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SCÉNARIO CINÉMATOGRAPHIQUE

Informations.
  1. Temps et lieux.
  2. Auteurs et oeuvres.
  3. Définition et fonction dans la société.
  4. Origines et postérité.
  5. Bibliographie.
Extraits. Psycho.
Les quatre cents Coups.
Procédés typiques. Ingrédients.

1. Temps et lieux.

Début. Vers 1900.
Fin. encore vivant.
Lieux. France, États-Unis, Espagne, Italie, Angleterre, Allemagne, Russie, Inde, Japon, etc.

2. Auteurs et oeuvres.

Lumière.
Méliès, Le Barbier de Séville (1904), Voyage à travers l'impossible.
Anita Loos, The New York Hat (1913).
Gardner Sullivan, The Aryan (1916).
Frances Marion, Humoresque (1920).
Oliver Garrett, City Streets (1931).
Charlie Chaplin, les Temps modernes (1936).
Charles Brackett, Billy Wilder et D. M. Marshman Jr., Sunset Boulevard (1949).
Joseph L. Mankiewicz, All About Eve (1949).
Billy Wilder et I. A. L. Diamond, Some like it hot (1958).
Ernest Lehman, North by Northwest (1958).
Joseph Stefano, Psycho (1959).
Paul Gegauff, les Cousins (1959).
Jean Gruault, Jules et Jim (1961).
Claude Sautet, le Diable par la queue (1968).
José Giovanni, le Clan des Siciliens (1969).
Daniel Boulanger, les Jeux de l'amour (1960).
Michel Audiard, les Tontons flingueurs (1963).
Jean-Claude Carrière, le Journal d'une femme de chambre (1964).
Nina Companeez, l'Ours et la poupée (1969).
Melvyn Bragg, la Symphonie pathétique (1970).
Robert Townwe, Chinatown (1973).
Francis Veber, l'Emmerdeur (1973).
Jean-Loup Dabadie, Vincent, François, Paul et les autres (1974).
Jean Aurenche, l'Horloger de Saint-Paul (1974).
Luc Beraud, la Meilleure Façon de marcher (1975).
Pascal jardin, le Vieux Fusil (1975).
Gérard Brach, le Locataire (1975).
George Lucas, Star Wars (1976).
Michel Fabre, l'Aile ou la cuisse (1976).
Georges Conchon, la Victoire en chantant (1976).
Pascal Bonitzer, l'exercice du pouvoir (1977).
Jean-Patrick Manchette, Trois Hommes à abattre (1980).
Jean Herman, Garde à vue (1981).
Melissa Mathisson, E. T. (1981).
Paolo et Vittorio Taviani, la Nuit de San Lorenzo (1982).
Christopher Franck, l'Année des méduses (1984).
Sam Shepard, Paris Texas (1984).
Jean Curtelin, le Thé à la menthe (1985).
Ronald Bass, Rain Man (1988).

3. Définition et fonction dans la société.

Document écrit développant un récit composé en vue d'une réalisation cinématographique. Le déroulement de l'action est énoncé avec toutes les indications connexes : le décor, les accessoires, le physique des personnages, les mimiques et les attitudes. Le scénario doit comporter l'essentiel de ce qu'il faut savoir pour reconstituer l'action ainsi que l'état définitif des dialogues.

Il est segmenté en scènes (unités dramatiques présentant une action continue précisément datée se déroulant dans un décor unique, entre les mêmes personnages, sans ellipse ni saute de temps) précédées d'un numéro et d'un intitulé indiquant sous une forme condensée la situation en intérieur ou en extérieur (en capitales et en abréviation), la présentation du décor (par exemple : INT. CHAMBRE ALBERT) et le moment où se situe l'action (sont communément utilisées les indications JOUR, NUIT, MATIN, SOIR). Mais est exclu de la définition le découpage technique, dont la rédaction incombe au metteur en scène et non au scénariste. Le découpage est contenu à l'état latent dans la composition du scénario. Le simple fait d'aller à la ligne propose déjà un changement de plan et par conséquent un découpage.

C'est le document autour duquel s'organisent le financement et la production du film. Il sera reproduit à un certain nombre d'exemplaires et communiqué à toutes personnes pouvant aider à la production et à la réalisation du film. Il intéresse des lecteurs différents qui y cherchent des renseignements divers (le metteur en scène, les acteurs, les producteurs, la script-girl, etc.). Il en résulte qu'il doit obéir à un standard d'écriture destiné à en faciliter la lecture. La première règle est la clarté. Le scénario est écrit dans un style simple, qui obéit à la loi de la concentration : apporter le maximum d'informations dans le minimum de temps et avec le minimum de mots. La deuxième règle du récit scénaristique veut qu'il soit essentiellement et exclusivement descriptif. Cette technique de narration a été baptisée le "behaviorisme". On ne peut signifier par écrit que ce qui sera plus tard traduit par l'image. L'auteur doit s'efforcer de traduire toutes les notions abstraites en termes concrets. Le scénario est une proposition de situations destinée à être mise en forme, changée, transformée par une équipe. Le scénariste doit banir tous les ornements, les effets de style, qui risquent de nuire au metteur en scène qui ne saura pas comment les transcrire.

La narration cinématographique ne connaît qu'un temps : le présent.

Il est convenu de considérer qu'une page d'un scénario représente environ une minute d'action. La règle est de ne jamais écrire longuement une scène courte et brièvement une scène longue. Le temps de lecture d'un scénario doit correspondre à peu près au temps de projection du film. Il faut que l'écriture soit équivalente au temps cinématographique.

Le dialogue ne doit pas être pléonastique : tout ce que l'image montre, la parole ne doit pas le dire. Le dialogue est imbriqué dans la description du comportement, dans l'action visuelle. Il est toutjours accompagné d'indications scéniques.

La narration se fait toujours du point de vue de la caméra qui sera celui du spectateur du film. Le scénariste, tout comme le romancier, a le choix entre plusieurs perspectives narratives.

(À la différence de la description narrative, le scénario montre moins l'événement qui se produit que l'image à filmer, en insistant parfois sur les effets, visuels ou gestuels.)

4. Origines et postérité.

Origines.
1) Le roman et la nouvelle. Au XIXe siècle, le mot scénario désigne le plan détaillé d'un roman.
2) Le théâtre. Méliès : ses sujets sont empruntés au théâtre, au ballet et à l'opéra. Ses films sont du théâtre filmé. Il revendique une spécificité quand il annonce en 1897 qu'il s'est fait une spécialité des reproductions des scènes de théâtre. Méliès est un adapteur plus qu'un auteur.
3) La nécessité d'écrire un scénario n'était pas ressentie au début du cinéma. L'improvisation était la règle dans la réalisation de ces petites bandes hâtivement tournées, dont l'argument tenait à quelques lignes griffonnées sur un bout de papier, canevas informe sur lequel cinéastes et comédiens brodaient librement.
4) Fin 1897. Le cinéma présente au public des ébauches de films narratifs impliquant une mise en scène, c'est-à-dire l'emploi d'un scénario rudimentaire, de décors et d'acteurs. Ce sont les premiers films à sujets (ceux de Pathé et de Lumière). Les scénarios de Méliès ont une forme littéraire, constituent un développement assez détaillé du sujet. C'est un "premier traitement" comportant un descriptif succint de l'action et une amorce de découpage en scènes déterminé par les changements de décor et les ellipses de temps. Il est le premier à avoir mis l'accent sur l'importance du scénario.
5) Premier texte scénaristique connu : Lolotte (1900). Il s'agit d'une scène entière, conçue et rédigée à la manière d'une continuité dialoguée moderne.
6) A partir de 1908, du fait de l'allongement des films qui dépassent vingt minutes, il devient impossible d'improviser sur un canevas élémentaire. Naissent les scénarios développés et détaillés. L'accroissement des coûts de production, qui entraîne une division du travail, a pour effet de réduire la part de l'improvisation et la liberté du metteur en scène. C'est aux États-Unis que s'élabore le script moderne, né du besoin de combiner sur le papier des intrigues de plus en plus complexes et du souci de planifier la production de films devenus de plus en plus onéreux.

Postérité.
Le behaviorisme : on en trouve une application littéraire avec la technique, inspirée du cinéma, de l'"oeil de la caméra" qu'utilise le romancier américain John Dos Passos, imité par les écrivains des premiers romans policiers noirs, comme Dashiell Hammett qui banit la réflexion, l'analyse, le commentaire et pratique un "récit du regard" réduit à un descriptif de mouvements et de gestes entrecoupé de dialogues brefs et incisifs. Voir aussi Hemingway et Raymond Chandler.

5. Bibliographie.

AUBENAS, Jacqueline, Un Texte prétexte, in Autour du scénario, Éditions de l'université de Bruxelles, 1986, p. 67-76.
CARRIÈRE, Jean-Claude, Réflexions d'un scénariste, in Autour du scénario, Éditions de l'université de Bruxelles, 1986, p. 77-88.
CLAIR, RenÉ, Comédies et commentaires, 1959, 421p.
CUCCA, Antonio, l'Ecriture du scénario, Paris, Dujarric, 1992.
FIELD, Syd, Scénario, Merlin, Montréal, 1990. JENN, Pierre, Techniques du scénario, Paris, FEMIS, 1991.
MAILLOT, Pierre, l'Ecriture cinématographique, Paris, Méridiens Klincksieck, 1989.
ROTH, Jean-Marie, Comment écrire son film, Paris, Top éditions, 1992.
TOROK, Jean-Paul, le Scénario : histoire, théorie, pratique, Paris, H. Veyrier, 1988.

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