.

FORMES VERBALES

Les mots lexicaux varient (sauf l'adverbe). Mais l'un d'eux varie plus que tous les autres. Lequel?

Le verbe. La conjugaison du verbe comporte des variations en nombre, comme pour le nom, le pronom, l'adjectif; par contre le verbe varie rarement en genre (sauf au participe, qui est une sorte de qualificatif). Mais le verbe est le seul mot lexical qui varie en temps, en mode, en voix... et surtout en personne (je, tu, il).

Cf. J. et J.-P. Caput, Dictionnaire des verbes français, Larousse, 1969, 589p. La plupart des dictionnaires offrent des tableaux de conjugaison. Pour des logiciels, voir le cédérom du Robert et, sur Internet :

<a href="http://www.leconjugueur.com/">http://www.leconjugueur.com/</a>, entre autres.

Les «personnes».

La variation en personne est-elle importante, pour le verbe? Est-elle indispensable?

Elle n'est pas toujours audible (il chante, ils chantent). Quand elle est audible (nous chantons, vous chantez), elle est redondante puisque les terminaisons -ons, -ez n'apportent pas d'information qui ne soit incluse dans le pronom (sauf à l'impératif). C'est la raison pour laquelle, dans le style télégraphique, on peut faire une économie en supprimant les pronoms. En réalité, dans le langage parlé, les personnes du verbe sont surtout marquées par le pronom, ou par le contexte, tandis que les terminaisons sont rarement utiles. Leur importance est relative : elle n'est visible que dans la langue écrite.

Encore ces marques, audibles ou du moins visibles, sont-elles présentes pour toutes les personnes, à tous les nombres, à tous les temps et modes? Prenons une forme courante et simple comme le présent de l'indicatif au premier groupe de conjugaison. Qu'a-t-elle comme marques?
"Je glisse." La désinence e indique ________.
1) le temps 2) le mode 3) la personne 4) (Autre chose)
Réponse. Autre chose: le temps, le mode (approximativement), la personne (approximativement) et le nombre.
Mais Il veut que je glisse (subjonctif); il dit que je glisse (indicatif). Glisse! (impératif, 2e personne).
Et Il glisse (3e personne).

Quelles sont les marques formelles de la première personne du singulier, à l'indicatif présent?

La première personne, au présent, a généralement un s (inaudible : j'entends); mais le plus souvent, ils ont un e muet (c'est un e qui peut se faire entendre mais surtout il a la propriété de faire entendre la consonne qui le précède, parce qu'elle devient ainsi un début de syllabe : Je chant' depuis un an). Ce sont les verbes du premier groupe, en -er, de très loin les plus nombreux, qui ont e.

Le seul problème notable est le é du tour inversé.
Comment! chant__-je faux? m'écri__-je au moment où le maestro parut.
1) e, ai 2) é, é 3) é, ai 4) ai, é
Rép. chanté-je, m'écriai-je
Ou chantai-je, m'écriai-je (selon le sens)
Mais Je chante faux, je m'écrie.
Et Comment, crié-je, qui a osé dire cela?
Règle à la première du singulier, l'inversion ne se fait plus que pour un petit nombre de verbes: où suis-je, pensé-je, que vais-je faire, aimé-je. (Avec d'autres verbes, l'effet serait très littéraire ou pédant.)
Rem. En ce cas, le e de la terminaison à la 1re personne du singulier (indicatif présent) se change en é (prononcer /è/) avec des répercussions éventuelles sur le radical. Mais On admet, avec les Rectifications, è.

Le tiers des étudiants et ce sont aussi les plus qualifiés connaissent cette règle. Voici les strates de compétence obtenues dans les cégeps. La réponse préférée par les étudiants français les plus qualifiés est la même.
QCM  1958                     # 1140     |100%              ·
Lot  EQ2mor   Cycle 36         Valide    |   |              ·
Rép.     %      Niveau    Discriminance  |   |              ·      222224444
3*      26      2.40      0.27           |   |            22224444444444
1       24      0.02      0.43           |   |    222224444444             1
4       43     -7.55      0.20           |   |224444444     ·           111
2       01     -8.10      0.21           |   |44            ·         11
-       06      0.00      0.00           |   |              ·      111
-----------------------------------------|   |              ·    11
Comment! chant__-je faux? m'écri__-je    |   |              · 111          3
au moment où le maestro parut.           |50%|················11·······333·
1)     e, ai                             |   |            11·      33333
2)     é, é                              |   |         111  ·    33
3)     é, ai                             |   |       11     33333
4)     ai, é                             |   |    111  33333·
                                         |   |  1133333     ·
                                         |   |3333          ·

Disons que c'est un é que les Rectifications ont changé en è un peu rapidement sans doute, vu la prononciation. Quoi qu'il en soit, prononcé ouvert ou fermé, il crée toujours une équivoque; si ce n'est pas avec le passé simple, ce sera avec l'imparfait. Il est vrai qu'à Paris, la distinction é / è est en voie de disparition progressive, sous l'influence du Midi, où, comme en italien et en espagnol, il n'y a qu'une seul voyelle intermédiaire, conformément à leur origine latine. Mais quels ravages cette contre-évolution phonétique ne va-t-elle pas provoquer dans la conjugaison (notamment la confusion du futur et du conditionnel)!

Au passé simple, les terminaisons de la première du singulier souffrent de plus de complexité du fait d'une nouvelle terminaison en -ai, et, pour le radical, de la proximité du participe passé.
Alors je n'y p__ tenir et je soupir__: Tu ne me prêtes tout de même aucune attention.
1) u, ai 2) u, ais 3) us, ai 4) us, ais
Réponse je n'y pus, je soupirai
Mais J'ai fait ce que j'ai pu mais pourtant je soupirais.
Règle Au passé simple, les verbes en -er se terminent par -ai, -as, -a, -âmes, -âtes, -èrent.
Et Les verbes autres que ceux en -er se terminent par -us, -us, -ut, -ûmes, -ûtes, -urent ou -is, -is, -it, -îmes, -îtes, -irent. Exceptions: je tins, je vins, je hais.

Les strates obtenues confirment que ces formes sont encore bien vivantes, au Québec comme en France, où la question trie encore plus nettement (discriminance : 0.42).
QCM  1964                     # 1142     |100%              ·
Lot  EQ2mor   Cycle 36         Valide    |   |              ·
Rép.     %      Niveau    Discriminance  |   |              ·           2222
3*      30      1.86      0.28           |   |              · 2222222222
-       01      1.69      0.29           |   |         2222222
1       36     -2.72      0.16           |   |  2222222     ·
2       26     -7.55      0.20           |   |22            ·         111111
4     0.07      0.00      0.00      0.83 |   |              ·    11111
-----------------------------------------|   |            1111111          3
Alors je n'y p__ tenir et je soupir__:   |   |    11111111  ·           333
Tu ne me prêtes tout de même aucune      |50%|1111··················---33···
attention.                               |   |              ·    33333
1)     u, ai                             |   |              --333
2)     u, ais                            |   |            3333
3)     us, ai                            |   |       33333  ·
4)     us, ais                           |   |  33333       ·
                                         |   |33            ·

Signalons une forme dialectale intéressante : au Québec, on dit : haïs-le, je haïs, tu haïs, il haït et non hais-le, je hais, tu hais, il hais. Ces formes usitées sont moins nettes et de toute façon, partout ailleurs dans la conjugaison, on conserve le de l'infinitif.

Et quelles sont les marques formelles de la deuxième personne du singulier?

La désinence de la deuxième personne du singulier est toujours -s, sauf à l'impératif présent des verbes en -er et des verbes en -ir qui ont une finale en -e : assaillir, défaillir, tressaillir, cueillir, offrir, couvrir, ouvrir, souffrir (ainsi que aie, sache, veuille, va). Noter tu peux, tu vaux, tu veux.

Pourquoi pas de s à l'impératif? Ce n'est pas une marque modale, et la marque de la 2e personne paraîtrait d'autant plus utile que le pronom n'est pas présent. L'absence de tu est même la marque de l'impératif. Et cette absence de s est d'autant plus anormale (apparemment) que l'on entend un s dans cette position en cas d'hiatus (donnes-en, vas-y) .
Rang___ ta chambre en silence et ferm___-en la porte.
1) es, es
2) es, e
3) e, es
4) e, e
Rép. Range, fermes-en
Mais Ranges-y ta batterie et, de grâce, la porte, ferme-la. Et Ose en dire du bien.

On comprend que cet impératif sans s fasse regimber jusqu'à la moitié du groupe. Toutefois, ils ne forment que la deuxième strate, et l'indice de discriminance ne leur donne pas raison.
QCM  1986                     # 1199     |100%              ·
Lot  EQ2mor   Cycle 36         Valide    |   |              ·
Rép.     %      Niveau    Discriminance  |   |              ·      444444444
3*      29      1.94      0.28           |   |            444444444
1       50     -4.20      0.19           |   |    44444444  ·           1111
4       15     -8.22      0.21           |   |4444          ·    1111111
2       05      0.00      0.00           |   |              11111
-----------------------------------------|   |       1111111·
Rang___ ta chambre en silence et         |   |  11111       ·
ferm___-en la porte.                     |   |11            ·           3333
1)     es, es                            |50%|··························333·
2)     es, e                             |   |              ·    33333
3)     e, es                             |   |              · 333
4)     e, e                              |   |            3333
                                         |   |       33333  ·
                                         |   |    333       ·
                                         |   |3333          ·

Le tiers du groupe seulement évite le piège du s à range sous l'influence du s à ferme. Mais ce sont les étudiants qui sont le plus souvent d'accord entre eux, donc ceux qui ont le plus de raisons et les mieux partagées, dans leur choix.

Si vous pouviez donner votre opinion, seriez-vous pour ou contre le s à l'impératif présent de la deuxième du singulier des verbes en -er?

L'opinion publique souhaite ce s depuis toujours puisqu'il est présent dans la prononciation dès que l'occasion (un hiatus) se présente pour le rendre audible. À Paris également, il y a une majorité de lycéens pour le maintient du s partout (en 2e strate comme au Québec); et cette fois, la discriminance (0.34) est assez forte pour que l'on puisse parler de tendance, en ce qui concerne l'évolution de la langue.

Mais voici une autre question où les mêmes groupes confirment leur point de vue.
Si un inconnu te donne quelque chose, parl___-en à tes parents et montr___-le-leur.
1) es, e 2) e, es 3) e, e 4) es, es
10 
Rép. parles-en, montre-le
Règle La 2e personne du singulier de l'impératif présent est en -s (ou en -x), sauf après e (mange, offre, sache) et dans va.
Règle Un s dit euphonique se fait entendre devant en ou y, s'ils se rapportent à l'impératif.

Nous donnons le graphe des réponses parisiennes, il est très typique.
Item 241072                   # 1028     |100%              ·
Lot  FRpa0A   Cycle 28         Presque   |   |              ·         444444
         %     Niveau    Discriminance   |   |              4444444444
2       03      9.79      0.20           |   |       4444444·
1*      48      1.07     -0.04           |   |  44444       ·
4       45     -6.59      0.31           |   |44            ·
3       03      0.00      0.00           |   |              ·
-----------------------------------------|   |              ·
Si un inconnu te donne quelque chose,    |   |              ·
parl___-en à tes parents et              |   |11111111      ·
montr___-le-leur.                        |50%|·······11111111111111111111
1)     es, e                             |   |              ·
2)     e, es                             |   |              ·
3)     e, e                              |   |              ·
4)     es, es                            |   |              ·
                                         |   |              ·
                                         |   |              ·           2222
                                         |   |              · 2222222222
                                         |   |  22222222222222

Bien que 48% de bonnes réponses soient dans le premier groupe suffisamment consistant, la discriminance est négative (la courbe 1 descend), alors que le sous-groupe suivant, 45%, a une excellente discriminance (0.31). La tendance décelée plus haut est ici encore plus nette, en faveur du s partout à l'impératif, comme finale typique de la 2e personne du singulier même pour les verbes en -er.

Le s écrit et le s sonore à la liaison.

Historiquement, le s de la deuxième personne n'existait en latin qu'à l'indicatif et, comme c'est la terminaison qui indiquait la personne, dans cette langue, son absence caractérisait l'impératif (ama et quod vis fac). En ancien français, une confusion s'est installée sous l'influence de certains s finals appartenant au radical (finire + isc) mais la distinction s'est réintroduite au XVIIe siècle.

Elle se maintient difficilement. D'autant plus qu'il y a un besoin de liaison devant en ou y quand ils font partie du syntagme. On évite avec un z le hiatus qui nuirait à la cohésion sonore qui est une des marques du groupe syntaxique. Un groupe syntaxique doit bénéficier du maximum de cohésion, en sorte qu'il forme un seul mot phonétique. C'est le même phénomène que celui du savant-aveugle, où le t n'est audible que si le premier mot est un qualificatif antéposé.

Essayez de dire :«un savant aveugle» en pensant à un savant, puis la même chose en pensant à un aveugle, et écoutez la différence. Que remarquez-vous?
11 

Il y a la liaison, savant-aveugle, et aussi l'absence de coup de glotte (quoique le t explosif interrompe aussi, à sa manière, dans sa première phase, la vibration des cordes vocales). Mais sans liaison, il y aurait un vrai coup de glotte, bien net. On pourrait même faire un arrêt sur la glotte fermée, avant de sortir le a.
Vous souvenez-vous de l'introduction, où nous avons montré qu'un mot pouvait avoir différentes définitions, suivant que l'on se place au point de vue graphique, lexical, sonore, etc? Sur les exemples du savant-aveugle ou de vas-y, cherchons à identifier le rôle du mot phonétique, au point de vue du sens. Le mot phonétique (caractérisé par l'allongement de la dernière syllabe) est-il en relation avec le groupe syntaxique (qui a une fonction dans la phrase)?
12 

Une étroite relation. On peut dire que l'allongement syllabique est la marque d'une fin de groupe syntaxique. Ex. Comparer le patient (t-)Anglais, un seul groupe, qualificatif adjectif + nom, le en est bref; et le Patient anglais, titre de film, deux groupes, nom + épithète, sans liaison, le en est long.

Ceci explique beaucoup de chose dans la conjugaison, et dans les traits d'union autour du verbe.

Mot phonétique et groupe syntaxique.

Altéré-je est un groupe syntaxique qui forme un mot phonétique. On distingue donc le mot graphique, délimité bonnement par une espace (typographique, donc au féminin!) et le mot phonétique. Celui-ci est délimité comment? Il faut que ce soit un phénomène sonore... mais ce ne sont pas des pauses car les pauses séparent les phrases et, plus nettes, les paragraphes. Un séparateur plus faible que la pause est le coup de glotte (appelé césure en poésie où il joue un rôle rythmique). C'est quand les cordes vocales cessent de vibrer. Un très court instant. Cela suffit à délimiter les actes de parole, qui ont la virgule comme délimiteur graphique. Le coup de glotte (cessation de la vibration de la glotte) est donc une virgule sonore.

L'importance de ce détail apparemment subtil ne peut sauter aux yeux de qui n'est pas habitué à le repérer dans tous les textes. C'est donc le moment de faire un exercice (Application 1). Comme d'habitude, vous ouvrez au hasard le livre que vous avez sous la main, vous vous mettez à lire jusqu'à ce que vous trouviez une phrase pas trop longue mais avec plusieurs virgules. Vous fermez le livre et recopiez la phrase tant bien que mal, suivant ce dont vous vous souvenez. Vous comparez avec la phrase initiale. Faites les deux lectures à haute voix. Prenez conscience des vibrations de la glotte. Où sont-elles interrompues? Marquez les endroits dans les deux textes au moyen du signe de la césure (#). Les segments découpés sont-ils des actes de parole distincts? Par exemple la durée du silence placé à cet endroit est-elle quasi nulle ou sans importance et sans effet (comme si elle en comptait pas pour le sens, comme si elle ne durait pas du fait qu'il n'y a pas de texte concomitant)? (Voir un exemple de corrigé à la fin de ce chapitre.)

Mais il y a un autre délimiteur, encore plus fin. Car le mot phonétique est délimité sur le plan sonore (il ne serait plus «phonétique» sans cela). Mais on ne place pas de virgule sonore à chaque mot phonétique. Quel délimiteur reste-t-il? Aucun? La syllabe, par exemple, est-elle délimitée? Oui: par le degré de fermeture des phonèmes (Voir chapitre précédent). Il faut donc qu'il existe, entre la césure et la fermeture, un phénomène distinct qui puisse délimiter des groupes de syllabe sans aller jusqu'à créer des actes de parole. Quand il y a plusieurs syllabes, et souvent aussi plusieurs mots, à réunir dans un seul mot phonétique, le français utilise le moyen suivant, fort simple: un allongement de la «tonique». Le noyau de la syllabe, qui est une voyelle, prend un rien de durée supplémentaire, et ce rien suffit à créer une délimitation car il marque cette syllabe par rapport à la précédente et à la suivante.
Voici une phrase de Flaubert. Quelles sont les syllabes longues (indiquant la fin des mots phonétiques)?
1) Tous les jours, à la même heure, le mtre d'école, en bonnet de soie noire, ouvrait les auvents de sa maison.
2) Tous les jours, à la même heure, le maître d'école, en bonnet de soie noire, ouvrait les auvents de sa maison.
3) Tous les jours, à la même heure, le mtre d'école, en bonnet de soie noire, ouvrait les auvents de sa maison.
4) (Autre chose)
13 
Rép. Tous les jours, à la même heure, le maître d'école, en bonnet de soie noire, ouvrait les auvents de sa maison.
Expl. Au choix 1, les syllabes en gras sont celles qui portent le sens plutôt que de marquer la fin des cellules rythmiques élémentaires. Elles ont des accents dits affectifs (force plutôt que durée ou hauteur).
Règle Dans toute prononciation normale, les syllabes sont regroupées en mots phonétiques, cellules de une à six ou sept syllabes terminées par un allongement sans plus.

Ces allongements, peu conscientisés, ne servent qu'à décoder les sons pour en faire des mots un peu étendus, lisibles, audibles comme unités constitutives au niveau du langage, donc syntaxiquement. Leur durée varie mais elle sera normalement significative des regroupements que l'on souhaite faire. La complexité du phénomène est reliée aux fonctions envisagées pour les groupes.
On peut dire que ce sabre ne sert à rien.
L'allongement qui délimiterait en portant sur le mot que serait _____.
1) marqué (fin d'un mot phonétique)
2) facultatif (on pourrait l'ajouter pour délimiter un début de proposition)
3) effaçable (on pourrait le supprimer pour réunir la conjonction à son groupe)
4) (Il n'y a pas d'allongement possible sur une voyelle atone ou un e muet)
14 
Rép. facultatif
Mais On peut dire que... (allongement dû à la suspension de la voix)
Et On peut (facultatif) dire que ce sabre... Ou On peut dire (effaçable) que ce sabre...

L'allongement effaçable est plus important que le facultatif car il porte sur une fin de groupe qui serait normale alors que le facultatif crée une sorte de sous-groupe.
Il boit son café tiède. L'allongement syllabique de boit et de est _____.
1) équivalent et marqué
2) boit est marqué, est facultatif
3) boit est facultatif, est effaçable
4) boit est effaçable, est marqué
15 
Rép. boit est effaçable, est marqué
Mais Il boit du café tiède (boit est effaçable, est facultatif).
Expl. Tiède dépend de café mais se rapporte à boit (Il le boit comment? Tiède). L'allongement de est donc marqué.
Mais Dans le contre-exemple, tiède est épithète et peut donc faire partie du même mot phonétique (le qualificatif est alors déterminant). L'allongement de introduit donc une différence de sens.

Deux exercices vont maintenant vous rendre familières de telles analyses. Vous choisissez cette fois encore une phrase au hasard (mais dans un livre, pas une phrase quelconque), vous lui donnez une variante personnelle, et vous indiquez les limites de mot phonétique, en allongeant plus ou moins le trait suivant le degré de nécessité de l'allongement (prononcer la phrase plusieurs fois jusqu'à ce qu'elle trouve son allure optimale). Voir en fin de chapitre les corrigés des applications 2 et 3.

Ainsi notre flot verbal reçoit-il une structure largement inconsciente mais très concrète, et aisée à décoder même si, le plus souvent, elle reste instinctive. Après la pluie est un mot phonétique parce que le i est la syllabe la plus longue (il peut recevoir en outre un accent d'intensité si le mot pluie a un haut taux d'émotion). Le beau temps serait aussi un mot phonétique. On observe que les mots phonétiques sont aussi des groupes syntaxiques. Ils contiennent un noyau lexical (pluie, temps) et des mots grammaticaux. Ils peuvent recevoir une fonction syntaxique (V. plus loin).
Objection : à quoi sert-il de raffiner les analyses de prononciation si l'objectif du cours est de comprendre la langue écrite?
16 

Envisager la langue écrite indépendamment de la langue orale ne présente aucun intérêt vu qu'elles sont étroitement solidaires. La langue écrite a ses codes parfois distincts mais elle reste la transcription d'une langue parlée qui a ses propres marques. Même si quantité de marques sonores ne sont pas transcrites, c'est leur présence implicite qui permet de comprendre l'écrit. On lisait autrefois à voix haute. La prononciation reste présente implicitement même quand il n'en reste physiquement rien ou presque.

Mais le trait d'union, par exemple, est une marque graphique du mot phonétique. Par la fonction que celui-ci permet de donner au groupe, il facilite le classement par catégorie (nom, verbe, qualifiant). Son découpage prépare l'analyse qui permettra la compréhension.

Par exemple, la place centrale occupée dans la phrase par le verbe fait toujours de celui-ci un mot phonétique et un groupe syntaxique auquel se rattacheront tous les autres. Les pronoms sujet et objet (+ en et y) font partie intégrante du groupe verbal. Ils sont placés devant le verbe (je me le rappellerai; tu t'en souviendras) en sorte qu'il soit impossible de ne pas les inclure dans le même groupe que lui (et ils sont monosyllabiques, voire atones, et ne peuvent recevoir de préposition). Que se passe-t-il cependant en cas d'inversion?

Leur appartenance au mot phonétique du verbe risque de perdre sa visibilité. On va donc mettre des traits d'union. (Me le rappellerai-je? T'en souviens-tu? Rappelle-le-moi.)

Élision et liaison comme marque de la cohésion du mot phonétique.

Le trait d'union n'est que graphique, mais il est constant. Sur le plan sonore, il y a aussi des marques de la cohésion du syntagme, mais purement occasionnelles : la liaison et l'élision.
«Tu peux t'y mettre. Puis-je y aller?»
1) On élide te devant y, mais pas je.
2) C'est le e muet qui s'élide.
3) Le e muet ne s'élide que s'il fait partie du groupe.
4) Seul le e muet du pronom personnel s'élide, s'il est dans le groupe.
17 
Rép. Le e muet du pronom s'élide, s'il fait partie du groupe.
Mais Il n'est pas le seul (s'il) et le personnel n'est pas le seul (c'est).
Et Il faut qu'il entre dans le groupe pour devenir assez bref (j'y suis).
Expl. Dans Puis-je y aller, on a un groupe facultatif initial.
Déf. L'appartenance au groupe se montre par la durée relative des syllabes ainsi que par des élisions et des liaisons.

Quand l'allongement délimite, il est naturel que les syllabes intérieures du groupe aient tendance à se raccourcir, jusqu'à l'élision. La liaison est aussi une marque normale puisqu'elle renforce l'enchaînement des mots.

Le z de la liaison à l'impératif a sans doute, d'ailleurs, une autre explication, plus actuelle qu'historique. On dit parles-en comme on dit parlons-en (quand on n'analyse pas beaucoup, comme c'est le cas de la plupart des locuteurs). Ne dit-on pas aussi, assez couramment : Souviens-toi-(z)-en? Ce z est destiné à éviter l'hiatus mais pourquoi tient-on tellement à éviter cet hiatus sinon parce qu'il introduirait une limite qui empêcherait de conserver la cohésion du groupe (à la fois mot phonétique et groupe syntaxique)?

Un autre exemple du même cas se trouve dans le t final de la 3e personne du singulier.
C'est alors qu'il abatt___ ce lièvre.
1) i 2) u 3) it 4) ut
18 
Rép. abattit
Mais Il a bâti sa maison. Il a battu son record. Il aperçut ce lièvre.
Règle Si le verbe n'est pas en -er (ou analogue) ni au subjonctif, la désinence de la 3e personne du singulier est -t (ou -d pour la plupart des verbes en -dre), excepté il a, il vainc, ou tous les futurs et le passé simple des verbes en -er.

La langue s'est servie d'un t qui terminait la 3e personne du singulier de certains verbes pour lier le pronom postposé au verbe (aime-t-on). Pourquoi deux traits d'union? Parce que ce t, présent partout en latin, avait disparu après voyelle. On écrivait il aime et donc aime il au XVIe siècle. Mais par analogie avec les autres groupes de conjugaison (dort-il, reçoit-il) on prononçait aimet-il. Les grammairiens se refusaient à écrire ce t, qui aurait pu changer le timbre du e (guet, guilleret, et). Une solution mitoyenne fut alors inventée : l'astuce de placer deux traits d'union (aime-t-il).

D'aucuns, parmi les auteurs des Rectifications, auraient souhaité pouvoir supprimer partout le trait d'union (et écrire le mot composé en un seul mot, comme en espagnol ou en allemand). On ne perdrait rien sur le plan sonore, puisque ce trait d'union est strictement graphique, mais il est une marque de cohésion entre les parties du mot phonétique. Si les syllabes longues des fins de mot phonétique étaient imprimées en gras, on disposerait d'une marque écrite analogue à la marque orale, et le sens des textes en serait grandement précisé. En ce cas, on pourrait lire "aime la", on saurait que la tonique est déplacée de aime vers la, et on n'aurait plus besoin du trait d'union.

Venons-en aux variations de la racine des verbes.

Altérations du radical.

Ya-t-il des variations qui touchent la racine du verbe? Des verbes qui changent, non seulement leur terminaison mais leur syllabe centrale? Par exemple dans l'accentuation du e?
19 

L'altération du radical est la principale cause des innombrables "groupes" de la conjugaison française. C'est un phénomène surtout sonore, et très largement historique.

Le verbe pouvoir par exemple a une forme radicale peu- au singulier (qui vient d'un accent tonique sur le o de potere, forme vulgaire de posse) et une autre pou- lorsque la tonique tombait sur la terminaison. (Le v a été introduit au XVe siècle, par analogie avec devoir et avoir.) Le u de pu, troisième radical possible, vient de l'alignement sur les autres verbes grammaticalisés (devenus des auxiliaires ou des semi-auxiliaires de la conjugaison). On avait eu et .
"Il vient / venait / viendra / ..." Dans la conjugaison, ______.
1) la terminaison change, le radical ne change pas
2) le radical prend deux formes différentes
3) le radical prend deux formes différentes ou davantage
4) (Autre chose)
20 
Réponse. Autre chose. Pour la plupart des verbes, le radical ne change pas (notamment tous les verbes du premier groupe, en -er, sauf aller).
Règle Les verbes les plus courants ont un passé chargé et plus de variations.
Et Il y a des verbes à deux, trois, quatre formes pour le radical (notamment dans le groupe, ceux en -ir / -iss; dans le 3e groupe, ceux en -oir / (e)v; voir, venir, savoir). Les auxiliaires (faire, avoir, être) en ont même davantage (il est, était, sera, qu'il soit, nous sommes, vous êtes, ils sont).

Il suffit d'une accentuation du e dans le radical pour offrir des variations.
S'ils ne se rendaient, on démant__lerait les remparts et on écart__lerait deux cents notables. 21 
1) è, è
2) è, el
3) el, è
4) el, el
Réponse. démantèlerait, écartèlerait
Mais On démantela les remparts et on écartela des notables.
Règle Les verbes qui ont un e muet à l'avant-dernière syllabe de l'infinitif changent cet e en è devant toute syllabe muette.

Jusqu'ici, pas de grande difficulté car la graphie suit la prononciation.
Celui-là ne c__derait devant aucune menace; il nous m__nerait jusqu'au bien-être pour tous.
1) é, é 2) é, è 3) è, é 4) è, è
22 
Rép. céderait, mènerait
Mais Il cède, il nous a menés à la défaite.
Règle Les verbes qui ont un é à l'avant-dernière syllabe de l'infinitif changent cet é en è devant une syllabe muette si elle est finale.
Ex. Il règle, il réglait, il réglerait.
Mais On admet (Réforme): il règlerait. Autrement dit, «si elle est finale» peut disparaître de la règle.
QCM  30037                    # 89       |100%              ·
Lot  FMB1     Cycle 13         Presque   |   |              ·
Rép.     %      Niveau    Discriminance  |   |              ·
+       01     22.67      0.11           |   |              ·      333333333
2*      31      4.64      0.09           |   |         333333333333        4
4       48     -5.89      0.14           |   |333333333     ·    4444444444
3       11    -10.12      0.14           |   |            4444444
1       08      0.00      0.00           |   |    44444444  ·
-----------------------------------------|   |4444          ·
Celui-là ne c__derait devant aucune      |   |              ·
menace; il nous m__nerait jusqu'au       |50%|······························
bien-être pour tous.                     |   |              ·      222222222
1)     é, é                              |   |            222222222
2)     é, è                              |   |222222222222  ·
3)     è, é                              |   |              ·
4)     è, è                              |   |              ·

Deux réponses divisent les meilleurs étudiants, au Québec comme en France (mais en France, la tendance est pour la réponse autrefois mauvaise, la 4, devenue bonne, du reste, par la vertu des Rectifications. Ici, elles ont donc visé juste... Céder se prononçant au futur et au conditionnel avec le même è que mener, ne se voit plus dans l'obligation de maintenir un accent aigu (qui rappelait son origine : l'infinitif).

Quelques verbes ont le radical en i. Que devient ce i devant une terminaison en i, comme il y en a aux deux premières personnes du pluriel de l'imparfait ou du subjonctif? Est-il simplifié (nous rions)? Remplacé par y (nous nous assoyions)? Ou conserve-t-on les deux i côte à côte: ii?
23 

Il y a des ii dans l'orthographe... mais seulement le quart des répondants sont au courant. La majorité répugne à ce redoublement mais cette majorité est sans strate, donc formée de sous-groupes hétéroclites. Quelles sont ses raisons, probablement diverses? On peut penser que nombreux sont ceux qui n'ont pas encore vu ou remarqué la présence possible de ces ii. Les occasions sont tout de même relativement rares. Un premier sous-groupe trouve la bonne réponse, mais le deuxième sous-groupe fait l'inverse: il met ii partout, même au verbe ignorer, comme si le double i transcrivait une insistance orale sur ce i caractéristique de l'imparfait. La strate suivante est encore plus étonnante : pas de double i à congédier, comme s'il était au présent. On se demande si la phrase n'a pas été mal comprise, mal située dans le temps.
QCM  230486                   # 1253     |100%              ·
Lot  EQ2mor   Cycle 36         Valide    |   |              ·
Rép.     %      Niveau    Discriminance  |   |              ·
3*      26      2.35      0.27           |   |              ·
4       14      0.75      0.34           |   |              ·              2
2       09      0.08      0.43           |   |              ·           222
1       51      0.00      0.00           |   |              ·         22   4
-----------------------------------------|   |              ·      222  444
Au moment où vous congéd___ notre        |   |              ·    22   44
camarade, vous ignor___ les véritables   |   |              · 222  444     3
mobiles de son acte.                     |50%|··············2244444···33333·
1)     iez, iez                          |   |            2244     333
2)     iez, iiez                         |   |         22244· 33333
3)     iiez, iez                         |   |       22444  33
4)     iiez, iiez                        |   |    4444433333·
                                         |   |  4433333     ·
                                         |   |3333          ·
Réponse congédiiez, ignoriez
Mais Si vous congédiez notre camarade, c'est que vous ignorez ses mobiles.
Et Que nous le graciions ou non, il faut que nous soyons impartiaux.
Règle Pas de tréma sur le i des 1re et personnes du pluriel de l'imparfait et du subjonctif présent (nous criions). On place le i de la terminaison à côté de celui du radical.
Règle Le i du radical des verbes en -ier se maintient avec le i éventuel de la terminaison.

Il arrive aussi que se combattent deux formes, la sonore et la sourde, de la même consonne.
Je crois que tu te morfon__, que tu te contrain__.
1) ts, ts 2) ds, ds 3) ds, s 4) ds, ts
24 
Rép. tu te morfonds, tu te contrains
Règle Les verbes en -dre gardent le d au singulier de l'indicatif présent et de l'impératif, sauf ceux en -indre et -soudre. Ex.: Prends du sucre qui se dissout bien.

Faut-il d ou t? La question se pose pour les verbes en -dre. Le d fait partie du radical. Il faut savoir que ce d, quand il se maintient, peut remplacer le t de la troisième du singulier. Mais ce n'est pas le cas pour les verbes en -indre ou en -soudre, qui, eux, à la troisième personne, ne conservent pas le d.
QCM  1934                     # 493      |100%              ·
Lot  EQ2mor   Cycle 36         Presque   |   |              ·
Rép.     %      Niveau    Discriminance  |   |              ·
1       01     11.11      0.24           |   |              ·
3*      21      2.99      0.26           |   |              ·
4       52     -3.15      0.19           |   |              ·         444444
2       27      0.00      0.00           |   |              ·    44444
-----------------------------------------|   |              44444
Je crois que tu te morfon__, que tu te   |   |       4444444·
contrain__.                              |   |  44444       ·
1)     ts, ts                            |50%|44···························3
2)     ds, ds                            |   |              ·         33333
3)     ds, s                             |   |              ·      333
4)     ds, ts                            |   |              · 33333
                                         |   |            3333
                                         |   |       33333  ·
                                         |   |  33333       ·
                                         |   |33            ·

La question est posée, en fait, à toutes les personnes. Seulement 21% de ce groupe de cégépiens a traité différemment les verbes en -indre et en -dre. En France, à l'Université de Pau : 51%. Curieusement, le second sous-groupe opte pour 4, en France aussi, donc contraints. Influence de contrainte?

À la troisième personne, la tendance à mettre le d partout est nette, en France comme au Québec, malgré la coexistence d'un verbe pointer. Mais le verbe poindre semble plus connu.
QCM  1994                    # 523      |100%              ·
Lot  EQ2mor   Cycle 36        Valide    |   |              ·
Rép.     %      Niveau    Discriminance |   |              ·
4*      21      3.14      0.26          |   |              ·
3       22      0.56      0.36          |   |              ·
1       31     -3.15      0.19          |   |              ·         111111
2       27      0.00      0.00          |   |              ·    11111     3
----------------------------------------|   |              11111     33333
Lorsque Roland rejoin__ l'escadron      |   |       1111111·      333
ennemi, le soleil poin__ à l'horion.    |   |  11111       ·    33
1)     t, te                            |50%|11··················333········4
2)     d, te                            |   |              33        44444
3)     d, t                             |   |            33·      444
4)     t, t                             |   |         333  · 44444
                                        |   |    33333   4444
                                        |   |  33   44444  ·
                                        |   |3344444       ·
                                        |   |44            ·

Autre point : écrit-on il paie ou il paye? Que devient le y des verbes en -yer? Se maintient-il partout?
25 

Pour il paie, cela dépend de la prononciation. Le tiers des cégépiens est au courant.
QCM  1923                     # 31       |100%              ·
Lot  PAM0     Cycle 27         Valide    |   |              ·
Rép.     %      Niveau    Discriminance  |   |              ·
3*      36      2.47      0.14           |   |              ·
2       20     -1.16      0.11           |   |              ·
4       02     -1.47      0.12           |   |              ·
1       43      0.00      0.00           |   |              ·
-----------------------------------------|   |              ·              4
L'enfant béga__e, déclara le             |   |              ·      444222222
professeur, qui s'apito__ait.            |   |            442222222222
1)     i, y                              |50%|····2222222222···········333333
2)     y, y                              |   |2222          · 33333333
3)     (1 ou 2, au choix)                |   |         3333333
4)     i, i                              |   |  3333333     ·
                                         |   |33            ·

Ils savent aussi que les verbes en -oyer conservent l'y. Voici une vue d'ensemble des règles du y dans la conjugaison.
Les verbes en -yer gardent le e muet partout. Ceux en -eyer gardent aussi le y. Ceux en -ayer peuvent changer le y en i devant e muet. Les autres changent toujours le y en i devant e. Ex. Il s'apitoyait, il s'apitoie; il essuyait, il essuie.
Mais Il bégayait, il bégaye (pron. le e), il bégaie. Il grasseye.

Tous les verbes sont-ils conjugables?
26 

En principe. Toutefois, l'usage restreint certains verbes à un nombre limité de formes.
Des verbes comme falloir, faillir, gésir, qui n'ont de forme que pour certaines personnes, certains modes ou certains temps, sont dits: ______.
1) impersonnels 2) intransitifs 3) défectifs 4) inchoatifs
27 
Réponse. défectifs
Ex. Il appert, seul vestige d'un ancien verbe, apparoir.
Mais Un verbe comme falloir, qui n'a de forme que pour la 3e personne, est dit impersonnel.
Et Un verbe comme gésir (je gis...), qui n'a qu'un actant sujet, est dit intransitif (l'action ne transite pas vers un objet).
Ou Un verbe comme s'endormir, qui désigne le début de l'action, est dit inchoatif.

Les modes (subjonctif et conditionnel).

Quelles sont les marques des modes du verbe? À quoi peut-on reconnaître un subjonctif?
28 

À son lien au verbe principal dont il dépend (que). Celui-ci est présent même sans verbe principal (exclamation : Que je te voie un abîme de science!)

Les verbes en -ir intercalent parfois -iss (qu'il finisse), ce qui crée des équivoques entre le subjonctif présent et le subjonctif imparfait (que je finisse, que tu finisses,... que nous finissions, que vous finissiez, qu'ils finissent). La seule forme distincte est la troisième du singulier : qu'il finît.

Partout, les terminaisons sont celles de l'indicatif (-e, -es, -e, ...-ent mais -ions, -iez). C'est le radical qui diffère, en dehors des verbes du premier groupe (qu'il soit, qu'il ait, qu'il fasse, qu'il doive, qu'il puisse, qu'il veuille, qu'il reçoive, qu'il prenne, qu'il aille, qu'il sache, qu'il acquière, qu'il meure, qu'il tienne, qu'il craigne, qu'il joigne, qu'il résolve, qu'il naisse, qu'il conduise, qu'il asseye ou qu'il assoie... La persistance de ces particularités tient à la fréquence des tels verbes.
Il faut qu'il soit bien malade pour qu'il surs____ à l'exécution d'un projet si mirobolant.
1) oit 2) eoit 3) oie 4) eoie
29 
Rép. sursoie
Mais Il ne surseoirait à l'exécution de son projet que s'il tombait vraiment très malade.
Et Il s'assoit, qu'il s'assoie, il sursoit, qu'il sursoie.
Règle La désinence de la 3e personne du singulier est -e à l'indicatif présent des verbes en -er (sauf il va), et des verbes en -ir qui ont une finale en -e: assaillir, défaillir, tressaillir, cueillir, offrir, couvrir, ouvrir, souffrir.
Rem. C'est également -e au subjonctif présent de tous les verbes sauf être et avoir.

Mais les usagers sont-ils d'accord avec ces exceptions?
QCM  2055                     # 291      |100%              ·
Lot  F2U94-   Cycle 17         Valide    |   |              ·
Rép.     %      Niveau    Discriminance  |   |              ·
3*      17      3.26      0.29           |   |              ·
2       35     -0.09      0.47           |   |              ·              2
1       22     -3.16      0.20           |   |              ·         222221
4       26      0.00      0.00           |   |              ·    11222
-----------------------------------------|   |            111111122
Il faut qu'il soit bien malade pour      |   |       11111  ·   2
qu'il surs____ à l'exécution d'un        |   |  11111       · 22
projet si mirobolant. (Subj. prés.)      |50%|11············22···············3
1)     oit                               |   |            22·           333
2)     eoit                              |   |         222  ·         33
3)     oie                               |   |       22     ·    33333
4)     eoie                              |   |    222       33333
                                         |   |  22        33·
                                         |   |22  33333333  ·
                                         |   |3333          ·

La majorité comme la discriminance favorisent une réponse doublement erronée (eoit). C'est qu'il y a des circonstances qui ne favorisent pas la bonne réponse. D'abord le e final du subjonctif tombe sur une syllabe identique à une exception capitale à la règle du e au subjonctif : qu'il soit. Ensuite, il y a l'absence de e au radical de surseoir (il ne se conserve qu'au futur et au conditionnel, formes tirées en droite ligne de celle de l'infinitif). Deux règles et deux exceptions ici brouillent si bien les pistes que l'on souhaiterait des simplifications, par exemple la désinence en e du subjonctif présent.

Les Rectifications n'ont osé s'attaquer au bastion qu'il ait - qu'il soit mais elles suppriment l'autre ambiguïté en donnant sursoir, sur le modèle d'assoir, comme l'avait déjà proposé l'Académie. L'usage ne suit pas. Les anciennes formes avec e restent cent fois plus utilisées...

Comment se forme le conditionnel pour les verbes en -oir?
Nous décev_____ l'opinion si nous ne prév______ pas un budget suffisant.
1) erions, oyions 2) erions, oyons 3) rions, oyons 4) rions, oyions
30 
Réponse décevrions, prévoyions
Règle Voir, entrevoir et revoir se terminent par -verrai au futur et -verrais au conditionnel présent; prévoir et pourvoir, par -voirai et -voirais; boire et croire, par -oirai et -oirais; apercevoir, concevoir, décevoir, percevoir et recevoir, par -evrai et -evrais.
Rem. Prévoir et pourvoir ont les mêmes particularités de conjugaison que voir, sauf au futur (je prévoirai) et au conditionnel (je pourvoirais) où ils sont formés régulièrement (infinitif + -ai ou -ais).

Ces subtilités sont bien dans l'oreille des francophones.
QCM  2067                     # 581      |100%              ·
Lot  EQ2mor   Cycle 36         Valide    |   |              ·
Rép.     %      Niveau    Discriminance  |   |              ·
4*      31      1.75      0.28           |   |              ·
1       25     -2.06      0.07           |   |              ·              3
3       20     -3.83      0.18           |   |              ·      33333333
2       24      0.00      0.00           |   |              · 33333
-----------------------------------------|   |         3333333
Nous décev_____ l'opinion si nous ne     |   |    33333     ·           1114
prév______ pas un budget suffisant.      |   |3333        11111111111111444
1)     erions, oyions                    |50%|111111111111··········44444····
2)     erions, oyons                     |   |              ·    44
3)     rions, oyons                      |   |              44444
4)     rions, oyions                     |   |            44·
                                         |   |       44444  ·
                                         |   |  44444       ·
                                         |   |44            ·

La forme régulière, décevoir (l'infinitif) plus -ions (terminaison de l'imparfait) est si peu probable qu'elle ne figure même pas dans les choix. (Qui en eût voulu aurait dû rejeter la question.) Ces formes existent pour deux verbes et sont donc offertes comme exceptions, bien qu'elles soient les deux seules formes régulières : nous prévoirions et nous pourvoirions.

Il y a aussi boire et croire comme verbes à suivre ce modèle, sans parler de pouvoir, semi-auxiliaire, qui fait pourrais. Les autres possibilités sont de suivre la conjugaison de voir, ce que devraient faire, logiquement, les verbes de sa famille, et de redoubler le r, en escamotant la voyelle double la plus évolutive qui soit (e tonique passé à oi puis ouè puis wa).

Le futur, qui est un temps, se forme-t-il toujours exactement comme le conditionnel, qui passe pour un mode?
31 

La parenté du futur avec le conditionnel, présente dans toute la conjugaison, voilà une belle règle, propre et nette, inventée par l'ancien français à la suite de l'effacement des terminaisons caractéristiques du futur en latin. Ce temps et ce mode viennent de l'infinitif plus terminaison du verbe avoir au présent et à l'imparfait respectivement. Une telle structure, à son apparition dès le haut Moyen Âge, a correspondu à deux valeurs, un futur du présent et un futur du passé, et non à un temps en face d'un mode. Examinons donc de plus près la situation.

Tu chanteras = Tu chanter as (cantare habes), "Tu as (à) chanter". Tu chanterais = Tu chanter (av)ais (cantare habebas) = "Tu avais à chanter". Il s'agit d'un avenir, soit dans le présent, soit dans le passé. Non seulement le conditionnel fut un temps avant d'être un mode, mais il existe encore comme temps. Il dit qu'il ira. Il disait qu'il irait. Aucune trace d'hypothèse dans la réalisation : l'avenir est seulement situé par rapport à un passé.

«Comment ce futur du passé a-t-il pu devenir un mode?» direz-vous.

À cause des subordonnées conditionnelles. Il disait qu'il partirait à la chasse dès qu'il neigerait. Pas de condition, rien qu'un temps relatif à un autre. Il dit qu'il partirait à la chasse s'il neigeait. (Mais il ne part pas car il ne neige pas.) Plus de futur, mais une façon de présenter la réalité autrement que dans son effectivité habituelle, donc c'est un mode. Et en effet : la présence, parfois implicite, d'une subordonnée conditionnelle, présente l'action comme potentielle ou irréelle. Voilà une ressource importante de la langue.

On comprend la tendance populaire si courante dans toute la francophonie à mettre la forme en -rait après si. Cet imparfait-là, qui suit le conditionnel, n'est pas un passé (puisque l'on est dans le présent). Au lieu de parler de conditionnel, on ferait sans doute mieux de dire, comme en latin: potentiel.

Vous me direz : oui mais il y a deux temps au conditionnel. Que faire de Il dit qu'il serait parti à la chasse s'il avait neigé? Cette antériorité transforme le potentiel puisque cette fois on sait que ça aurait pu avoir lieu mais qu'en fait ça n'a pas eu lieu. Le latin, ici encore, nous serait d'un puissant secours. Le potentiel au passé y porte le nom d'irréel, qui lui convient parfaitement.

Mais encore: quelle différence avec Il dit qu'il partira à la chasse s'il neige? Simple futur. Pas de potentialité. Conclusion: le futur du passé, alias conditionnel, est un potentiel ou un irréel, du présent ou du passé (de l'accompli, plus exactement).

Mais il n'y a pas que les verbes en -oir. Quel est le conditionnel d'acquérir, par exemple?
Elle acqu___ait vite les rudiments du japonais si on lui en donnait l'occasion.
1) èr 2) er 3) err 4) èrr
32 
Réponse acquerrait
Mais Elle aimerait aussi apprendre le coréen.
Et Pour le vietnamien, il faut qu'elle acquière le maniement des tons.

Règle Le futur et le conditionnel sont formés de l'infinitif suivi de -ai, -as, -a... (désinences de l'indicatif présent du verbe avoir) et de -ais, -ais, -ait... (désinences de l'imparfait).
Et La forme en -rai est un futur du présent; la forme en -rais, un futur du passé.
QCM  2943                     # 374      |100%              ·
Lot  LC0      Cycle 101        Instable  |   |              ++++++++++444444
Rép.     %      Niveau    Discriminance  |   |    ++++++++++4444444444  2222
3*      28      2.24      0.27           |   |++++     44444·      22222
1       38     -1.31      0.29           |   |    44444     2222222        1
2       24     -4.38      0.29           |   |4444     22222·           111
4       08     -6.73      0.29           |   |       22     ·      11111
-       04      0.00      0.00           |   |  22222       · 11111
+       03     -8.89      0.30           |   |22            11
-----------------------------------------|   |            11·              3
Elle acqu___ait vite les rudiments du    |50%|··········11111·········33333·
japonais si on lui en donnait            |   |    111       ·      333
l'occasion.                              |   |1111          · 33333
1)     èr                                |   |            3333
2)     er                                |   |         333  ·
3)     err                               |   |    33333     ·
4)     èrr                               |   |3333          ·

Il y a donc des conditionnels (et des futurs) qui ne sont pas formés sur l'infinitif tel quel?
Vous v___ez ce dont vous vous nou____ez. (Futur.)
1) er, rir 2) err, rrir 3) err, rirr 4) er, rrir
33 
Rép. verrez, nourrirez
Mais Vous trouverez pourquoi et vous courrez, alors.
Et Il verra qu'un verrou ne résiste pas à un verrat.
Règle Les verbes qui ont deux r à l'infinitif les conservent dans toute la conjugaison.
Mais Sont formés irrégulièrement et prennent deux r au futur et au conditionnel: courir, mourir, pouvoir, voir, envoyer, acquérir et leurs dérivés (discourir, encourir, recourir, secourir, quérir, etc.)

Les étudiants sont peu nombreux à bien connaître ces formes mais ils sont d'accord dans leur ensemble avec un redoublement qui correspond bien à ce qu'ils veulent indiquer.
QCM  2036                     # 540      |100%              ·
Lot  EQ2mor   Cycle 36         Valide    |   |            ---------111111111
Rép.     %      Niveau    Discriminance  |   |-------11111111111111
3*      30      1.87      0.28           |   |1111111       ·         444444
2       52     -4.49      0.20           |   |              · 44444444222222
4       07     -6.34      0.19           |   |         444444422222222
1       09    -10.59      0.22           |   |  4444444   2222
-       01    -12.29      0.22           |   |44     22222  ·
+       01      0.00      0.00           |   |  22222       ·              3
-----------------------------------------|   |22            ·           333
Au moins vous pou__ez contrôler ce que   |50%|··························33···
vous acqu____ez. (Futur.)                |   |              ·    33333
1)     r, err                            |   |              · 333
2)     rr, errer                         |   |            3333
3)     rr, err                           |   |       33333  ·
4)     rr, ér                            |   |  33333       ·
                                         |   |33            ·

Les tiroirs.

On appelle tiroir les cases du tableau des temps et modes du verbe, chacune contenant les trois personnes du singulier et du pluriel, aux trois modes conjugués. Arrêtons-nous un instant aux formes. Le verbe avoir, grammaticalisé, y joue un rôle d'auxiliaire de conjugaison. Les formes dites composées sont formées d'avoir ou d'être. L'auxiliaire être sert à former la voix passive des verbes transitifs, où tous les tiroirs peuvent se retrouver (J'ai été surpris) mais aussi la voix active, aspect accompli, de certains intransitifs (Je suis parti). L'auxiliaire avoir est à lui seul la clé de montage-démontage de la moitié des tiroirs. J'ai aimé, j'avais aimé, j'aurai aimé, j'aurais aimé, j'eus aimé, j'ai eu aimé, j'avais eu aimé, que j'aie aimé, que j'eusse aimé.

Le participe passé joue-t-il un rôle important dans la conjugaison?
34 

Il permet à lui seul de former la moitié des formes de la voix active (toutes les formes composées) et toute la voix passive.

Que reste-t-il comme tiroirs à décrire?
35 

On a vu que le futur et le conditionnel étaient formés de l'infinitif suivi de avoir, au présent et à l'imparfait respectivement. J'aimer ai et J'aimer (av)ais. Il ne reste à mentionner que les formes de l'imparfait (-ais, -ais, -ait, -ions, -iez, -aient) et du passé simple (qui diffèrent selon les groupes de verbes). Quant au subjonctif, il suit de près, au présent, le présent de l'indicatif; à l'imparfait, le passé simple.

Y a-t-il des accents circonflexes dans les désinences des formes conjuguées?
36 

Il y a des accents circonflexes aux terminaisons du passé simple (-âmes, -âtes; -îmes, -îtes; -ûmes, -ûtes) et du subjonctif imparfait (3e personne : -ât, -ît, -ût).

Le subjonctif imparfait.

Il faut observer d'abord que, d'une façon générale, les formes du subjonctif imparfait sont archaïsantes.

Le subjonctif imparfait est rare à cause de la lourdeur de ses formes en -asse, -isse, -usse. On le remplace par le subjonctif présent, même après un verbe au passé. Toutefois, à la troisième du singulier (-ât, -ît, -ût), il se défend mieux, particulièrement dans la langue écrite et châtiée.

Il fallait que nous sciassions n'est guère courant mais Il fallait qu'il sciât passe mieux, surtout après un conditionnel (j'aurais aimé qu'il sciât un peu de bois).

Vous arrive-t-il d'employer le subjonctif imparfait, passé ou plus-que-parfait? Dans quel genre de texte ou de phrase?
Sans doute, reconnut-elle, j'aimerais assez qu'il ______.
1) m'aime 2) m'aimât 3) (N'importe) 4) (Selon la nuance de sens)
37 
Réponse Selon la nuance de sens. Avec aime, on n'exclut pas une réalisation; avec aimât, on s'en éloigne.
Et Aime est beaucoup plus courant, aimât est plus rare et fait recherché. Aimerait (conditionnel après un conditionnel) relèverait de la langue populaire.
Remarque. Après un conditionnel présent, le présent du subj. dans la subordonnée n'apporte pas de nuance particulière tandis que l'imparfait du subjonctif marque l'absence de probabilité d'une réalisation (le passé exclut ici un avenir).

La plupart ne connaissent pas cette option du subjonctif imparfait et nombreux sont les écrivains qui hésiteraient à s'en servir. Mais le quart supérieur du groupe des cégépiens est au courant.
QCM  2407                     # 330      |100%              ·
Lot  EQ3acc   Cycle 23         Valide    |   |              ·
Rép.     %      Niveau    Discriminance  |   |              ·
4*      24      1.88      0.39           |   |              ·
2       12      0.87      0.43           |   |              ·
3       02      0.70      0.46           |   |              ·              3
1       62      0.00      0.00           |   |              ·           3332
-----------------------------------------|   |              ·         33222
Sans doute, reconnut-elle, j'aimerais    |   |              ·      33322   4
assez qu'il ______.                      |   |              ·    33222  444
1)     m'aime                            |50%|·················3322··44··
2)     m'aimât                           |   |              ·3222  444
3)     (N'importe)                       |   |              22   44
4)     (Selon la nuance de sens)         |   |            22· 444
                                         |   |         2224444
                                         |   |    22222444  ·
                                         |   |  2244444     ·
                                         |   |4444          ·

Bien que ce temps ait été vilipendé depuis trois siècles, il est resté à l'honneur dans les circonstances spéciales (tragiques ou comiques). Une confusion du subjonctif imparfait avec le passé simple est fréquente à la troisième personne du singulier.
Le marin cri__ qu'on lui apport__ du whisky.
1) a, a 2) a, at 3) at, at 4) (Autre chose)
38 
Réponse Autre chose: cria, apportât.
Ou ... cria qu'on lui apporte
Règle Le subjonctif imparfait a des formes analogues à celles du passé simple (tu fis / que tu fisses; je vins / que je vinsse.
Et Å la troisième personne du singulier, la seule différence est un accent circonflexe (il fut / qu'il fût).
Remarque. Cria: passé simple; apportât: subjonctif imparfait. Crier (verbe de volonté) + subjonctif.

Même le circonflexe n'a pas échappé au regard des connaisseurs. Il était bien caché (derrière la réponse Autre chose) pourtant.
QCM  30065                    # 1225     |100%              ·
Lot  EQ2mor   Cycle 36         Valide    |   |              ·      111111111
Rép.     %      Niveau    Discriminance  |   |         111111111111
4*      28      2.07      0.28           |   |111111111     ·
2       13      0.65      0.35           |   |              ·
1       57    -10.48      0.22           |   |              ·
3       02      0.00      0.00           |   |              ·              2
-----------------------------------------|   |              ·           222
Le marin cri__ qu'on lui apport__ du     |   |              ·         22
whisky.                                  |   |              ·    22222  4444
1)     a, a                              |50%|····················222··44····
2)     a, at                             |   |              22   44444
3)     at, at                            |   |            22· 444
4)     (Autre chose)                     |   |         2224444
                                         |   |    22222444  ·
                                         |   |  2244444     ·
                                         |   |4444          ·

Les Rectifications font pour le subjonctif une exception à leur règle d'effacement du circonflexe sur le i et le u. Qu'en pensent les étudiants?
Myriam Makeba déclara qu'elle ______ volontiers fait ce détour d'Abidjan.
1) eut 2) eût 3) (N'importe) 4) (Selon le sens)
39 
Rép. eût Ou ...aurait (moins soutenu)
Mais Après qu'elle eut demeuré trois mois à Man, elle redescendit à Abidjan.
Et Elle eût fait ce détour que cela ne nous aurait pas étonné.
Règle Dans les temps composés, eût + participe passé marque l'accompli dans la subordination (subjonctif plus-que-parfait) ou dans l'irréel (comme le conditionnel passé).
Et Remarquer l'accent circonflexe à la 3e personne du singulier. Les autres formes sont plus rares: eusse, eusses, eussions, eussiez, eussent. Ex. Qui l'eût cru? et, ironiquement, L'eusses-tu cru? (devenu Lustucru).
Rem. Employer ces formes à la place de aurais... donne un effet littéraire ou exprime comme un regret.
Comp. Elle déclarait / déclara qu'elle eût fait... avec Elle affirme qu'elle aurait fait... / Elle affirmait qu'elle aurait fait... (style moins soutenu dans ce dernier cas). Les tours avec eût ne s'emploient que dans un style soutenu.
Et Eut fait, indicatif passé antérieur.

La bonne réponse est validée mais une petite tendance se manifeste pour la rép.3, (N'importe). Ceux qui ignorent que le circonflexe signale un subjonctif sont les plus nombreux mais justement aussi les plus faibles.
QCM  2537                     # 583      |100%              ·
Lot  EQ2mor   Cycle 36         Presque   |   |              ·
Rép.     %      Niveau    Discriminance  |   |              ·
-       01     11.41      0.24           |   |              ·
2*      26      2.20      0.27           |   |              ·
3       08      1.24      0.30           |   |              ·
4       28     -2.25      0.15           |   |              ·              4
1       36      0.00      0.00           |   |              ·      444444443
-----------------------------------------|   |              4444444     333
Myriam Makeba déclara qu'elle ______     |   |       4444444·         33   2
volontiers fait ce détour d'Abidjan.     |50%|··44444·············3333322222·
1)     eut                               |   |44            · 333  222
2)     eût                               |   |              3322222
3)     (N'importe)                       |   |         3333322
4)     (Selon le sens)                   |   |       3322222·
                                         |   |  3322222     ·
                                         |   |2222          ·

Collisions morphologiques.

Tu nuis, tu cuis, tu luis... est-ce du passé (simple)?
Les gars construi____ un canot et l'endui____ de goudron. (Passé simple.)
1) rent, sirent 2) sirent, rent 3) rent, rent 4) sirent, sirent
40 
Rép. construisirent, enduisirent
Mais Ceci fait, ils s'enfuirent.
Règle. Au passé simple, les verbes en -uire: conduire, construire, nuire, cuire, luire, etc., se terminent par -uisis, -uisis, -uisit, etc.; fuir et ses dérivés, par -uis, -uis, -uit, etc.
Remarque. Luisirent est moins usité que luirent, mais plus correct, selon Hanse (Nouveau Dictionnaire des difficultés du français moderne).
Et D'ailleurs, au singulier, la forme écourtée est équivoque (Son oeil luit, le rôti cuit, cette fois-là, tu me nuis).
Explication. On assiste ici à une lutte entre les grammairiens (nuisirent, seul conforme à la règle et à Littré) et les usagers de la langue (nuirent, plus simple). Esquivant le problème, beaucoup d'écrivains évitent d'employer luire, cuire et nuire au passé simple...

C'est enduirent qui a la faveur populaire, au niveau moyen.
QCM  2046                     # 423      |100%              ·
Lot  FGP-     Cycle 24         Valide    |   |              ·
Rép.     %      Niveau    Discriminance  |   |              ·
4*      32      2.01      0.23           |   |              ·
2       38     -4.24      0.11           |   |              ·
1       06     -6.81      0.10           |   |              ·
3       24      0.00      0.00           |   |              ·    11111112222
-----------------------------------------|   |       1111111112222222222
Les gars construi____ un canot et        |   |1111111222222222
l'endui____ de goudron.                  |   |2222222       ·           4444
(Passé simple.)                          |50%|·······················44···
1)     rent, sirent                      |   |              ·    44444
2)     sirent, rent                      |   |              44444
3)     rent, rent                        |   |         44444·
4)     sirent, sirent                    |   |    44444     ·
                                         |   |4444          ·

Pour rester dans les collisions, diriez-vous : Il la peignit pendant qu'elle se peignait?
41 

Le verbe peigner, tiré de peigne, garde son n mouillé (pas de tilde, comme en espagnol, mais un digramme, gn) dans toute la conjugaison. Le verbe peindre le perd en finale (le français n'a pas de ng comme l'anglais).
QCM  30839                    # 114      |100%              ·
Lot  FMB1     Cycle 13         Valide    |   |              ·
Rép.     %      Niveau    Discriminance  |   |              ·              3
2*      45      2.99      0.04           |   |              3333333333111111
1       45     -9.42      0.14           |   |  3333333333111111111111
3       04    -11.43      0.14           |   |33  11111111  ·
4       06      0.00      0.00           |   |1111          ·
-----------------------------------------|   |              ·
Elle se  peign__, car le vent avait      |   |              ·
défait ses cheveux.                      |   |              ·
1)     it                                |50%|···········22222222222222
2)     a                                 |   |2222222222222222
3)     at                                |   |              ·
4)     (Selon la nuance de sens)         |   |              ·
Règle Peigner se conjugue régulièrement. Peindre se conjugue comme craindre. Il y a des formes communes en -gn- (nous peignons, nous peignions), sauf au passé simple et au subjonctif imparfait (il peignit / il peigna). Le d a surgi entre n et r comme consonne de transition.

APPLICATIONS

1. La césure ou virgule sonore.

Variante : Mais les autres || dit le flic avec un geste large || est-ce que c'est des flics?

Texte (Queneau, Zazie dans le métro) : Mais (||) eux autres || dit le hanvélo (||) d'un air malin || eux autres || (geste), || c'est tous des flics?

On voit que deux endroits du texte de Queneau sont propices à des césures sans les exiger.

2. L'allongement syllabique regroupant les mots en syntagmes.

Placer les limites d'actes de parole sous la forme d'un double trait vertical. Ensuite, délimiter les mots phonétiques (un seul trait). Exemple.
                                                                         
Les coeurs n'ont pas aussitôt brillé des quelques teintes vives de la jeunesse
qu'ils se décolorent puis c'est le monde entier qui devient noir ou blanc.

Parfois, on peut hésiter. Y a-t-il allongement véritable? Ou s'agit-il seulement d'une tendance à l'allongement, tant il faut se hâter de foncer vers le groupe suivant afin de l'englober? On ne place qu'un demi-trait, dans ce cas-là... Il y a même des demi-traits supérieurs ou inférieurs, car l'hésitation peut incliner vers le trait complet, si l'on insiste (puis... c'est) ou vers l'absence de trait, si l'on ne peut pas vraisemblablement insister (noir ou blanc). La limite est donc nécessaire, effaçable, ou purement facultative. (Voir plus haut.)

3. Autre exemple du même exercice. (Le présenter sur ses variantes personnelles, où on aura moins d'hésitations.)
                                                                    
Un millier d'adeptes de la secte interdite Falungong ont osé troubler hier 
la fête nationale chinoise.


FORMES VERBALES 1

Les «personnes». 1

Mot phonétique et groupe syntaxique. 6

Altérations du radical. 8

Les modes (subjonctif et conditionnel). 13

Les tiroirs. 17

Le subjonctif imparfait. 18

Collisions morphologiques. 20

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