l'on vise l'action exercée en tant qu'événement, en tant qu'activité en général, ou en tant qu'objet produit par cette activité.
Ex. Ainsi une réalisation est un objet (la tour Eiffel est une belle réalisation), une action (sa réalisation a demandé seulement six mois) ou un événement (sa réalisation a précédé de peu l'inauguration de l'Exposition universelle).

À la lumière de ces principes, on comprend mieux les acceptions respectives de prolongement et prolongation. Les deux termes désignent des actions, ou leur résultat. Prolongation est dans le temps. Prolongement a un sens plus concret (espace, etc.)
Le service de ______ s'occupe surtout de l'enlèvement des ordures.
1) nettoyage 2) nettoiement 3) (N'importe) 4) (Autre chose)
29 
Réponse nettoiement
Mais Mon costume a besoin d'un nettoyage.
Définition. Nettoyage: «action de nettoyer qqch. de précis»; nettoiement: «ensemble des opérations ayant pour but de nettoyer».
Et Lavage, à l'eau; nettoyage, au trichloréthylène; nettoiement, des rues et lieux publics.
Grand départ! Adieux parmi les rires, les ______, les serrements de main et les serrements de coeur.
1) embrassades 2) embrassements
3) (N'importe) 4) (Selon la nuance de sens)
30 
Réponse Selon la nuance de sens. Embrassades s'il s'agit de la famille et des amis; embrassements s'il s'agit d'amants.
Mais Cette soirée-là vit leurs premiers embrassements, leur première étreinte.
Définition. Embrassade: «baiser bruyant et en public»; embrassement: «baiser long et tendre» (littéraire).
Le vin de palme et le dolo sont des boissons ______.
1) alcoolisées 2) alcooliques 3) fermentées 4) (Selon le sens)
31 
Réponse alcooliques
Mais Comme rafraîchissements, il y avait des jus de fruit légèrement alcoolisés.
Et On tire de la banane une boisson fermentée comparable à la bière.
Ou La fermentation alcoolique du genièvre est très délicate.
Règle. Les suffixes -iser, -ifier ont le sens de «faire devenir».
Et Ils introduisent un nouvel actant sujet (tandis que l'ancien devient objet) et sont donc l'équivalent d'une voix causative.
Remarque. Dans -ifier, le i appartient au radical (et -fier vient du latin facere, «faire»).

Et Tous les verbes en -fier ont cet i sauf cocufier, statufier et dandyfier.
Son intervention a surtout eu pour résultat de complex____ le sujet.
1) er 2) ifier 3) (N'importe) 4) (Selon le sens)
32 
Réponse Selon le sens. Complexer si le sujet est une personne à qui on a donné des inhibitions. Complexifier si le mot sujet désigne ce dont on parle et qu'on a rendu complexe.
Remarque. Le mot sujet est donc pris ici dans deux sens tout à fait différents.

Définition. Complexer: «Donner des complexes à qqn, inhiber ses réactions». Complexifier: «Rendre qqch. plus complexe, plus compliqué».

La suffixation factitive (-iser, -ifier) est productive : culpabilisant, dépolitisant, euphorisant, cybernétisation, informatisation, mondialisation, revitaliser, satelliser, syndicaliser, techniciser.
La Ville envisage de construire un ensemble d'habitations à prix ______.
1) modéré 2) modique 3) (N'importe) 4) (Selon le sens)
33 
Réponse Selon le sens.
Mais Ainsi pourra-t-on se permettre, sans doute, de continuer à verser aux infirmes une pension modique (maigre, insignifiante).
Et N'étant pas trop démunis, nous avons jugé plus convenable de loger dans un appartement à prix modéré.
Définition. Modéré: «sans exagération»; modique: «de faible valeur».
Mais Dans HLM (habitation à loyer modéré), il y a une part d'euphémisme.
Å Sorel, il comptait étudier la flore et la faune ______.
1) fluviales 2) fluviatiles 3) (De préférence 1) 4) (De préférence 2)
34 
Réponse fluviatiles
Mais Sur le Saint-Laurent, la navigation fluviale est dense.

Règle. Le suffixe -al forme des qualificatifs tirés de noms. Ex. Anal. Normal. Génial. Pronominal.
Les statisticiens étaient tombés d'accord : il y avait un écart ______.
1) signifiant 2) significatif 3) (De préférence 2) 4) (Selon la nuance de sens)
35 
Réponse Selon la nuance de sens. Significatif, plus courant, insiste sur l'importance de l'écart et sa valeur de preuve; signifiant viserait le sens à établir.
Mais C'était un écart insignifiant (minime). La langue est un système signifiant (porteur de sens).
Définition. Significatif: «qui signifie, exprime ou renseigne clairement»; représentatif: «qui rend présent à l'esprit»; caractéristique: «qui permet de distinguer».

Remarque. On préfère significatif, qui insiste sur l'idée d'«exprimer clairement qqch.» Signifiant: «qui véhicule du sens».
Et En statistique, l'écart significatif est celui qui n'est pas dû au hasard.
La culture du bleuet requiert ______ de trois grands principes.
1) l'observation 2) l'observance 3) (De préférence 1) 4) (De préférence 2)
36 
Réponse Au choix, mais de préférence l'observation.
Mais C'est un Juif mais pas de stricte observance.
Définition. Observation: «action d'observer» que ce soit pour connaître ou pour se conformer». Observance: «action d'obéir sans discussion à une règle (souvent religieuse).»
Remarque. Il y a deux sens car observer un règlement, c'est s'y conformer.
Quels sont les pays où le droit à la vie est réellement ______?
1) inviolable 2) inviolé 3) (N'importe) 4) (Selon le sens)
37 
Réponse inviolé
Mais Quand décideront-ils que le droit à la vie est inviolable?

Définition. Inviolé: «qui n'a pas été enfreint»; inviolable: «qu'il n'est pas permis d'enfreindre».

Le suffixe -el, formant des adjectifs d'allure technique, est également productif: catégoriel, conflictuel, conjoncturel, contextuel, éducationnel, événementiel, factuel, gestuel, inconditionnel, informel, nutritionnel, opérationnel, oppositionnel, optionnel, organisationnel, ponctuel, promotionnel, sectoriel, séquentiel, structurel, télévisuel, transformationnel (Cf. Pierre GILBERT, Dictionnaire des mots contemporains, dans les usuels du Robert).

Parmi les suffixes savants, -crate est à l'avant-garde : eurocrate, phallocrate, technocrate...

Absence de suffixe.

L'absence de suffixe, en enlevant qqch. au mot, a pour effet d'en généraliser le sens.
Son hypothèse est que l'______ joue un rôle primordial dans le développement intellectuel et affectif de l'enfant?
1) habitat 2) habitation 3) (Selon le sens) 4) (Selon la connotation)
Définition. Habitation: «lieu où l'on habite»; habitat: «milieu (terme plus général) où l'on habite».
Le soir, après 17h30, les voitures ne circulent plus dans la rue Gambetta parce qu'elle devient ________.
1) piétonne 2) piétonnière 3) (Au choix) 4) (Autre chose)
38 
Réponse Au choix.
Mais J'ai croisé un piéton et deux piétonnes.
Remarque. Piétonnière est plus spécifique (qualificatif seulement), avec le sens de "réservé aux piétons".
Remarque. On peut tirer un qualificatif d'un nom en ajoutant -ier. Ex. Cancanier. Financier.
C'est Jimmy Carter qui a été l'un des premiers à réclamer un ______ des Jeux de Moscou.
1) boycott 2) boycottage 3) (N'importe) 4) (Selon la nuance de sens)
39 
Réponse N'importe: boycott ou boycottage.
Explication. Boycotter vient de Boycott, nom d'un propriétaire irlandais mis en quarantaine au XIXe siècle.
En récompense de leurs services, Napoléon accordait à ses sénateurs des ______ substantiel___.
1) donations, les 2) dotations, les 3) dons, s 4) dots, les
40 
Réponse des dotations substantielles
Mais Il a fait donation de tous ses biens par acte notarié.
Et Il a fait don de ses biens par pure charité.
Ou Son père l'avait pourvue d'une dot importante.
Définition. Don: «présent»; donation: «don par contrat juridique»; dot: «argent ou biens échangés lors d'un contrat de mariage»; dotation: «revenu attribué à certains fonctionnaires en récompense de leur mérite».

Paronymie.

L'aspect sonore ou graphique essentiel au lexème peut aussi à lui seul favoriser des rapprochements intempestifs, et provoquer des collisions terminologiques. On appelle paronymes les mots qui se ressemblent trop, mais physiquement. Les paronymes sont proches, non par le sens, mais par le son (Ex.: conjecture / conjoncture). Quand deux mots sonnent en bonne partie de même, la confusion des signifiants peut provoquer une confusion des signifiés, un «glissement de sens».
Depuis le coup d'État, l'armée est divisée. Les deux ______ sont d'égale importance.
1) factions 2) fractions 3) (N'importe) 4) (Selon le sens)
41 
Réponse Selon le sens: factions implique une lutte; fractions n'implique qu'une scission.
Mais Dans l'armée, il y a des factions irréductibles.
Et Une fraction importante de l'armée vient d'appuyer le Président.

Définition. Fraction: «partie»; faction: «groupe qui manifeste une opposition violente contre l'autorité de l'État».
Et Factieux: «qui lutte dans une faction».
Son père et sa mère ont du ressentiment envers les officiers. Au conseil de révision, quelqu'un n'a-t-il pas osé déclarer que le jeune Pascal était ______?
1) inapte 2) inepte 3) (N'importe) 4) (Selon le sens)
42 
Réponse Selon le sens.
Mais Son fils est inapte à diriger une entreprise.
Et Il m'a fourni des explications absolument ineptes.
Définition. Inepte: «niais, sot»; inapte: «incapable». Employé absolument, inapte veut dire «inapte au service militaire».
Les deux navires voyageaient ______ pour pouvoir se secourir mutuellement.
1) de concert 2) de conserve 3) (De préférence 1) 4) (De préférence 2)
43 
Réponse de conserve
Mais Le capitaine et l'équipage travaillaient de concert (se concertaient pour effectuer leur travail).
Définition. De concert: «en s'étant mis d'accord»; de conserve: «terme de marine signifiant que les bateaux naviguent à portée de signaux afin de parer aux dangers éventuels».

On distingue les paronymies par l'endroit, ou les endroits, où elles apparaissent : préfixe, racine, suffixe...
Sur le fronton du Panthéon, il y a une ______: Aux grands hommes, la patrie reconnaissante.
1) épitaphe 2) épigraphe 3) épigramme 4)(Autre chose)
44 
Rép. épigraphe Ou inscription
Mais Il paraît qu'il a déjà rédigé son épitaphe; il est pressé d'aller voir de l'autre côté...
Et L'Art poétique de Boileau est farci d'épigrammes plutôt mordantes.
Déf. Épigraphe, féminin: «inscription» (sur un édifice, en tête d'un livre); épitaphe, féminin: «inscription sur un tombeau»; épigramme, féminin : «vers satiriques».

Préfixe identique (grec , «sur») et racines semblables ou presque (grec , ««j'écris», , «lettre» et , «tombeau»).
Sa grand-mère adore la broderie; ses ______ d'oreillers sont de véritables oeuvres d'art.
1) tains 2) taies 3) têtes 4) (N'importe)
45 
Rép. taies
Mais Elle s'endormit enfin calmement, la tête délicatement posée sur l'oreiller.
Et Les deux antiquaires appréciaient les têtes de lit ouvragées.
Ou Par manque de tain, elle ne pouvait terminer l'étamage des miroirs.
Déf. Tain: «amalgame d'étain, qui rend les glaces réfléchissantes»; tête: «extrémité supérieure d'un corps»; taie: «enveloppe de toile dans laquelle on place un oreiller».
Souleymane Cissé ______ devant le succès remporté par son film.
1) exaltait 2) exultait 3) exhalait 4) (Selon le sens)
46 
Rép. exultait Ou jubilait, triomphait, se réjouissait, se félicitait Et s'exaltait, s'enthousiasmait
Mais Il faut dire que son discours exaltait le rôle de cinéaste.
Et Oubliés les jours où il exhalait sa mauvaise humeur.
Déf. Exalter: «élever très haut par des discours»; exulter: «éprouver une joie très vive»; exhaler: «dégager de soi, laisser filtrer».
Il ne plaisante plus quand on ______ à son honneur.
1) atteint 2) attente 3) intente 4) (Selon le sens)
47 
Rép. attente Ou touche, porte atteinte
Mais On l'a atteint dans son honneur. Ou Il a été atteint dans son honneur.
Et Il irait jusqu'à intenter un procès.
Déf. Attenter à qqch.: «commettre un attentat contre qqch., s'attaquer à qqch.»; atteindre qqn ou qqch.: «réussir à le toucher» et ici: «faire du mal à qqn, avoir un effet nuisible sur qqch.»; intenter un procès à qqn ou une accusation contre qqn: «entreprendre une action contre lui».
Et On dit : "Son honneur a été atteint" bien qu'on ne dise pas la phrase active correspondante.

Voici un paronyme de préfixe et de terminaison, et, quoique très partiellement, de racine.
L'hôte découpait le gigot avec un couteau mal ______.
1) affilé 2) affûté 3) (1 ou 2, au choix) 4) effilé
48 
Réponse Au choix: affilé ou affûté («devenu tranchant»). Ou aiguisé, émoulu
Mais Le couteau tomba de ses doigts effilés.
Définition Aiguiser: «rendre tranchant»; affûter: «rendre tranchant sur une pierre posée à plat»; affiler: «donner du fil à un tranchant émoussé». Effilé: «mince, élancé». Et Émoulu: «aiguisé sur une meule» (archaïsme).

C'est le préfixe, sub, qui cause la confusion suivante.
Voulant à tout prix être acquitté, il ______ divers témoins, malgré la rigueur des lois à cet égard.
1) subordonna 2) suborna 3) subodora 4) subrogea
49 
Rép. suborna
Mais L'organisation militaire subordonne le capitaine au commandant.
Et Un journaliste du Devoir subodora une manoeuvre illégale de l'accusé.
Ou Un nouveau rapporteur a été subrogé au cours du procès.
Déf. Subordonner: «établir un ordre de dépendance»; subroger: «substituer qqn ou qqch. par acte juridique»; subodorer: «pressentir, deviner qqch.»; suborner: «payer un témoin pour qu'il porte un faux témoignage».

De paronyme à homonyme, il n'y a que la distance d'un son, après tout.
Le Cyrano de Rostand a suscité beaucoup d'______ lors de la dernière saison théâtrale.
1) engouement 2) enjouement 3) emballement 4) (Selon le sens)
50 
Rép. engouement Ou enthousiasme
Mais L'enjouement et l'esprit de Cyrano en font un personnage très divertissant.
Déf. Enjouement: «disposition naturelle à la gaieté»; engouement: «passion momentanée».
Et Emballement: «enthousiasme excessif» (par analogie avec emballer un moteur). Cet emploi est un peu trop familier pour le contexte.

Para : «à côté»; homo : «semblable».

Homonymie, homophonie, homographie.

Les homographes sont des mots différents qui s'écrivent de même (le cas est rare en français). Ex.: fils (pluriel de fil ou masc. de fille). Content dans Ils content et dans Il est content sont homographes (de même écriture) mais pas homophones (de même prononciation). Autres exemples. --- Trop fier pour se fier à personne. --- Ce que c'est que la condition de passager, on le vit (voir au passé simple / vivre au présent).

Les mots en -onyme sont fréquents en lexicologie pour une raison simple: ils ont pour étymon le grec , dans lequel on reconnaît aisément le mot nom. Ainsi, homonyme, pour une personne, désigne celui qui porte le même nom qu'elle.
Avez-vous fait bonne ______, après le match?
1) chère 2) cher 3) chair 4) chaire
51 
Rép. chère
Mais La viande coûte cher. Et La Suffolk est une brebis de chair tendre mais un peu grasse.
Ou Il espérait succéder à Broglie dans la chaire de physique.
Et Angl. chair, "siège"; chairman, "président". La chaire est la tribune du professeur.
Chère collègue, voudriez-vous faire ______, maintenant, s'il vous plaît?
1) cours 2) court 3) (N'importe) 4) (Selon le sens)
52 
Réponse Selon le sens. Cours si l'on parle à un professeur qui a un enseignement à donner. Court si l'on parle à un orateur prolixe.
Définition. Cour sans s: «espace ouvert (cour de récréation...), entourage personnel (cour du roi)».
Mais Cours avec s: «cours d'eau, cours des astres, cours de la monnaie, enseignement, traversée (capitaine au long cours)».
Remarque. Au pluriel, cour se confond avec cours.
Et Court, qualificatif, inverse de long. Court (de tennis), de l'anglais court.
Ou Cours, nom, «ensemble de leçons», s'écrit comme discours.
Était-il ______ venir à 16h?
1) sensé de 2) censé 3) (Selon le sens) 4) (Autre chose)
53 
Rép. Selon le sens. Cela avait-il du bon sens, ou était-ce entendu, prévu?
Mais Était-il sensé de sa part de lui offrir encore un verre? Et Guillaume était-il censé être ici à 16h?
Expl. On est censé faire qqch. quand les autres s'attendent que vous le fassiez.
Mais Sensé: «qui a du bon sens» (cf. une femme sensée, un acte sensé).
Déf. Supposer: «poser à titre d'hypothèse», «admettre comme probable».
Et I am supposed to get there: «je suis censé (je dois) y aller»; I am not supposed to get there: «je ne suis pas censé y aller», «je n'ai pas le droit d'y aller».

L'objet de supposer est une idée; c'est donc une idée qui serait sujet de la voix passive, en français, et non la personne qui agit. Ex.: Sa culpabilité est supposée par plusieurs mais sans indices probants.
Il est déjà nerveux. Ne lui parlez pas de la ______.
1) cession 2) session 3) (Selon le sens) 4) (Autre chose)
54 
Rép. Selon le sens. Cession: "acte de céder (un droit, un fonds de commerce)". Session: "période durant laquelle siège un corps constitué (jury, assemblée, comité)."

C'est le moment de rappeler que l'orthographe dépend de l'origine des mots autant que des sons, et aussi ceci. -- Ceci? -- Que c devant e, i se prononce /s/. Et que s devant e, i se prononce /z/.

-- Mais pourquoi avoir mis ceci en italiques? -- Parce qu'il est autonyme. -- Autonyme? (Fabriquez un exemple d'autonymie)
55 

Mot ne se prononce pas comme maux.

Autonymie.

Est autonyme un mot ou un segment de texte dans lequel il fonctionne comme élément linguistique sans plus. On peut dire que le sens est mis entre parenthèses par le contexte. Ex. «Contrairement à chou-fleur, chou rouge n'a pas de trait d'union.» Cette phrase ne parle pas de culture maraîchère. Le sens des deux termes est exclu par le co-texte. Ils ne sont là que pour se désigner eux-mêmes comme mots (graphiques). L'autonyme est plus proche de l'homonyme que de l'antonyme, car il concerne l'aspect lexical, sonore ou graphique, et non le sens.

Dans les ouvrages et les travaux de linguistique ou de critique, faut-il accorder un traitement spécial aux autonymes?
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Les mettre en italiques ou en gras, ou bien les souligner, améliore la lisibilité.

Synonyme, antonyme.

Si l'autonyme est plus fréquent dans les textes que le synonyme, c'est celui-ci qui est sans doute le plus connu. Vous pouvez sans doute aisément donner un exemple de termes qui sont synonymes.
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Morceler, "diviser en morceaux" n'est guère éloigné de fragmenter, "diviser en fragments". On peut les utiliser comme synonymes dans : le colis a été _____. En revanche, une propriété sera plutôt morcelée et un texte, de préférence fragmenté. Quand le contexte le permet, les nuances se présentent. La propriété a perdu son unité mais chaque partie constitue une parcelle bien définie. En revanche, le texte a subi un découpage plus arbitraire, basé sur le support matériel ou sur les aléas de la conservation d'un manuscrit. Un fragment est un morceau obtenu par rupture. La connotation dépend plus du contexte que des termes eux-mêmes, qui peuvent être péjoratifs tous les deux.
Les mots fier, altier, hautain sont ________.
1) paronymes 2) synonymes 3) analogues 4) (Autre chose)
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Réponse synonymes Ou parasynonymes («presque de même sens»)
Et de sens analogue
Définition On appelle synonymes des mots de même sens. On appelle parasynonymes des mots qui ont presque le même sens. C'est une distinction assez flottante car il n'y a guère de synonymes parfaits. Ex. Les larmes coulent, perlent aux yeux, tremblent dans les yeux, roulent sur les joues, ruissellent. Les yeux sont mouillés, brouillés, noyés de larmes.
Les philosophes ont dit que le corps humain était ______ conçu pour jouir de la vie.
1) formidablement 2) prodigieusement 3) (Au choix) 4) (Selon le sens)
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Réponse Selon le sens. Prodigieusement pourrait impliquer une sorte d'intervention surnaturelle. Formidablement ne vise que l'étonnement.
Règle Entre synonymes, il y a le plus souvent des nuances, soit spécifiques, soit virtuelles (dépendant du contexte).

Il est recommandé, pour la beauté du style, d'éviter de prendre deux fois le même mot à faible intervalle (surtout dans des sens différents, ce qui nuirait à la clarté). Ex. La bibliothèque des enfants n'ouvre pas tous les jours. La bibliothèque est ouverte tous les jours. À la recherche d'un mot différent, on prend un synonyme, fût-il approximatif. L'édifice est ouvert tous les jours. Le risque est alors d'aller trop loin et de dire autre chose que ce qui était en jeu. La collection adulte est accessible en semaine. On peut aussi nier le contraire. La bibliothèque, pas celle pour enfants...

Même les mots grammaticaux sont susceptibles de présenter une certaine synonymie (voire de la paronymie).
Le vieux comte, ______ dix ans, avait rebâti une des tours.
1) en 2) pendant 3) dans 4) (Selon la nuance de sens)
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Réponse en (si le travail est achevé)
Mais Dans dix ans, il aura rebâti sa tour. Et Pendant dix ans, il s'efforça de rebâtir (puis il renonça).

Règle En et dans sont presque équivalents s'il s'agit d'un lieu (en classe, dans la classe).
Mais En + une durée marque la durée complète d'une action; durant ou pendant, la durée mais pas nécessairement complète; tandis que dans + une durée indique le temps qui s'écoule entre le moment présent et le début de l'action.

L'antonyme est un synonyme inverse. Ex.: Il ne cherchait pas à se sentir beau, ni laid. L'antonymie permet de jouer sur la négation. Ne pas avec un verbe positif est remplacé par un antonyme. Avec un verbe de sens négatif, il suffit de revenir au verbe positif correspondant.
Ex. Ne pas admettre un témoignage = Récuser un t.
Ne pas reconnaître un droit = Contester un d.
Le problème n'est nullement résolu = Le p. demeure intact.

...et inversement!

Ces remarques permettent de prendre pied dans la problématique du sens. On distingue le mot comme signifiant et comme signifié; on distingue la forme, le sens et la réalité... Voir plus loin le chapitre sur la saisie du sens.

APPLICATION 1

"Le temps est irréversible : il opère une substitution incessante entre l'avenir et le passé. Une fois perçu, l'avenir glisse dans un passé qui ne pourra plus être que remémoré. C'est ce qui provoque la plainte des poètes, l'accent funèbre du "never more"; c'est ce qui donne à certaines choses une acuité de volupté et de douleur où l'absolu de l'être et du néant semblent se confondre."

Dresser une liste des mots lexicaux, séparer la racine des préfixes et des suffixes (et des terminaisons qui actualisent).

Corrigé.

temps

ir révers ible

opèr e

sub stit ution

in cess ant e

a ven ir

pass é

perç u

re mémor é

pro voqu e

plain te

poèt es

ac cent

fun èbre

don ne

choses

acu ité

volupt é

douleur

ab solu

êt re

né ant

sembl ent

con fond re.

Relever et commenter les parties qui reviennent deux fois.

stit : racine de même famille que état (angl. estate)

in et ir (r par assimilation à la consonne suivante) : préfixe qui crée un antonyme.

ité : nom de qualité.

ant : terminaison de nom ou de verbe au participe présent.

é : terminaison de nom ou de verbe au participe passé.

APPLICATION 2

Choisir deux des mots suivants; les découper en préfixe, infixe, racine, suffixe, terminaison; définir les éléments de sens qu'ils peuvent contenir (par comparaison avec d'autres mots qui contiennent les mêmes éléments); montrer enfin comment ces éléments peuvent concourir à former le sens (ou les acceptions) du mot découpé.

Applaudissements - accélérateur - bissectrice - biscuiterie - bonhomie - calligraphier - décélération - dédifférenciation - électroencéphalogramme - évasion - imbattable - inconstitutionnel - indissociable - individualisation - indubitable - invasion - interversion - malnutrition - réinsertion - surnuméraire - surenchérissement.

Choisir d'autres mots et les traiter pareillement.

Corrigé.

In/ dis/ soci/ able. In : préfixe de négation. Dis : préfixe de division. Soci: racine, "uni, allié" (cf. société, associer). Able : suffixe, "qui peut". => "qui ne peut pas être séparé de l'ensemble auquel il appartient".

Ré / in/ ser/ tion. Re : préfixe, "de nouveau". In : préfixe, "à l'intérieur". Ser : racine, "attaché étroitement". Tion : suffixe de nom d'action. => "action de placer étroitement à l'intérieur à nouveau".

In/ con/ stit/ u/ tion/ nel. In : préfixe de négation. Con : préfixe "avec". Stit ou stat : racine "se tenir debout" (statue, institut, état). Ut : suffixe de nom. Ion : suffixe de nom d'action. Nel : suffixe qui fait d'un nom un qualificatif. => "qui n'a pas la qualité d'être conforme à ce qui est avec ce qui est établi".


LE MOT LEXICAL 1

Qu'est-ce qu'un mot? 1

Mot lexical et mot grammatical. 2

Mot lexical et mot composé. 4

Qui a le droit de composer de nouveaux mots composés? 5

Les parties du lexème. 7

Les parties de mot. 7

Choix d'un préfixe. 9

Le préfixe re- (r-, -). 11

Choix d'un suffixe. 11

Absence de suffixe. 14

Paronymie. 14

Autonymie. 18

Synonyme, antonyme. 18

APPLICATION 1 20

APPLICATION 2 21

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