Informations. | |
Extraits. | Échantillons de haïku. |
Procédés typiques. | Ingrédients. |
Début. XVIe siècle.
Fin. Encore vivant.
Lieux. Japon, Europe, États-Unis, Canada.
Japon.
Matsuo Bashô (1644-1694), La Sente étroite du bout du monde.
Hatori Ransetsu (1654-1707).
Enomoto Kikaku (1661-1707).
Yosa Buson (1715-1783), Le Corbeau à l'aube.
Kobayashi Issa (1762-1826).
Masaoka Shiki (1867-1902).
Europe.
Paul Claudel (1868-1955), Cent phrases pour éventails.
Giuseppe Ungaretti (1888-1970), l'Allegria.
Paul Éluard (1895-1952), Pour vivre ici.
Yves Bonnefoy (1923-), Neiges.
Philippe Jaccottet (1925-), Airs.
États-Unis.
Maurice Regnaut, Ternaires.
Allen Ginsberg (1926-), Mostly Sitting Haiku.
Robert Spiess, The Heron's Legs.
O. Southard, Marsh Grasses.
Foster Jewell, Sand Waves.
Canada.
John Wills, River.
Jean-Aubert Loranger (1896-1942), Poèmes.
Alphonse Piché (1917-), Dernier profil.
Jacques Brault (1933-), Moments fragiles.
George Swede (1940-), A Snowman, Headless.
André Duhaime (1948-), Haïkus d'ici.
LeRoy Gorman (1949-), Only shadflies have come.
Le haïku est un petit poème composé de trois vers
respectivement de 5, 7 et 5 syllabes. Il comporte toujours une
référence à la nature. Il exprime une sensation
ténue, une impression ineffable, il rend compte d'une sorte
d'illumination, d'étonnement éprouvé par le
poète devant des choses communes, banales: le bruit de la pluie, le
reflet de la lune dans l'étang, un objet, un animal, un marcheur
solitaire, etc.
Il est important de noter que le but du haïku est
de nommer les choses directement, d'où l'absence
caractéristique de la métaphore, qui est un moyen
détourné de dire la réalité. Les choses dans le
haïku ne sont pas là comme symboles, ne renvoient pas à
une signification située au- delà du sens littéral,
elles sont nommées pour elles- mêmes. Le haïku doit se
lire à la lettre.
La saisie de cet instant privilégié requiert un effacement de l'énonciateur et du langage (emploi de mots simples et concrets) et une grande concision. Pour permettre au haïku de suggérer beaucoup en peu de mots, on a créé une espèce de code: d'abord, chaque poème s'associe à une saison, qui peut être indiquée directement ou sous-entendue par un mot; ensuite, des interjections ou des exclamations particulières sont employées pour suggérer le sentiment, l'état d'âme du poète (ya, qui correspond en français à oh! ou ah!, kana qui est l'équivalent de que, quel, comme, etc. et keri); puis, on utilise des procédés comme l'allitération et l'onomatopée pour donner au poème une grande musicalité (à noter: il n'y a pas de rime, elle est remplacée par des répétitions de mots ou de sons). La structure du haïku est généralement celle-ci: les deux premiers vers présentent un fait ou évoquent un lieu, un moment, puis au dernier vers il y a une chute, un élément inattendu qui étonne. L'effet de surprise est important: c'est lui qui donne au haïku son caractère insolite, fantaisiste et parfois humoristique.
Dès sa création au XVIe siècle, le haïku a jouit d'une faveur sans égale au Japon (malgré quelques moments d'éclipse). La pratique du haïku implique, malgré les apparences, une grande convivialité: en effet, jusqu'à la fin du XIXe siècle, on organisait des réunions où les professionnels du genre décernaient des prix à ceux (disciples ou autres) qui avaient écrit les meilleurs haïkus; et au XXe siècle, les haïkistes se réunissent pour lire et discuter de leurs oeuvres. Ainsi le haïku a toujours favorisé les échanges et les interactions, et André Delteil affirme même qu'il est un "facteur important de renouvellement et de transmission de la culture": sagesse proche de la doctrine zen, images de la nature, etc.
Origines.
Le haïku est issu de trois genres
poétiques: le waka ou tanka, le tsugi-uta ou
renga (vers liés) et le haïkai-renga (vers-
chaînons amusants). Ces poèmes comportaient une ouverture de
trois vers (hokku, 5-7-5 syllabes) qui servaient à situer le
texte par une allusion à la saison en cours. Au XVIe siècle,
pour réagir contre le formalisme qui avait affadi ces genres, des
poètes ont décidé de faire de ces trois vers un nouveau
genre poétique: le haïkai (le mot haïku est
du XXe siècle), qui signifie badinage. Cette espèce
d'épigramme amusante est vite devenue un divertissement, une sorte
de jeu de société pour la bourgeoisie japonaise de
l'époque. Ce n'est qu'avec Bashô, au XVIIe siècle, que
ces trois vers acquerront le statut de genre poétique
sérieux.
Postérité.
Le haïku est encore
pratiqué au XXe siècle, mais d'une manière
différente. La plupart des haïkistes ont rejeté les
règles traditionnelles du genre, comme la métrique
contraignante et la référence à la nature. Ce qu'ils
ont gardé, c'est l'idée de saisir un moment fragile, une
sensation fugitive dans un poème bref et simple, dans une forme
minimale. Le contenu s'est diversifié: les haïkistes parlent de
la ville, des choses de la vie moderne, etc.
La forme brève est omniprésente aujourd'hui en poésie. Un grand nombre de poètes, qui ne sont pas forcément des haïkistes, pratiquent une écriture dépouillée, condensée, fragmentaire, proche de l'indicible, du silence. L'influence du haïku est donc considérable en poésie contemporaine.
BRAULT, Jacques, Des poèmes à trouver, préface à Haïkus d'ici
d'André Duhaime, Hull, Asticou, 1987, pp.5-9.
DELTEIL, André, le Haïku et la forme brève en poésie
française, Aix-en-Provence, Université de Provence, 1991,
100p.
DUHAIME, André et Howard, Dorothy, Haïku,
anthologie canadienne, Hull, Asticou, 1985, 240p.
PETIT, Karl, la Poésie japonaise, Paris, Seghers, 1959, 251p.
PIGEOT, Jacqueline et Tschudin, Jean-Jacques, la Littérature
japonaise, Paris, PUF, 1983, 128p.
SIEFFERT, René, le Haïkaï selon Bashô, Paris,
Publications orientalistes de France, 1989, 254p.
TITUS-CARMEL, Joan, préface à Haïku de Yosa Buson, Paris,
Orphée/La Différence, 1990, pp.7-16.
YASUDA, Kenneth, the Japanese haiku, Rutland, Charles E. Tuttle Company, 1989,
232p.
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